Vendredi 24 août 2007
Ogre, épouvantail, ou rouleau compresseur. Voilà quelques uns des surnoms que la presse mondiale utilise pour décrire la sélection U-17 du Nigeria. Il faut dire que depuis plusieurs mois, les GoldenEaglets impressionnent et dévorent tout sur leur passage.
En apéritif, les Nigérians ont dominé de la tête et des épaules les qualifications africaines. Arrivés au Togo en mars dernier avec l'étiquette de favoris de la Coupe d'Afrique des Nations Cadets, les joueurs de Yemi Tella n'ont fait qu'une bouchée de leurs adversaires. Inscrivant quinze buts pour un seul encaissé lors de la compétition togolaise, ils ont battu le pays hôte en finale (1:0) et décroché leur qualification pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Corée 2007.
Et déjà les Golden Eaglets affichaient leurs ambitions mondiales. Après le sacre africain, l'attaquant Kabiru Akinsola confiait déjà voir plus loin. "Nous avons nos chances pour remporter le titre mondial." avoue le co-meilleur buteur de la CAN U-17 avec quatre réalisations. "Certes, il y de bonnes équipes comme le Brésil, mais nous n'avons peur de personne. Nous avons confiance en nous et nous sommes ensemble depuis assez longtemps pour connaître nos qualités et savoir que nous pouvons remporter la Coupe du Monde."
Pour se mettre en appétit et avoir un avant-goût du menu de la compétition mondiale, les Nigérians ont participé au Tournoi des Huit-Nations en République de Corée en juin dernier. Ceux qui doutaient encore de la qualité de l'effectif et de la motivation des champions d'Afrique ont du repartir avec quelques certitudes. Trois victoires autoritaires face à la Nouvelle-Zélande (2:1), aux Etats-Unis (2:1) et au Japon (5:0) leur ont permis de s'ouvrir les portes de la finale. Battus seulement aux tirs au but par le grand Brésil, les Golden Eaglets ont terminé la compétition avec la meilleure attaque (11 buts) et une nouvelle étiquette, celle de candidat sérieux au titre mondial.
Force et maturité
Conscient des attentes placées dans sa formation, Yemi Tella ne fuit pas les responsabilités et assume calmement la pression. "Comme lors de chaque compétition, le Nigeria jouera pour aller au bout et soulever le trophée" confie le technicien à FIFA.com. "Nous avons une formation très solide et complète. Mes joueurs sont forts dans toutes les lignes, matures et motivés. Notre meilleure arme est notre volonté. Nous voulons tout gagner, c'est notre seul mot d'ordre."
Et dès l'entame de l'épreuve reine les Nigérians joignent l'acte à la parole. Opposés en lever de rideau du Group D à la France, championne du monde en 2001 et annoncée comme candidate sérieuse au sacre final, les Africains font parler leur physique, en étouffant toute vélléité offensive des Bleuets, et leur maturité, en profitant des deux erreurs défensives de la défense tricolore. Résultat des courses, une victoire 2:1 sans vraiment trembler. Et un discours invariable dans la bouche de Tella : "Nous sommes ici pour le titre mondial. Donc nous voulons battre tout le monde. Nous prenons les rencontres l'une après l'autre avec le même but : la victoire."
Arrogant, Tella ? Non, réaliste. Car dès le match suivant, des Japonais ambitieux et avides de revanche après leur déroute 5:0 subie quelques mois auparavant, sont renvoyés à leurs chères études. Un Macauley Chrisantus des grands jours inscrit deux des trois buts de la victoire nigériane 3:0 tandis que le prodige Rabiu Ibrahim en fait voir de toutes les couleurs à ses adversaires dans un style qui rappelle étrangement celui de l'ancienne gloire Augustine "Jay-Jay" Okocha.
"La victoire appelle la victoire"
A l'issue de la rencontre, Chrisantus promettra à FIFA.com que cette victoire aisée ne serait pas la dernière. "Aujourd'hui, nous étions trop forts pour eux. Et nous espérons voir la situation se reproduire au prochain match. Certes, Haïti joue son avenir contre nous alors que nous sommes déjà qualifiés. Mais faites-nous confiance, nous ne lèverons pas le pied et jouerons pour la victoire. C'est de là que nous tirons notre motivation. La victoire appelle la victoire."
Autre allié de poids pour les Africains, ils sont suivis à travers tout le Pays du Matin Calme par leur contingent de supporters. Vivant en Corée ou s'étant déplacés spécialement pour l'occasion, la centaine d'inconditionnels des Eaglets assure l'ambiance dans les tribunes, trompettes et tambours à l'appui. "Coach Tella nous a promis de ramener le trophée au pays" explique David, Un Nigérian vivant à quelques kilomètres de Gwangyang et ravi de voir ses compatriotes jouer à deux pas de chez lui. "Je suis là pour lui apporter mon soutien et l'aider à tenir sa promesse. Mais je ne me fais aucun souci, je suis convaincu que nous avons la meilleure équipe du tournoi."
Les joueurs eux-mêmes en sont déjà presque convaincus. Reste maintenant à le faire savoir aux joueurs Haïtiens qui joueront leur survie dans le tournoi face aux favoris nigérians. Et la tâche s'annonce difficile pour les Caribéens. En effet, essayez donc de priver de dîner un ogre affamé...
http://fr.fifa.com/u17worldcup/news/newsid=579592.html#lappetit+nigerian+vient+mangeant