Au nom de la sauvegarde des institutions républicaines et des responsabilités constitutionnelles du chef de l’Etat, le bloc majoritaire au Sénat l’appelle au dialogue avec les forces politiques et sociales et à la mise en oeuvre d’un train de mesures comme conditions sine qua non pour arriver à la formation d’un nouveau gouvernement Publié le vendredi 26 août 2011
Le groupe des seize, majoritaire au Sénat et de plus en plus opposé au Président Michel Martelly, a dénoncé vendredi les « dérives du pouvoir » et présenté un cahier des charges en dix points dont l’application conditionnera le processus de ratification du nouveau Premier ministre alors que l’impasse politique reste totale en Haïti plus de trois mois après l’arrivée de la nouvelle administration.
Incisifs et déterminés dans l’exposé de leur déclaration qui, dans son contenu et son articulation annonce un glissement vers une polarisation de la vie politique, les Sénateurs Wencesclass Lambert, Evallière Beauplan et Simon Dieuseul Desras ont d’entrée de jeu exigé de la Présidence l’établissement d’un dialogue sur la normalisation de la situation du pays avec les blocs parlementaires, les partis politiques représentés au Parlement et la société civile.
Sur la longue liste des recommandations publiée tout juste quelques heures après une rencontre mercredi entre le G-16 et l’ambassadeur américain, Kenneth Merten, figurent notamment la promulgation de la version amendée de la constitution, la formation du conseil électoral permanent (CEP) et du conseil constitutionnel, la nomination de nouveaux juges à la Cour de cassation suivie de l’institution du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), la reconduction de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et la révision du mandat de la Mission de stabilisation de l’ONU (MINUSTAH).
Se défendant de vouloir mettre les bâtons dans les roues du chef de l’Etat et de rendre inopérante son administration, le bloc majoritaire, par la voix de Wencesclass Lambert, assure qu’il revient à Michel Martelly de faire connaître le nom de son nouveau Premier ministre désigné après l’échec des deux premiers candidats, Daniel Rouzier et Bernard Gousse.
Pour sa part, Evallière Beauplan, se montre très critique vis-à-vis du Président de la république qui, déplore-t-il, refuse de dialoguer avec les représentants de la majorité au Sénat en vue de trouver une solution au blocage politique. Parallèlement, il consacre le plus clair de son temps à des gesticulations inutiles. Le troisième Sénateur du nord-ouest a également averti que l’opération baptisée « débloquer le pays » dont le lancement a été annoncé dans les médias par des partisans zélés du pouvoir ne pourra nullement atteindre son objectif qui est d’intimider les parlementaires.
Intervenant sur le même thème, son collègue Simon Dieuseul Desras, a exprimé ses plus vives préoccupations et mis en garde contre toute agression dont pourraient faire l’objet Députés et Sénateurs de la part des troupes de choc qui compteraient, à la solde de la Présidence, partir en guerre contre le Parlement.
Ancien allié de Michel Martelly lors de la dernière campagne présidentielle, le Sénateur du Plateau Central (centre), issu du secteur Lavalas, évoque clairement la possibilité d’envisager la destitution du chef de l’Etat au cas où les parlementaires seraient la cible d’actions attentatoires à la démocratie.
A la veille d’un cumul de problèmes sociaux et d’une rentrée des classes à hauts risques au cours de laquelle M. Martelly sera mis à l’épreuve sur l’une de ses grandes promesses de campagne, la scolarisation universelle gratuite des enfants, la lune de miel avec le pouvoir législatif semble déjà terminé pour un Président en panne de solution devant l’impatience de plus en plus perceptible des citoyens et de la communauté internationale. spp/Radio Kiskeya
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Commentaires:
Les parlementaires font très bien de se positionner et de démontrer un plan à défaut de vraie stratégie politique. On ne sait dire cependant si c'est par prépotence, limitation conceptuelle ou excès de zèle, ils ne semblent pas aborder la situation par le bon bout. Il est difficile d'imaginer une solution en montrant ses gros bras. Le bras de fer va sûrement exacerber les êtres et les paraître. Certaines revendications, légitimes ou non doivent être exigées lors de la définition et présentation de la politique générale. Et ne devraient pas être posées comme condition pour la ratification d'un premier ministre désigné.
Il ne faut pas non plus se montrer ni pas assez dupes ni trop naïfs. Je vois très mal comment ceux qui financent le budget haïtien, ceux qui financent les élections; ceux-là qui sont intervenus ouvertement pour proposer une solution coupée au couteau à nos élections présidentielles - donc les responsables de cette situation - ceux qui financent la MINUSTAH dont l'efficacité de la mission se jauge uniquement par un changement de président après chaque quinquennat, assisteraient les bras en croix à la destitution de Michel Martelly. J'ai envie de dire que nous nous plongeons de plus en plus dans le n'importe quoi. Mais on y est déjà jusqu'aux coudes et depuis des lustres!
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)