Les propos de l'ancien dictateur, inaudibles, étaient répétés par un greffier. Ils ont provoqué les applaudissements de ses partisans présents dans la salle, quand le juge Jean-Joseph Lebrun lui a demandé s'il assumait ses responsabilités pour ses années au pouvoir, de 1971 à 1986.
"Je crois avoir fait le maximum pour assurer une vie décente à mes compatriotes", a affirmé Baby Doc.
'A l'époque, le gouvernement gérait la misère mais les entreprises publiques fonctionnaient bien (...) et les Haïtiens envoyaient leurs enfants à l'école. Je ne peux pas dire que la vie était rose mais les gens vivaient décemment", a-t-il fait valoir.
"A mon retour (en janvier 2011, ndlr), j'ai trouvé un pays effrondré et rongé par la corruption. (...) C'est à mon tour de demander: qu'avez-vous fait de mon pays ?", s'est-il exclamé.
Les victimes n'ont pas encore témoigné, mais un ancien prisonnier politique, le joueur de football Robert Bobby Duval, a affirmé à l'AFP que Jean-Claude Duvalier était "un vrai dictateur, qui a révélé son vrai tempérament".
Costume sombre, chemise blanche, Jean-Claude Duvalier s'était assis peu avant 11H00 (16H00 GMT) avec sa compagne Véronique Roy face à une salle comble, où étaient également présentes d'anciennes victimes et des organisations de défense des droits de l'Homme.
Le 21 février dernier, suite à sa troisième absence, le juge avait ordonné que "Baby Doc" Duvalier soit "amené" devant la justice, pour répondre à plusieurs plaintes pour arrestations arbitraires, tortures et détentions illégales.
A l'extérieur du bâtiment, plusieurs dizaines de personnes vêtues aux couleurs noir et rouge de l'ancien régime ont manifesté en faveur de l'ancien dictateur.
Tortures et assassinats politiques
"Il vous est reproché des arrestations illégales, des tortures et des assasinats politiques. Que répondez-vous ?" a encore demandé le juge. "A chaque fois que des cas étaient signalés, j'intervenais pour que justice soit faite", a répondu Duvalier.
Les associations de défense des droits de l'homme se sont réjoui pour leur part de la présence de l'ancien dictateur.
"Les victimes de M. Duvalier sont à quelques mètres de lui pour la première fois... et regardent s'ils peuvent espérer obtenir justice", a noté sur Twitter, au nom de HRW, Amanda M. Klashing, présente dans la salle.
"Les temps changent, les dictateurs ne peuvent plus (tous) échapper à la justice", a renchéri l'avocat de l'association, Reed Brody.
Fils de l'ancien dictateur François "Papa Doc" Duvalier, Jean-Claude Duvalier avait pris le pouvoir en 1971 à 19 ans. Chassé du pouvoir en 1986 par une révolte populaire, il avait effectué un retour spectaculaire en Haïti en janvier 2011 après 25 ans d'exil en France.
Un an plus tard, un juge d'instruction avait ordonné son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournements de fonds, mais n'avait pas retenu les poursuites pour crimes contre l'humanité, estimant les faits prescrits.
Cette décision avait provoqué l'indignation des organisations de défense des droits de l'homme et des victimes qui avaient fait appel.
Mais les défenseurs de "Baby Doc", âgé de 61 ans, ont formé un pourvoi en cassation et estiment que la cour d'appel devant laquelle comparait Duvalier jeudi est par conséquent "dessaisie" du dossier.
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