A Massé, localité située à l'entrée de la ville des Cayes...
Premier producteur mondial du vétiver vers la fin des années 70, Haïti va connaître une nette régression dans ce domaine vers le milieu des années 80 jusqu'en 2002. Régression due aux problèmes politiques d'une part et de l'autre d'une carence infrastructurelle caractérisée par la diminution de la disponibilité et de la qualité des matières premières, l'état d'obsolescence des équipements et le retard technologique, le niveau élevé de la consommation et du coût de l'énergie.
Cette période de vache maigre allait prendre fin entre 2002 et 2003 lorsque le vétiver va retrouver ses lettres de noblesse et connaître une ascension fulgurante motivée par une demande internationale plus dense et des prix plus avantageux.
Cette performance dans la production se traduit par une hausse progressive en valeur dans les exportations haïtiennes d'huiles essentielles ou l'essence de vétiver représente plus de la moitié. Tandis que les exportations en volume affichent une certaine constance et fluctuent autour de 350 à 400 fûts, soit environ 80 TM par an sur les 3 dernières années. Ce volume représente environ 73% de la demande mondiale qui tourne autour de 300 TM.
Entre-temps, les prix ont doublé durant ces trois années sur le marché international. En témoignent les informations accumulées par le ministère du Commerce et de l'Industrie qui, depuis 2003, montrent une progression en valeur enregistrée dans l'exportation des huiles essentielles dont le vétiver occupe plus de 60% du volume. En effet, de 2003 à 2004 les exportations d'huiles essentielles ont connu une progression de 30%. De 2004 à 2005 elles ont progressé de 1% et de 2005 à 2006 soit 73%.
..les plantations de vétiver s'étendent à perte de vue
Forte de ces données, Haïti est aujourd'hui le premier producteur mondial du vétiver. Cette position prépondérante qu'occupe Haïti sur le marché mondial du vétiver est en grande partie due aux infrastructures de production de grande qualité des usines Frager de Pierre Léger aux Cayes et de la Caribbean Flavors and Fragrances S.A. de Jean-Pierre Blanchard à Port-au-Prince.
A ses débuts en 1984, Pierre Léger exportait de l'essence de vétiver aux Etats-Unis qui, à son tour, réexportaient le produit sur le marché européen. A un certain moment de la durée, il a décidé de se passer de l'intermédiaire américain pour commercer directement avec les partenaires européens.
Ajoutez à cela, les nouveaux aménagements techniques opérés au sein de l'usine, la diminution des coûts d'opération et la participation d'une main-d'oeuvre forte d'environ 30 mille planteurs de vétiver, ont permis à Pierre Léger d'avoir une bonne longueur d'avance sur ses concurrents du Brésil, de la Chine, de l'Indonésie et de l'Ile de la Réunion.
De son côté, le PDG de Caribbean Flavors and Fragrances SA, Jean-Pierre Blanchard, estime que la place d'Haïti sur le circuit des huiles essentielles notamment de l'essence de vétiver, est due à plusieurs facteurs. Il a, tout d'abord, souligné le grand travail de commercialisation directe et d'amélioration scientifique de la qualité que son entreprise a réalisé.
Une des facades de l'usine Frager aux Cayes
Cela a eu, dit-il, pour conséquence de redonner confiance à l'international et de remettre les parfumeurs sur la route d'Haïti. D'autre part, il a mis en évidence le principal avantage comparatif dont bénéficie Haïti son micro- climat tout-à-fait adapté à la culture du vétiver. « C'est un cadeau du ciel. Cela ne s'invente pas », conclut fièrement M. Blanchard.
Cyprien L. Gary
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=51788&PubDate=2007-12-07