Google

lundi 16 juillet 2007

Aux grands maux, de grands remèdes

Des observateurs se demandent pourquoi s'attaque-t-on aux marchands de médicaments dans les rues, alors que les grossistes ne sont point inquiétés? Remonter la filière des gros importateurs, identifier ces derniers ne faciliterait-il pas le travail du Ministère de la Santé publique? Jeudi après-midi, des "pharmaciens ambulants" ont été littéralement assaillis par des agents de la PNH et du MSPP.

Un marchand ambulant de médicaments a été menotté puis relâché au même moment au Portail Léogâne lors de l'opération coup de poing mené par des officiers sanitaires du ministère de la Santé publique, jeudi après midi, dans le cadre de l'interdiction de vente de produits pharmaceutiques dans les rues et dans les autobus. Bravant les agents de la Police nationale d'Haïti, ce marchand a lutté vainement pour empêcher la saisie de son important chariot de médicaments. Les policiers, les officiers sanitaires et les agents de sécurité du ministère de la Santé se sont rués sur son chariot et ont tout basculé dans un pick-up rempli de médicaments à ras bord.

L'absence remarquable d'inspecteurs de la mairie de Port-au-Prince

C'était un véritable branle-bas au Portail. Des gens accouraient, de longues files de voitures se formaient. Des marchands tentaient de s'enfuir avec leurs cônes de médicaments ; des agents les en empêchaient. Les tablettes de comprimés et les bouteilles de sirop répandues sur le sol étaient aussitôt ramassées par des marchands en pleurs et d'autres profiteurs noyés dans le public. « Yo pap janm atake ajans yo ni gwo zouzoun k ap vann nou medikaman yo », se plaint une victime, citant les noms de quelques agences de produits pharmaceutiques faisant le commerce avec les petites bourses. Les observateurs sur place ont pu constater l'absence des inspecteurs de la municipalité de Port-au-Prince. Récemment, dans un communiqué de presse publié conjointement avec la mairie de Port-au-Prince, le ministère de la Santé publique avait fait savoir que des officiers sanitaires et des inspecteurs de ladite municipalité allaient être déployés afin de procéder à la saisie des médicaments à travers les rues.L'opération menée sans les inspecteurs municipaux a démarré à la rue Mgr Guilloux. Au marché Salomon, il n'y avait pas un chat. L'information avait fuité. A la rue Oswald Durand, quelques incrédules ont fait les frais de l'opération. Elle s'est poursuivie sur une portion du Boulevard Jean-Jacques Dessalines.« Yo kite nou de bra balanse », crie un marchand. D'autres réclament des mesures d'accompagnement. « Tout vi m se la li ye, wi », enchaîne une autre victime.Le point de presse du MSPPTout de suite après la grande razzia à travers les rues, un point de presse a eu lieu au ministère de la Santé publique.
« Quelle alternative pour les marchands de médicaments ? » ont demandé des journalistes au directeur général du ministère de la Santé, le Dr Gabriel Thimothé. Celui-ci a fait remarquer que le ministère ne peut pas entrer dans une logique de dédommagement. D'autres entités de l'Etat, comme le ministère des Affaires sociales, pourraient s'en charger, a-t-il laissé entendre. « Il semblerait qu'un laboratoire dominicain produit des médicaments contrefaits pour Haïti », a informé Dr Thimothé. Beaucoup de médicaments proviendraient dans la zone d'Elias Pinas, par la frontière haitiano-dominicaine. Une enquête est en cours, a-t-il ajouté. Entre-temps, le MSPP a déjà rencontré un collège de médecins dominicains, récemment venus en Haïti. Les médicaments contrefaits, qualifiés de tueurs, sont un danger pour la population haïtienne. Cette question, a déclaré Dr Thimothé, sera soulevée à un niveau plus élevé entre les autorités haïtiennes et dominicaines.
Parallèlement aux saisies effectuées à Port-au-Prince, des actions sont menées à Desdunes, à Marchand, au Cap, à St-Marc et aux Gonaïves. Un certain Andieu Pierre, propriétaire d'un laboratoire de produits pharmaceutiques, dans le quartier de K-soleil, a été arrêté et mis en garde à vue aux Gonaïves, le mois dernier, à la suite d'une décente des lieux d'inspecteurs sanitaires du ministère de la Santé publique et d'agents de la Police nationale d'Haïti.Pour détruire les stocks de médicaments récupérés, le MSPP fera venir en Haïti un incinérateur spécial, a mentionné Dr Gabriel Thimothé tout en soulignant que les opérations de saisies vont s'intensifier dans les prochains jours. D'autres mairies se trouvant dans l'aire métropolitaine, notamment Tabarre, Pétion-Ville, Carrefour et Delmas ont répondu à l'appel du ministère de la Santé publique.Les observateurs se demandent pourquoi s'attaque-t-on aux petits marchands alors que les grossistes ne sont point inquiétés?Des agences de distribution et pharmacies de la place liquident des médicaments expirés aux petits marchands. Des produits pharmaceutiques contrefaits circulent librement sur le marché. Quelles sont ces agences? Depuis quand fonctionnent-elles dans le pays? Quels sont les moyens dont elles disposent? Comment arrivent-elles à contourner tout contrôle légal? A un moment où la presse mentionne des décès survenus à la suite de la consommation de médicaments contrefaits, il est urgent de remonter à la source du problème. Quand la santé de la population est menacée, il faut de grands remèdes.

Péguy André Joseph

Peguy_andre@yahoo.frClaude
Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr

La deuxième indépendance

Il est trop facile de parler de « laideur » devant des oeuvres qui nous dévoilent notre face cachée. Là où des civilisations et leurs valeurs esthétiques ont fait un travail qui a bousculé la partie dite sauvage de l'homme, Freud, Picasso, Stravinsky, Césaire ont plutôt insisté sur les pulsions réprimées par des morales séculaires contraignantes. L'art annonce des libertés plus sûres. Des « Demoiselles d'Avignon » à « Cahier du retour au pays natal », l'esthétique a changé de camp.

Par Pierre ClitandreCette année la « Fête de la Sculpture » a pris des dimensions surprenantes. Les organisateurs de cette activité culturelle annuelle n'ont pas hésité à se ruer sur les brancards de la tradition dite classique pour nous révéler l'existence d'un univers particulier que des sculpteurs allemands, brésiliens, croates et haïtiens ont le courage et l'audace de nous présenter.



Comme pour nous sortir du trompe-l'oeil d'un Rodin ou d'une Camille Claudel (bien qu'à ce niveau, déjà, la sculpture prenait une certaine liberté dans l'aspect non fini des formes), la Fokal et l'Institut français d'Haïti nous ont fait circuler entre des silhouettes d'un monde en délabrement avancé. L'art de la récupération d'objets usés, d'autres diraient l'esthétique de la putréfaction, n'a jamais atteint des dimensions si dramatiques.

Catharina Barich de l'Allemagne, Tania Stanic de la Croatie, Arjan Martin du Brésil et une dizaine de sculpteurs contemporains haïtiens ont révélé la ville à elle-même et l'homme à ses contraintes. Si avec Lionel St-Eloi nous sommes encore proches de la mythologie et de la métamorphose végétale, si ce sculpteur de Carrefour-Feuilles s'attache toujours à l'aspect longiligne qui rappellerait Brancusi ou Giacometti, Masson, Joseph Delpé, Celeur, Guyodo, Bazile Ronald, Falaise Péralte, pour leur part, ne travaillent pas dans la nuance d'un matériel élégant. Ces derniers changent notre perception de l'esthétique. Ils portent aussi le spectateur ahuri à mieux se connaître et à voir son environnement comme il est. Pour mieux l'exorciser.Il est trop facile de parler de « laideur » devant des oeuvres qui nous dévoilent notre face cachée. Là où des civilisations et leurs valeurs esthétiques ont fait un patient travail qui a repoussé dans les tiroirs intérieurs jamais visités la partie dite sauvage de l'homme, Freud avec la psychanalyse, Picasso par les masques africains, Césaire et la nouvelle prosodie moderne, Stravinsky et la dodécaphonie ont plutôt insisté sur des pulsions réprimées par des morales contraignantes. L'art annonce des libertés plus sûres... De Picasso à Césaire, l'esthétique a changé de camp.

Fascisme et art dégénéréLes sculptures présentées à l'Institut français et à la Fokal, avec le soutien de l'ambassade du Brésil, nous poussent inexorablement à regarder du coté du lent travail destructeur de l'homme et de son environnement. Non pas dans une perspective de culpabilité. Mais vers une approche plus sincère pour dire que l'ange qui dort sous des eaux calmes cache souvent un démon dont il faut aussi montrer la chaotique beauté.Et nous voilà bousculés dans un univers de ressorts brisés, de clous agressifs, de déchets industriels, de ventilateurs rouillés, de sexes proéminents, de visages dévorés par de sombres extases. Toute une lugubre machinerie qui traduit le sadisme, le fétichisme, l'envoûtement, une diablerie baroque de personnages chtoniens subitement figés entre le désastre et l'apocalypse.

Les jardins de l'Institut français d'Haïti dans leur décor naturel du XIXe siècle ont un peu juré d'avec la modernité sulfureuse de ces totems d'un monde en mutation. Par contre, la cour de la Fokal avec son architecture à la Beaubourg s'adapte mieux à la présentation de cette grande orthopédie collective et à l'ingérence subite du minimalisme électronique dans l'imaginaire merveilleux du caribéen.Souliers de femmes probablement mortes, poupées poussiéreuses sorties de quelque vieux dépôt , lampes à pétrole exhibées à côté de branlements sexuels montrés en spectacle, le fétichisme, la magie, l'envoûtement, le cauchemar et l'hallucination sont dans les moindres détails de ces oeuvres ténébreuses et ubuesques.Guyodo fait voir des estropiés d'hôpitaux, des os brisés, des chaises roulantes figées et l'éblouissement métallique d'un monde médical douloureusement aseptisé. Joseph Delpé présente un deuil aquatique entre le cercueil et la barque. Il y a de l'acte anthropophage suggéré dans ces croisements de fourchettes et de couteaux. Celeur déforme les visages et ses personnages, enchâssés dans des débris hétéroclites, captifs d'une force inconnue.


On se demande si, dans un système politique orthodoxe, ces oeuvres ne seraient-elles pas reléguées au musée des horreurs ou considérées comme de l'art dégénéré élaboré par une troublante maladie. Suivant une conception théorique qui a fait son temps, on dirait que ces sculptures annoncent l'arrivée d'un « fascisme ethnologique ancien »...L'art contemporain a contourné ces données idéologiques. La démocratie autorise une liberté individuelle de l'expression créatrice qui permet aux sciences de mieux connaître l'homme. Depuis les paysages tourmentés de Van Gogh passant par « Le cri » d'Eward Munch, on a mieux compris sur le plan médical, le tempérament artistique et l'univers de la schizophrénie des créateurs.
Chaos et harmonie

La troisième édition de « Fête de la Sculpture » suggère que les douloureuses crucifixions s'accompagnent toujours de réjouissantes renaissances. On traverse le feu pour être autrement. Le kanzo a accès à un savoir qui ordonne. C'est ce que nous apprend Celeur sur la cour de la Fokal.On dirait que les « stabiles » totémiques de quelque vampirique cérémonie sortent du chaos par leur propre mutation interne et accèdent, pour l'harmonie universelle attendue, vers des circularités mobiles plus généreuses. Il y a une beauté cosmique semblable au mouvement de fête d'une limousine de noce dans ces agencements de pneus qui trouvent leur équilibre dans l'anonymat de l'abstraction. Leur mobilité relie le spectateur à l'ordre originel. Leur aspect ludique et urbain remplace les tenailles dantesques de la captivité. Et ce n'est pas l'enfance que l'être retrouve dans le rythme de ces sphères. C'est une expression adulte du partage, de la sagesse, de la générosité, du don individuel et collectif. Allez-y pour prendre votre part de clarté et d'harmonie !

Sur la cour de la Fokal s'articule, dans la patience, une sortie du ténébreux pour une entrée dans la lumière qui initie notre histoire collective de la douleur à la paix. L'homme de la caverne doit vaincre son ombre, le tenace adversaire. La morale à tirer de cette exposition c'est que « la condition humaine » est faite d'ombre et de lumière. Il faut accepter avec lucidité notre part d'ombre. C'est elle, d'ailleurs, qui conduira plus sûrement vers notre « deuxième indépendance ». Elle sera un exorcisme culturel. Ou ne sera pas.

Commissaires d'exposition
Nario Benjamin
Michèle Alfred
Reynald Lally

Artistes
Catharina Brich (Allemagne)
Tania Stanic (Croatie)
Arjan Martin (Brésil)
Lionel St-Eloi (Haïti)
Jorès Fils-Aimé (Haïti)
Eugène André (Haïti)
Jean-Héradd Céleur (Haïti)
Frantz Jacques dit Guyodo (Haïti)
Bazile Ronald dit Cheby (Haïti)
Maxence Denis (Haïti)
Nasson (Haïti)
Joseph Delpé (Haïti)
Falaise Péralte (Haïti)

Pierre Clitandre

Jacques Roumain : l'irrépressible engagement poétique

Au combat du journalisme incandescent succède chez Roumain celui d'une poésie engagée. Elle naît de causes inextricables qui traversent la société haïtienne bouleversée, qui devait connaître de plus les horribles exactions de l'Occupation américaine de1915 à 1934. La renaissance de la poésie haïtienne à laquelle Roumain a été mêlé, a dû sa gestation surtout aux événements sociologiques et politiques d'ordre national et international.

Naomi M. Garret nous apprend dans The Renaissance of Haitian Poetry que :« Haïti n'a pu développer une tradition ou un mécanisme politique pouvant prévenir des hommes ambitieux et sans scrupule à aspirer au sommet de l'état pour en faire une source d'enrichissement personnel et s'accrocher au pouvoir par des moyens, quelque immoraux qu'ils soient. Ce qui était important, c'était de savoir qui était en mesure de garantir le plus de profit possible aux opportunistes ou qui pouvait étaler plus de puissance militaire que les autres. Ces troubles ont légué une somme d'anxiété sur la jeunesse du pays pendant les quinze premières années du 20e siècle »(1) (ma traduction)
Les Haïtiens ont ressenti les secousses de l'occupation et les lettres haïtiennes opposent, par stratégie de réplique depuis l'arrivée des forces américaines, soit un retour à la poésie patriotique et héroïque qui glorifie l'épopée de 1804, l'hominisation de l'île, soit une évasion dans les évocations des légendes amérindiennes du passé, tandis que d'autres poètes plus actifs préféraient abonder dans les anathémes vengeurs contre l'Amérique et ses collaborateurs les plus proches- ce qui opérait une évidente actualisation du conflit.

Les affirmations d'Antonio Vieux et Philippe-Thoby Marcelin dans La Nouvelle Ronde allaient faire presque l'unanimité. Pour prouver l'existence de la littérature haïtienne, les oeuvres devraient adopter la nouvelle mission d'exprimer les aspirations légitimes, les nouvelles tendances de la génération plus fidèlement: il fallait véritablement toucher l'âme même du pays « la disséquer et la mettre à nue »(La Nouvelle Ronde,1er juillet 1925,p.30).
Cette philosophie qui recevait un suffrage massif animait non seulement La Nouvelle Ronde, mais aussi La Trouée : revue d'intérêt général et plus encore La Revue Indigène Les Arts et La Vie, deux journaux auxquels Roumain offre une chaleureuse collaboration. L'emphase sur la psychologie et l'esthétique répondait à une phase de la résistance contre l'occupation. La résistance par les armes n'était plus de mise,la futilité était évidente ;l'échec des cacos était encore dans les esprits. La possibilité de l'avènement d'un gouvernemnt nationaliste était presque nulle.
L'affairisme de l'armée et le comportement intéressé de l'élite avaient presque provoqué une paralysante démoralisation de la jeunesse du pays. « Mais gardons-nous de considérer les élégies comme des fantaisies de mandarin. L'exercice littéraire est fondamentalement une catharsis. Face à l'Occupation américaine, Jacques Roumain rumine sa peine, la projette sur son environnement humain et objectal. Le poète subit l'anéantissement avant de s'éveiller à la révolte, c'est-à-dire de concevoir et d'écrire les textes de Bois d'Ebène ».(2) .
La difficulté de la poésie de Roumain découle d'abord du fait qu'il n'a pas réuni de son vivant, ni publié des poèmes dans un recueil. Leur éparpillement dans les journaux de l'époque en Haïti et ailleurs et la possession de certains par des collègues, amis et parents ont retardé la collection de l'ensemble -lequel ne peut être déclaré complet jusqu'à maintenant. Le seul florilège qui ait paru serait d'ordre posthume et on en relève -c'est un constat d'évidence -une multiplicité de courants, de thèmes, d'intentions autant qu'une profonde modification du style. Que l'on consulte Pradel Pompilus (3), Ghislain Gouraige, (4) Carolyn Fowler(5), Hénock Trouillot (6), tous ces critiques s'accordent sur la genèse et l'évolution de sa poésie, même si certains d'entre eux mettent l'accent sur des aspects particuliers qui les fascinent en minimisant d'autres qui mériteraient peut-être autant notre attention.
Les critères de sélection ne peuvent être universels, dépendent de la grille de lecture par laquelle le critique procède et surtout selon le projet et l'objectif qu'il compte réaliser et atteindre.

Très certainement, on ne saurait rater l'élan descriptiviste de Roumain qui pourrait avoir constitué une sorte de poésie première manière où le poète met dans le collimateur les manifestations de la nature susceptibles de provoquer des échos au plus profond de nous. «Midi », »Pluie », « Calme », « Orage » et «Cent mètres » exemplifient un défilé de brèves impressions et d'images, de sensations auditives et visuelles, des visions fulgurantes.
Le lectorat pénètre sidéré dans un monde irréel dont tous les éléments constitutifs semblent évoluer dans une permanente mutation ou tout se rejoint. On a bien l'impression d'assister à la construction d'un monde qui n'en finit pas,qui se fait et se défait dans un mouvement de gestation perpétuelle. Dans cet univers merveilleux, disruptif et distendu » les palmiers veillent sur le paysage ». On « écoute le rythme du silence embaumé de l'encens des fleurs irréelles » ( Midi ). On assiste dans une parfaite communion avec le narrateur à la transfiguration de la pluie. Elle devient une sorte de « monotone dactylo » qui « tapote aux fenêtres closes », crée un espace « où pleure sans bruit le deuil des roses qui s'effeuillent »(Pluie).
Selon Michel Prat ,Roumain, dans le poème « Calme », « apparaît comme un homme réconcilié avec le monde, par-delà la révolte et se préparant déjà à la mort » :
« Une grande indifférence entre en moi avec un goût de cendre.
Ma table est une île lumineuse
dans la nuit noire de la silencieuse
nuit.
Hors un homme courbé sur ses désirs morts
Je ne suis plus rien...
La route s'arrête avec les pas du pèlerin »
C'est aussi:«une parfaite illustration de la pensée de Camus selon qui tout écrivain doit être à la fois solitaire et solidaire, ce recueil établit un équilibre entre la solidarité dans la révolte et la solitude dans l'apaisement suscité par la beauté des choses ».(7)Dans ce merveilleux vortex « Le vent chassa un troupeau de bisons dans la vaste prairie du ciel. Ces bisons dans leur fuite, « silencieux et puissants » »écrasèrent le soleil »qui « s'éteignit ». On apprend que le vent ne fait pas que souffler.
En furie « le vent hurla tel une femme en mal d'enfant ». La pluie s'amène joyeusement. « La pluie accourut, fille du feu et de la mer ; elle accourut en dansant...» Les feuilles de leur côté savent chanter en tremblant en attendant les ovations du tonnerre:

« les feuilles chantèrenten tremblant comme des débutantes de Music-Hall ;vint le tonnerreet applaudit »(Orage)

« Cent mètres », aventure extraordinaire, se détache des autres poèmes et devient avant tout une authentique illustration, une leçon d'énergie et de volonté irréductible. Le héros, l'athlète, va au-delà de ses limites physiques en bandant ses muscles, en recevant joyeusement « la volupté du vent entre les dents » et dont les poumons deviennent « des carburateurs douloureux dans une poitrine en feu ». L'homme qui jouit du libre arbitre veut se dépasser en accomplissant un ultime effort. Il connaît sa capacité de réussite et d'échec.
Cela ne lui empêche pas de se surpasser tout en sachant qu'il peut tomber dans cette chute de l'échec. Il arbore le rictus de Prométhée. Comme lui, il relève un défi perpétuel en voulant franchir les limites imposées. Il a lui aussi un feu à dérober au ciel.
Ces frémissements lyriques dévoilent une bonne part des caractéristiques esthétiques de Roumain. Mais, cette langue sonore et jouissive ne révèle qu'en partie ses grandes qualités poétiques. C'est vrai qu'il excelle dans l'art de la description que ses tableaux éblouissants illustrent. Cet art enchanteur qu'il cultive pour atteindre une omniprésente séduction anime surtout ses beaux poèmes intérieurs. Pradel Pompilus a su reconnaître chez Roumain « tout un jeu d'allitération qui n'est pas sans intention et qui témoigne du sens de la musique chez le poète.»(8)
C'est aussi vrai qu'on y relève un délice de l'imagination. Ghislain Gouraige,(9) très moderne, pensera chez Roumain à la séduction des mots neufs, à une évidente recherche d'harmonie imitative, l'ivresse de la vitesse et à la présentation des paysages irréels. S'il faut saluer en Roumain la modernité poétique, la nouveauté percutante de sa syntaxe, des touches surréalistes réussies et cette profonde poésie de l'âme; bien plus grand se révélera-t-il comme poète de la négritude et de la solidarité humaine -les littératures ne tendent-elles pas à sortir des frontières ? Vérité immuable qui n'empêche pas à Roumain de devenir chef de file d'un courant nouveau en littérature qui promouvait le droit à l'originalité et à l'haïtiannité de l'inspiration. Son regard vers l'Afrique par les poèmes « Langston Hugues » et « Guinée » devait lancer cette réorientation certaine de la poésie. Dans le premier cas, c'est la Seine, illustration de la remarquable civilisation occidentale, fleuve aux dimensions mythiques qui traverse Paris, la ville lumière, l'éternelle cité rêvée par les anciens colonisés et tous les peuples du Tiers-Monde, qui paraît « moins belle que le Congo ». Ensuite, le pèlerinage de Harlem à Dakar s'impose, il faut aller au berceau, aux sources de la grande civilisation première.

C'est un retour à l'Afrique qui entame, on le comprend bien, un processus de revalorisation du continent des ancêtres géniteurs. Si la Guinée dans le vaudou demeure le séjour des morts, cette terre transfigurée devient aussi le terminus,la fin de la quête de l'homme noir, l'asile qui peut donner le repos sans nécessairement faire référence à la mort. Mais, c'est aussi une terre mythifiée, demeure du merveilleux, rempli de palabres »où « les ruisseaux grelottent comme des chapelets d'os » au « ciel fumeux percé de cris d'oiseaux. »Ghislain Gouraige voit juste quand il perçoit Roumain comme « poète exalté et inspiré » porteur d'une poésie « ample et ondoyante » où « coule la passion d'une âme ardente »(10). La saisissante évocation de la guerre civile d'Espagne, l'un des épisodes les plus sanglants de l'histoire de ce pays dans « Madrid » se recoupe dans « Bois-d'ébène », magnifique chant poignant qui retrace l'odyssée « du nègre colporteur de révolte ». Il connaîtra tous les chemins du monde depuis qu'il aura été vendu en Guinée. Sur son itinéraire, calvaire de douleur, il ne recueillera que du mépris, « un vin de haine », « l'écume des cris » et il habitera dans des « taudis cuves d'émeute ». Le nègre saura chanter « tous les chants du monde et même ceux qu'il aura appris sur des chantiers immémoriaux du Nil ». Il ne peut oublier le poids des pierres d'Egypte avec lesquelles il aura dressé les colonnes des temples, ni la piste des caravanes d'esclaves où levant des bras implorant vers nos dieux, gémissant un chant qu'étranglaient les carcans. C'est un peuple qui a connu des hivers en flammes et qui aura appris un chant d'immense peine et qui périra en grand nombre au cours des travaux forcés pour la construction des lignes de chemin de fer en Afrique.

Et ce silence qui devient plus rugissant qu'un cyclone de fauves, appellera à la vengeance et au châtiment, versera sur la félonie du monde un raz de marée,de pus et de lave et aura crevé le tympan du ciel avec le poing de la justice.

Le narrateur, le « je poétique » ou le locuteur voudra faire tomber les barrières et les frontières pour se joindre aux ouvriers paysans de tous les pays, un monde unifié sans différence de clan, de tribu, de nation, de peau, de race et de dieux, sans dissemblance inexorable. L'indignité est commune et le servage invariable sous tous les cieux. Que l'on soit mineurs des Asturies ou de Johannesburg , paysans de Castille, de Sicile ou parias des Indes, véritables intouchables, il faudra se donner la main pour rebâtir les mondes détruits, pillés et dévalorisés. Nous sommes épaule contre épaule, condamnés dans les galères capitalistes à un destin commun et pitoyable. Il faut « rassembler nos forces écartelées » reconnaître et proclamer « l'unité de la souffrance et de la révolte de tous les peuples sur toute la surface de la terre » et « brasser le mortier des temps fraternels ».Et Les « Sales Nègres »plus tard n'accepteront plus de cirer les bottes, de récolter la canne à sucre, le café, le coton, de mitrailler leurs frères grévistes, d'être un instrument à chanter, des êtres destinés à la fornication ou d'être achetés et vendus au marché du plaisir. On n'acceptera plus d'être pendus, fusillés et égorgés au nom de la civilisation, au nom de la religion, au nom de Dieu, au nom de la trinité. Au Congo, en Afrique du Sud, en Louisiane, aux Antilles, partout, il faudra se donner la main et se lever avec dignité « debout tous les damnés de la terre, tous les justiciers marcheront à l'assaut de vos casernes et de vos banques »


«Comme une forêt de torches funèbres
Pour en finir
Une fois pour toute
Avec ce monde
De nègres
De niggers
De sales nègres »


La poésie de Jacques Roumain, séductrice et rédemptrice, doit sa réussite par un heureux mélange du fond et de la forme. Cependant, il faut aller au-delà de cette musique irrésistible et fulgurante pour en découvrir la vraie quintessence:sa mission invariable. Par ses efforts continus et son engagement irrépressible, le poète parvient à une formidable maîtrise d'une alchimie verbale qui transforme ses derniers poèmes en un immense cri du coeur solidaire et fraternel, qui appelle Haïti aux armes et qui invite tous les damnés de la terre et les forçats de la faim à se mettre debout et à renverser les citadelles qui les maintiennent partout dans un monde coercitif et invivable.

________________________
Bibliographie
1-Naomi M.Garret.The Renaissance of Haitian Poetry.Presence Africaine,Paris :1963.P.55.
2-Marc Roland Tadale in Jacques Roumain :Poèmes .Editions des Antilles,SA :1993.P.11.
3-Pradel Pompilus et Raphaël Berrou. Histoire de la littérature haïtienne(Tome III)Editions Caraïbes,Haïti,1977.
4-Ghislain Gouraige. Histoire de la littérature haïtienne.Editions de l'Action sociale,Haïti, 1982.
5-Carolyne Fowler .A Knot in the Thread.The Life and Work of Jacques Roumain.Howard University Press,1980.
6- Hénock Trouillot. Dimension et limites de Jacques Roumain,Les Editions Fardin,Haïti,1981.
7-Michel Pratt. Gouverneurs de la rosée.Hatier,1986.P.11,12.
8-Pradel Pompilus. P.135.
9-Ghislain Gouraige.P.241.
10-Ghislain Gouraige. P.241.

Frantz-Antoine LeconteProfesseur à l'Université d'état de New York

Jacques Roumain : l'irrépressible engagement poétique (I)

Au combat du journalisme incandescent succède chez Roumain celui d'une poésie engagée. Elle naît de causes inextricables qui traversent la société haïtienne bouleversée, qui devait connaître de plus les horribles exactions de l'Occupation américaine de1915 à 1934. La renaissance de la poésie haïtienne à laquelle Roumain a été mêlé, a dû sa gestation surtout aux événements sociologiques et politiques d'ordre national et international.

Naomi M. Garret nous apprend dans The Renaissance of Haitian Poetry que :« Haïti n'a pu développer une tradition ou un mécanisme politique pouvant prévenir des hommes ambitieux et sans scrupule à aspirer au sommet de l'état pour en faire une source d'enrichissement personnel et s'accrocher au pouvoir par des moyens, quelque immoraux qu'ils soient. Ce qui était important, c'était de savoir qui était en mesure de garantir le plus de profit possible aux opportunistes ou qui pouvait étaler plus de puissance militaire que les autres. Ces troubles ont légué une somme d'anxiété sur la jeunesse du pays pendant les quinze premères années du 20e siècle »(1) (ma traduction)Les Haïtiens ont ressenti les secousses de l'occupation et les lettres haïtiennes opposent, par stratégie de réplique depuis l'arrivée des forces américaines, soit un retour à la poésie patriotique et héroïque qui glorifie l'épopée de 1804, l'hominisation de l'île, soit une évasion dans les évocations des légendes amérindiennes du passé, tandis que d'autres poètes plus actifs préféraient abonder dans les anathémes vengeurs contre l'Amérique et ses collaborateurs les plus proches- ce qui opérait une évidente actualisation du conflit.

Les affirmations d'Antonio Vieux et Philippe-Thoby Marcelin dans La Nouvelle Ronde allaient faire presque l'unanimité. Pour prouver l'existence de la littérature haïtienne, les oeuvres devraient adopter la nouvelle mission d'exprimer les aspirations légitimes, les nouvelles tendances de la génération plus fidèlement: il fallait véritablement toucher l'âme même du pays « la disséquer et la mettre à nue »(La Nouvelle Ronde,1er juillet 1925,p.30). Cette philosophie qui recevait un suffrage massif animait non seulement La Nouvelle Ronde, mais aussi La Trouée : revue d'intérêt général et plus encore La Revue Indigène Les Arts et La Vie, deux journaux auxquels Roumain offre une chaleureuse collaboration. L'emphase sur la psychologie et l'esthétique répondait à une phase de la résistance contre l'occupation. La résistance par les armes n'était plus de mise,la futilité était évidente ;l'échec des cacos était encore dans les esprits. La possibilité de l'avènement d'un gouvernemnt nationaliste était presque nulle.L'affairisme de l'armée et le comportement intéressé de l'élite avaient presque provoqué une paralysante démoralisation de la jeunesse du pays.


Mais, en revanche, il faut aussi avouer que les Haïtiens n'étaient pas tout à fait isolés durant l'occupation de leur pays, leurs liens culturels et intellectuels avec la France s'étaient raffermis.Beaucoup d'entre eux préféraient vivre en France où ils subissaient moins de discrimination plutôt que de faire face aux inévitables humiliations que les Marines imposaient au pays.
D'autant plus qu'en France, après la grande guerre, un concours de circonstances favorisait l'accroissement de l'intérêt porté à l'art nègre. Cela produisait une véritable mutation de la perception, une nouvelle dynamique qui permettait aux insulaires d'abord d'appréhender leurs ancètres africains avec moins d'hésitation et de se familiariser avec les oeuvres de la littérature afro-américaine dont les auteurs partageaient les mêmes intérêts qu'eux.
Il faut rappeler qu'une instabilité presque générale s'étendait sur le monde émergeant du conflit mondial. On rêvait du retour à la vie simple et heureuse de l'avant-guerre. (A suivre)

Hugues Larose, peintre d'histoire et de mémoire

Oeuvre de portée historique, la toile "Mme Macéna" peinte par Hugues Larose donne à voir une tranche de notre histoire couvrant la période 1915-1934.

Ce peintre d'histoire restitue notre passé avec élégie à travers un pinceau qui saigne et qui se lamente. Un passé qui a coûté au pays beaucoup de vies humaines. C'est sur cela que médite Mme Péralte dans sa toile en regardant le départ du contingent de fusiliers marins des Etats-Unis qui, selon son analyse, n'est pas définitif.

La toile "Mme Macéna" montre le parcours d'une longue démarche historique couvrant une période de quatre-vingt-dix-sept ans (1888-1915) au cours de laquelle aucun président n'a pu terminer son mandat de sept ans. Un seul est mort d'une façon naturelle, les autres sont assassinés, renversés ou exilés. Bien sûr, le lynchage de Vilbrun Guillaume fut la dernière goutte d'eau qui fait déborder le vase.
La toile de Hugues Larose est divisée en trois séquences. La première part de 1915 à 1920 et parle de la guérilla des nationalités (les cacos). On y observe au centre droit du tableau les échauffourées des cacos sous le commandement d'un de leurs chefs et les marines américains (fusiliers marins) dans la formation de la 19e compagnie de cavalerie de la gendarmerie d'Haïti.
A droite, en haut dans le décor, se détachent deux êtres étrangement suspendus, de nature féminine, porteuse d'étendard et de la glaive de la justice surplombant la scène du combat. Des génies de la nation haïtienne arborent le bicolore bleu et rouge, dont le bleu est la plus immatérielle. La nature ne la présente généralement que par l'effet de transparence du vide accumulé, vide de l'air, vide de l'eau, vide du cristal ou du diamant.

Parlant du symbolisme des couleurs, le peintre Wassily Kandins (1866-1944) a fait cette remarque : "La profondeur du vert donne une impression de repos terrestre et de contentement de soi, tandis que la profondeur du bleu a une gravité solennelle, surpra-terrestre, cette gravité appelle l'idée de la mort ".

Chez Hugues Larose, le rouge dans le bicolore est la couleur symbolique de la guerre, le dualisme ciel et enfer. C'est la couleur de dionysos. La pourpre est la couleur des généraux, de la noblesse, des patriciens. Elle devient par conséquent celle des empereurs.

La 2e séquence nous ramène à la section culminante du tableau où nous trouvons debout Mme Macéna, mère de Charlemagne, portant en filigrane dans sa robe blanche la preuve de la trahison de Conzé.

A gauche et au fond du tableau, les soldats du contingent des fusiliers marins des Etats-Unis partent sous le regard inquiet de Mme Macéna voyant le dernier officier en possession d'une cruche remplie de secrets de notre culture. Alors que cette dernière devrait être de préférence écrasée derrière le convoi selon notre coutume afin d'empêcher les soldats de retourner dans le pays. La troisième séquence se trouve à l'extérieure droite de l'oeuvre en haut et en toile de fond, c'est la bande de rara en effervescence qui fête le départ des marines sans prendre du temps pour réfléchir sur les motifs qui ont occasionné l'intervention. Du reste, la bande de rara illustre fort bien la mentalité du peuple haïtien dans presque toutes ses composantes, toujours prêt à célébrer tout ce qui ressemble à la victoire sans pour autant penser à l'avenir, sans pour autant jeter un regard prospectif.
Hélas ! Et c'est là surtout la cause de tous nos malheurs.
Maxime Melay

JACQUES ROUMAIN...Célébration sur fond de rapatriement

Après une brève visite, jeudi, en République dominicaine pour assister aux festivités marquant le centenaire de naissance de l'écrivain haïtien Jacques Roumain, le président René Préval a regagné, le même jour, la capitale haïtienne. Sa rencontre avec son homologue dominicain Leonel Fernandez s'inscrit dans le but de renforcer les « liens fraternels » entre les deux pays.

Arrivé dans la matinée en République dominicaine, le chef de l'Etat haïtien s'est entretenu pendant une demi-heure au palais national dominicain avec son homologue Leonel Fernandez. Selon le journal dominicain « El Nuevo Diario », les deux chefs d'Etat ont, au cours de leur entretien, insisté sur la nécessité d'établir définitivement un plan de développement commun à tous les niveaux entre les deux pays partageant l'île. Ils ont, du même coup, reçu le document officiel de la Déclaration de Santo Domingo. Un document qui engage Haïti, la République dominicaine et Cuba à créer le premier « Corridor biologique de la Caraïbe ».

Qualifiant la rencontre « d'exceptionnelle », le Président dominicain a estimé qu'elle constituait « une grande opportunité pour le renforcement des liens fraternels qui doivent exister entre Haïti et la République dominicaine ». De son point de vue, «les deux pays sont destinés à être des frères malgré les différences du passé. Les conquêtes de l'avenir nous unissent davantage que les affrontements et les problèmes ».Le quotidien dominicain El Nuevo Diario précise que Leonel Fernàndez a établi un parallèle entre « Les gouverneurs de la rosée » et un roman de l'ancien président dominicain Juan Bosch titré « La mañosa », en insistant sur la communauté thématique et idéologique des deux oeuvres inscrites dans l'univers rural et dans la quête d'un projet national.« En ce moment, nous célébrons le centenaire de Jacques Roumain et dans deux ans, nous allons célébrer en République dominicaine le centenaire de Juan Bosch (1909-2001). Je crois qu'une grande opportunité s'offre à nous pour le renforcement des liens fraternels qui doivent exister entre Haïti et la République dominicaine à travers la culture et particulièrement à travers ces deux géants de la création et de la pensée qui, dans ces temps de globalisation, contribuent à la réaffirmation de l'identité culturelle nationale de nos peuples », a conclu M. Fernàndez considéré comme l'héritier politique de Bosch.
Dans le cadre d'un effort mutuel visant à surmonter les divergences, René Préval s'est, pour sa part, déclaré prêt à travailler à un rapprochement entre les citoyens des deux nations. « Nous allons regarder le monde d'une manière positive », a assuré le Président.Un conservatoire pour Jacques Roumain
Dans l'idée de pérenniser la mémoire de Jacques Roumain, les deux chefs d'Etat concoivent de mettre sur pied un conservatoire sur la vie, les oeuvres narratives, poétiques et politiques de l'auteur du livre "Gouverneurs de la rosée". Le poète dominicain Andrés L. Mateo de concert avec des intellectuels haïtiens dont Maximilien Laroche, Claude Roumain, Jean Euphèle Milcé et Bonel Auguste auront la responsabilité de ce conservatoire. Après la rencontre, la délégation a été conduite à l'Université autonome de Santo Domingo où des activités socioculturelles et conférences-débats ont marqué la journée. Elle était composée de différentes personnalités dont le ministre de la Culture Daniel Elie, du professeur de la littérature française et haïtienne à l'université de Princeton, Léon François Hoffmann, du doyen de l'académie diplomatique et consulaire du Haïti, Myrtho Bonhomme, du directeur de la Bibliothèque nationale, Françoise Beaulieu Tybulle, et du sénateur Wesner Emmanuel. Ont pris part aussi aux activités festives d'autres personnalités haïtiennes telles que : Me Osner Fevry, Claude Roumain, Frantz Jean...

Sur fond de rapatriement...

Par ailleurs, il faut préciser que la visite du président Préval en territoire voisin s'est déroulée sur fond de rapatriement et de recrudescence de la violence perpétrée contre les Haïtiens. La veille, les autorités dominicaines ont procédé au rapatriement forcé d'environ 300 Haïtiens. Ces compatriotes ont été, sans preuve, accusés de l'assassinat d'un fermier dominicain Héctor Bienvenido Cabrera, 51 ans, dans la province de Montecristi. Comme pour épargner les Haïtiens de la fureur des citoyens dominicains, les autorités dominicaines affirment qu'ils ont été obligés de les rapatrier. Cette décision jugée anarchique et arbitraire par les organismes de droits humains tend à marquer la recrudescence des pratiques discriminatoires à l'égard des ressortissants haïtiens.
Le Groupe d'appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) qui a fait état d'une série d'attaques contre les ressortissants haïtiens a indiqué qu'à la fin du mois dernier, des étudiantes haïtiennes ont été violées à Santiago par des délinquants qui circulaient à bord d'un camion. Le domicile de certaines d'entre elles a été attaqué.

Toujours selon le GARR, le corps décapité d'un Haïtien a été retrouvé à Los Brujos le mois dernier. À Montecrisri, plusieurs maisonnettes occupées par des Haïtiens ont été incendiées et bien d'autres cas ont été signalés par la presse dominicaine.
À Barahona, poursuit le GARR, le corps d' Isma Daï, un travailleur agricole haïtien de 50 ans, a été découvert dans un canal. Le rapport d'autopsie prouve que ce dernier est mort asphyxié avant d'être jeté dans le canal.

Arrestation en Floride de trois mineurs américains accusés d’avoir violé une haïtienne

Enquête policière en cours en vue de retrouver les sept autres adolescents accusés également d’avoir contraint leur victime à avoir des relations sexuelles avec son fils de 12 ans
dimanche 15 juillet 2007,
Radio Kiskeya

Trois adolescents américains ont été arrêtés à West Palm Beach pour leur responsabilité présumée dans le viol collectif d’une femme haïtienne et des agressions physiques contre son fils de 12 ans, dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte sur cette affaire qui défraie la chronique depuis plusieurs jours en Floride.
Jakaris Sansay Taylor, 15 ans, a été repéré grâce l’identification de ses empreintes digitales dans la maison où s’était déroulé le drame, le 18 juin dernier, a indiqué le porte-parole de la police de West Palm Beach, Ted White, cité par le Miami Herald.
Une dizaine d’adolescents encagoulés, avaient violé et sodomisé à tour de rôle la ressortissante haïtienne après s’être introduits par effraction dans sa résidence. Puis, ils avaient sous la menace d’un pistolet, forcé la malheureuse à avoir des relations sexuelles orales avec son fils, a raconté la dame à une chaîne de télévision américaine en requérant l’anonymat.
L’enfant a été aussi sévèrement battu.
Taylor a été appréhendé chez ses parents sous divers chefs d’accusation, vol à mains armées, utilisation de cagoule pour commettre un délit, agression sexuelle et agression sexuelle perpétrée par plusieurs personnes. Il a été transféré dans un centre de détention pour jeunes après avoir subi un interrogatoire.
Jointe au téléphone, la mère du jeune homme, Jacqueline Minor, s’est refusée à tout commentaire.
Deux autres adolescents, Avion Lawson, 14 ans et Nathan Walker, 16 ans, étaient pour leur part détenus sans pouvoir bénéficier d’une libération conditionnelle en raison des graves accusations qui pèsent contre eux.
Les seps autres suspects étaient activement recherchés.
Le procureur de l’Etat de Floride souhaite que tous les jeunes délinquants soient mis en accusation par un jury d’investigateurs afin d’être traités comme des adultes, selon son porte-parole, Mike Edmondson.
Tous les individus impliqués dans ce rare déchaînement de violences sexuelles devraient être inculpés et condamnés à de lourdes peines de prison.
Des violences meurtrières ont frappé au cours des derniers mois la communauté haïtienne du sud de la Floride, l’une des plus importantes de l’Etat. spp/RK
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article3858

Commentaires
La violence et la délinquance restent aussi universelles que les sentiments humains. Elles n’ont ni couleur ni race. Elles doivent surtout être combattues par tous les moyens.
Il serait difficile de penser que ces adolescents aient porté leu choix sur cette famille haïtienne par un anti-quelque chose quelconque. Il est fort raisonnable de constater que cet acte de violence sera traité comme tel : un fait divers résultats des déficiences de certaines sociétés.
Que toute la lumière soit faite et que la justice soit appliquée selon les lois.

Liesse populaire à Port-au-Prince après le nouveau sacre du Brésil dans la Copa América

Des milliers de fans de la seleçao expriment leur bonheur au son de la musique
dimanche 15 juillet 2007,
Radio Kiskeya

Des milliers de fans haïtiens célébraient dimanche soir à Port-au-Prince la victoire historique d’une équipe expérimentale du Brésil contre l’Argentine (3-0) en finale de la 42e édition de la Copa América disputée au Vénézuéla.
Dès le coup de sifflet final, les "brésiliens", arborant les couleurs de la seleçao, ont gagné les rues pour laisser exploser leur joie. Au Champ de Mars, la grande place centrale où se trouve le Palais National (siège de la Présidence), à Delmas et à Pétion-Ville (banlieue est), la foule délirante grossissait au fil des minutes.
Les inconditionnels de la magie brésilienne, des jeunes des deux sexes dans leur grande majorité, esquissaient des pas de danse pour célébrer la formidable performance de leurs héros auteurs d’une écrasante victoire contre leurs éternels rivaux, sous la houlette d’un certain Carlos Dunga, ex-champion du monde 94 et nouvel entraîneur.
Dans le centre de la capitale, DJ Cash Cash assurait l’animation musicale alors que les fans arrivaient de tous les quartiers avoisinants.
Aucun incident majeur n’était signalé, mais des coups de feu avaient ponctué dans certains secteurs de Port-au-Prince la réalisation des buts.
Les quintuples champions du monde sont particulièrement aimés en Haïti et chacun de leur succès dans les compétitions internationales entraîne des déchaînements de passion notamment dans les milieux populaires.
Dimanche, au stade José Encarnaciòn Pachencho Romero de Maracaibo, Julio Baptista a, contre toute attente, ouvert le score d’une frappe enroulée à l’entrée des 16 mètres.
L’irréparable devait venir du capitaine de la sélection albiceleste, Roberto Ayala, qui, avant la pause, a détourné dans les filets de son gardien Roberto Abondanzieri un centre du latéral droit brésilien Maicòn.
Enfin, Daniel Alves, rentré en cours de match en remplacement d’Elano blessé, a assommé l’adversaire en battant du plat de pied Abondanzieri sur une passe millimétrée de Wagner Love lancé en profondeur par Robinho.
Vainqueur pour la huitième fois de son histoire de la Copa América, le Brésil mène désormais par 36 victoires contre 33 défaites et 22 nuls dans ses 91 confrontations officielles avec l’Argentine. spp/RK
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article3863

Commentaires :
Pendant un certain temps j’avais du mal à comprendre cette ferveur manifestée par les fans haïtiens du ballon rond en faveur des sélections sudaméricaines du Brésil et de l’Argentine.
En fait ce sont des choses que l’on ne s’explique pas ; c’est comme l’amour ressenti pour un autre ; c’est comme la foi en Dieu ; on se sent Brésiliens ou Argentins !

L’entraîneur de l’équipe d’Arsenal du championnat Anglais, Monsieur Arsène Wenger, avait fait grise mine et avait ouvertement manifesté son mécontentement quand son joueur, Gilberto Silva, avait fait le voyage avec la sélection en compagnie de Ronaldo, Ronaldhino et les autres pour faire réalité le rêve de tous les haïtiens dans un match pour la paix, mais pour lui complètement inutile face à la sélection Haïtienne de football.
Les Brésiliens de la seleçao ont du ressentir ces élans d’amour et d’admiration d’une façon particulière.
Le contexte du match de la paix était très difficile. Les supers stars brésiliennes avaient répondu présents.
La sélection Brésilienne mérite bien la folie et le support des fans haïtiens.
Aujourd’hui je comprends et j’accepte.
Un Lionel Messi, un Crespo foulant la pelouse du stade silvio Cator représenteraient un moment de grandes émotions pour les « Argentins » d’Haïti.