Jean Jean Roosevelt remporte la finale du concours chanson
Jean Jean Roosevelt (Haïti) et Sae Lis' (Liban)
13/09/2013 - Le plateau était relevé pour la finale à laquelle concourraient, ce 12 septembre, cinq chanteurs et groupes lors des 7e Jeux de la Francophonie organisés à Nice, en France. Un concours remporté par l’Haïtien Jean Jean Roosevelt qui devance Sae Lis’ du Liban et Benegihanga du Rwanda.
L’un semble prier en tournant son visage vers le ciel, l’autre baisse la tête, un troisième est déjà prêt à se rouler par terre, suspendu aux lèvres du président du jury qui a déjà attribué la médaille de bronze au Rwanda et celle d’argent au Liban. L’explosion de joie chez Jean Jean Roosevelt et ses musiciens haïtiens, quelques secondes plus tard, est à la mesure de la tension qui s’était progressivement répandue dans les coursives de l’opéra de Nice, en ce jour de finale. C’est là, dans cette salle du XIXe siècle tournant le dos à la promenade des Anglais, que se déroule depuis dimanche la compétition dans la catégorie “chanson”, une des épreuves des Jeux de la Francophonie dont la particularité est de réunir des sportifs mais aussi des artistes du monde francophone.
Au cours des éditions précédentes de cet événement censé se tenir tous les quatre ans, ce concours culturel est monté en puissance : sur la liste des lauréats figurent notamment la Camerounaise Kareyce Fotso et les Québécois Karkwa, récompensés au Liban en 2009, les Marocains Hoba Hoba Spirit (2005) ou encore la Capverdienne Mayra Andrade (2001).
Un niveau élevé
Ils étaient dix-huit, cette année, à espérer inscrire leur nom au palmarès, issus de sélections régionales organisées en amont. Parmi eux, le groupe Mazagan venu sous les couleurs du royaume du Maroc, le Mauricien Ras Nininn, sélectionné pour le prix RFI Découvertes en 2009, le reggaeman suisse Junior Tshaka, la chanteuse mauritanienne Noura Mynt Seymali qui s’envolait juste après vers les États-Unis pour une tournée. Avec ces artistes déjà confirmés, dont la réputation est parfois internationale, le niveau s’annonçait élevé.
Répartis en quatre groupes programmés en autant de jours, ils se sont succédé chaque après-midi sur scène afin de décrocher un billet pour la finale. “Les concurrents disposeront d'un temps de concert de 15 à 25 minutes, au cours duquel la prestation se fera au moins pour moitié en français”, prévoit le règlement. Pour les départager, un jury dont les compétences en matière de musique du monde ne souffrent pas le moindre doute : le patron du label Lusafrica et ancien manager de Cesaria Evora, son alter ego chez Contre Jour qui a fait connaitre Habib Koite et Dobet Gnahoré, le directeur artistique du prestigieux festival Timitar d’Agadir, le patron du Festival d’été de Québec et un des activistes les plus réputés des musiques de l’océan Indien.
Ce 12 septembre, devant un public composé pour partie de membres des délégations mais surtout de Niçois mélomanes, l’Autrichienne Valérie Sajdik a donc ouvert la soirée décisive avec son trio de musiciens. Pas si simple de se débarrasser de la pression, même quand on possède son expérience : deux albums avec le groupe Saint-Privat, du nom d’un village du Sud de la France où elle séjourne souvent, et deux autres sous son nom. Cette diplômée en chant jazz du conservatoire de Vienne a fait sien l’esprit de la chanson française, qu’elle a beaucoup écouté durant son enfance grâce à une mère très francophile. “Ça me fait penser à Patricia Kaas”, lâche un spectateur, sans doute influencé au-delà de l’aspect artistique par l’allure de la jeune femme.
Faire la fête
Avec Sae Lis’, qui entre en lice dans la foulée, le style change. La “soul girl libanaise”, pour reprendre le titre de l’article que lui consacrait Femme Magazine, a sorti l’an dernier son premier album The Quest produit par le libano-ivoirien Mao Otayeck, longtemps aux côtés d’Alpha Blondy (et finaliste du prix Découvertes RFI en 2011). A Nice, elle veut profiter de l’occasion pour véhiculer une autre image de son pays, où “il n’y a pas que des conflits”.
L’ambiance est à point pour servir les intérêts de Jean Jean Roosevelt et sa troupe. Pieds nus, le drapeau haïtien sur les épaules, il sait créer en un instant une complicité avec le public, qui ne résiste ni à son sourire ni à ses chansons comme Pourquoi a-t-on grandi ?, éloge de l’innocence de l’enfance.
Le concert se poursuit avec Benegihanga, représentant le Rwanda – comme le Liban et Haïti, une terre marquée douloureusement par le sceau de l’histoire récente. Le collectif est formé pour l’essentiel du groupe reggae Holy Jah Doves de Ras Kayaga auquel s’est joint le chanteur Mani Martin. Pour ce projet, ils ont délaissé les rythmes jamaïcains et davantage mis l’accent sur les polyphonies qui évoquent l’Afrique australe.
Dernière concurrente de la soirée, Mariah Bissongo est là pour “faire la fête”. La jeune chanteuse du Burkina Faso, dont le père a marqué l’histoire musicale du pays avec les Imbattables Léopards, ne manque pas d’énergie. Sa grimace, au moment du verdict, en dit long sur sa déception, tandis que les Haïtiens font des bonds sur scène. “On est tous du Burkina, on est tous des Autrichiens”, chantera le nouveau médaillé d’or quelques instants plus tard, pour tenter de soulager la peine des perdants. Et partager son bonheur, en toute humilité.
Site officiel des Jeux de la Francophonie
http://www.rfimusique.com/actu-musique/musiques-monde/20130913-jeux-francophonie-jean-jean-roosevelt-haiti
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