Le président Tiresias
Simon Sam avait lui aussi terminé son mandat et remis le pouvoir. Mais il ne le
fit pas de gaieté de cœur. Des députés avaient essayé de prolonger son mandat d’un
an.
On serait tenté de
dire que l'attitude de Nissage Saget ressemble beaucoup à celle d'un ancien président
qui a remis le pouvoir au chef d'Etat actuel et qui est retourné vivre chez lui.
Vues de façon sommaire les deux situations, on pourrait trouver d'autres mandats
de chefs d'Etats ayant eu des dénouements semblables. Ca concerne surtout les présidents
qui ont dirigé le pays entre 1915 et 1934. C 'est-à-dire pendant
l'occupation américaine.
Et René Préval pendant
la Minustah !
Donc le cas de
Nissage Saget reste unique.
Malgré notre jeune âge
comme peuple et nation, après deux siècles, nos balbutiements, nos tâtonnements
se témoignant en termes de retards dans tous les domaines ne suffisent pas à
nous faire changer de cap et arriver à percevoir la démocratie de façon plus utile
et plus adaptée aux besoins et aux
intérêts de la nation.
Aujourd'hui, comme
entre 1915 et 1934, la communauté internationale, les amis d'Haïti gèrent en
mains de maîtres l'accession et la pérennisation au pouvoir selon le terme du
mandat.
Cependant, l'opposition
politique a du mal à changer de paradigme et à s'adapter.
Au lieu de
s'organiser pour récupérer le pouvoir moyennant les voies mises à disposition
pour atteindre le but, elle s'évertue et s'entête à tout faire -même le ridicule-
pour destituer celui qui est en place.
L'actuel président,
l'élu du peuple par la communauté internationale, deux cent neuf ans après, malgré les
exemples visibles et les expériences des voisins, se retrouve actuellement au
milieu de cette corde, tiraillé d'un côté par un désir de gouverner sans
partage et qui sait utiliser des subterfuges pour rester au pouvoir, de l'autre
côté, par une opposition égale à elle même, réactionnaire quelque peu retardée qui ne pense qu'à sa destitution.
Cette fois-ci, avec
en face ou de l’autre côté, une composante de poids déjà connue et déterminante
dans ce genre de situation, la
Communauté internationale avec comme bras droit et cheville
ouvrière, la Minustah !
Si cela dépendait
de cette opposition haïtienne, il n'y aurait jamais eu d'élections en Haiti.
Elle applique à la lettre le sens primaire du mot, en s'opposant à tout et à tout le monde.
Ceux qui organisent
les élections sont contestés. Puis elle s'oppose souvent à la liste des
candidats retenus. Au lieu de faire un front commun réel et effectif, elle se
disperse dans un nombre indécent de candidatures avec des éléments n'ayant
aucune chance de faire un score honorable. Souvent les plus téméraires
conscients de leurs incapacités de mobiliser les votants, appellent au boycott.
L'opposition
conteste les résultats puis s'engage en dernier recours à destituer le président
élu, avant même sa prestation de serment.
La dernière figure
visée par cette lubie de la destitution c'est bien entendu l'actuel Président
Michel Martelly.
Mais il n'est pas
inutile de rappeler que l'ancien Président Préval a lui aussi été menacé par
cette pratique. Lui qui par sa façon nonchalante de diriger semblait un président
quelconque.
Ce qui est
intéressant et navrant c'est de constater le contexte dans le quel l'étendard
de la destitution a été brandie.
On est en 2010, la
dernière année du mandat présidentiel. Le 12 janvier un tremblement de terre
plonge Haïti dans la situation la plus calamiteuse de son histoire.
Les faiblesses
institutionnelles du pays refont surface des décombres. Le gouvernement n'est
pas assez fort ni assez "propre"
pour constituer un partenaire fiable dans la gestion post séisme.
La société civile
brille par son éparpillement. Et sa situation fébrile non représentative.
Toutes les instances de la société se perdent dans des rêves de grandeur
tendant à encenser la catastrophe comme le maillon manquant au "décollement" du pays.
Les acteurs
constatent ce type de chaos dans le chaos généré par le tremblement de terre.
La catastrophe a frappé fort et exige une prise en charge.
Les acteurs vont se
tourner vers les ONGs qui vont fleurir par centaines.
Ceux qui croyaient
au renouveau du pays à partir des décombres vont vite déchanter. Le sort du
pays est livré à une kyrielle d'organisations humanitaires non gouvernementales
pas toutes crédibles ni compétentes en la matière.
Tandis que le
gouvernement titube et peine à se remettre des secousses qui l'ont fortement
ébranlé.
L'ampleur des besoins et l'urgence d'agir poussent la communauté internationale à s'engouffrer derrière une flopée d’ONGs dans la brèche creusée par les incohérences dans le positionnement des différents secteurs de la société.
L'ampleur des besoins et l'urgence d'agir poussent la communauté internationale à s'engouffrer derrière une flopée d’ONGs dans la brèche creusée par les incohérences dans le positionnement des différents secteurs de la société.
Le gouvernement par
le biais du chef de l'exécutif, réapparait et trouve comme mesure appropriée de
faire voter une loi d'urgence contemplant entre autre chose le prolongement du
mandat de trois mois.
L'opposition de son
côté saisit la balle au bond et considère l'évocation de la promulgation de
cette loi d'urgence comme un acte antidémocratique allant contre les intérêts
de la nation, réagit non pas en demandant que le président respecte son mandat
mais s'organise pour exiger le départ du président élu.
Bien entendu après
quelques manifestations ratées promues par un semblant de rassemblement de
partis et de Leaders politiques l'idée s'étiole, les velléités s'estompent avec
l'intervention des amis d'Haïti décidés à poursuivre avec la démocratie en
réalisant des élections malgré les décombres.
La suite de
l'histoire reste assez cocasse, cette opposition qui s'était rassemblée pour
pousser René Préval vers la sortie avant la fin de son mandat, participa en hordes
dispersées aux joutes dont les amis
d'Haïti dessineront les issues avec Michel Martelly.
Un autre Elément du
"négativisme" pratiqué sans scrupule par l'opposition réside aussi
dans l'attitude contestataire outrancière qui consiste à commencer par contester
le processus électoral depuis la constitution du conseil électoral jusqu'à l'appel
au boycott le jour J' pour terminer avec la contestation des résultats.
Pour revenir à la
lubie de la destitution il convient de revoir les démarches entreprises pour
destituer Michel Martelly, après seulement deux ans de mandat.
Cette fois-ci, il
semblerait qu'un sénateur de la
République , membre de l'opposition bien entendu, aurait juré
de se payer la tête du président "élu".
La première cause évoquée
fut la multi nationalité de Michel Martelly. Pendant des mois ce fut le sujet
des débats de discussions oiseuses sans fin.
Enfin on assista à
une mise en scène avec dans le rôle principal, le président Michel Martelly
lui-même, secondé par les représentations diplomatiques des pays sempiternels meilleurs amis d'Haïti et des
personnalités TRES importantes du monde politique international. Pour être poli, on dira que cette mise en
scène -vraie mascarade- a permis de mettre fin aux tentatives de destitution
que prônaient et menaient des grosses pointures de l'opposition.
Sans pour cela résoudre
cependant le dilemme de la multiple nationalité du Président Haïtien. Et il est
pourtant admis d'en avoir une idée allant dans ce sens dans
la mesure ou il est une pratique assez courante des familles appartenant à la "classe" du président de doter comme un sésame, une porte de sortie, leurs
enfants de la nationalité américaine ou canadienne!
Actuellement, la
destitution revient à la mode. Mais pour d'autres raisons. Une raison de poids
dirait-on. Le président est accusé de faute grave, de parjure, de violation de
la constitution.
Ceci pour avoir nié
la tenue d'une réunion entre un juge qui avait à sa charge un dossier de mise
en examen de la première dame de la République accusée de corruption, d'usurpation de
pouvoir, abus de biens sociaux etc. La même accusation concernait aussi le fils
du président de la République.
Trois jours après
cette réunion au cours de laquelle les membres du pouvoir exécutif orchestrés
par le président lui-même et son premier ministre, le juge, de nationalité
canadienne est victime d'un malaise. Il est reçu dans un centre hospitalier de
la capitale ou il décède terrassé par un accident vasculo-cérébral.
La presse de l’opposition
en profite. Le coupable idéal est trouvé. Le décès du juge est d’abord attribué
aux pressions exercées par le pouvoir exécutif. Puis la cause de la mort sera contredite. Comme élément suspect et à
charge, circule sur les réseaux sociaux une photo du médecin montrant un
bracelet « rose », signe d’allégeance au régime en place.
Vint après l’hypothèse
de l’empoisonnement. Un empoisonnement survenu au cours de cette fameuse
réunion.
Les dépouilles du juge
qui était aussi canadien – tiens ! – sont rapatriées au Canada pour
autopsie et inhumation.
Dans l’attente des
résultats, les déclarations vont bon train. Deux commissions parlementaires
sont formées pour une enquête. Si ce que claironne l’opposition est corroboré
par des éléments de l’enquête, une haute Court Suprême serait instituée comme le
prévoit la Constitution
pour statuer et exiger la destitution du président.
Les résultats de l’autopsie
tombent. Le juge est bien mort d’un AVC…
Les membres de l’exécutif
ne l’ont pas empoisonné mais auraient provoqué une pression telle qui a
déclenché un AVC.
Un empoisonnement
aurait mieux servi la cause de la destitution. Mais tout n’est pas perdu. Le
pouvoir exécutif a toujours nié la tenue de cette réunion secrète qui a servi
de scénario pour les pressions officielles.
Les commissions
parlementaires auraient mené des enquêtes permettant de confirmer la tenue de
celle-ci.
Donc l’exécutif a menti.
La commission sénatoriale demande donc que les instances concernées soient mises en action pour débuter la procédure de la destitution.
Donc l’exécutif a menti.
La commission sénatoriale demande donc que les instances concernées soient mises en action pour débuter la procédure de la destitution.
Pour ce faire, il
manque les conclusions de la commission de la chambre des députés. Cette
commission risque de ne pas s’inscrire dans une logique semblable à celle de la
commission sénatoriale.
A SUIVRE