Cela va faire six ans depuis que les rencontres d’Octobre Soleil existent. Pour la prochaine édition qui se déroulera du 10 au 17 octobre 2019, les organisateurs continuent d’affirmer leur dimension symbolique en puisant à la source, le talent confirmé ou prometteur, d’auteurs et d’artistes toujours très percutants. Pour cette année, Stéphane SAINTIL, chargé de communication de cet évènement majeur en matière de découverte, de formation et de promotion des œuvres littéraires et théâtrales, sort de l’ombre cette manifestation d’échanges culturels peu connue en Haïti, en nous proposant une ouverture sur ce terrain de rencontres.
Publié le 2019-09-11 | Le Nouvelliste
Le Nouvelliste : En quoi consiste la semaine de rencontre Octobre Soleil?
Stéphane SAINTIL : Octobre Soleil est d’abord une histoire d’amour : une comédienne qui, le temps d’un voyage, tombe sous le charme de ce bout de terre. Subjuguée par sa littérature, sa musique, sa peinture, elle décide d’y vivre et, chemin faisant, de créer une passerelle permettant des échanges culturels entre cette terre qui l’envoûte, Haïti, et sa ville natale, Agen.
Cette passerelle a pris la forme des rencontres d’Octobre Soleil. Depuis six ans, à l’heure où les fleurs se parent de leur robe d’automne, des créateurs haïtiens mettent le cap sur Agen pour des échanges où la poésie semble avoir toujours le dernier mot.
L.N : Comment aborder cette appellation Octobre Soleil?
S.S.: Octobre Soleil ne dit pas le contraire de ce qu’il laisse entendre : deux univers qui se côtoient, deux mondes qui se mélangent et qui apportent chacun les ingrédients qui feront le charme de la rencontre. Le public agenais apporte son écoute et sa curiosité de l’ailleurs, les artistes haïtiens leurs mots, leur sculpture, leur musique, leur théâtre. La métaphore de l’astre du jour n’est pas à prendre dans son sens premier: il faut y voir plutôt l’alchimie, la pulsion et la vie qui se dégagent de cette grande fête culturelle.
L.N : Y a-t-il un thème retenu pour cette année? Si oui, lequel?
S.S. : Agen, Haïti, Afrique. La mémoire en partage est le thème retenu de cette année. Il symbolise le geste mémoriel que veut poser l’initiatrice de cet évènement, Sylvie Laurent Pourcel. Ce geste qui consiste à travailler, de concert avec les autorités municipales, sur le projet d’un buste du général Toussaint Louverture dont la famille a été placée en résidence surveillée à Agen. Dès ses premières réalisations, Octobre Soleil s’est montré sensible aux points de rencontre entre l’histoire de la ville d’Agen et le passé colonial de la France. À l’heure où des villes -comme la Rochelle et Bordeaux- sont en train de s’approprier leur passé colonial en débusquant l’oubli qui a toujours façonné les politiques en la matière, Octobre Soleil se veut partie prenante de cette mouvance puisque seul un véritable travail de mémoire est capable de rétablir la confiance et créer les conditions d’un vivre-ensemble au-delà des cicatrices de l’histoire.
L.N : Les organisateurs de ce festival...
S.S. : Sylvie Laurent Pourcel et le Théâtre au bout des doigts qu’elle dirige. Octobre Soleil peut aussi compter sur l’appui du romancier Néhémy Pierre-Dahomey et sur le support d’un ensemble d’institution qui voient de bon œil l’initiative des rencontres.
L.N : Comment procéder vous pour vous assurer la présence des invités et de la rencontre?
S.S. : Chaque année, la comédienne Sylvie Laurent Pourcel repère les artistes qui seront invités. Son choix repose sur leur performance et sur les thématiques qu’ils abordent dans leur pratique artistique. Cette année, par exemple, elle a eu un coup de cœur pour Cyndy Pierre Louis qui a interprété « J’ai vengé la race » lors du festival Handicap et Culture. Elle sera présente à la sixième édition et interprètera pour le plaisir du public agenais ce texte de l’un des plus grands chantres de la littérature orale haïtienne, Maurice Sixto.
L.N : Des collaborations avec des organismes de financement, de subvention?
S. S. : Normalement, nous ne recevons pas de financement. Nous comptons plutôt sur des parrainages des institutions comme l’ENAP qui assure le logement des artistes invités, la compagnie « les cars Pascal » qui garantit le transport des artistes de Paris et Agen et inversement, La fée des sports qui met une dizaine de vélos à la disposition des artistes pour circuler dans la ville d’Agen et le Blue Fox coffee qui accueille en grande partie les activités des rencontres.
L.N : Rappellez-nous les invités des années antérieures ainsi que ceux de cette année.
S.S. : Octobre Soleil a déjà reçu, durant ses éditions précédentes, la romancière Maryse Condé, l’écrivain Louis Philippe Dalembert, l’écrivain Néhémy Pierre-Dahomey, le sculpteur Fritzgerald Muscadin, les poètes Jean D’Amérique et James Saint Felix, la comédienne Joeanne Joseph.
Pour cette nouvelle édition, nous attendons le sculpteur Woodly Caymitte Filipo, le photographe Yves Osner Dorvil, la comédienne Cyndy Pierre Louis, le jounaliste et militant politique Anthony Pascal (Konpè Filo), l’historien Marcel Dorigny qui présentera une conférence sur « Les arts et les lettres contre l’esclavage».
Le percussionniste Claude Saturne animera un atelier sur les tambours d’Haïti. On attend la confirmation des autres artistes.
L.N : Les lieux dans lesquels aura lieu cette semaine de rencontres…
S.S. : Le Théâtre au bout des doigts qui est la structure qui porte ce projet, Le Blue Fox Coffee, Le contrepoint Théâtre.
Pendant sept jours, la ville d’Agen ouvrira ses portes aux auteurs dramatiques, aux comédiens, aux universitaires et au public pour venir écouter le théâtre et la littérature d’aujourd’hui, entre autres, autour des lectures, de mises en espace – de textes inédits ou publiés en français -, de conversations et de spectacles.
Propos recueillis Par Eunice Eliazar
Source: https://lenouvelliste.com/article/206771/cap-sur-la-6e-edition-doctobre-soleil-a-agen
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