Si les lavalassiens reviennent au pouvoir, tout le mérite revient à Michel Martelly et à sa cohorte de conseillers et d'experts en développement politique.
Si le dernier président “choisi” avait souscrit un abonnement au parti du Leader incontesté devenu muet dans un compromis à travers lequel il a accepté une sorte de castration intellectuelle, il n’aurait surement pas mieux fait.
Que lui avait dit son entourage, quand il s’évertuait à rendre non fonctionnel le parlement en repoussant indéfiniment la réalisation des élections?
Que lui avaient conseillé ces experts qui touchaient des caisses des ambassades pour service rendu, quand il avait fait le choix d’un candidat obscur et inconnu dans la personne de Jovnel Moïse en lieu et place d’un Laurent Lamothe qui, malgré son arrivée inespérée et inattendue sur la scène politique, avait fini par la force des choses, à se forger une carrure d’homme d’état assez potable ?
Aujourd’hui on est en pleine alternance.
Une alternance définie et conceptualisée à l’haïtienne.
Une fois en 1963 (je crois) François Duvalier avait appelé aux comices pour des élections législatives.
Sur chaque bulletin de vote, en pied de page, apparaissait un « François Duvalier, Président ».
Au moment de diffuser les résultats, en plus des gagnants des élections législatives, le gouvernement annonça que le peuple avait élu François Duvalier pour un autre mandat. Quand des journalistes étrangers surpris, demandèrent des explications au Président, il ne se gêna point en leur disant qu’il a été élu démocratiquement et qu’il fallait surtout établir une différence entre la démocratie haïtienne et les démocraties traditionnelles.
Nous sommes donc en pleine alternance politique.
Elle est tellement bien enracinée dans notre vie politique, cette façon de faire les choses que le discours de ceux qui se rangent dans le camp de l’opposition aujourd’hui reste un calque fidèle, une copie conforme du discours des opposants d’avant-hier qui se trouvent aujourd’hui dans les arcanes du pouvoir.
Quand Michel Martelly refusait d’organiser les élections, l’appel aux forces démocratiques venait du camp lavalassien et alliés.
Les forces démocratiques étaient représentées dans l’opposition à Martelly. Aujourd’hui les tetkaleistes voudraient mobiliser les forces démocratiques. Car ils ont regagné par magie le camp de la démocratie.
Cela ne m’étonne guère puisque cela se passe de cette façon dans les grandes démocraties.
En France par exemple, le soir de la proclamation du vainqueur des présidentielles, les sarkozystes commençaient déjà à critiquer la politique à venir de celui qui venait de remporter les joutes.
Ils n’avaient même pas encore passé le pouvoir aux autres, qu’ils déblatéraient déjà sur les mesures à prendre pour résoudre les problèmes cruciaux du pays.
On se demandait pourquoi cela n’avait pas été fait avant, pendant leur gouvernement à eux !
Ce qui est déplorable en Haïti c’est que la politique est la seule activité qui sévit en quand il n’y a pas une coupe du monde de football, une finale de League des champions, une Copa America.
Ailleurs le pays est supporté par des institutions assez fortes pour assurer un fonctionnement correct sans qu’il n’y ait ni de coupure ni de césure.
En Haïti tout gravite autour de la politique et puisque depuis de longues années, notre politique se décline de crise en crise, le pays stagne et s’enlise…
Mais définitivement si les lavalassiens doivent une fière chandelle à quelqu’un, le bénéficiaire ne saurait être que Michel Martelly !
Dr Jonas Jolivert
Marseille, France le 07/06/2016
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)