En point de presse jeudi, le Festival d'été a lancé, en présence de chanteurs d'Haïti sur scène, une collecte de fonds pour les victimes du tremblement de terre du 12 janvier.
Le Soleil, Erick Labbé
Daphnée Dion-Viens, Le Soleil.-
(Québec) «La musique, c'est très important pour Haïti. C'est notre façon de projeter une image positive de notre pays. Ça donne de l'espoir.»
Après que la terre a tremblé, le 12 janvier, Marie-Brunette a passé huit heures prisonnière des décombres. Mais sa blessure au pied ne l'a pas empêchée de recommencer à chanter rapidement, quelques semaines après le séisme.
La troupe Haïti sur scène n'a pas été épargnée par la catastrophe : cinq de ses membres sont morts et trois danseurs ont été amputés. Malgré tout, les activités ont repris rapidement après le séisme, grâce à l'invitation du Festival d'été en mars. «On est un groupe très soudé», affirme son metteur en scène, Bertrand Labarre. «Quarante-huit heures après le tremblement de terre, la centaine de membres du groupe avaient repris contact entre eux.»
L'aventure a commencé en 2005, lorsque M. Labarre, un Français d'origine qui enseigne à Port-au-Prince, a commencé à recruter de jeunes artistes afin de développer un genre musical jusqu'ici peu connu en Haïti : les comédies musicales. Avec les moyens du bord et d'autres comparses, il met en scène une version revisitée de l'opéra rock Starmania, aux accents créoles.
Coup de foudre de Michaëlle Jean
La gouverneure générale Michaëlle Jean, en visite à Haïti, assiste à l'un de leurs spectacles. Coup de foudre. Elle les présente à Luc Plamondon, qui tombe lui aussi sous le charme. Le parolier se donne comme mission d'assurer la survie de la troupe.
Depuis, Haïti en scène a présenté sa version de Starmania à Montréal en 2008, à guichets fermés. Mais depuis le séisme du 12 janvier, tout a changé pour la troupe, qui veut désormais organiser des ateliers dans des camps où vivent encore des milliers de sinistrés.
«On formera 70 jeunes qui animeront des ateliers de danse, de chant et de théâtre afin de monter des comédies musicales dans 25 camps, explique M. Labarre. Il y a beaucoup d'oisiveté générée par le manque d'activités et on fait le pari que ça peut marcher. Notre préoccupation, c'est maintenant de s'occuper de nos gens et de donner de l'emploi à nos jeunes.»
Au cours des derniers mois, M. Labarre a multiplié les demandes de financement pour assurer la survie du projet. Les réponses se font attendre.
«Chaque sou gagné est un combat», laisse-t-il tomber.
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