Les médias ne se bousculent plus.
Haïti ne fait plus recettes. Le tremblement de terre et l’une des plus grandes catastrophes humanitaires ont déjà six ans.
Qui plus est, depuis 2010, Haïti en a connu d’autres :
- Le Choléra importé du Népal par les membres de la Minustah qui a fait près de 8.000 morts
- Pour certains, l’arrivée de Michel Martelly imposé par les amis d’Haïti avec son cortège de crises et de mesures antinationales.
Pendant cinq ans les journalistes animés de bonne foi et de l’illusion romanesque de voir jaillir de terre la nouvelle Haïti comme un phénix naissant de ses cendres ont attendu le 12 janvier avec impatience et une frénésie rentrant dans la démesure de la dimension des grands rêves.
Pendant cinq ans, devant l’absence affligeante de chantiers de reconstruction caractérisant les différents bilans, ils se sont posés les mêmes questions c’est-à-dire ou en est la reconstruction du pays et où sont passés les milliards récoltés à ces fins.
Pendant ces cinq années révolues les questions ont des réponses claires et nettes. L’assistance portée à Haïti à genou sous la baguette de Bill Clinton et cette commission de notables issus des pays du «Core Group» a été mortelle.
Dans la répartition des contrats juteux Haïti et les haïtiens n’ont eu que le rôle d’observateurs.
Rien ou très peu de choses ont été reconstruites.
L’argent donné à Haïti n’a pas résolu des problèmes haïtiens.
La commission pour la Reconstruction du futur « premier homme » des USA, a échoué.
Ce, au grand désespoir des utopistes qui avaient à tort vu les problèmes séculaires entravant le projet d’Haïti-Nation disparaître sous les tonnes de décombres.
On ne pose plus les questions puisque les réponses sont très dérangeantes surtout pour les plus concernés.
Comment accepter et dire au monde que les haïtiens ne sont en rien responsables des mauvais résultats de la reconstruction du pays quand celui qui dirigeait les opérations est l’époux de la future présidente de la superpuissance américaine ?
Comment expliquer que l’administration haïtienne reconnue de façon endémique comme corrompue n’a presque pas été conviée au festin de la répartition, de la gestion et de l’attribution des fonds ?
Vaut mieux continuer à évoquer notre incapacité et cette corruption pour expliquer l’état déplorable du pays six ans et des millions de dollars plus tard.
Le monde a appris ce qu’il fallait savoir sur ce sujet.
Il ne sert plus à grand-chose de demander aux dirigeants de la croix rouge américaine comment ont-ils pu réaliser l’exploit de construire six maisonnettes avec près de 500.000 000 de dollars. Comme il ne sert à rien de demander pourquoi une autre branche de cette même organisation a pu rentrer en possession d’un terrain qu’elle aurait cédé ou vendu pour la construction d’un établissement hôtelier.
Certaines informations dures à avaler se perdent toujours dans une marée de rumeurs fondées et farfelues tandis que d’autres capables de provoquer l’indignation ne sont l’objet d’aucune enquête.
Aujourd’hui Haïti se trouve en proie à son énième crise politique devant les effectifs de la Minustah payés et entretenus pour garantir un transfert de pouvoir à la fin de chaque terme présidentiel.
La tutelle internationale qui finance les élections et une grande partie du budget de l’état a encore une fois revu à la baisse les standards pour faire accepter en Haïti ce qui serait inimaginable ailleurs.
L’un des grands acteurs de cette situation de crise si ce n’est l’acteur principal est lui aussi un cadeau post sismique de l’administration Obama portée par les puissants Clinton.
On ne parlera que très peu d’Haïti ce 12 janvier 2016, six ans après le violent tremblement de terre de peur que les fouilles trop profondes n’éclaboussent en dommages collatéraux les sentiers qu’empruntent les grands pour atteindre les sommets. Même si les auras se gagnent et s’obtiennent en faisant la courte échelle ou en piétinant les autres.
12/01/2016
Dr Jonas JOLIVERT
Pour :
http://www.jonasjolivert.net
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)