CARAIBES FM : Avec la résurgence de l’épidémie de choléra dans certaines zones du pays, nous aimerions bien avoir les résultats sur la provenance de l’épidémie donc où en est- on avec le rapport ?
Porte-parole MINUSTAH : D’après les dernières informations dont nous disposons le rapport devrait être présenté le 03 ou le 04 mai au Secrétaire Général par les experts et nous nous attendons à ce que ce dernier soit publié immédiatement après. Ces experts sont indépendants. Je le rappelle encore une fois. Ce n’est pas la MINUSTAH qui a commandité cette enquête. Si cela avait été le cas, cela aurait sans doute été ӑ juste titre perçu comme un peu suspect, puisque nous avions nous-mêmes été « accusés » par certains d’avoir amené cette épidémie ! Donc nous attendons comme vous les conclusions de ce rapport d’experts indépendants. Nous vous rappelons que la date de sortie de ce rapport ne dépend pas de nous. En attendant, je vous propose de faire le point sur la réponse à l’épidémie, car, il y a beaucoup d’efforts qui sont fait pour le moment, des adaptations de la stratégie en prévision de la saison des pluies, notamment. Je passe la parole à collègue Emmanuelle Schneider, d’OCHA pour qu’elle puisse vous faire le point.
Porte-parole d’OCHA : Je vais rappeler les derniers chiffres de choléra qui proviennent du Ministère de la Santé Publique et de la Population. A la date du 25 avril, le nombre de morts a atteint pratiquement les 5000 personnes.
Par rapport à la stratégie que nous avons adoptée, vous savez que l’épidémie de choléra a atteint un pic au mois de février dernier. Comment estime t’on qu’un plateau a été atteint ? Se sont les épidémiologistes qui le déterminent sur la base d’une stabilisation du nombre de nouveau cas et de mort sur quelques semaines. Donc, nous savons que l’épidémie de choléra a ralenti, nous savons aussi qu’il y aura des flambées, elles sont déjà apparues dans certain départements notamment à Thiote mais cette flambée a été circonscrite rapidement.
Dès l’apparition de l’épidémie de choléra et de son identification par le gouvernement, les humanitaires et le MSPP se sont mis à la tâche très rapidement et nous avions pu établir des réseaux de CTC et d’unités de traitement de choléra et de postes de réhydratation orale. Quelques 8 semaines après la maladie nous disposions déjà dans l’ensemble du pays de 11,000 lits ce qui était quand même une réponse assez réussie et rapide compte tenu du fait que le pays ne disposait que de peu d’infrastructures sanitaires. D’un point de vue humanitaire, nous pouvons dire que la réponse était réussie, comme vous le savez le pays ne s’était même pas relevé du tremblement de terre, nous avions eu la tempête du 24 septembre qui n’était pas attendue et nous avons du gérer aussi l’ouragan Thomas.
Ce que nous pouvons dire à l’heure actuelle c’est que nous avons pu éviter le pire. Bien entendu, 5000 morts, c’est bien trop. La bonne nouvelle, c’est que vu la baisse que nous observons du nombre nouveaux cas, c’est que les ongs commencent à se retirer, ce qui veut dire que les besoins sont moins urgents. La nouvelle stratégie maintenant s’oriente vers un passage des responsabilités au gouvernement haïtien. La réponse reste encore tributaire à 70% des partenaires internationaux de la santé à 10% du gouvernement et surtout ne pas oublier le rôle des brigades cubaines.
VISION 2000 : Dites qu’est ce qui est prévu à l’approche de la période cyclonique en ce qui concerne l’épidémie de choléra.
Porte-parole d’OCHA: Nous sommes dans la phase de préparation d’urgence ce qui implique du pré-positionnement de médicaments, de stocks, de sels de réhydratation orale, également les ONGs sont là vigilantes et prêtes à intervenir en cas de flambée comme c’est le cas maintenant, à l’approche de la saison des pluies. Les plans de contingence sont en cours de finalisation, aujourd’hui se tient une réunion très importante qui traite de ce sujet. Nous sommes très conscient que plus il y a d’eau plus il y a de risques. On peut ajouter qu’il y a des exercices qui sont menées pour le moment en coordination avec les différents acteurs humanitaires, la MINUSTAH, les autorités nationales en prévision de la saison des pluies. On a déjà une bonne expérience l’an dernier de mise en place d’un mécanisme de coordination qui a bien fonctionné et on est entrain de l’améliorer.
RADIO IBO : Est-ce que vous comptez vous réinstaller dans les zones ou il y a une résurgence de l’épidémie de choléra. Prenons l’exemple de Belladère : 17 personnes sont mortes en quatre jours. Médecins sans frontières s’est retiré il ya deux mois et depuis, l’épidémie de cholera fait des victimes dans cette zone.
Porte-parole OCHA : Médecins sans Frontières fonctionne d’une manière urgentiste donc en fonction de la tendance de l’épidémie et de son comportement, ils ont pris la décision stratégique de se retirer de certains endroits. Mais nous avons un protocole très strict sur le retrait des ONGs du secteur de la santé. Une ONG ne peut se retirer que quand le CTC ou le CTY qui est en place dispose de suffisamment de médicaments et de personnels. Il y a donc un relai assuré. D’autres ONGs se sont désengagées d’un point de vue « présence » mais on transféré leurs responsabilités opérationnelles aux autorités gouvernementales toutefois elles restent sur le terrain pour assurer que le personnel est bien formé et assurent une surveillance épidémiologique. A chaque flambée de choléra, les acteurs de la santé interviennent. Il faut savoir qu’un regroupement de centres de cholera a été fait, si une flambée de cholera intervient à un endroit ou il n’y a pas de CTC, il se peut que ce patient soit transféré ou les centres ont été regroupés. En aucune manière nous laisserons des patients sans accès aux soins.