La
guerre du charbon de bois est le titre d’une histoire que j’ai commencé à
raconter suite à une dépêche qui relatait l’assassinat de trois citoyens
haïtiens dans une section rurale de République Dominicaine. (http://www.wattpad.com/30218591-la-guerre-du-charbon-de-bois)
J’avais
en fait débuté la narration sans lui attribuer un vrai titre.
La
nouvelle a été frappante et carrément écœurante.
Selon
l’auteur de l’article, les trois citoyens auraient été tués par balles puis découpés
à la machette et jetés dans des fourneaux à charbons de bois, ce dispositif
fait de terre, de branchages, de feuilles vertes qui permet la combustion lente
, par pyrolyse, des troncs d’arbres pour
en extraire le charbon de bois.
D’après
l’article, ce savoir faire est du domaine exclusif des citoyens haïtiens qui en
sont de vrais experts.
Les
assassinats auraient donc été commandités et perpétrés par une « Mafia du
charbon » car ce produit serait devenu très lucratif parce que la
production du charbon en République dominicaine couvrirait 86% des besoins de la République d’Haïti.
Un
article lu cette semaine (http://www.almomento.net/articulo/168638/OPINION-%C2%BFSon-los-haitianos-los-autores-de-los-fuegos?)
retrace l’ampleur de la catastrophe et prédit une vraie tragédie.
Sans
prendre pour paroles d’évangile tout ce qui y est écrit, il faut quand même
prendre les dénonciations qui s’y trouvent avec un gros brin de sérieux.
Selon
l’auteur en 2013, furent extraits chaque semaine de la République Dominicaine
en direction d’Haïti, 2.800 sacs de charbon de bois. Il ajoute que par an sont
fabriqués par des haïtiens qui traversent la frontière dans l’unique but de brûler les arbres, 22.710 tonnes de charbon.
Les
arbres les plus utilisés seraient les « bayahondes » et « campeches » (Prosopis
Juliflora), (Haemtoxilun Campechae)
respectivement.
Les
situations de tension entre les deux
Républiques partageant l’île se créent et s’intensifient souvent pour des
causes beaucoup moins justifiées et des raisons beaucoup moins flagrantes que
cette crise à venir.
Pendant
des années, j’ai souvent entendu dire par des responsables haïtiens que l’on ne pouvait pas empêcher aux haïtiens
de couper et de brûler les arbres. Parce qu’on ne leur avait pas proposé
d’autres alternatives. Et que ce produit pour certains établissaient la
différence entre la vie et la mort.
Personne
n’avait non plus pris le temps de lancer une campagne d’éducation citoyenne
visant à protéger les arbres et arbustes qui existaient en montrant noir sur
blanc la nécessité vitale de changer certaines pratiques.
Comme
résultat, en 2007 on répétait que le pays ne possédait que 2% de couverture végétale.
Sans
parler des conséquences sur l’écosystème et les fléaux naturels qui en dérivent
et nous mettent en danger de façon permanente, aujourd’hui un autre spectre
hideux se dessine sur nous et sur les relations avec la République
Dominicaine.
Ceux
qui ont l’habitude de voyager en survolant l’île ont toujours noté cette
démarcation entre le territoire dominicain encore vert et le côté haïtien
complètement dénudé présentant les « dents de nos mornes ».
L’article
plus haut mentionné doit contenir une part de vérité.
Il
met l’accent sur le fait que des superficies sont brûlées par les haïtiens avec
la condescendance de certains citoyens dominicains pour en extraire le charbon
de bois.
Si
la vérité ne se déclame pas en ces termes on peut cependant se demander comment
font les haïtiens aujourd’hui pour se pourvoir en charbon de bois si depuis
2007 il ne restait que 2% de couverture végétale.
Le
charbon pourrait donc venir de la République
Dominicaine.
Les
dominicains auraient tort de rester les bras croisés et observer cette plaie
traverser la frontière, s’étendre et
s’abattre sur leur pays.
Un
jour ils voudront gérer ce problème et leurs solutions pourraient être
drastiques comme la construction d’un mur pour nous isoler comme prédateurs
malins et maléfiques. Ou qui sait, mener
une guerre...La guerre du charbon de bois !
Le
titre de mon prochain livre qui sortira quand j’aurai le temps !
Ce
texte ne répond pas à un besoin de sensationnalisme.
Il
ne prétend pas soulever seulement un problème ; mais il propose et évoque
la nécessité de trouver des solutions.
L’idée
m’est venue après une discussion avec un confrère qui se définit comme
écologiste.
En
dehors de nos rapports professionnels, je l’avais abordé sur la littérature
puis on a bifurqué vers Haïti.
Comme
bon écologiste il m’a soutiré des informations sur l’état de l’environnement
haïtien et on est tombé sur la problématique du charbon de bois.
C’est
lui qui a eu à me dire que l’on allait faire la guerre à cause du charbon de
bois alors qu’il existe d’autres alternatives en particulier la production
domestique de biogaz avec ses propres déchets !
Je
me suis donc rappelé que j’avais commencé à écrire une histoire autour des
assassinats mentionnés au début et le titre donc tomba comme un gant.
Mais
le plus important de cette rencontre avec le confrère c’est que depuis une
semaine je suis plongé dans la production domestique de biogaz, un projet à
développer en Haïti.
En
attendant j’écume les sites internet pour me renseigner et m’informer.
Docteur
Jonas JOLIVERT
04/08/2014