Le match Haïti-France, dans le cadre de la Fifa World Cup 2007 des moins de 17 ans (U-17), prend déjà une couleur historique. Cette rencontre, programmée pour ce 22 août 2007, sera-t-elle l’occasion pour les jeunes bleus et rouges de consolider la révolution de 1804 ?
P-au-P, 21 août 07 [AlterPresse] --- Alors que les deux sélections nationales espèrent décrocher un billet qualificatif pour le second tour de cette Coupe du monde U-17 – qui se tient en Corée du Sud -, les avis sont contraires quant à une victoire française, situant ce match dans l’histoire de la révolution haïtienne contre son ancienne puissance colonisatrice, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Ce match, tant attendu, est programmé pour ce mercredi 22 août 2007 (3:00 AM locales = 8 :00 Gmt). Une date, qui ramène le 216 e anniversaire du soulèvement général des esclaves de Saint-Domingue ayant conduit à la proclamation de l’Indépendance d’Haïti, le 1 er janvier 1804.
Souvenir du congrès du Bois-Caïman
Le 14 août 1791, soit une semaine avant ce soulèvement, il y eût, à Bois-Caïman, dans la plaine du Nord, un congrès réunissant de nombreux esclaves sous les auspices de Boukman.
Ce premier acte de la révolution des esclaves prit la forme d’une cérémonie vaudoue. En quelques jours, toutes les plantations du Nord furent réduites en flammes et un millier de blancs, massacrés. Les bandes d’esclaves poursuivirent leur mouvement jusqu’à la proclamation de l’Indépendance nationale.
Deux siècles plus tard, Haïti se trouve face à son ancienne puissance coloniale dans le domaine du football. Les petits Haïtiens devraient affronter les bleuets à bras-le-corps, pour gagner une seconde bataille contre les Français.
Un match entre David et Goliath
« Le match contre la France, par rapport à notre passé commun, c’est un peu l’affrontement entre un père et son fils (…) Il y a parfois de la rivalité, mais toujours du respect », affirme le sélectionneur haïtien Jean Yves Philogène Labaze, interrogé par un Journaliste de la Fédération internationale de football (Fifa).
Pour François Blaquart, entraîneur de l’équipe de France, « Haïti, c’est comme un membre de la famille. On ne peut que se réjouir de leur présence et les féliciter d’être arrivés à ce niveau ».
Voilà pourquoi, le match Haïti-France est, selon la Fédération internationale de Football Association (Fifa), « une affaire de famille ».
En Haïti, tout le monde attend de célébrer une victoire haïtienne contre l’ancienne métropole, comme c’était le cas pour le Nigeria qui a tenu en échec l’équipe française, d’entrée de jeu dans cette compétition, par deux buts à un.
Haïti partage le Groupe D avec la France, le Japon et le Nigeria. Battus par le Japon (3-1) en couverture de ce championnat mondial, les Haïtiens U-17 n’ont rien à perdre face aux Français avant d’affronter les Golden Eagles du Nigeria.
« S’il faut rester dans cette coupe du monde, nous devons coûte que coûte battre les petits Français pour consolider les acquis de 1804 », estime un jeune haïtien, fanatique de football, questionné par AlterPresse.
Pour les joueurs français, ce n’est nullement une question d’histoire, mais de qualification. Pour eux, ce sont les trois points qui comptent.
« Pour nous, il s’agit surtout d’aller chercher la victoire. C’est évidemment un match particulier, mais sans doute plus pour eux que pour nous. Ils seront encore plus motivés contre la France que contre les autres équipes », indique le jeune attaquant français Damien Le Tallec.
L’avant-centre français souhaite rester en Corée du Sud jusqu’au 9 septembre pour disputer la grande finale de cette coupe du monde.
« Nous devons gagner nos deux matches pour réaliser le premier objectif. Si nous nous qualifions, nous penserons alors aux matches suivants, l’un après l’autre. Mais, nous sommes optimistes », soutient-il.
Le Sélectionneur haïtien, optimiste malgré tout…
En tout cas, ce sont les résultats qui comptent. La sélection haïtienne est en Corée du Sud pour apprendre des expériences d’autres grandes nations en matière de football.
« Jouer des rencontres face à de grandes nations, c’est comme si nous posions des questions à nos aînés. Nous avons posé des questions au Japon et nous avons reçu les réponses : un manque d’attention et de concentration et nous encaissons trois buts. Maintenant, nous avons nos premières réponses. Mais nous apprenons vite, et ces questions, nous ne les poserons plus contre la France », affirme Jean Yves Labaze, optimiste.
« Tout le monde nous présente comme les petits poucets du groupe, et même du tournoi, mais cela ne nous fait pas peur. Lors des qualifications, nous étions dans la même situation et regardez le résultat. Nous avons joué sans complexe face au Mexique et cela nous a réussi. Haïti est en Corée aujourd’hui, alors que les champions en titre n’y sont pas », expliquait le sélectionneur haïtien quelques heures avant l’ouverture de la compétition.
Dans ce cas, Haïti n’a d’autre choix que d’engranger trois points face à la France pour conserver toutes ses chances de qualification – même une place de meilleure équipe troisième – pour les huitièmes de finale.
D’aucuns pensent que l’unique et superbe but haïtien, marqué face au Japon par le jeune Guemsly Joseph Junior, devrait servir de catalyseur aux protégés de Jean Yves Philogène Labaze pour se faire découvrir par les riches clubs européens. [do rc apr 21/08/2007 11 :50]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6323
Commentaires :
J’ai relu plusieurs fois l’approche de ce journaliste qui à mon sens va un peu loin dans ses considérations autour d’un match de football qui va opposer deux nations qui ont partagé une histoire commune.
Ces idées sont plus fortes que celles exprimées par la presse lors d’une confrontation entre les USA et l’IRAN mené par les Ayatollah.
Cependant je pense qu’il est impossible de ne recadrer dans le contexte haïtien cette confrontation dans un plan extra sportif en faisant appel à notre histoire. Je dis bien dans le contexte haïtien car ils sont nombreux les français qui à l’image de l’attaquant de la sélection française de moins de 17 ans qui ignorent les liens historiques entre Haïti et la France.
Loin de prendre ce fait comme un acte d’ignorance de la part des français cette méconnaissance de l’intersection de l’histoire de France et d’Haïti a été longtemps voulue par les gouvernements et l’administration français qui n’incluent pas dans leurs manuels d’histoire les éléments historiques de leur ancienne colonie.
Il faut se rappeler que tandis que l’empereur Jean Jacques Dessalines déclarait l’indépendance d’Haïti le premier janvier 1804, dans une cérémonie des plus fastueuse, Napoléon Bonaparte se faisait sacrer empereur.
La défaite de ses troupes des mains de l’armée indigène formée par les anciens esclaves aurait représenté une tache et un point obscur de sa couronne. Deux siècles plus tard, rien n’a été fait pour rétablir cette vérité de l’histoire puisque ce même Napoléon avait eu à dire que l’histoire est un mensonge que personne ne conteste. Les principes chers aux français ont été appliqués à la lettre par les esclaves qui ont créé HAITI. D’un point de vue idéologique HAITI devrait représenter la fierté de l’idéal français !
Nous autres haïtiens résidant en France nous nous servons de la moindre occasion pour combler ce vide.
Nous comprenons certainement qu’une activité sportive ou autre qui mettra aux prises haïtiens et français ne pousse pas à remuer les cendres pour redorer notre blason et nous ressources dans cette victoire qui nous a permis de rentrer de plein pied et la tête haute dans l’universel !
Pour un match de football il faut trouver les mots justes pour rameuter les troupes et faire monter l’adrénaline. La sélection Haïtienne des moins de 17 ans a eu une prestation de haut niveau technique mais ils ont flanché par manque d’expérience par un mental d’amateurs. Si la révolution haïtienne peut servir a reforger ce mental pendant les quatre vingt dix minutes du match que Labaze leur parle alors de Toussaint Louverture, de Jean Jacques Dessalines, de Capois La Mort, de la bataille de vertières, de la bataille de la ravine à couleuvre.
Qu’il leur fasse répéter ce texte que nous rapporte le livre d’histoire de Roger Dorsainville : « quand un boulet lui renverse son chapeau, en avant en avant crie t-il quand même, quand un boulet lui renverse son cheval, en avant en avant crie –t-il quand même, les boulets sont de la poussière »
Ouf ! Je me suis laissé emporter…Il ne s’agit que d’un match de football. On ne lâche surtout rien les jeunes !
GRENADIERS A L’ASSAUT !!!
Dr JJ 21/08/07