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vendredi 21 décembre 2018

La Conférence des religieux dénonce l’impunité et la corruption en Haïti

Le message de la Conférence haïtienne des religieuse/ses (CHR) à l’occasion des fêtes de Noël est sans appel. Dénonçant l’impunité, la corruption généralisée, la violence institutionnalisée, les religieux catholiques qui prêchent en faveur de la tenue du procès PetroCaribe appellent à la conversion et au dialogue honnête. Publié le 2018-12-20 | Le Nouvelliste
« … Nous les consacré-e-s en Haïti, à l’approche de la Noël, disons un non catégorique au règne de l’impunité, au gaspillage éhonté des ressources du pays, à l’injustice, au mensonge, à la corruption généralisée, à la violence institutionnalisée, à la division séculaire et au mépris systématique de la jeunesse », a dénoncé la Conférence haïtienne des religieuse/ses (CHR) qui constate que le pays continue de sombrer dans la misère la plus abjecte et de basculer dans une violence insensée.
« Nous disons et réaffirmons notre oui à la justice, à une bonne et saine gestion de nos ressources, à la transparence, à la paix, la concorde, au dialogue honnête, à l’accompagnement de la jeunesse, au jugement PetroCaribe et oui à la vérité et à la vie », ont déclaré les religieux, appelant à la conversion.
Pour la CHR, ce processus de conversion doit se manifester nécessairement à travers un changement de mentalité tributaire d’un autre système éducatif axé sur les valeurs fondamentalement chrétiennes et sur le civisme. La conférence soutient que le renouvellement d’Haïti passe par le renouveau de l’homme haïtien et de la femme haïtienne capables de prendre et d’assumer leur responsabilité citoyenne face à l’avenir du pays.
Dans ce message, les religieux ont profité pour exprimer leur solidarité à ce peuple meurtri qui n’a quasiment accès à rien. « Tout en restant vigilants et vigilantes dans la prière, nous les religieuses et religieux en Haïti, voudrions redire notre indéfectible solidarité à tout un peuple qui vit depuis plus de 200 ans dans l’attente permanente d’un mieux-être et dans la lutte constante en vue de l’accès à un logement décent, aux soins de santé adéquats, à une éducation adaptée et équitable et à la jouissance des droits fondamentaux », soulignent les religieux qui disent être attentifs aux cris des plus pauvres, des humiliés, des méprisés de toujours.
En signe de partage, les membres de la Conférence haïtienne des religieuse/ses ont décidé, cette année, de faire don au peuple haïtien de ce qu’ils ont de plus précieux : le sang. « « Le vendredi 28 décembre prochain, nous irons en grand nombre à la Croix-Rouge haïtienne pour donner notre sang en vue de sauver la vie de tant de frères et de sœurs victimes des accidents de la route, de la violence ainsi que d’autres concitoyens et concitoyennes qui se retrouvent beaucoup trop nombreux en situation difficile. Ce sera notre façon à nous de manifester concrètement notre solidarité avec nos frères et sœurs, spécialement les blessé-e-s et les meurtri-e-s de la vie, les laissés-pour-compte, les mal-compris et les humilié-e-s pour qu’ils aient la vie et la vie en abondance », a annoncé la CHR.
« Que Marie, mère du Perpétuel Secours et mère de l’Espérance, continue de marcher patiemment avec nous sur le chemin de la Vérité, de la justice et de la joie intérieure pour qu’ensemble, comme un seul peuple, une seule famille, nous puissions accueillir cette libération totale que nous apporte son Fils, notre sauveur, Jésus-Christ», ont imploré les religieux.
Source:https://lenouvelliste.com/article/196252/la-conference-des-religieux-denonce-limpunite-et-la-corruption-en-haiti

FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES

Ils étaient 58 organisations politiques à avoir bénéficié du financement public en janvier dernier. Ces structures politiques devaient soumettre leur rapport avant la fin de l’exercice fiscal 2017-2018 à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. A date, aucun d’eux n’a encore donné des comptes sur l’utilisation de ce fonds issu du Trésor public, a confié au Nouvelliste une source bien placée à la Cour des comptes.
« Nous n’avons encore reçu aucun rapport des partis politiques bénéficiaires du financement public. Nous envisageons même de les envoyer une note pour leur rappeler l’obligation qu’ils ont de nous soumettre leur rapport, parce que nous autres à la Cour supérieure des comptes, nous avons aussi un rapport à envoyer au Parlement », a confié mardi au Nouvelliste une source bien placée à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif requérant l’anonymat.
Sur les quelque 107 organisations politiques ayant pris part aux élections 2014-2016, seulement 58 étaient qualifiées pour recevoir le financement public selon le nombre d’élus obtenu lors des dernières élections.
Le parti au pouvoir, le PHTK, a eu la part du lion puisqu’il détient le plus grand nombre d’élus au Parlement et dans les collectivités territoriales. Le parti de Jovenel Moïse a donc encaissé un chèque de plus de 19.8 millions de gourdes qui l’attend bien au chaud au ministère des Finances.
Ensuite, VERITE a plus de 13.4 millions de gourdes à sa disposition ; Kid plus de 10.4 millions de gourdes ; OPL plus de 10 millions de gourdes ; AAA plus de 9.2 millions de gourdes ; Bouclier environ 8.8 millions ; INITE plus de 8.6 millions de gourdes ; Pitit Dessalines plus de 4.2 millions de gourdes ; LAPEH plus de 4.2 millions de gourdes…
Fanmi Lavalas avait droit à plus de 6 millions de gourdes, mais les dirigeants de ce parti n’avaient pas accepté le financement. Le parti politique ayant le plus petit nombre d’élus, le Parti Fédéraliste avec uniquement un député, a reçu une enveloppe de 597 618 gourdes.
Sur 12 mois, ces 58 organisations politiques devaient se partager une enveloppe de 572 millions de gourdes. Sur ces 572 millions de gourdes de financement public, 250 millions étaient disponibles dans le budget 2017-2018, mais seulement 146 millions ont été distribués, selon les précisions de Mathias Pierre, responsable du Comité de suivi pour le financement et l’institutionnalisation des partis politiques (COSFIPP). Il s’agissait de l’argent pour trois mois de financement public, octobre, novembre et décembre 2018.
A la fin de chaque exercice budgétaire, les partis politiques doivent procéder à une reddition de comptes à la Cour supérieure des comptes, avait exigé comme le prescrit la loi sur le financement des partis politiques, le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Jude Alix Patrick Salomon.
A ce niveau, Mathias Pierre a souligné que oui les bénéficiaires du financement doivent soumettre leur rapport mais après la publication de l’arrêté présidentiel portant création du Centre pour le renforcement et l’institutionnalisation des partis politiques (COSFIPP). Selon lui, seule cette instance peut recevoir le rapport financier des partis politiques bénéficiaires du financement. Il a dénoncé le fait que les autorités tardent à publier l’arrêter.
A la base, ce financement public devrait servir au renforcement et à l’institutionnalisation des partis politiques comme le veut la loi de janvier 2014. Cependant, il a eu l’effet inverse pour certaines organisations politiques.
Ce financement est à l’origine de la division entre les dirigeants de la plateforme politique VERITE, la deuxième plus importante structure politique du pays en termes de nombre d’élus lors des dernières élections. Alors que la bande aux frères Gué avait accepté les quelque plus de 13.4 millions de gourdes, Génard Joseph et certains élus de l’organisation l’avaient refusé. C’était aussi le grand déballage sur la place publique entre les deux principaux dirigeants de la plateforme politique Pitit Dessalines. Alors que dès le départ, Jean-Charles Moïse, secrétaire général, avait clairement rejeté toute idée d’accepter les quelque 4.2 millions de gourdes, le Dr Frantz Perpignan, secrétaire général adjoint, avait déclaré était obligé de prendre l’argent pour éponger certaines dettes de l’organisation.
Eric Jean Baptiste et Charles-Henri Baker avaient démissionné de leurs partis politiques respectifs MAS et RESPÈ pour exprimer leur opposition à ce financement.
Sur les 58 organisations politiques habilitées à recevoir le financement public, 11 partis n’avaient pas retiré leurs chèques ; le montant de ces chèques s’élève à 15 millions de gourdes. Sept partis, à savoir le RDNP, KONTRA PEP LA, Fanmi Lavalas, RPH, PONT, LIDE et Konfyans ont refusé de prendre leurs chèques, selon le COSFIPP qui était chargé de trouver une entente entre les partis politiques sur le mode de financement.
Auteur : Robenson Geffrard
Source: https://lenouvelliste.com/article/196134/58-partis-politiques-146-millions-de-gourdes-de-financement-public-depensees-aucun-rapport-remis