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mercredi 21 mai 2008

DIRIGER UN PAYS AUX FACIES DE "LATRINE SANS PORTE"

Comment se sont –ils démerdés pour en arriver là ?
Cette question trône encore dans ma tête. Pourtant ça fait déjà cinq ans que cette dame me l’avait posée lors d’une conférence sur Haïti. Cette dame, âgée de plus de 70 ans avait eu des bribes de nouvelles sur Haïti lors d’un voyage en République Dominicaine. Elle avait croisé durant des périples dans le monde catholique fervent et humaniste, les regards tristes et pitoyables des haïtiens des bateyes.
L’invitation à cette conférence que devrait prononcer un illustre citoyen haïtien de la Sorbonne était l’occasion rêvée pour comprendre pourquoi il y avait autant de différence entre Haïti et République Dominicaine s’il s’agissait de deux pays partageant un petit lopin de plus de 70.000 kilomètres carrés.
Je vous passe de la réponse et du complément faisant appel à tous les circonstances historiques particulières qui ont donné naissance aux deux nations. Je me suis appuyé sur l’histoire pour affranchir le pays lui-même des responsabilités et culpabiliser sans pitié et sans peine ceux qui ont pris le destin du pays depuis 1804.
Cependant il m’est souvent arrivé de me reposer la même question. Surtout quand on évalue l’état des deux pays. La différence est si monstrueuse et visible entre les deux pays que l’on a l’impression que bientôt tirant chacun dans des directions opposées, la patrie de Duarte Sanchez et Mella va finir par prendre son envol en laissant Haïti accrochés à ses démons et au starting block.
La liste des éléments à faire valoir par les dominicains est interminable. C’est là encore une autre sujet de réflexion. Mais comme ils disent justement chez eux , « para muestra basta un boton ».
Cependant il serait injuste de ne pas mentionner dans le chapitre des réalisations à la hauteur des plus grandes nations, ces élections présidentielles du 16 mai dernier. En effet, après une campagne électorale à la hauteur de la perception de la politique chère au pays du tiers monde, les accusations de fraudes servant d’armes d’attaque et de défense des candidats, moins de 24 heures après le scrutin, les autorités dominicaines ont fermé les élections avec la proclamation d’un gagnant et d’un perdant qui reconnaît tout de suite sa défaite.
En attendant de notre côté on se oie dans un verre d’eau. Peu de gens s’inquiètent du fait que nous piétinons dans la merde dans une lutte d’intérêts peu évidents quand la réalité présente comme une responsabilité civile, un devoir civique celui de construire une nation au grand dam de ceux qui restent attachés à la conquête d’un pouvoir démodé, pour en faire des autorités type coq sans bec. Nous sommes en train de nous faire aspirer littéralement.
Mais rien n’est fait, nous ne faisons rien pour arrêter ce processus de descente en enfer. Les choses ailleurs banales et habituelles se convertissent en véritables prouesses chez nous et pour nous. La déliquescence de notre Etat-Nation n’est ni une Nostradamiade ni une prophétie. Nous y sommes. En plein dedans.
Des institutions n’existent encore que par le nom et les mouvements incessant de ceux qui les dirigent. Quand ce n’est pas par l’ampleur des accusations de corruption ou de vrais cas de corruption administrative.
Les institutions les plus importantes aujourd’hui intervenant directement dans la configuration de l’équilibre névralgique de ce qui reste encore du pays est démissionnaire. Nous nous référons par exemple au ministère de l’intérieur et de la sécurité publique et plus particulièrement le service d’immigration.
Ceux qui ont l’habitude d’écouter « MATIN CARAIBES » l’excellent programme du matin diffusé sur les ondes de Radio caraïbes FM ont du partager le désarroi des conducteurs de cette émission devant le dysfonctionnement caricatural de ce service au niveau de l’aéroport international TOUSSAINT LOUVERTURE.
En effet, actuellement, le service de l’immigration de l’aéroport ne dispose pas de formulaires pour enregistrer contrôler et comptabiliser la circulation au niveau de cet aéroport. Sur les onze ordinateurs que disposent le service, il y en aurait que trois en qualité de servir.
Les décideurs du service d’immigration n’arrivent même pas à s’indigner et s’inspirer de cette véritable chasse à l’homme qui est déclenchée partout contre les haïtiens en particulier contre ceux qui résident de l’autre côté de la frontière.
Comment imaginer aujourd’hui ne pas être en mesure de donner un formulaire imprimé sur un cinquième d’une feuille format A4 à un étranger qui rentre dans le pays ?
Si nos autorités s’en foutent pas mal, ceux qui reconnaissent la réalité des dangers et surtout l’importance des mesures de sécurité eux ne rigolent pas. A ce rythme, si cela ne se règle pas, s’il ne souffle pas le vent de la bonne révolte, pour débuter une croisade en faveur de la rupture nous essuierons encore une autre énorme déception.
Je ne serais pas étonné que pour des raisons de sécurité, que notre aéroport soit considéré dans le futur comme un port domestique et que tous les vols internationaux partent des aéroports dominicains.
Car nous ne présentons qu’un visage de « Latrines sans porte » à la face du monde.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un blog très bien conçu et interessant un grand merci de la part d'une martiniquaise- Un grand merci aussi pour les bons sons

Anonyme a dit…

Merci d’avoir pris le temps de nous lire et surtout d’avoir pris le temps de nous écrire ces quelques mots d’encouragement. Nous autres qui aimons Haïti de toute notre force, nous souffrons énormément et dans notre chair la déchéance progressive et continue de ce pays.
Les haïtiens qui sont aux timons des affaires semblent se soucier peu de relever le défi de reconstruire cet état. Ceux qui ont la volonté ne possèdent pas les compétences que requiert une tâche aussi titanesque.
Ceux qui veulent aider Haïti, au lieu d’y apporter leur vision de la modernité et les solutions qui ont donné de bons résultats chez eux, nous concoctent des solutions au rabais, des solutions carrément et vulgairement haïtiannisées qui ne font que pérenniser notre situation de misère et de peuple en voix de disparition. Se faisant ainsi complice de ce grand complot qu’évoquait les paranoïas de jadis.
Nous travaillons et nous prêchons un rassemblement pour une vraie rupture, pour que les choses puissent se faire autrement ; en essayant d’utiliser les bonnes clés pour les bonnes serrures.