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mercredi 15 septembre 2010

Extradition aux USA de l’avocat des missionnaires américains qui tentaient de partir avec 33 enfants haïtiens

Les autorités dominicaines ont livré Jorge Aníbal Torres Puello, inculpé de trafic illégal d’étrangers ; il assurait la défense des religieux accusés de trafic d’enfants au lendemain du séisme Mardi 14 septembre 2010, Radio Kiskeya
Les autorités dominicaines ont extradé mardi aux Etats-unis l’avocat américain d’origine dominicaine, Jorge Aníbal Torres Puello, conseiller juridique de dix missionnaires américains qui avaient été arrêtés et emprisonnés en Haïti pour leur implication dans l’enlèvement présumé de 33 mineurs haïtiens au lendemain du séisme du 12 janvier.
Dans un communiqué publié à Santo Domingo peu avant l’extradition et relayé par la presse locale, la Direction nationale dominicaine de contrôle des drogues (DNCD) a indiqué que l’homme de 32 ans était recherché par la justice américaine pour "trafic illégal d’étrangers".
L’accusation n’a toutefois rien à avoir avec le dossier très médiatisé des enfants haïtiens, elle concerne de préférence le rôle qu’aurait joué, en 2002, Jorge Aníbal Torres Puello, dans l’entrée illégale sur le territoire américain de 25 sans-papiers centraméricains.
Libérés les uns après les autres, à la suite de plusieurs semaines de tollé médiatique et de saga judiciaire, les missionnaires baptistes américains avaient été arrêtés à la frontière haïtiano-dominicaine en tentant d’exfiltrer les 33 "pseudo-orphelins" haïtiens.
Sans jamais convaincre personne, les religieux, accusés de kidnapping, avaient expliqué qu’ils voulaient prendre soin de leurs nouveaux protégés abandonnés à eux-mêmes depuis la tragédie de janvier. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7045

Un dangereux repris de justice capturé à Cité Soleil

Gascoy Pierre dit "Bobo", en cavale depuis le 12 janvier, était à la tête d’un gang responsable de meurtres et kidnappings en série à Fermathe et Thomassin, selon la Police Nationale mardi 14 septembre 2010, Radio Kiskeya
Gascoy Pierre alias "Bobo", un redoutable chef de gang impliqué dans des crimes de sang et des rapts crapuleux, a été arrêté lundi soir à Cité Soleil (banlieue nord de Port-au-Prince) au cours d’une opération de la police du bidonville.
Condamné et incarcéré au Pénitencier National, la prison civile de Port-au-Prince, le captif s’était évadé à la faveur du séisme du 12 janvier.
Selon le porte-parole de la Police Nationale, Frantz Lerebours, interrogé par Radio Kiskeya, Gascoy Pierre faisait l’objet d’une longue filature pour son rôle de leader au sein d’un puissant gang opérant dans les hauteurs de Pétion-Ville (banlieue est de la capitale).
Cette bande criminelle serait notamment responsable de plusieurs enlèvements enregistrés ces dernières semaines à Fermathe et Thomassin et de l’assassinat d’un fonctionnaire d’origine haïtienne de l’administration américaine, Ronald Chéry.
La victime, qui travaillait pour le ministère de l’intérieur (Homeland Security), avait été abattue le mois dernier en tentant de s’opposer à l’enlèvement d’une adolescente de sa famille à Pèlerin, sur la route de Laboule.
Le commissaire Lerebours précise qu’il y a un mois, la PNH avait épinglé trois complices de Bobo pendant que celui-ci franchissait la frontière avec deux Prado volées qui devaient trouver preneur en République Dominicaine.
Réagissant aux critiques portées contre le nombre trop peu significatif de fugitifs appréhendés depuis la tragédie de janvier, le porte-parole affirme qu’environ un millier des 4.000 détenus en cavale ont été repris. Soit un quart de la population carcérale de la capitale avant le tremblement de terre.
Il souligne que la "qualité des nouvelles captures" importe aussi beaucoup pour la task force de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui a dans son viseur les bandits les plus notoires capables de remettre sur les railles la machine infernale de l’insécurité.
En dépit des annonces successives de l’arrestation, ces derniers jours, de membres présumés de gangs par les polices haïtienne et onusienne, des actes criminels continuent d’être commis régulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7044

si m pa rele...D’une certaine fausse représentation des "divisions" d’Haïti

La tribune hebdomadaire de Lyonel Trouillot mardi 14 septembre 2010, Radio Kiskeya
Je suis assez énervé d’entendre constamment des haïtiens et des étrangers répéter que les haïtiens ne savent pas s"entendre. Il y a là une généralisation qui fait offense aussi bien au peuple haïtien qu’à l’intelligence humaine. Ce genre de cliché témoigne d’une paresse intellectuelle qui interdit l’analyse concrète des causes de nos problèmes et de désigner les sujets historiques qui en portent la responsabilité, puisque tout est dû à une tare commune, un vice de naissance ou un défaut de fabrique.
La Belgique peut-être appelée à disparaître, mosquée ou pas mosquée sur le site de "ground zero", la montée de l’extrême-droite dans certains pays d’Europe et son ciblage de certaines ethnies, et tout près de nous la République dominicaine où les noirs n’osent pas se dire noirs. Il y a partout dans le monde des problèmes sociaux, des discours alimentant de vrais et de faux conflits, et il y a surtout partout dans le monde, dans toutes les sociétés, des groupes sociaux dont les intérêts divergent. Les grèves, les manifestations en sont des témoignages quotidiens. Les barrières sociales, les clivages sociaux, la lutte des classes pour l’appeler par son nom, ne sont pas des exclusivités haïtiennes.
Ce qui fait problème particulier en Haïti, c’est peut être que l’Etat et la société n’ont jamais su, surtout voulu, aménager un cadre pour l’expression des conflits sociaux. Jean Casimir et d’autres chercheurs ont fait ressortir les orientations différentes que les élites et les masses populaires ont voulu donner à la société haïtienne au lendemain de l’indépendance. C’est en grande partie un Etat et une société qui se sont mis en place contre les intérêtes et les propositions populaires. ce n’est pas un problème entre haïtiens, mais un problème entre groupes d’haïtiens. Entre le bord de mer (ce qu’il en reste) et les terres intérieures ; entre l’assimilation version occidentale et les pratiques culturelles populaires, entre la richesse et la pauvreté vu que les conditions de production de l’une détermine les conditions de production de l’autre. C’est dans le concret de l’organisation sociale qu’il faut trouver, chercher et combattre ce qui fait blocage. Ce sera plus utile, moins désespérant qu’un discours d’auto-flagellation qui réunirait tous les haïtiens.
"Les haïtiens". Voilà peut-être une expression qu’il faut bannir de notre vocabulaire. Surtout qu’on ne l’utilise que lorsque l’on entend, paresseusement, se dédouaner en mettant la responsabilité sur un "nous" qu’on nie par ailleurs. Cette bonne bourgeoise qui se met à parler anglais quand elle ne veut pas que le personnel domestique comprenne la conversation ; cet entrepreneur qui ne respecte pas les normes et se spécialise dans les trafics et contrebandes ; ce petit-bourgeois individualiste qui ne connaît de cause que sa promotion individuelle ; ce couple de parents n’ayant jamais inculqué la moindre notion de civisme à ses enfants ; ce religieux sectaire qui dénonce tous les autres cultes comme des oeuvres sataniques, entendre ce genre d’individus dire que "les haïtiens ne savant pas s’entendre", c’est comique au meilleur des cas, mais, en y pensant sérieusement c’est malhonnête et dangereux.
S’entendre autour de quoi ? Dans les intérêts de qui ? Organiser quel vivre ensemble, fondé sur quels principes ? Et surtout, ma part de responsabilité. sociale, mais aussi individuelle. Dans la crise que nous vivons actuellement, on ne peut pas faire l’économie des responsabilités individuelles, tout en se livrant à l’analyse du fonctionnement global de la société. Il est trop facile, pour les politiques, comme pour les simples citoyens, de tout renvoyer à un sujet collectif, impersonnel, pour éviter de se se demander : et moi, dans tout ça ? Quand des institutions échouent, quand les élites économiques ne peuvent rien proposer pour l’ensemble, quand des personnalités politiques préfèrent leurs intérêts personnels aux intérêts collectifs, quand des parents font de leurs enfants des petits monstres sans idéaux ni patrie, cessons de dire que les haïtiens ne peuvent pas s’entendre. C’est une façon d’épargner les responsables et d’offrir une population, un peuple, comme matière à caricature.
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7047

Ouverture de la conférence des forces politiques, sociales et territoriales

L’Alternative, Libération, Rasanble et l’UCCADE sont en quête d’une "force unitaire" qui puisse leur permettre d’aller à la rencontre du peuple pour enclencher le processus de reconstruction et bloquer la machine électorale
mardi 14 septembre 2010, Radio Kiskeya
La conférence des forces politiques, sociales et territoriales, organisée à l’initiative de l’aile de l’opposition démocratique hostile aux prochaines élections, a été lancée mardi après-midi en présence de plusieurs centaines de délégués à la recherche d’un consensus large pouvant aider -avec la population- à la reconstruction du pays et empêcher la tenue du scrutin du 28 novembre.
"Elections en Haïti, force unitaire de réflexion et d’action, récupération de la souveraineté nationale", est le thème de ces assises qu’accueille pendant trois jours Distinction Night Club, en Plaine (nord de la capitale), et dont le discours inaugural a été prononcé par l’ancien Premier ministre Rosny Smarth, dirigeant de l’Organisation du peuple en lutte (OPL) et représentant légal de l’Alternative.
L’intervenant principal a notamment appelé le Conseil électoral provisoire à respecter la décision de plusieurs partis de l’opposition de se retirer du processus électoral tout en rappelant que la "force d’attraction" du pouvoir crée naturellement un enjeu autour des élections.
Pour sa part, le Sénateur Jean William Jeanty, présent parmi les invités, a salué la tenue de cette conférence et apporté son soutien aux plateformes favorables au boycott des présidentielles et législatives. Le parlementaire des Nippes (sud-ouest) a également réaffirmé son opposition à ces joutes qui, estime-t-il, risquent d’être manipulées au profit du pouvoir dans un contexte post-séisme marqué par des préoccupations autres qu’électorales chez la population.
Parmi les autres orateurs de cette première journée de la conférence des forces politiques, sociales et territoriales figuraient la Sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (Fusion), l’ex-Sénateur Edgard Leblanc Fils, coordonnateur général de l’OPL, l’ancien Député Serge Jean-Louis et Judie C. Roy, respectivement des plateformes Libération et Rasanble.
Au nombre des invités, on comptait Dr Maryse Narcisse, dirigeante de Fanmi Lavalas et représentante officielle de Jean-Bertrand Aristide, l’ex-Député Lavalas Lionel Etienne, l’ex-Sénateur Déjean Bélizaire (MNP-28/PLAPH) et le professeur Rosny Desroche, directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC).
Au cours de ce forum, les plateformes l’Alternative, Libération, Rasanble, UCCADE et alliés vont tenter de relever le défi gigantesque de trouver une stratégie unitaire et des réponses pertinentes aux problématiques des élections, de la reconstruction, mais aussi de la situation humanitaire désespérante de près d’un million et demi de sinistrés et de la réorganisation du territoire.
Des assises qui se tiennent sur fond de graves dissensions au sein de l’opposition divisée entre, d’un côté, les abstentionnistes partisans du boycott total d’un processus électoral jugé piégé et, de l’autre, ceux qui pensent pouvoir triompher aux urnes du pouvoir en place. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7048

Les dirigeants de 4 regroupements appellent au boycott des élections

Plusieurs centaines de militants des 4 plateformes Rasanbé, Libérasyon, Alternative et Ucadde ont pris part à la première journée de la conférence des forces politiques, sociales et territoriales à Distinction Night Club. Opposés à l'organisation des élections sous la direction de l'actuel CEP, les leaders de ces regroupements se proposent d'offrir une alternative politique. L'ex Premier Ministre Rosny Smarth, en sa qualité de coordonnateur de l'Alternative a critiqué vertement le chef de l'Etat l'accusant de vouloir démanteler la classe politique haïtienne. M. Smarth, qui a été Premier Ministre de Préval en 1996, condamne également le comportement de son ex collègue de l'OPL, Paul Denis, ministre de la justice, qui aurait contribué à affaiblir les partis au profit de la nouvelle plateforme présidentielle, Unité.
Il appelle au boycott des prochaines joutes estimant que les conditions socio-économiques ne sont pas réunies pour la tenue d'élections. Les leaders des 4 regroupements opposés au processus électoral expriment leur méfiance vis-à-vis de l'exécutif et du Conseil Electoral Provisoire (CEP).
Prédisant des élections frauduleuses, M. Smarth croit que l'abstention est la meilleure option pour les citoyens.
Les autres intervenants tels la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile ont également attiré l'attention sur la non crédibilité des conseillers électoraux.
La détermination des dirigeants des 4 plateformes est quelque peu tempérée par la position de l'ex député Steven Benoît. Candidat au sénat sous la bannière de l'Alternative, M. Benoît s'est désolidarisé du groupe réaffirmant sa détermination à participer aux élections du 28 novembre. Cette divergence de vue a été à l'origine d'une altercation entre M. Benoît et l'ex sénateur Andrice Riché.
Outre les dirigeants des 4 plateformes, la représentante nationale a.i. de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse, avait également pris part à cette conférence. Les organisateurs n'ont pas voulu fournir des explications sur l'absence de plusieurs autres leaders de l'opposition.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18253
Commentaires:
En matière de vote, quel pourcentage de voix représente ces 4 concertations ? 3%? 5%? Les élections auront lieu. Ces dirigeants politiques s'attribueront les les non votes des abstentionnistes. Drôle de façon de s'affirmer sur le terrain.
Les absents auront tort. Victor Benoit a compris. Au moins il risque de rester carrément exclu de la table du partage.
Donc il a non seulement intérêt de participer aux élection sinon aussi de s'allier à un  gagnant potentiel de façon à assurer son siège au sénat...

L'ex sénateur Rudolph Boulos reprend ses activités dans le Nord Est

L'ex sénateur Rudolph Boulos est rentré au pays la semaine dernière après un long séjour forcé à l'étranger. Il avait fuit la capitale haïtienne quelques jours après sa destitution pour double nationalité par le grand corps le 18 mars 2008. Quelques heures après son retour M. Boulos a entrepris une tournée en vue de s'entretenir avec les responsables de plusieurs organisations de base du Nord-Est. Se considérant comme un sénateur élu, M. Boulos affirme que son retour au pays est définitif. Il promet d'œuvrer au développement économique de sa région.
L'homme d'affaires n'envisagerait pas de lancer une bataille juridique pour récupérer son siège au sénat faisant valoir que son action auprès de la population sera bénéfique. Il estime que le grand corps n'a nullement accompli d'actions importantes pour la population au cours de ces deux dernières années.
Le retour de M. Boulos se réalise dans le cadre d'une réconciliation avec les autorités. Une rencontre entre M. Boulos et le chef de l'Etat pourrait avoir lieu dans les prochains jours.
L'ex parlementaire se dit prêt à participer à un dialogue entre les acteurs politiques et les autorités. Dans ce contexte il salue l'initiative du chef de l'Etat qui a entrepris une série de rencontre avec les candidats à la présidence.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18252
Commentaires: sans doute les habitants du Nord d'Est auront noté le retour de l'ex-sénateur qui avait choisi comme terrain la République Dominicaine pour exercer son activité politique. Selon ces dires sa vie courrait un certain danger en Haïti. Ce qu'aucun organe de presse ni de plateforme ou réseau de droits de l'homme n'avait dénoncé.
C'est étonnant que l'ex-sénateur éjecté du Sénat pour double nationalité n'ait pas organisé et pris la tête d'un mouvement au niveau de notre chère et utile diaspora pour exiger l'amendement de la Constitution pour le futur de sa carrière politique.

Haïti a évité le pire assure le chef de la Minustah

" En dépit des ravages du séisme Haïti n'a pas connu une deuxième vague de désastres épidémiques ou de troubles sociaux " c'est en ces termes que le chef de la Minustah, Edmond Mulet a résumé la conjoncture haïtienne par devant le Conseil de Sécurité de l'ONU. Toutefois le succès est relatif selon M. Mulet pour qui la situation reste précaire. « L'Etat haïtien est confronté à des défis à court et long termes tels que l'organisation des élections, le maintien de l'ordre dans les camps, la reconstruction liée à la question de la gestion des débris et la relocalisation des déplacés qui dépend largement de la disponibilité d'abris transitoires et permanents », a insisté M. Mulet. Il considère que le leadership décisif du gouvernement haïtien et l'appui continu de la communauté internationale sont indispensables pour relever ces défis. Dans son intervention M. Mulet a souligné que le processus électoral est d'une importance capitale parce qu'il mènera " à l'élection de ceux qui guideront l'Etat lors de la reconstruction pendant les cinq années à venir".
Par ailleurs le diplomate guatémaltèque a soutenu que la situation sécuritaire est fragile. « La faiblesse des institutions, conjuguée à la présence des camps de déplacés, à la résurgence des activités de gangs et à l'instabilité qui caractérise les périodes électorales en Haïti, contribuent à créer un environnement sécuritaire volatile », a expliqué Edmond Mulet, préoccupé par les violences dont sont victimes les femmes et les enfants dans les camps.
Il a assuré que les besoins humanitaires immédiats des déplacés avaient été largement comblés. En plus des distributions de biens humanitaires essentiels, plus de 150.000 personnes ont été employées dans le cadre de projets argent et nourriture contre travail.
En ce qui a trait à la phase de reconstruction, le chef de la Minustah a exhorté les bailleurs de fonds à débourser les financements promis rapidement. « A l'heure actuelle, 506 millions de dollars, soit 18,9% de promesses pour 2010, ont été déboursés », a-t-il regretté.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18251

Un esprit de solidarité entre le Brésil et Haïti

Plusieurs personnalités du monde diplomatique, économique, politique, universitaire d'Haïti et du Brésil ont rehaussé de leur présence la cérémonie de clôture de la semaine de la patrie brésilienne (8 au 12 septembre 2010), marquant le 188e anniversaire de l'indépendance du Brésil, à Port-au-Prince. C'était l'occasion pour l'ambassadeur du Brésil accrédité à Port-au-Prince de souligner les bonnes relations existant entre les deux pays.
Au premier plan, l'ambassadeur du Brésil,
accrédité à Port-au-Prince, Igor Kipman,
le Premier ministre Jean-Max Bellerive,
 le sénateur Youri Latortue. Et au  second
plan l'artiste-peintre Dominique Domerçant,
représentant du ministère de la Culture
et de la Communication

(Photo: Moranvil Mercidieu)
Haïti: Inspirée par l'esprit de solidarité du peuple brésilien, l'ambassade du Brésil à Port-au-Prince a décidé de commémorer cette année la date marquant le 188e anniversaire du Brésil d'une façon particulière en Haïti. Cette célébration s'inscrivait dans le cadre des actions de solidarité envers la nation haïtienne, rudement éprouvée par le séisme de janvier, un cataclysme naturel aux dimensions sans précédent dans les temps modernes. Pour la circonstance, la mobilisation des personnalités haïtiennes et brésiliennes était forte. De nombreux invités n'ont pas voulu rater l'événement qui s'est réalisé le dimanche 12 septembre 2010 au Bel-Air, près du site de l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours.
Accompagné de son épouse et entouré des soldats brésiliens de l'ONU en Haïti et de certaines personnalités haïtiennes, l'ambassadeur du Brésil accrédité à Port-au-Prince, Igor Kipman, a réaffirmé l'excellence des relations entre les deux pays et renouvelé la solidarité du Brésil à l'égard de la République soeur d'Haïti en cette période de crise profonde. Rappelant la contribution active de son pays à Haïti, le diplomate a en outre souligné que dans ce contexte si difficile, ce n'est pas le moment de fêter, c'est le moment de retrousser nos manches et de travailler dur, de travailler avec amour, dévouement et, surtout, avec beaucoup de foi dans la certitude qu'un travail sérieux peut apporter des résultats positifs et durables à travers les coopérations bilatérales.
Des jeunes Haïtiennes animent la scène
(Photo: Moranvil Mercidieu)
« Notre travail ne se résume pas à fournir de l'aide humanitaire. Nous croyons que le plus important est de former des Haïtiens pour qu'ils puissent, de plus en plus, prendre leur destin en main. Toujours de concert avec les autorités haïtiennes, le Brésil a maintenu diverses initiatives de coopération dans des domaines tels que l'agriculture, la santé, l'éducation, la formation professionnelle, l'énergie et les sports », a fait remarquer M. Kipman avant d'ajouter qu'il est opportun de se rappeler, une fois de plus, que c'est aux Haïtiens qu'il revient de prendre les décisions et la responsabilité pour la refondation de leur pays. Le Brésil, en tant que pays ami et frère, a le devoir de fournir tout le soutien qui est à sa portée. Les Brésiliens se sentent très proches des Haïtiens et désirent, du plus profond de leur coeur, contribuer à l'édiffcation d'une Haïti, prospère, moderne, un pays juste pour tous ses habitants.
Par ailleurs, l'ambassadeur du Brésil s'est félicité de la coopération bilatérale fructueuse entre les deux États. D'après lui, avec l'assentiment du gouvernement haïtien, le Brésil a entrepris le projet de construction du barrage de l'Artibonite, qui répondra aux besoins énergétiques d'environ un million d'Haïtiens. En matière de santé, je veux parler de la construction d'unités de services médicaux d'urgence, en partenariat avec les Cubains. « L'initiative prévoit également la formation des professionnels haïtiens en premiers soins. Le Brésil a également offert, 500 bourses pour que des étudiants haïtiens poursuivent leurs études dans des universités brésiliennes en attendant que leurs établissements d'enseignement soient reconstruits. Parmi les nombreux projets couronnés de succès visant à renforcer l'agriculture haïtienne, je tiens à souligner le soutien brésilien au Programme national des cantines scolaires, qui contribuera également à stimuler la production locale d'aliments », renchérit le diplomate brésilien.
Le diplomate brésilien à Port-au-Prince,
Igor Kipman lors de son allocution

Pour le Premier ministre Jean-Max Bellerive, chef de la délégation gouvernementale, cette célébration est l'occasion pour le peuple haïtien de marquer solennellement son amitié et sa solidarité envers le peuple brésilien. « Je me fais l'agréable devoir de vous prier de bien vouloir transmettre au président Luiz Inacio Lula Da Silva les souhaits de santé vigoureuse, de prospérité et de bonheur que formule le président haïtien, René Préval, à son endroit et au peuple brésilien tout entier. »
De son côté, l'artiste-peintre Dominique Domerçant, représentant du ministère de la Culture et de la Communication à cette célébration, a fait savoir que d'importantes affinités culturelles et historiques rapprochent le Brésil et Haïti. D'après lui, les Brésiliens connaissent et admirent l'histoire de la révolution haïtienne et se sentent proches de notre art (la danse, le vaudou, le carnaval, la musique) et de notre cuisine. « Avec ce partenariat sain et enrichissant, c'est une occasion ultime de renforcer la coopération à travers l'amitié qui se caractérise entre les deux pays. C'est aussi un moyen pour nous de dire merci au peuple brésilien pour son support, en termes d'échange et de formation », indique-t-il.
Enfin, la cérémonie a été ponctuée d'un spectacle culturel émouvant, où de jeunes Haïtiens ont fait valoir leurs talents d'artistes. Le pavé du quartier de Bel-Air a ainsi servi de podium, où ces jeunes ont animé la scène pendant plus d'une demi-heure pour le plaisir de l'assistance.


Proclamé principal terre sud-américaine qui échappe à la colonisation espagnole en 1500, le Brésil accueille en 1807 le prince régent portugais qui, fuyant l'occupation napoléonienne, s'est installé à Rio de Janeiro jusqu'en 1820 où il octroie son autonomie au « Royaume-Uni de Portugal, du Brésil et des Algarves ». En 1820, Rio de Janeiro est de nouveau gouverné par le fils du monarque portugais, Pedro, dans un contexte d'aspirations libérales et de propagande indépendantiste. C'est ainsi qu'à la date du 7 septembre 1822, Pedro a proclamé l'indépendance du Brésil et monte sur le trône du pays le 12 octobre de la même année sous le nom de Pedro 1er.
Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83529&PubDate=2010-09-14

Quid de la Fondation du Prince Charles

Haïti: Aucun contrat n'a encore été signé entre l'Etat haïtien et la Fondation du Prince Charles, a appris Le Nouvelliste auprès de membres du Comité de Facilitation de la reconstruction du centre-ville de Port-au-Prince mardi. Alors que le président René Préval a cité cette entité lors de son interview avec la presse internationale et l'a présentée comme la pierre angulaire du projet de refondation de la ville de Port-au-Prince, rien n'est encore coulé dans le béton pour engager la Fondation, selon les informations disponibles.
« Les responsables de la Fondation du Prince Charles devraient entrer cette semaine pour venir finaliser les documents. D'ici la semaine prochaine au plus tard, le contrat sera signé », a indiqué un membre du comité contacté par le journal.
« Il y a eu des retards à cause de l'obligation soulevée par le comité pour que le contrat soit dans les langues des deux parties contractantes, l'anglais et le français. Tout le retard vient de cette obligation juridico-légale », a déclaré au Nouvelliste un autre membre du comité nommé depuis le mois de juillet dernier par arrêté présidentiel.
Une réunion du comité prévue pour ce mardi a été renvoyée à une date ultérieure. Le secteur privé des affaires est représenté au comité par deux membres désignés par la Chambre de Commerce et d'Industrie, avons-nous aussi appris.
Le Comité de Facilitation de la reconstruction du centre-ville de Port-au-Prince est actuellement à la recherche d'un directeur exécutif alors que les travaux de déblaiement du centre-ville ont pris une vitesse appréciable.
La confirmation que les études n'ont pas encore débuté et l'information qu'aucun contrat n'est encore signé avec la Fondation du Prince Charles interviennent alors que des secteurs expriment des doutes sur ladite fondation, sur ses capacités à refonder une capitale comme la nôtre et sur ses antécédents dans des cas similaires de catastrophes urbaines de grande ampleur.
Par ailleurs, sur le site de la Fondation du Prince Charles, rien n'indique qu'elle a des compétences dans ces domaines, et, nulle part, il n'est fait mention d'action en Haïti, a constaté Le Nouvelliste.
F.D
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83595&PubDate=2010-09-14
Commentaires:
Nous avions appris de la bouche du ministre des fiances il y a quelques jours que cette Fondation aurait pris en charge le projet de reconstruction de Port-au-Prince. Nous avions tout de suite fait de recherches pour savoir un peu plus sur cette FONDATION a qui l'état haïtien et la Commission Intérimaire auraient confié un projet aussi important.
Nous sommes donc allés sur le site internet de la dite fondation dans l'espoir de trouver des maquettes des images et des plans de la future capitale haïtienne et aussi , pourquoi pas, d'autres projets similaires témoins de leurs grande expertise en la matière.
Là notre désillusion a été monstrueuse puisque nous n'avons même pas retrouvé un lien banal qui parlerait d'Haïti.
Nous avions envoyé des courriers demandant des explications sur ce projet. Et jusqu'à présent nous n'avions non plus reçu aucune correspondance.
Ceci est justement l'attitude qui me fait penser que tous ceux qui rêvent d'un pays RE-construit après ce terrible tremblement de terre, se réveilleront frustrés car il n'en sera rien.
Le gouvernement n'a pas été capable et foutu de créer un comité avec les compétences sur place pour évaluer et dessiner les contours de cette reconstruction. Les grands défis de toute société n'ont pas été évoqués ni analysés en quête de solution. Le gouvernement a confondu l'extrême urgence du fonctionnement normal d'une future nation.
Haïti est un gigantesque babel ou des gens disent ce qu'ils veulent et feront aussi ce qu'ils veulent au détriment de la fondation de cette nation.
pour ce faire il suffit de présenter ses accréditations comme membres d'ONG!

Le beau gaspillage de Onaville

L'une des clôtures de ce vaste domaine
où poussent, à travers un fouillis 
de pierres,  des herbes folles.

(Photo: Francis Concite)

Alors que plus d'un million de portauprinciens sont sans abri, seulement sept familles vivent à Onaville qui n'est pas une ville, mais un village de 92 maisons en béton uniformes, monochromes, alignées au flanc du Morne à Cabris, dans la commune de Thomazeau. Ces logements sociaux désespérément vides ne présentent aucun signe de vie ni d'atteintes causés par le séisme. Beau gaspillage de l'Office national d'assurance vieillesse (ONA) !
Onaville avec ses logements sociaux
monochromes,  uniformes, peints en jaune
tranche sur le vert des collines trappues
de Zorangers. (Photo: Francis Concite)
Haïti: Onaville, ambitieux projet de l'Office national d'assurance vieillesse (ONA), inauguré en 2003 sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide, est un village fantôme. Adossé au flanc du Morne à Cabris, au Nord'Ouest de Port-au-Prince dans la commune de Thomazeau, le village alignant 92 maisons sur une superficie de onze hectares ne respire pas la vie. Pas un bruit, pas un cri d'enfant ne sort des fenêtres de ces pâtés de maisons uniformes et monochromes à l'architecture de béton. Ces demeures peints en jaune qui tranchent sur le vert des collines trapues de Zoranger inquiètent.
« Hé o ! hé o ! Personne ! Il y a quelqu'un ! Pa gen moun ! » Accompagné d'un photographe, nous frappons avec un caillou à toutes les barrières cadenassées donnant accès au village entouré d'une clôture en grillage métallique, sur laquelle se répandent des plantes grimpantes. Seul l'écho de nos voix nous parvient. Pas une âme qui vive dans ces bâtisses perdues dans ces immensités de plaines où les montagnes au loin paraissent bleutées.
La route bordée de pylônes électrique
qui mène vers Onaville

(Photo: Francis Concite)
La clôture rouillée, abîmée qui entoure ce vaste domaine n'empêche pas au regard de se promener dans ce lieu désert où poussent, à travers un fouillis de pierres, des herbes folles.
Nous contournons Onaville jusqu'au flanc d'une colline passablement érodée, découvrant des allées caillouteuses qui longent les maisons. Soudain, une tête émerge à travers une fenêtre. Une jeune fille nous conseille de voir les agents de sécurité pour entrer dans le périmètre.
Encore une fois, nous reprenons la grande route cahoteuse ; aucun agent de sécurité n'est visible. Au moins, il y a une âme qui habite dans ces structures de béton. Pendant longtemps, nous avons contourné la propriété, nous n'avons pas vu d'autres âmes. La jeune fille qui nous a parlé, ne serait-elle pas un fantôme ?
Résignés, on se décide à reprendre le chemin du retour. En face d'Onaville, à l'autre bord de la grand-route, s'étend un site d'hébergement, le seul espace où la vie est animée. Des enfants sautent à la corde, des rires de sans-abri sous leur tente, une fumée monte dans l'air. La vie trace ses frontières à la lisière d'un village mort.

Au pied du village de l'Ona pousse
des tentes de sans-abris où la vie s'anime
(Photo: Francis Concite)
 Les premiers habitants du village
Au moment où nous quittons Onaville, une jeep arrive. Elle se dirige vers une barrière du village fantôme, nous l'abordons. « Nous habitons Onaville. Nous sommes les premiers habitants de ce village », dit la femme. Etes-vous les seuls habitants de ce village ? les yeux fixés sur sa main, elle compte comme un enfant qui apprend à faire un exercice de calcul. « Cinq, six, nous sommes sept familles à demeurer dans ce village qui compte quatre-vingt douze maisons », précise la femme, plus communicative que son mari.
La route en terre battue à deux voies
(Photo: Francis Concite)
La raison pour laquelle Onaville a échoué, explique-t-elle, découle du fait que ce projet est resté inachevé. « Nous sommes comme perdus dans cet espace à perte de vue. Nous n'avons rien. Nous sommes sans eau, sans électricité et la route est difficile. Quand on nous avait alléché avec le projet de l'Onaville, on nous avait promis monts et merveilles : place publique, terrain de jeu, église, école, centre de santé etc. », dit-elle.
Comme tous les habitants d'Onaville, ce couple rentre dans le village pour dormir. « Tout ce que nous avons à faire, nous le faisons en ville. C'est ainsi », se résigne ce couple de professionnel établi depuis l'année 2003, à l'époque où le président Aristide avait inauguré ces logements.
« Nous sommes des assurés de l'Ona. Nous avons vingt ans pour payer notre logement », confie l'homme au volant de sa jeep.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83585&PubDate=2010-09-14

« L'État piétine le droit à la propriété »

L'Etat veut construire une petite capitale au milieu de Port-au-Prince ! On en rêve déjà. Du Nord au Sud, le plan s'étend de la rue des Césars à la Rue Saint-Honoré. De l'Est à l'Ouest, la nouvelle petite capitale prend de la rue Capois jusqu'à la mer. Un arrêté présidentiel déclare déjà d'utilité publique cette partie de la ville que l'État se propose de transformer en une véritable oasis. Haïti: Quinze jours francs ! C'est le délai accordé par l'Etat haïtien aux propriétaires dont les terres sont comprises dans l'aire déclarée d'utilité publique. Les bornes en sont au Nord, la rue des Césars; au Sud, la rue Saint-Honoré ; à l'Est, la rue Capois et à l'Ouest, le Golfe de La Gonâve.
« On ne prend jamais de telles décisions à la va-vite. En apprenant la nouvelle, j'ai contacté mon avocat qui m'a dit que l'Etat est en train de plaisanter », s'étonne Jean Reynold Julien, rencontré mardi à la DGI. Il vient s'informer des procédures de dépôt des titres. Tenant une petite propriété dans le périmètre concerné, M. Julien explique que son notaire non plus ne lui dit pas le contraire. Ces hommes de loi lui expliquent qu'aucune issue ne peut être trouvée dans cette situation où le gouvernement s'élève contre le droit à la propriété.
La Direction générale des impôts (DGI), selon M. Julien, ne montre pas non plus de sérieux dans le dossier. « En arrivant hier lundi au bureau qui s'occupe de la réception des titres de propriété, j'ai compris que même ces responsables ont été pris de court », affirme M. Julien, qui explique que la DGI n'était pas encore prête à recevoir, jusqu'à son arrivée, les propriétaires concernés.
François Sérant, responsable du service Communication à la DGI, reconnaît que l'organisme n'a pas été informé à temps. « Mais on tient le coup », se félicite le fonctionnaire, qui précise n'avoir pris connaissance du texte de l'arrêté de manière plus approfondie que par Le Nouvelliste du 9 septembre. Des dispositions ont vite été prises pour recevoir les dossiers.
M. Sérant regrette que les contribuables en question ne soient pas informés. « Nous avons déjà reçu une vingtaine de propriétaires qui veulent faire le dépôt de leurs titres. Ils ne se présentent qu'avec les titres tandis qu'il leur est fait obligation de déposer une copie du titre de propriété, de l'acte et du plan d'arpentage agrémenté d'une lettre de couverture adressée au directeur général Robert Joseph», précise-t-il.

L'expropriation, une opération chirurgicale
« Toute l'économie mondiale repose sur le droit à la propriété ; comment le gouvernement haïtien arrive-t-il à fouler aux pieds, sans gène ni nuance, ce droit protégé par les lois de la République », se demande Me Lesly Alphonse. Dès lundi matin, le notaire public indique avoir été envahi par les appels de clients haïtiens vivant dans le pays et à l'étranger qui sont troublés par l'arrêté présidentiel.
« Les gens s'affolent en se questionnant sur le délai retenu par l'administration Préval/Bellerive », souligne Me Alphonse, qui dit n'entrevoir aucune harmonie entre ce qui se fait et la loi. Le juriste soutient qu'aucun acte d'expropriation ne peut s'opérer sans un projet concret. Cet acte, selon lui, doit succéder à la présentation du projet et le dédommagement des propriétaires aussi. Or, le président René Préval et le ministre des Finances Ronald Beaudin annoncent pour bientôt les études du projet qui devra y être implémenté. « La loi du 5 septembre 1979 parle des indemnités justes et préalables à la publication de l'arrêté », fait remarquer Lesly Alphonse.
La Fondation du Prince Charles s'apprête à réaliser ces études. « Il n'y a donc aucun projet précis, ce n'est qu'une vision partagée, un voeu de l'équipe gouvernementale », s'offusque le juriste, qui fait état d'un mélange de vitesse et de précipitation du côté des responsables.
« C'est comme si le gouvernement voulait faire une intervention chirurgicale avant même d'identifier la maladie », ajoute Me Alphonse. Selon lui, la loi prévoit ces atermoiements en faisant passer l'acte d'expropriation comme une opération qu'on exécute à coeur ouvert dans les droits du citoyen. Car, dit-il, les négociations peuvent être faites à l'amiable comme elles peuvent ne pas aboutir. Dans ce cas, explique le notaire, il sera constitué un jury d'évaluation qui intègrera des représentants de la justice, des techniciens du Travaux publics et le maire de la ville où se trouve le domaine en question.

Des grincements de dents
Les inquiétudes de Jean Reynold Julien sont alimentées par la volonté du gouvernement de tout faire seul et vite. « Jusqu'à cet arrêté pris le 3 septembre 2010, je pensais que j'avais le droit de jouir de mes biens », s'indigne-t-il.
Le fait que le président se dit ouvert aux initiatives privées jette un doute dans l'esprit de M. Julien. « Ont-ils [les responsables du gouvernement] le droit de ravir à une personne un bien qui fait partie de son patrimoine pour le confier à quelqu'un d'autre ?, se questionne Me Alphonse.
S'agissant du délai de 15 jours imparti aux propriétaires, Me Alphonse s'y oppose hardiment. « De telles mesures pièges ne peuvent être prises en aucun cas, dit-il. Un gouvernement a le droit d'être ambitieux quant à la grandeur de ses réalisations. Mais cela demeure sa vision personnelle. Il n'a pas à livrer les biens des citoyens à la spoliation comme c'était le cas pour l'arrêté de mars 2010 faisant de la rivière Bretelle à Corail Cesselesse un vaste bidonville. »
Entre-temps, des équipements lourds travaillent avec entrain de manière à faire place au projet du gouvernement à travers lequel ce dernier entend planter à tout prix la petite capitale de rêve au milieu du Port-au-Prince que l'on connaît.
Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83582&PubDate=2010-09-14
Commentaires:
En espagnol dominicain il y a un proverbe qui dit "como la gata de mora, le lo meten grita, se lo sacan llora" qui traduit bien la dialectique de la contradiction qui accompagne les démocraties trop faibles et incomprises. D'un côté le gouvernement est critiqué pour son manque de célérité dans les projets de reconstruction du pays, d'un autre côté quand il prend des décisions on lui fait comprendre qu'il va trop vite.
On lui réclame d'appliquer des lois qui sont appliquées partout ailleurs se basant sur l'intérêt collectif certes mais avec nuances.
Pour construire Haïti il faudra puiser dans l"illégalité pour trouver des justifications permettant de rompre deux siècles de non-gouvernance. Il faut qu'il y ait des pleurs et des grincements de dents.
Dans d'autres régimes, dans d'autres temps, on vous offrait gentiment de vous acheter à prix dérisoire votre bien si vous n'acceptiez pas vous étiez victimes de l'arbitraire.
Pour construire Haïti il faudra que chacun adopte et accepte un quotta de sacrifices...

Le foncier retarde la construction des aéroports

Dans les plans de construction ou de reconstruction des aéroports du pays, la question foncière pose d'énormes difficultés qui retardent l'exécution des travaux ou empêchent le lancement d'autres. Si les travaux de construction de l'aéroport international du Cap-Haïtien sont déjà lancés, Port-de-Paix, Jérémie et Hinche doivent encore attendre leur tour. Le directeur général de l'Autorité aéroportuaire nationale (AAN), Lionel Isaac, que nous avons rencontré en marge de la cérémonie d'inauguration de l'aérodrome de Jacmel, fait le point.
Haïti: Dieudonné Joachim (D.J.): Après l'épouvantable catastrophe qu'a vécue le pays le 12 janvier 2010, quels sont les plans de reconstruction de l'AAN dans le domaine aéroportuaire ?
Lionel Isaac (L.I.) : la question est de taille, puisque, comme nous le savons tous, le tremblement de terre a négativement affecté une bonne partie du territoire, sans compter les pertes en vies humaines qu'il a occasionnées. Le séisme du 12 janvier a violemment endommagé l'aéroport de Port-au-Prince particulièrement. Nous avons dû passer six semaines sans aucune opération commerciale. Comprenez par là que durant l'arrivée de l'aide humanitaire, nous n'avons réalisé aucune rentrée de revenus commerciaux. Rien.
Mais ce n'est pas tout. Le terminal est endommagé à 70%. Les 30% restant n'étaient pas forcément indemnes, avec des dommages légers. Nous l'avons réparé et l'ouverture le 19 février a été possible. Le 19 février nous avons récupéré une partie du trafic. Bien entendu, avant le 12 janvier, nous avions déjà un plan de développement de l'aéroport prévoyant un nouveau terminal pouvant accommoder deux millions de passagers. Il était prévu aussi le reconditionnement de l'actuel terminal pour recevoir 500 000 passagers. Ce qui portera la capacité d'accueil à 2,5 millions de passagers pour l'international; le reste on le traitera pour les usages du trafic domestique.
Les effets négatifs, destructifs du 12 janvier obligent à ne plus compter sur le bâtiment. Dans notre plan de reconstruction, nous envisageons un nouveau terminal qui aura une capacité annuelle de 2,5 millions de passagers. Aujourd'hui, nous avons plus d'un million de passagers. Nous comptons faire passer ce chiffre à 2,5 millions.

D.J. : Si les passagers augmentent, la fréquentation etle trafic des véhicules vont également augmenter. Qu'est-ce qui est prévu pour le stationnement des véhicules ?
L.I. : Il sera construit un parking moderne dans les étages, un centre de gestion de location de voitures. Les voies d'accès à l'aéroport, qui posent actuellement un problème durant la grande saison, seront abordées à l'intérieur d'un plan global. Nous travaillons durement pour concrétiser ces plans. En ce sens, nous travaillons sur le programme de financement avec le gouvernement. Autant dire que bientôt ce sera une réalité. En même temps nous collaborons avec le gouvernement américain par l'intermédiaire de la U.S. Trade and Development Agency (USTDA) dans le cadre de ce plan de relance et des fonds à la disposition de l'AAN. D'ici à un an, nous aurons les plans complets de reconstruction bien ficelés.

D.J. : M. Isaac, où allez-vous trouver les fonds nécessaires pour financer ces projets ?
En général, je n'aime pas promettre. Néanmoins, je peux dire aujourd'hui, dans un travail sérieux avec le ministre des Travaux publics, nous envisageons de traiter avec des bailleurs potentiels. Déjà nous entrevoyons de très bonnes perspectives. Nous sommes avancés dans ce domaine, puisque l'AAN possède un plan d'affaires pour montrer les origines possibles des fonds. Je pense que l'essentiel n'est pas les fonds, mais le mécanisme de mise en place. A présent, beaucoup s'intéressent à Haïti et à l'aéroport Toussaint Louverture. Le problème fondamental demeure la façon dont les fonds seront disponibles et dans quel délai.
D.J. : L'AAN vient d'inaugurer l'aéroport de Jacmel où le trafic n'est pas florissant. Qu'est-ce qui a guidé ce choix à la place d'autres villes plus difficiles d'accès ?
LI : Dans nos plans, à chacun son tour. Les facilités de mise en oeuvre ont essentiellement joué en faveur de Jacmel. En termes de nécessité, d'urgence, Jacmel n'est pas au premier rang. Jérémie et Port-de-paix conviendraient mieux. Les complications, à Jérémie, pour obtenir le terrain nécessaire retardent le début des travaux. Nous avons commencé les démarches bien avant celles de Jacmel. Des difficultés locales nous empêchent d'avancer dans l'expropriation. Port-de-Paix à un grand trafic et est dans une zone plus difficile d'accès. Le gros problème à Port-de-Paix est le lieu de localisation de l'aéroport : le terrain.
Après 1986, la population a envahi les alentours du terrain qui devrait loger l'aéroport de Port-de-Paix. Toute action à la normalisation devient impossible. Des actions de déplacement ont débuté, mais à peine acceptables. Personnellement, chaque fois que je parle de Port-de-Paix cela me pose un problème. Il existe une possibilité de construire l'aéroport près des côtes et une autre pour la construire de l'autre côté de la rive des Trois-Rivières. La construction près des côtes et la proximité de la montagne rendraient les coûts excessivement élevés. Tandis qu'à l'époque le pont sur les Trois-Rivières n'était que rêve.
Aujourd'hui, la construction du pont est une victoire pour les habitants de la ville et du département du Nord-Ouest en général. Nous bougeons dans le sens de l'avancement de la construction de l'aéroport. La localisation du terrain est en cours. Voilà pourquoi on a été aux Cayes, à Jacmel, et bientôt Port-de-paix. Nous espérons qu'à Jérémie, dans un délai court, les solutions seront trouvées.

D.J. : Hinche, chef-lieu du département du Centre, ne bénéficiera-il pas de travaux pour son aérogare ?
L.I. : Les Hinchois sont déjà assez avancés dans les travaux à effectuer au niveau de l'aéroport de cette ville.

D.J : En ce qui concerne le Cap-Haïtien, comment vont les démarches ? Le contrat de financement a été récemment signé. Quels sont les caractéristiques de l'ouvrage !
L.I. : Les travaux de construction de l'aéroport du Cap-Haïtien sont lancés. Ils dureront 18 mois. Plusieurs étapes seront franchies. Une piste en asphalte de 1300 mètres de long au Cap-Haïtien et une partie d'une piste en béton de 1100 mètres de long dont la construction a déjà débuté. Nous allons allonger de 200 mètres la piste en béton pour la faire passer à 1300 mètres. Elle sera maintenue en opération durant les 18 mois d'exécution des travaux. Une route provisoire sera construite pour conduire vers les zones d'opération. Une deuxième étape consistera au renforcement de la piste existante. De telle sorte qu'à la fin des travaux la piste aura une longueur dépassant les 1600 mètres. Avec une telle longueur, les avions à réaction transportant jusqu'à 150 passagers (Boeing 737-800) pourront atterrir sans aucune difficulté. Un terminal d'une capacité de 500 passagers par heure sera construit. Il aura la capacité d'extension dans ses deux extrémités. En plus, les équipements de navigation qui seront installés de façon à faciliter l'exploitation durant la nuit (balisages lumineux, par exemple). La particularité de la construction de l'aéroport du Cap-Haïtien est un prêt de l'Etat haïtien auprès des Vénézuéliens. L'entrepreneur principal pour gérer l'exécution des travaux est prévu dans le contrat.
Les travaux qui peuvent être exécutés par les firmes haïtiennes le seront sous la supervision d'une compagnie cubano-vénézuélienne. Une structure mise en place par l'Autorité aéroportuaire nationale sera responsable de la supervision générale. Environ 33 millions de dollars sont prévus pour le financement du projet.
Propos recueillis par Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83499&PubDate=2010-09-14