Google

lundi 8 octobre 2007

La Sainte-Anne de l'Anse-à-Foleur:

Lieu de rencontre du merveilleux religieux de syncrétisme et de croyances populaires
A côté de la ville-au-Camp, réplique locale du temple de Salomon à Jérusalem, située à mi-chemin entre Port-de-Paix et Saint-Louis du Nord, la petite Sainte-Anne à l'Anse-à-Foleur est l'autre point de destination des visiteurs et des pèlerins en quête de miracles de toutes sortes venus implorer la vielle dame.
Deux (2) destinations et deux (2) points de mire donc qui contribuent à rendre un tout petit peu populaire le département du Nord-Ouest , frappé d'enclavement et d'isolement en raison de sa longue distance et du mauvais état de la route reliant Carrefour Joffre au chef-lieu Port-de-Paix. Un isolement quelque peu atténué ces derniers temps grâce aux très nombreux vols réguliers de la Tortug'air bien servie par le génial et talentueux Serge Philippe Pierre.
C'est tout à l'honneur de Ti Sainte Anne dont le pèlerinage revêt autant d'importance pour ses adeptes et fervents partisans que celui effectué à la Mecque par les Musulmans. Ce pèlerinage d'un genre particulier gagne en importance, en rayonnement et en popularité au fur et à mesure que les croyants et visiteurs qui s'y rendent obtiennent satisfaction et encouragent leurs proches, parents et amis à tenter leur chance, eux aussi. Frappés qu'ils sont par les épreuves et tribulations de toutes sortes, aux abois, les Haïtiens sont toujours en quête de réconfort et de soulagement. Et Ti Sainte Anne est là pour répondre et exaucer les prières et demandes de ceux et celles qui viennent l'implorer.
A Port-de-Paix et dans ses environs immédiats, la sainte est très peu sollicitée, il est tout autre pour la grande masse des bénéficiaires des autres régions du pays et de la diaspora qui vous avouent carrément qu'ils n'ont rien à envier à la Vierge qui a su régler leurs affaires. Qui dit mieux ? D'autant que la ville de l'Anse-à-Foleur peut s'enorgueillir d'être un point d'attraction pour des milliers de gens en quête de miracles, de guérisons, de mariages, de voyages, de résidences, de chances, de vengeances, de boules de borlette, de lottos 4 chiffres, de promotions, d'avancements, de libérations de la prison, de procès à gagner, et autres balivernes du genre.
Autant de raisons et de sources de motivation qui poussent hommes et femmes surtout, à venir faire leurs expériences et à venir «voir les miracles de l'Eternel, les ravages qu'Il a opérés sur la terre», selon ce verset tiré d'un psaume de la Bible.

Si Jésus de Nazareth était très peu apprécié par les siens, ailleurs et là où il faisait ses miracles, c'était l'enthousiasme, la ferveur et le débordement ; il en est de même pour la Petite Sainte Anne de l'Anse-à-Foleur dont la popularité, le rayonnement dépasse le cadre étroit de cette bourgade perdue dans le Département du Nord-Ouest.
Perdue, ce n'est pas peu dire, car cette commune est située au flanc d'une colline escarpée qui la surplombe de long en large entre une rivière peu clémente quand elle est en crue à l'Ouest et une mer très agitée lors des marées montantes au nord et qui la menace journellement, obligeant les habitants du littoral à abandonner leurs maisons, qui ne sont même pas nombreuses.
N'est-ce pas un miracle de la Vierge si la ville subsiste toujours coincée qu'elle est par les eaux de la mer et de la rivière qui ne jouent pas ? Elle vous rappelle carrément la Hollande ou les Pays-Bas dont le niveau de la mer est plus élevé que celui de la terre, et qui subsiste grâce à l'ingéniosité, à la perspicacité et au talent des ingénieurs hollandais passés maîtres dans l'art de faire la guerre à la mer pour la contenir en élevant de très fortes murailles qui bordurent le pays. Tel n'est pas le cas pour l'Anse-à-Foleur ; d'autant que comparaison n'est pas toujours raison. Mais la Sainte est là et qui veille, vigilante, sur ses enfants.
C'est l'occasion d'inviter tous et chacun, visiteurs catholiques professant le syncrétisme, adeptes du vaudou, ethnologues, anthropologues, sociologues, chercheurs, journalistes, simples curieux, à faire un petit coup de pied là-bas, à voir de leurs yeux, à se rendre à l'évidence et à tirer leur propre conclusion.
En attendant, faisons la démarcation entre la part de vérité et d'exagération qui enrobe tout ce système du merveilleux populaire et religieux de chez nous : deux (2) saintes et deux (2) orientations diverses pour une seule petite commune.
La Grande Sainte Anne de l'Eglise catholique
Le sous-titre même vous fait vite découvrir qu'à Anse-à-Foleur trônent majestueusement deux (2) sainte Anne : une grande et une petite, cohabitant dans la même localité et ayant chacune sa propre importance. Quant à la Grande Sainte Anne, c'est la patronne de la commune ou de la paroisse. Célébrée le 26 juillet, la fête de la Sainte Anne est aussi populaire à Anse-à-Foleur qu'elle l'est dans d'autres paroisses et diocèses du pays, tels que Sainte Anne à Port-au-Prince dans l'Ouest, ou à Camp-Perrin dans le Sud.
Là, il n'y a aucune équivoque, on commémore cette fête en l'honneur de Anne, la femme de Joachim qui est saint, mère de Marie, Donc Grand-mère de Jésus, Fils de Dieu. S'il y a un endroit du pays où cette fête est particulièrement célébrée, c'est dans la Plaine du Nord.
Revenons à Anse-à-Foleur pour dire que le clergé paroissial s'attache à la Sainte de l'Eglise catholique, honorée le 26 juillet de chaque année. Mais, parallèlement sous le regard indifférent de l'Eglise règne une activité trépidante journellement avec cette masse de pèlerins venus de partout faire leurs prières et demandes à Ti Sainte Anne, cette autre Sainte parallèle.
La Petite dans la grande Sainte AnnePetite en appellation, mais grande en renommée et en popularité dues surtout aux nombreux miracles, prouesses et vertus dont elle est à la base, la petite sainte mérite d'être mieux connue, perçue et appréciée. Aucun travail de vulgarisation et de promotion par aucune instance n'est jamais fait en ce sens. J'entends déchirer en partie le voile du temple pour que puisse éclater le scandale de la vérité. A ce moment-là, la Tite Sainte Anne sera connue et honorée sous son vrai jour et à sa juste valeur.
Ce qu'il faut savoir et retenir dans cette curieuse affaire de Ti Sainte Anne, c'est qu'il y a une légende pas trop élucidée à la base de cette dévotion et de cet engouement mystico-populaire.
Comment a pris naissance ce pèlerinage fait à la Vierge qui semble ne plus vouloir rester dans l'incognito jusqu'à provoquer d'éclatants miracles, mais qui malheureusement ne sont pas connus de la presse et du grand public ? Le moment est donc venu pour qu'une véritable dévotion soit consacrée à Tite Sainte Anne pour les nombreux bienfaits dispensés. Ce qui permettra que des visiteurs, chercheurs et touristes d'ici et d'ailleurs s'intéresseront à l'affaire, la prendront en cause jusqu'à ce que la Sainte ait un véritable rayonnement national et international.
A l'égal des pèlerinages effectués à Lourdes en France, à Fatima au Portugal, à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne, à Notre-Dame de Guadelupe au Mexique, à Padre Prio en Italie, à la Vierge Noire en Pologne, etc, même si tous sont reconnus officiellement par l'Eglise. Notre Sainte Anne à nous, c'est une affaire nationale dans le sens du syncrétisme en usage chez nous.
L'histoire de «Ti Sainte Anne» ne remonte pas à très longtemps. Elle a pris naissance véritablement vers le début du XXe siècle à Anse-à-Foleur.
Selon la légende, un groupe de gens se rendaient en pèlerinage à Higuey en République dominicaine, pendant qu'ils traversaient les 21 passes d'eau une fillette a remarqué à l'eau une espèce de poupée dans différentes passes. Intriguée, elle a attiré l'attention des autres, et la statue fut ramenée à Anse-à-Foleur et jetée dans un coin.
On l'a d'abord jetée dans un puits, mais elle a réapparu à la même place à chaque fois jusqu'à ce qu'on décidât de la révéler au public selon l'avis de la Sainte parue en songe. Au début, il fallait 25 centimes pour la voir. Des 25 centimes, l'enchère est montée à 50 centimes, à 1 gde, 5 gdes jusqu'à ce qu'elle s'élève aujourd'hui à 10 gdes.
La première personne qui était en charge d'organiser le rituel du pèlerinage s'appelait Dédé Mezina, très proche de feu mon grand-père Dajeanson Dauphin. Quand je visitai Tite Sainte Anne pour la première fois j'avais 6 ans. La Dédé avait dit à ma maman feue Gloria Dauphin que j'étais dispensé de payer la gourde nécessaire parce que les Dauphin ont des rapports avec la famille chargée de gérer l'entreprise. C'est un devoir pour moi aujourd'hui de rendre la réciprocité et de contribuer à faire mieux connaître la Vierge qui sûrement doit m'aimer et m'adopter.
Devoir de mémoire
L'ayant visitée à trois (3) reprises, recueillant des témoignages et confidences de nombre de pèlerins et de fervents admirateurs, j'estime qu'il est de mon devoir d'aider à donner une nouvelle impulsion à Sainte Anne Charitable, de son vrai nom. On pourra en faire un très haut lieu de pèlerinage accueillant beaucoup plus de monde d'horizons divers venus apprécier cette merveille de chez nous et faire leurs propres expériences.
A ce moment-là, on pourra ériger un véritable sanctuaire en lieu et place de cette maison à étage que lui avait offerte un «armateur» qu'elle a fait sortir de prison aux USA. On ose aussi espérer que la Vierge pourra faire un jour un très grand miracle, un miracle national et collectif, consistant à susciter à la nation un libérateur, un personnage providentiel pour la tirer de ses déboires et difficultés. Elle aussi, elle doit être mécontente du sort et du traitement faits au pays, victime de la division et de la mauvaise foi de ses propres fils
Louis Anthony DauphinJournaliste, SociologueMaître-conférencier
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=48856

Aucun commentaire: