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vendredi 3 août 2012

Haïti - Quatre enfants d'une même famille tués par un sorcier

03 Août 2012 - 13:33 Quatre enfants d'une même famille ont été retrouvés morts jeudi dans la maison familiale après avoir été traités par un sorcier qui prétendait les guérir d'une maladie mystérieuse dans une petite localité au sud d'Haïti, a-t-on appris vendredi auprès d'un responsable local. "Les quatre enfants, trois filles et un garçon, dont l'aînée était de âgée de 7 ans et la benjamine de 15 mois, auraient subi des sévices infligés par le guérisseur qui les avaient pris en charge pour les soigner. Ils ont été ensuite abandonnés dans le lit de leur mère", a expliqué Wilfrid Brission, responsable de la localité de Marbial (sud) joint au téléphone par l'AFP. Selon des voisins, le guérisseur, un prêtre vaudou assisté de son frère, avait fait croire à la mère des victimes que les enfants étaient possédés par un démon et qu'il pouvait chasser le diable qui les habitait. "Pour traiter les victimes, le sorcier et son frère les ont frappés à plusieurs reprises et les enfants seraient morts suite à ces coups", a raconté M. Brisson, responsable du Conseil d'administration de la section communale de Marbial. Les meurtriers présumés se sont enfuis à Port-au-Prince, la capitale. Les autorités locales ont annoncé l'ouverture d'une enquête et la mère des enfants a été placée en garde à vue. AFP http://www.afreeknews.com/sports.php?sport_id=2125

Haïti : combattre le choléra, une priorité

En Haïti, le choléra frappe toujours. Plus de 30,507 nouveaux cas et 235 décès ont été signalés depuis le début de l'année 2012 et les chiffres sont en augmentation. Dans ce contexte, combattre l’épidémie demeure une urgente priorité. Le Comité de Coordination des ONGs Internationales (CCO Haïti), en faisant le point sur les moyens mis en œuvre et les interventions passées, appelle les acteurs nationaux et internationaux à se mobiliser pour lutter contre la maladie. Il formule 3 recommandations. L'épidémie de choléra qui a frappé Haïti en Octobre 2010 a tué à ce jour plus de 7.000 et touché plus de 570.000 personnes. Répondre à l'épidémie continue à être une urgente priorité à la mi-2012. Seule la mise en œuvre et le maintien d’importants programmes dans les domaines de la santé, de l'eau, de l'assainissement et de la promotion de l'hygiène permettront de limiter efficacement la propagation de la maladie. Le Comité de Coordination des ONG Internationales (CCO Haïti) appelle les acteurs nationaux et internationaux à protéger les vies de milliers d'Haïtiens. La saison des ouragans rend extrêmement vulnérables les populations rurales et urbaines qui n’ont qu’un accès limité à l'eau et l'assainissement et peu ou pas d’accès aux services de santé ; comme les près de 400 0000 haïtiens déplacés par le séisme du 12 janvier 2010 et qui vivent encore dans des camps. Situation actuelle Selon le ministère de la Santé haïtien (MSPP), plus de 30,507 nouveaux cas et 235 décès ont été signalés depuis le début de l'année 2012 et les chiffres sont en augmentation. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu'au total environ 170 000 personnes seront touchées au cours de l’année 2012. Le manque de financement s'est traduit par une diminution des acteurs travaillant sur la prise en charge du choléra. Ainsi, en septembre on comptait 44 acteur sante. Ils ne sont plus que 38 en mai 2012. Cette diminution a des répercussions sur les capacités de prise en charge au niveau globale. Sur la période de Août 2011 à Juin 2012, le nombre de Centres de traitement du choléra (CTC) a diminué de 38 à 20, et le nombre d'unités de traitement du choléra de 205 à 74. Beaucoup des personnels de santé du gouvernement employés dans les CTC n'ont pas reçu leurs salaires depuis plusieurs mois, certains d’entre eux ont organisé des grèves pour faire valoir leurs droits. Cette situation nuit grandement à l'efficacité de la réponse au choléra. Il est également établit que le MSPP fait face à de nombreuses difficultés dans la gestion de ses moyens logistiques et la maintenance de son parc automobile. Certains rapports mentionnent notamment des retards pris dans la gestion de la collecte des cadavres. Les fonds disponibles pour répondre au cholera sont limités dans le temps. A titre d’exemple, la disponibilité de fonds dédiés à la réponse choléra du Bureau de la Commission Européenne d'Aide Humanitaire (ECHO) s’achèvera en décembre 2012. En effet, l’allocation de fonds est étroitement liée au nombre de cas signalés; cette pratique n’encourage pas une programmation intégrant une réponse d’urgence en Eau, Hygiène et Assainissement ainsi qu’une réponse durable en infrastructures. La faiblesse du système de contrôle et de surveillance épidémiologique empêche de saisir l’ampleur de l’épidémie. Selon une estimation du MSPP, entre le 27 mars et le 26 avril 2012, seulement 57,8% des 341 rapports répertoriant les cas de choléra ont été quotidiennement soumis par les départements. Ces lacunes dans la collecte de l’information ont de graves répercussions sur la capacité de réponse. Recommandations 1. Résoudre les problèmes institutionnels, y compris les salaires impayés, afin d’améliorer la qualité des soins et de minimiser le nombre de décès liés à la maladie. Le ministère haïtien de la Santé doit réaffirmer sa position plaçant le choléra comme une question de santé publique et se donner les moyens de le traiter comme tel. Il est essentiel que MSPP, prenne les mesures nécessaires pour veiller à ce que les ressources financières et humaines mobilisées soient maintenues en place après la fin de la saison cyclonique. Des évaluations approfondies sont nécessaires pour identifier et résoudre les problèmes dans le système de surveillance épidémiologique et à améliorer la collecte des données et la distribution de matériel dans les CTC, UTC et des Centres de Traitement de la Diarrhée Aigüe (ADTCs). Le MSPP se doit de renforcer son rôle de leadership et de coordination des rôles tant au niveau central et départemental. 2. Des fonds supplémentaires pour le choléra doivent être alloues pour soutenir la capacité d'appoint en vue de prévenir et traiter le choléra. Bien que moins grave l'année dernière, la situation actuelle sur le terrain est bien plus préoccupante que les statistiques ne la dépeignent. Un appui supplémentaire des bailleurs de fonds au MSPP et aux acteurs humanitaires doit être fourni afin d’assurer une réponse globale à l’épidémie, comprenant la surveillance, la prise en charge médicale, l'assistance technique, et le renforcement des capacités du personnel et des institutions médicales nationaux. Des financements supplémentaires sont également nécessaires pour soutenir l'intégration de la prévention du choléra et de la gestion des cas dans les programmes et infrastructures de santé déjà existants, ainsi que pour la mise en œuvre de nouveaux programmes communautaires et primaires de santé. 3. Stratégies et mécanismes de financement devraient soutenir une approche globale et intégrée de prévention et de soins. L'OMS a identifié Haïti comme étant l'un des pays les plus exposés à une insécurité liée à l’eau. De ce fait, une réponse efficace à l’épidémie de choléra nécessite une approche globale et intégrée pour la prévention et la prise en charge médicale du choléra. Une souplesse plus importante des mécanismes de financements serait nécessaire afin de permettre la réallocation des fonds en cas d'urgence. L’harmonisation des stratégies des bailleurs de fonds humanitaires et de développement est également importante pour permettre une réponse adaptée aux besoins actuels en matière de prévention et de prise en charge du choléra. http://www.actioncontrelafaim.org/fr/content/haiti-combattre-le-cholera-une-priorite http://www.haitilibre.com/article-6285-haiti-sports-marlena-wesh-qualifiee-pour-les-demi-finales-du-400-metres.html

Haïti: après l'horreur, les Jeux

Publié le 03 août 2012 à 07h08 | Mis à jour le 03 août 2012 à 07h08 (Londres) La délégation haïtienne à Londres est minuscule. Elle entrerait même tout entière dans une voiture. Ses chances de médailles? Nulles. Mais pour le pays ravagé par un tremblement de terre meurtrier il y a deux ans, être cet été aux Jeux olympiques a valeur de symbole. Les Jeux olympiques de Linouse Desravines, porte-drapeau d'Haïti, n'auront duré que deux minutes et 10 secondes. À son premier combat, une judoka mongole a saisi le revers de son judogi et l'a renversée d'un coup sec. Desravines a terminé sur le tapis, éliminée. «Je suis triste, déçue», s'est contenté de dire l'athlète après sa sortie rapide. La tête basse, elle semblait pétrifiée. À ses côtés, son entraîneur lui tenait les épaules comme pour la consoler. Comme elle était classée 51e mondiale, personne ne croyait en ses chances. «Mais elle pensait pouvoir gagner une médaille pour Haïti», a murmuré l'entraîneur. Linouse Desravines, native de Limonade, dans le nord du pays, fait partie des cinq athlètes haïtiens qualifiés pour les Jeux de Londres. Une délégation plus petite que celle à Pékin, quatre ans plus tôt, qui en comptait huit. Mais une victoire pour le pays durement frappé en janvier 2010 par un séisme qui a fait plus de 300 000 morts et 1 million de sans-abris. «Qu'Haïti soit présent aux Jeux était important pour nous. C'est symbolique», explique à La Presse le premier ministre Laurent Lamothe, qui était en tribune pour assister au combat de la judoka. «Ça montre qu'Haïti commence à se remettre du séisme, de la catastrophe, de la tragédie. On est ici pour montrer qu'on commence à se mettre debout.» Le séisme n'a épargné ni les athlètes ni les infrastructures sportives. Trois des cinq pistes d'athlétisme du pays sont encore utilisées pour loger des sans-abri. Une coéquipière de Desravines a perdu son père dans le séisme: démoralisée, la judoka Ange Jean-Baptiste, qui était à Pékin, n'a pas su se qualifier pour Londres. «Ç'a été très difficile de qualifier des athlètes pour Londres, mais on y est arrivé», admet le premier ministre Lamothe. Desravines est la preuve vivante de cette difficulté. Elle est la seule des porte-couleurs d'Haïti qui vive encore dans l'île. Les quatre autres, tous qualifiés en athlétisme, habitent les États-Unis et font partie d'équipes universitaires. Privé de moyens, privé des millions nécessaires pour façonner des athlètes d'élite, le gouvernement a dû recourir à la diaspora. «Avec le niveau de vie actuel en Haïti, c'est très difficile d'avoir un niveau de préparation élevé pour les athlètes, a expliqué le chef de mission de la délégation haïtienne, Fritz-Gérald Fong. C'est une réalité malheureuse: nous manquons d'infrastructures, nous manquons d'entraîneurs, nous manquons d'encadrement technique et le séisme n'a pas aidé en détruisant toutes les infrastructures sportives.» Parmi les expatriés qui représentent Haïti à Londres se trouve l'ancien colocataire de Mark Zuckerberg. Né aux États-Unis de parents haïtiens, Samyr Laine est même le 14e membre à vie de Facebook. Cet expert du triple saut a partagé une chambre avec le jeune entrepreneur à sa première année d'université, à Harvard. Aujourd'hui diplômé en droit, il a créé une fondation pour venir en aide à Haïti. «Le budget total du comité olympique haïtien est de 400 000dollars, a affirmé M. Laine à Reuters. Celui du comité olympique américain est de 170 millions!» «Les gens ne se rendent pas compte, mais ça coûte très cher d'envoyer des athlètes aux Jeux, surtout que pour nous, un billet d'avion coûte 2000, 3000 dollars, dit M. Fong. Il faut voyager pour les tournois, pour les camps d'entraînement. C'est impossible.» Plusieurs comités olympiques «amis» - dont celui du Mexique, de la France, des États-Unis - sont venus en aide aux athlètes haïtiens en les accueillant gratuitement lors de camps d'entraînement. Malgré ce manque de moyens, les athlètes haïtiens croient vraiment en leurs chances, comme l'atteste le chagrin de Linouse Desravines. Mais à voir la petite troupe aux couleurs d'Haïti déambuler aux côtés de ces athlètes chinois, américains ou australiens pris en charge à coups de millions par l'État, on se dit que les résultats importent peu. «Nous sommes un petit groupe et nous sommes tous très proches, note Samyr Laine. C'est très émotionnel.» http://www.lapresse.ca/sports/londres-2012/201208/03/01-4561949-haiti-apres-lhorreur-les-jeux.php

Haïti : Le Cspj officiellement divisé sur le choix des représentants de l’institution au Conseil Electoral Permanent

P-au-P, 02 août 2012 [AlterPresse] --- Cinq membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj ont « décidé de contester (…) de la manière la plus formelle » la procédure utilisée pour désigner les trois représentants du Cspj au Conseil Électoral Permanent (CEP). Les 5 membres ont fait parvenir une lettre datée du 02 août 2012 au président du Cspj, Anel Alexis Joseph, pour lui signifier leur position sur cette procédure qui n’est « pas conforme à la loi », selon le document, dont copie a été obtenue par AlterPresse. Les noms de Antoine Norgaisse, Max Elibert, Pharaon Gustave, Dilia Lemaire et Néhémy Joseph figurent au bas du document. Cependant Antoine Norgaisse ne l’a pas paraphée. Un communiqué transmis à la presse par la présidence le 24 juillet dernier a rendu publique la decision du Cspj de lui communiquer ses trois représentants au sein du CEP. La décision de Me Joseph semble être empreinte d’unilatéralité puisque, ses collègues lui soulignent qu’il a été « le seul à choisir les trois noms, comme il est mentionné dans le procès verbal dressé à cet effet. » Les signataires demandent au président Joseph de « rétracter les trois noms (…) déjà communiqués à la présidence (…) et de reprendre le processus en vue d’arriver à la désignation des trois noms de la liste des douze pré-sélectionnés ». Les membres-contestataires de la décision du Cspj rappellent au président que l’article 13 de la loi créant cette institution fixe « à cinq au moins de ses membres, le quorum pour toute délibération dudit Conseil ». « Cependant pour ce cas précis, vous n’étiez que quatre dans la salle de réunion et l’un de vous s’est abstenu de signer le procès-verbal dressé en la circonstance. De plus, la voix du président n’est réputée prépondérante qu’à l’égalité des voix aux fins de départager », précise la lettre de contestation. Des voix se sont élevées pour dénoncer le caractère « illégal et arbitraire » de la décision du président du Cspj également président de la cour de cassation. Il a été nommé à ce poste le 5 octobre 2011 par le président de la république, Michel Joseph Martelly. Certains ont insinué que la décision d’Anel Alexis Joseph découle d’une instrumentalisation de celui-ci par la présidence pour assurer sa main mise sur l’appareil électoral. [efd gp apr 02/08/2012 15 :15] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13178

Du Coke en Haïti à la Sainte Paix au Québec

PAR HUGO JONCAS . Les Affaires . 04-08-2012 En moins de 20 ans, Les Brasseurs RJ sont devenus la plus grande microbrasserie du Québec. Le producteur de la Belle Gueule et de la Tremblay incarne la réussite incontestée dans l'industrie québécoise du houblon. Les patrons, la famille Jaar, ont appris le métier en exploitant le monopole du Coca-Cola en Haïti ! Philippe Jaar a fait ses premiers pas dans les entreprises familiales au début des années 1990 à la Brasserie de la Couronne. L'entreprise a le permis de fabrication et de distribution du Coke à Port-au-Prince. Mais en 1998, Philippe Jaar est devenu directeur des Brasseurs RJ, l'homme de confiance à Montréal de son père et de son oncle, Roger et Raymond Jaar, actionnaires de la microbrasserie. Dans la salle de conférence attenante à l'usine du Plateau-Mont-Royal, il ouvre deux bouteilles de sa nouvelle Belle Gueule Hefeweizen, une bière de blé allemande bien ronde, aux arômes de banane et de clou de girofle, arrivée sur les tablettes le 1er juin. «Ça fait longtemps qu'on travaille dessus», dit-il fièrement, avec son fort accent haïtien. Puis, nous goûtons la nouvelle Sainte-Paix au pamplemousse et à l'orange, directement sortie de la cuve. La bière saisonnière est disponible depuis le 25 juin. Le liquide n'est pas encore prêt, mais Philippe Jaar exhibe également l'emballage de la toute dernière invention de RJ. Croisement entre une India Pale Ale surhoublonnée et une bière de type belge, la Death Valley sera costaude, tant par son amertume que son taux d'alcool de 8 %. Une représentation du célèbre désert américain du même nom illustrera les caisses, et le produit sera en magasin à compter de la fin juillet. Ces nouvelles bières viendront enrichir le portefeuille de RJ, déjà bien garni. En plus de ses propres produits, l'entreprise distribue plusieurs grandes marques importées : Carlsberg, Grolsch, Kronenbourg, Boris, Bitburger... En 2008, l'entreprise a même racheté les parts de 45 % que détenait Moosehead dans l'un de ses concurrents montréalais, la Brasserie McAuslan. Rompus à la grande distribution dans des conditions extrêmes en Haïti, les Jaar exploitent aujourd'hui le quatrième réseau de distribution de bière le plus étendu du Québec, après ceux des géants Molson-Coors, Labatt (InBev) et Sleeman-Unibroue (Sapporo). «Ça a été assez difficile, dit le patriarche Roger Jaar, joint à ses bureaux de Miami. Par contre, l'expérience qu'on a gagnée avec Coca-Cola dans le marketing et la distribution nous a aidés pas mal.» Sortir de l'île Entrepreneur en construction prospère, Roger Jaar cherchait à investir à l'étranger après le coup d'État de Raoul Cédras, en 1991. Il a notamment préparé l'ouverture d'une microbrasserie dans South Beach, à Miami, avec des cadres de son usine de Coca-Cola de Port-au-Prince, les Québécois Sylvain et Éric Boudreault. Ses deux employés sont ensuite partis en vacances dans leur village, l'Anse-Saint-Jean, au Saguenay. «Et puis, ils m'appellent et me disent : "Pourquoi on ne ferait pas ça ici ? Il y a des subventions, on s'occupe de tout..." Moi j'ai dit OK, pas de problème.» C'est ainsi que la famille d'entrepreneurs haïtiens a construit une petite brasserie au fin fond du Saguenay. «Mais les gens préféraient boire de la Molson, de la Labatt, dit Roger Jaar. Après quelques années, j'ai réalisé que les consommateurs de microbrasseries étaient à Montréal.» À la suite de discussions infructueuses avec Les Brasseurs du Nord, de Blainville (Boréale), les Jaar ont finalement acheté la brasserie GMT du Plateau-Mont-Royal, en plein coeur de la métropole, en septembre 1998. «Un mois après, j'achetais le Cheval Blanc», dit-il. Retour aux sources Près de 14 ans plus tard, l'aventure québécoise des Jaar a bien tourné. Les Brasseurs RJ fabriquent maintenan environ 105 000 hectolitres par an. L'entreprise compte environ 250 employés, et son chiffre d'affaires est d'environ 70 millions de dollars, en incluant la distribution. Ces dernières années, RJ s'était faite plus parcimonieuse dans le lancement de nouvelles bières, alors que des dizaines de petites microbrasseries voyaient pourtant le jour aux quatre coins du Québec. «On était en train de perdre notre image de vraie microbrasserie, croit même Roger Jaar. On allait vers le volume...» Les Brasseurs RJ ont peut-être un peu trop misé sur la distribution de bières importées, ajoute-t-il. «À court terme, c'est intéressant, à cause des profits ; mais à long terme, on pousse les marques des autres, dit-il. Je ne vais pas en accepter d'autres en distribution.» En cette ère de grande effervescence pour les petits fabricants de bières savoureuses et typées, RJ a donc décidé de se «recentrer». Une vingtaine de marques, Produits de Brasseurs RJ: gamme Belle Gueule, Tremblay, Cheval Blanc, Coup de Grisou, Sainte-Paix, Death Valley, Snoreau, gamme d'Achouffe, Cap Espoir, Produits de la Brasserie McAuslan (détenue à 45 % par RJ): gamme Saint-Ambroise, gamme Griffon, Moosehead (brassée sous licence), Produits importés et distribués: Grolsch, Carlsberg, Bitburger, Boris, Kostritzer, Kronenbourg 1664, Tuborg Volume de production des usines des Brasseurs RJ MONTRÉAL 100 000 hectolitres ANSE-SAINT-JEAN 5 000 hectolitres Source : Brasseurs RJ COCA-CHAOS À PORT-AU-PRINCE Produire du Coca-Cola en Haïti fait figure de sport extrême, comparé au microbrassage québécois. En 30 ans d'embouteillage là-bas, la famille Jaar a dû composer avec trois coups d'État, des infrastructures ravagées, un embargo pétrolier et des ennuis douaniers constants. Mais surtout, les Jaar ont fait le deuil de plusieurs employés. En septembre dernier, Marie Colin a été tuée par balle dans sa voiture près du bidonville de Cité Soleil, à Port-au-Prince, alors qu'elle rentrait du travail. Elle était directrice des ressources humaines de la Brasserie de la Couronne, l'usine des Jaar qui embouteille le Coca-Cola et d'autres boissons gazeuses. Le meurtre a laissé les employés de l'usine sous le choc. «Moi je n'étais même pas au courant, dit Roger Jaar. Je suis allé à l'usine le lendemain du meurtre pour une rencontre prévue avec elle.» C'est à ce moment-là qu'il a appris la consternante nouvelle. À l'époque où il était directeur de la Brasserie de la Couronne de 1991 à 1995, Sylvain Boudreault a vécu les problèmes de violence sous la dictature de Cédras. «Des fois, il y avait des corps le long de la route, près de l'usine. À un moment donné, mes deux gardes de sécurité se sont fait abattre pendant la nuit», raconte l'ancien homme de confiance des Jaar. Les relations avec le millier d'employés de la Brasserie de la Couronne ont aussi entraîné leur lot de problèmes. En 2006 et 2009, le mouvement de travailleurs Batay Ouvriye a lancé une campagne pour dénoncer l'entreprise (revenus sous le salaire minimum, heures supplémentaires non rémunérées, renvoi de militants syndicaux...) «Chacune des usines d'embouteillage d'Haïti gagne son profit en ne payant pas ce qui est dû aux ouvriers», assure Didier Dominique, porte-parole à Batay Ouvriye, joint à Port-au-Prince. Roger Jaar dément : «Comment pourrait-on payer en dessous du salaire minimum ? Il est de trois dollars par jour ! On paye largement au-dessus.» 3,5 M$ Investissement dans l'achat d'une nouvelle salle de brassage complètement automatisée à l'usine de la rue de la Roche, sur le Plateau-Mont-Royal, à Montréal | Source : Brasseurs RJ http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/agroalimentaire/du-coke-en-haiti-a-la-sainte-paix-au-quebec/547167

La mission de l’ONU à Haïti devrait se prolonger

Huit ans après le lancement de l’opération MINUSTAH, l’opération doit être reconfigurée pour mieux atteindre ses objectifs mais un retrait prochain n’est pas envisagé, y compris par ses détracteurs. Plus de deux ans après le tremblement de terre particulièrement dévastateur qui avait frappé Haïti, le pays traverse toujours une crise politique, sociale et économique de grande ampleur selon International Crisis Group. En dépit de l’aide apportée à la reconstruction par l’opération de maintien de la paix de l’ONU, celle-ci est assez impopulaire auprès des habitants haïtiens. Le rapport du think tank International Crisis Group publié aujourd’hui évoque la fierté de la population, mais rappelle aussi deux événements venus entacher la mission humanitaire. En plus des pertes humaines et matérielles immenses provoquées par le séisme de janvier 2010, la population a été ravagée par une épidémie de choléra qui s’est répandue très rapidement dans le pays. Or le virus aurait probablement été rapporté de l’extérieur par un membre bénévole de l’opération MINUSTAH, qui a vite été pris comme bouc-émissaire et occulté la raison principale de l’épidémie : le manque cruel de structures médicales et de campagnes de préventions sanitaires. La rancune contre les membres d’associations humanitaires s’explique aussi par le peu de résultats concrets en dépit de fonds très conséquents, dont une partie serait détournée au détriment du gouvernement, renforçant les accusations d’ingérence. Les autorités haïtiennes, les pays d’Amérique latine qui fournissent des troupes à Haïti ainsi que les principaux pays donateurs doivent se réunir au cours du mois afin de discuter des modalités de reconfiguration de MINUSTAH. Le renouvellement du mandat de l’opération doit pour sa part avoir lieu en octobre prochain. Une démilitarisation de cette assistance est prévue, ayant pour objectif de devenir une mission politique soutenue par le Conseil de Sécurité de l’ONU d’ici à 2016. Le retrait des troupes ne devrait pas avoir lieu avant au moins 5 ans et l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président, afin d’assurer une transition politique démocratique. L’opération est sujette à de nombreuses critiques, mais même ceux qui les formulent reconnaissent qu’un retrait prochain des troupes de l’ONU serait nuisible au pays. Les autorités ne sont pas encore en mesure d’assurer la sécurité de ses citoyens, de faire appliquer la loi et elles doivent encore faire leurs preuves en termes de stabilité politique. Celle-ci semble en bonne voie, un an après l’élection du président Michel Martelly, mais quelques incidents ponctuels rappellent la fragilité de cette amélioration, à l’instar des troubles en marge Carnaval des Fleurs. Organisée la semaine dernière pour la première fois depuis 40 ans, cette fête populaire s’est bien déroulée dans l’ensemble mais a été le théâtre d’affrontements entre gangs rivaux, faisant 3 morts et des dizaines de blessés. Les Etats-Unis ont quant à eux réaffirmé leur engagement auprès d’Haïti à l’occasion de la visite officielle du premier ministre haïtien Laurent Lamothe à Washington la semaine dernière. La secrétaire d’Etat Hilary Clinton a déclaré lors d’une conférence de presse : « J’ai fait d’Haïti une priorité en termes de politique extérieure et me suis engagée à changer la manière dont nous agissons à Haïti, en passant de travailler en Haïti à travailler avec Haïti. » Son mari et ancien président Bill Clinton s’était rendu à Haïti récemment, accompagné du sénateur et chirurgien Bill Frist. Ils ont depuis annoncé l’allocation de nouvelles subventions pour former des médecins haïtiens dans le principal hôpital de l’île. Agissant par le biais de l’association The Clinton Bush Haiti Fund grant dont le capital s’élève à 442 100 dollars, Frist a qualifié ce financement « d’investissement de long-terme dans la vitalité du pays. » Sources : International Crisis Group, Haiti Libre, The Caribbean Journal,Le Parisien http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article6931http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article6931

Haïti-Violence/Martissant : Du jamais vu

P-au-P, 02 août 2012 [AlterPresse] --- « C’est la première fois de ma vie que je vois une force de police incendier les résidences d’une population. C’est intolérable, la police ne peut pas attaquer des innocents ». Ce sont les déclarations de Silbrun Rosier, 58 ans, père de 9 enfants, habitant le quartier de Martissant depuis plus de 30 ans. En effet à la suite de l’intervention de la Police nationale d’Haïti à Martissant pour tenter d’appréhender des agresseurs armés qui ont attaqué une patrouille de police dans ce quartier dans la matinée du mardi 31 juillet 2012, les mots « incendie criminel, bastonnade, vandalisme » reviennent dans les témoignages sur le comportement des agents de l’Unité de maintien de l’ordre. « Bruler des maisons est un acte de banditisme. La justice doit dire son mot. C’est un crime contre l’humanité », juge Rosier. Le fil des évènements « J’étais en train d’acheter un pâté pour un enfant quand un groupe armé a fait feu sur une voiture de police. Le véhicule a perdu l’équilibre et a abouti dans un réservoir d’eau du Carrefour Leclerc », explique le témoin. Il est environ 8 heures du matin. A peine sorti de son inquiétude pour la vie des policiers, il est plongé dans une peur profonde quand il les voit « sortir dans la voiture, courir et tirer dans tous les sens à hauteur d’homme en plus ». « Comme d’autres résidents, je me suis donc caché derrière un arbre pour ne pas être touché par les balles policières » poursuit-il. Environ 60 minutes plus tard Du haut de la terrasse de sa maison, Rosier voit arriver « une flotte de 4 à 5 voitures de la police. Les policiers quoique tapant violemment sur les portes des résidents n’ont eu aucune réponse ». Vexés de l’attitude des riverains, les agents des forces de l’ordre « ont enlevé les tôles d’un temple vodou pour y effectuer des fouilles ». « Ensuite, ils se sont postés près de la rue s’amusant à passer à tabac tous ceux qui se sont aventurés dans la zone : hommes, femmes et enfants », relate Rosier, offusqué. Il s’est vu obligé d’appeler le « 38 11 11 11 pour dénoncer les agissements des policiers ». Ce numéro est celui du Centre de renseignements et des opérations (Cro) de la police haïtienne. « Entre temps arrive un camion Udmo (Unité départementale de maintien de l’ordre) dont les occupants commencent à tabasser des gents et à mettre le feu aux motocyclettes stationnées dans la zone », explique ce père de famille. « J’ai assisté impuissant à la casse de la voiture-taxi de marque Nissan d’un de mes enfants », se lamente Rosier. « C’est horrifiant de voir des agents de l’ordre mettre le feu de leurs propres mains aux maisons de Charilus (résident de Martissant) et de la marchande de fritures Jelène qui s’est réfugiée dans sa maison », reproche le témoin expliquant que c’est « la première fois » qu’il assiste à « une telle scène depuis Duvalier » (chassé du pouvoir en 1986). Finalement, aux environs de « 14 heures, les agents de l’Udmo ont mis fin à l’opération criminelle contre la population de Martissant ». Rosier affirme détenir les numéros d’immatriculation des voitures de police et du camion de l’Udmo. « La fumée ne peut déloger le propriétaire de sa propre maison (proverbe haitien) » répond Rosier à ses voisins l’invitant à laisser le quartier où il vit depuis plus de 30 ans. [efd gp apr 02/08/2012 13 :20] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13177