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mardi 1 juin 2010

Faute d'aide, l'université haïtienne tarde à se relever

01.06.10.- Le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier n'a pas seulement détruit des milliers d'habitations et fait près de 300 000 morts, il a aussi mis à bas le système scolaire et universitaire haïtien, qui tarde à se rétablir.
Pénurie d'enseignants et de manuels, bibliothèques et laboratoires sous les décombres, cours improvisés sous des tentes ou des arbres... Si rien n'est entrepris rapidement, le pays risque d'être confronté à deux autres défis : une fuite massive des cerveaux - déjà plus de 10 000 étudiants sont partis à l'étranger -, voire une déflagration sociale, comme le craignent divers observateurs sur place.
Le privé majoritaire dans l'enseignement supérieur
L'enseignement supérieur haïtien est à 80 % privé. Il compte plus de 200 établissements, dont 150 ne sont pas habilités à délivrer des diplômes. Pour palier les carences remontant à la dictature des Duvalier (1957-1986) dans le domaine de l'éducation, toute personne peut ouvrir un établissement. Par dérision, ceux qui ne servent qu'à empocher les frais de scolarité des élèves sont dits "borlette", du nom du Loto local.
Les cours proposés par la plupart des universités vont jusqu'au niveau licence, rarement jusqu'à la première année de master.
Le salaire moyen d'un enseignant d'université est de 10 000 gourdes (200 euros environ). Celui d'un fonctionnaire est de 40 000 gourdes (800 euros).
Les aides promises par la communauté internationale
Premier président français à se rendre en Haïti, Nicolas Sarkozy a promis, le 17 février, une aide de 325 millions d'euros et 700 bourses d'études (dont plus de 200 ont été attribuées). De son côté, l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) a débloqué 150 000 euros pour le secteur de la recherche.
La République dominicaine voisine, qui accueille, le 2 juin, une réunion internationale des donateurs, doit offrir un nouveau campus à l'université d'Etat d'Haïti. La Banque interaméricaine de développement et la Banque mondiale financeront la reconstruction des écoles primaires et secondaires. Le 31 mars, à New York, les grands bailleurs ont promis une aide de 10 milliards de dollars (8 milliards d'euros) sur cinq ans.
"Nous sommes assis sur une poudrière, prévient Jean-Marie Théodat, haïtien d'origine et professeur de géographie à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, ainsi qu'à l'Ecole normale supérieure de Port-au-Prince, en Haïti. Il y a 1,3 million de personnes dans les rues, sous des tentes. Cela fait potentiellement 1,3 million de manifestants. Le peuple haïtien est très patient, mais jusqu'à quand ?"
Echec
Plus de quatre mois après le tremblement de terre, très peu a été fait pour l'enseignement supérieur haïtien. "Les grands bailleurs de fonds, comme la Banque mondiale ou la Banque interaméricaine de développement, préfèrent aider l'enseignement fondamental et des structures non étatiques", constate Jean-Vernet Henry, recteur de l'université d'Etat d'Haïti (UEH).
Aujourd'hui encore, la très grande majorité des universités du pays - qu'elles soient publiques ou privées - sont en ruines, et l'UEH, qui représente à elle seule le tiers des étudiants haïtiens (26 000 étudiants sur un total de 70 000), n'a toujours pas trouvé les fonds pour sa reconstruction. "Nous voulons relocaliser sur un seul site nos installations actuellement dispersées sur une vingtaine de campus, mais nous n'en sommes encore qu'à déblayer les ruines, se désole Jean-Vernet Henry. Il nous faudrait 180 millions de dollars (146 millions d'euros) pour reconstruire. Pour l'instant, nous n'avons reçu que 3 millions de dollars (2 millions et demi d'euros), qui nous servent juste à niveler le terrain des futures installations."
Hélas pour Haïti, les Assises internationales organisées par l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), les 25 et 26 mai à l'université de Montréal (Canada), ont bien fait ressortir l'ampleur des dégâts, mais elles n'ont pas réussi à débloquer de montants à la hauteur des besoins. Un échec que l'absence de personnalités comme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, et Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, pourtant invités, pouvait laisser prévoir.
Même le simple plan d'action stratégique élaboré en vue de la reconstruction du système universitaire a déçu nombre de participants aux Assises. "Ce plan n'est pas à la hauteur de nos attentes, a reconnu Frantz Casséus, directeur de cabinet du ministre haïtien de l'éducation nationale et de la formation professionnelle. Le point clé de la question de l'université en Haïti, ce sont les infrastructures, mais les Assises n'ont pas réussi à débloquer de fonds de la part des grands bailleurs."
Pour M. Casséus, la réunion de Montréal a cependant permis de dresser un tableau exhaustif des besoins et de dégager des points positifs en matière de coopération et de bourses, qui pourraient être attribuées aux étudiants en licence ou en master à l'étranger, contre l'engagement de rentrer ensuite en Haïti. Toutefois, il a rappelé le caractère d'urgence de la situation sur le terrain : "La grande masse des universités attend la reprise avec impatience. Même dans des hangars ou des bâtiments provisoires, il faut pouvoir effectuer la rentrée en octobre prochain. Sinon, les étudiants qui bénéficient de soutiens à l'étranger partiront."
De son côté, Bernard Cerquiglini, recteur de l'AUF, a reconnu que son agence "ne peut pas intervenir sur la reconstruction des infrastructures des universités haïtiennes, car elle ne dispose pas des 500 millions de dollars américains (407 millions d'euros) nécessaires selon la Fondation Clinton-Bush pour Haïti". En revanche, a-t-il précisé, "elle peut aider à repenser le système universitaire haïtien". Il a, du reste, annoncé la création d'un comité de coordination chargé de mettre en place un plan comprenant l'installation de "dix points numériques" par satellite pour développer l'enseignement à distance.
Besoins énormes
M. Cerquiglini s'est aussi félicité de la rédaction du Livre blanc Etat des lieux et perspectives d'avenir des universités haïtiennes, rédigé par Jean-Marie Théodat, chargé de mission auprès de la délégation de l'AUF en Haïti. Selon ce dernier, dont le département de cartographie a perdu 21 enseignants sur 24 lors du séisme, les besoins sont énormes : "90 % des écoles primaires et secondaires ont été détruites. Certains enseignants du privé n'ont même pas de diplôme et 10 % ne parlent pas français. 60 % des enfants en âge d'être scolarisés ne vont pas à l'école. Quant à ceux qui y vont, ils sont parfois 150 répartis dans deux classes, avec un seul manuel et un seul enseignant."
"Dans le supérieur, 80 % des enseignants n'ont qu'un master et ne pourraient pas enseigner ailleurs, poursuit-il. Leur salaire est souvent inférieur à celui d'un maçon, et la plupart doivent avoir un autre travail." Face à un tel tableau, Jean-Marie Théodat, estime qu'"Haïti a surtout besoin d'un accès à des prêts qui ne soient pas à 10 %, comme actuellement".
Pour l'universitaire, "l'Etat doit enfin prendre ses responsabilités. Hélas, il freine tout et n'existe que par ses aspects négatifs : répression, procédures kafkaïennes et malversations". "Pourtant, nous sommes condamnés à réussir, martèle le recteur Jean-Vernet Henry. Les gens n'ont pas l'argent pour aller dans des universités privées."
Marc Dupuis

Réunion internationale pour la reconstruction d'Haïti

LEMONDE.FR avec AFP.- 02.06.10
 Des représentants d'une cinquantaine de pays et des personnalités comme Bill Clinton doivent se réunir, mercredi 2 juin, à Punta Cana, dans l'est de la République dominicaine, afin de lancer un plan de reconstruction pour Haïti, dévasté par un séisme le 12 janvier. "Le sommet mondial pour l'avenir d'Haïti : solidarité au-delà de la crise", veut "créer des liens permanents de solidarité de la communauté internationale avec Haïti et servir de rampe de lancement au début des travaux de reconstruction", selon les organisateurs.

L'ex-président des Etats-Unis Bill Clinton, co-président avec le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, du Comité intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, prendra la parole après le président haïtien, René Préval, et le président dominicain, Leonel Fernandez. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, sera également présent. M. Bellerive doit décrire le plan d'action pour la reconstruction d'Haïti, où le séisme a tué plus de 250 000 personnes et laissé 1,3 million de sans-abri.
BILAN DES ENGAGEMENTS
Au cours de la réunion, les participants feront un bilan des engagements des bailleurs étrangers. Deux mois après la conférence des bailleurs de fonds de New York le 31 mars, qui a prévu de consacrer 10 milliards de dollars (plus de 8 milliards d'euros) à Haïti sur cinq ans pour sa reconstruction, seul le Brésil a versé une première contribution de 55 millions de dollars, qui seront supervisés par la Banque mondiale.
Les participants examineront de près les projets de reconstruction, qui seront redistribués par groupe de pays. Ils concernent les infrastructures, les routes, les services d'eau potable et d'électricité, la construction de logements, d'écoles et d'universités. Les organisateurs souhaitent accélérer le versement des sommes promises par les pays donateurs, et ouvrir la porte à la participation de fonds privés.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/06/02/reunion-internationale-pour-la-reconstruction-d-haiti_1366407_3222.html

L'Université Laval donne 600 000$

Publié le 31 mai 2010 Québec) L'Université Laval a offert 600 000 $ pour la reconstruction du système d'enseignement supérieur d'Haïti, lundi. Et la campagne de dons se poursuit pour réaliser d'autres projets.

«C'est une première étape. Nous ne voulions pas attendre un an encore pour annoncer 1 ou 2 millions $. Les besoins sont énormes et nous voulons agir le plus rapidement possible», expliquait le recteur Denis Brière en rappelant que l'université avait commencé ses efforts au moment du séisme en aidant 71 étudiants haïtiens à Québec. Et en plus de cette aide financière, l'Université Laval accueillera en septembre une douzaine d'étudiants à la maîtrise et au doctorat pour leur permettre de terminer leurs études puisqu'ils se retrouvent devant rien dans leur pays.
En juillet, un groupe de Manager Sans Frontières de l'Université Laval et d'autres représentants du campus se rendront à Haïti pour travailler avec les partenaires haïtiens dans l'élaboration plus précise des projets. Les gens de Manager Sans Frontières, spécialistes en gestion, aideront à la préparation des demandes aux fonds d'aide dans des domaines où l'Université ne sera pas engagée.
L'aide offerte a été annoncée à l'occasion d'une soirée-bénéfice au profit du Fonds d'intervention pour la sauvegarde du patrimoine d'Haïti organisée par l'Institut du patrimoine culturel de l'Université Laval.
Parmi les diverses formes que l'aide pourra prendre, on note des bourses offertes aux étudiants haïtiens afin qu'ils puissent poursuivre leur formation supérieure au Québec, des séjours professionnels de professeurs de Québec à Haïti, ou encore de la venue de professeurs haïtiens à l'Université Laval pour l'enseignement et la recherche.
La somme de 600 000 $ est le résultat d'une collecte de fonds organisée par l'Université Laval et sa Fondation.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201005/31/01-4285535-luniversite-laval-donne-600-000.php

Les autorités haïtiennes terminent un plan de mesures pour faire face à la saison cyclonique.

Les autorités haïtiennes mettent les bouchées doubles dans tout le pays avec l’adoption de mesures pour faire face à la saison cyclonique qui commence demain et qui pourrait causer beaucoup de dégâts à cette nation déjà en situation de grande fragilité à cause de ses problèmes environnementaux et des effets dévastateurs du tremblement de terre du 12 janvier dernier. Devant une saison cyclonique annoncée comme redoutable avec la formation probable de 4 à 23 tempêtes et 8 et 14 ouragans dans la région, les autorités ont dessiné, entre autres initiatives, un plan d’action qui sera mis en œuvre dans une vingtaine de ville du département de l’ouest, le département le plus vulnérable du pays.
Parmi ces villes figurent Port-au-Prince et des localités considérées comme à haut risque comme Léogane, Croix des Bouquets, Cabaret, Petit-Goâve, situées dans la zone la plus touchée par le tremblement de terre, qui fit 300.000 morts et une quantité équivalente de blessés.
Quatre mois et demi après le séisme, près d’un million de personnes (15%de la population) vit encore dans des camps de fortunes improvisés dans les rues sous des tentes, des bâches et des couvertures.
La coordinatrice de la Protection Civile du département de l’Ouest, Nadia Lochard, a indiqué que durant le mois d’avril des actions de renforcement des comités de protection civile des municipalités ont été réalisées pour augmenter la capacité de coordination et de gestion de désastres.
« Sept plans sont en préparation » a-t-elle précisé.
Les municipalités de l’Ouest qui ne détiennent pas encore leurs propres plans de secours seront prochainement le scénario de scènes de simulation, alerte et évacuation » a-t-elle promis.
En général chaque municipe reçoit un type personnalisé d’assistance et de conseil » selon les types de problèmes qu’ils auront à affronter et les risques auxquels ils sont exposés », a-t-elle précisé.
Les villes les plus menacées par les désastres sont les espaces dont la configuration géographique les rend plus fragile face à de possibles inondations, à causes des dégâts environnementaux causés par le tremblement de terre du 12 Janvier à expliqué Madame Lochard.
Les préparatifs et les plans d’alerte pour ces endroits étaient prêts, mais ils se sont perdus à cause du séisme et il a été nécessaire d’en préparer de nouveaux.
« On aurait pu être prêts depuis le mois de mai, mais nous avons du travailler à nouveau » après l’évènement du 12 janvier, a-t-elle expliqué.
Les autorités ont programmé pour le mois de juillet des exercices de simulation et évacuation dans les zones plus exposés aux risques des municipalités du département de l’Ouest, ou beaucoup de dégâts ont été enregistré lors des phénomènes atmosphériques de 2008 et 2009.
De son côté, le délégué du département de Nippes (Sud-Ouest), Jamil Vincent, a annoncé que des dispositions préventives et une campagne de sensibilisation de la population de cette région ont été adoptées dans cette zone historiquement touchée par les ouragans, pour minimiser les possibles pertes en vies humaines.
Des pluies torrentielles se sont abattues sur plusieurs villes de Nippes la fin de semaine passée ou se sont produites des inondations et des dégâts et plusieurs localités sont restées isolées ; il n’y a pas eu de victimes selon la presse locale.
Ainsi, la perspective de la saison cyclonique complique beaucoup une situation dans laquelle la phase d’urgence humanitaire post-tremblement de terre est loin de toucher à sa fin.
« Nous sommes conscients de l’arrivée de la saison cyclonique, et la situation de dizaines de milliers de personnes sans abri continue à être précaire », a déclaré la semaine dernière le chef de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet.
La MINUSTAH et les agences de l’ONU travaillent le plus rapidement possible pour renforcer les systèmes d’évacuation d’eau, a-t-il précisé.
La Mission continue avec son labeur d’identification des campements qui présente des risques élevés d’inondation et de glissement de terrains, d’où on doit procéder au déplacement de plus de 7.000 personnes.
Face à ces plans, beaucoup de secteurs ont estimé qu’il n’y a pas eu de préparation suffisante.
Dans son dernier rapport sur les conditions de vie dans les campements, la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits humains (POHDH) a critiqué que « rien n’a été fait pour préparer les gens sur le plan psychologique et on ne voit pas concrètement le dispositif mis à disposition ».
Le secrétaire exécutif de cette plateforme, Antonal Mortimé, a déclaré que « le gouvernement n’a pas fait de campagne de sensibilisation appropriée ».
Si un vent violent souffle, « il emportera les couvertures, les draps, les morceaux de métal qui servent de toit aux gens dans les campements, ce qui pourrait provoquer des blessures », a-t-il souligné.
En ce qui concerne les possibles inondations, il a considéré que les risques augmenteront à cause de la présence des décombres qui remplissent encore plusieurs rues et qui vont obstruer ce qui reste des canaux d’évacuation.
« Port-au-Prince sera inondée » a-t-il avertit. (EFE) http://www.elnuevodiario.com.do/app/article.aspx?id=201125
Traduction : Jonas Jolivert pour Haïti Recto Verso

La CIRH en passe d'être mise en place

La Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) devrait se réunir le mercredi 2 juin à Punta Cana, en République Dominicaine, au cours d'une nouvelle conférence internationale sur la reconstruction d'Haïti. 54 pays et 35 organisations internationales ont déjà confirmé leur participation à ce forum sur la reconstruction du pays qui devrait être le dernier.
Entre temps, tous les membres de cette commission ne sont pas encore connus. Seuls 3 secteurs ont déjà désignés leurs représentants au sein de la CIRH. Il s'agit du secteur privé des affaires qui a fait choix de Réginald Boulos, du sénat qui a désigné Lucien Bernard et du secteur syndical qui a choisi, Jean Claude Lebrun.
Les autorités haïtiennes ont fait remarquer que le processus en vue de la désignation des autres membres de la commission est actuellement en cours, elles ont précisé que des consultations se multiplient dans le but de compléter la CIRH.
Notons que cette commission doit comporter 20 membres, 10 haïtiens et 10 étrangers. Elle sera co-presidée par le premier ministre haïtien, Jean Max Bellerive et l'ancien président américain Bill Clinton.
Elle aura pour mandat d'implémenter le plan de développement soumis par le gouvernement haïtien lors de la conférence de New York, le 31 mars dernier.
EJ/Radio Métropole Haïti

Haïti : Monsanto et le "Projet Winner"

Thalles GOMES.-

Les médias ne parlant plus d’Haïti on se dit que tout s’est bien fini, que la solidarité internationale a permis de faire sortir le petit pays de la crise qu’il a subit en janvier dernier.
Et bien non, en fait tout commence, même si le pays tente de se réorganiser et que la vie reprend doucement son cours Haïti n’en a absolument pas fini avec les crises. Tout au contraire, comme annoncé précédemment les vautours multinationales se sont jetés dessus avec l’avidité des investisseurs découvrant de nouveaux marchés.
L’article de Thalles Gomes traite ici spécifiquement de l’action de Monsanto soutenue par l’USAID, UPS et la Kuehne+Nage qui au sein du Projet Winner (tout un programme) sont entrain de vassaliser entièrement l’agriculture haïtienne à leurs produits.
Moins visible, mais qui causera au final beaucoup plus de dégâts et fort possiblement des dégâts irréversibles cette invasion économique d’Haïti est la digne héritière des agressions coloniales opérées depuis près de 206 ans par les États-unis et la France contre Haïti.
L’entreprise américaine Monsanto a donné des graines transgéniques à Haïti. Ce fait a été dénoncé le 10 mai dernier dans un article écrit par le curé français Jean-Yves Urfié, ex-professeur de chimie du Collége Saint Martial, à Port-au-Prince. Urfiè écrit dans son article : “La société transnationale Monsanto offre aux agriculteurs du pays un cadeau mortel de 475 tonnes de maïs transgénique, avec les engrais et les pesticides associés, qui seront remis gratuitement par le Projet Winner, avec l’appui de l’ambassade des États-Unis en Haïti”. Selon lui, la multinationale Monsanto a déjà commencé à distribuer les graines de maïs transgéniques dans les régions de Gonaives, Kenscoff, de Pétion-Ville, de Cabaré, d’Arcahaie, de Croix-des-Bouquets et de Mirebalais.
La forte répercussion de cette dénonciation a obligé le Ministre de l’Agriculture d’Haïti, Joana Ford, à convoquer une conférence de presse le 12 mai dernier à Port-au-Prince. Le Ministre Ford a affirmé "Haïti n’a pas de capacité à administrer les OGM” avant de démentir que la donation de Monsanto était du maïs transgénique. "Nous prenons toutes les précautions avant d’accepter l’offre faite par la multinationale Monsanto pour recevoir une donation de 475 947 kg de graines de maïs hybride et 2 067 kg de graines de légumes. Nous devons aussi mentionner que, en l’absence d’une loi qui réglemente l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés en Haïti, je ne peux pas permettre l’introduction de graines ‘Roundup Ready‘ ou toute autre variété de transgéniques", a souligné le Ministre.
Selon Ford, les graines hybrides dont Monsanto fait la promotion sont adaptées aux conditions tropicales d’Haïti. Ce dont fait partie d’une campagne du Ministère de l’Agriculture pour relancer le secteur agricole après le tremblement de terre du 12 janvier dernier. Le Ministre indique également que dans cette optique plus de 65 000 hectares de terre sont entrain de bénéficier d’une préparation par des tracteurs, des engrais et des pesticides, et les agriculteurs recoivent une formation.
Monsanto elle-même s’est retrouvée obligée de se prononcer sur cette affaire. “Nous croyons que l’agriculture est la clé pour la récupération d’Haïti sur le long terme”, a affirmé la transnationale dans une note publiée sur sa page internet. “Après la catastrophe, Monsanto a donné de l’argent pour le redressement (d’Haïti)”, continue la note, “mais il était évident que le don de nos produits - de maïs et les graines de légumes de qualité - pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens”. Avec cet état d’esprit généreux la plus grande compagnie de semences au monde a résolu de donner à Haïti l’équivalent de 4 millions de dollars en graines de maïs hybride, choux, carotte, aubergine, melon, oignon, tomate, épinard, et melon d’eau. 60 tonnes de ces graines sont arrivées sur le territoire haïtien durant la première semaine de mai. 70 tonnes supplémentaires sont arrivées à Port-au-Prince le 13 mai dernier. Il est prévu que pour les 12 prochains mois 345 tonnes supplémentaires de graines hybrides de maïs soient distribuées aux agriculteurs du pays.
Ouvrir des marchés
Le tremblement de terre du 12 janvier a provoqué la mort de 300 000 personnes et a laissé plus d’un million d’Haïtiens sans domicile. Les conséquences ont été dévastatrices. Mais, bien qu’il ait atteint 7 degrés sur l’échelle Richter, il est peu probable que le tremblement de terre ait détruit les structures de fonctionnement d’une société transnationale comme Monsanto. Le don de 475 tonnes de graines hybrides peut être vue comme une action de générosité de la part de la transnationale envers le peuple haïtien. Cependant les conditions dans lesquelles ce don a été effectuée sont regardées de plus près, cette générosité devient une simple tactique entrepreneuriale pour augmenter les bénéfices.
Les gains de Monsanto de décembre 2009 à fin février 2010 ont été de 887 millions de dollars. Durant la même période l’an passé, ses gains ont été de 1,09 milliard de dollars, ce qui signifie une chute de 19%. Selon Hugh Grant, directeur exécutif de la transnationale, la cause principale de cette chute a été la diminution des ventes d’herbicides et de produits chimiques.
Début avril, durant une conférence en présence d’annalistes, Grant a affirmé qu’il ne pourrait pas recourir à l’augmentation des prix pour contrecarrer cette chute, puisque les agriculteurs ne semblent pas disposés à payer des prix plus hauts pour les nouveaux spécimens de graines transgéniques, dont certaines d’entre elles sont deux fois plus chères que les variétés les plus cultivées aujourd’hui. "Le retour que j’ai des propriétaires fonciers indique que si nos prix étaient différents, la courbe d’adoption des graines serait différente" avait-il déclaré.
Quand il n’est pas possible de faire monter le prix de ses produits, la seule solution pour Monsanto est de contrecarrer cette chute en ouvrant de nouveaux marchés. Et ce n’est pas un hasard qu’à peine un mois après la conférence de Hugh Grant dess graines de Monsanto arrivent à Haïti.
Ce qui n’a pas été dit ni par Monsanto, ni par le Ministère de l’Agriculture haïtien, c’est ces graines hybrides de maïs ne pourront accomplir leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haïtien que si elles sont traitées par les herbicides, les engrais et les produits chimiques spécifiques, qui sont justement produits par Monsanto. Cela signifie que les agriculteurs haïtiens qui reçoivent les graines hybrides ne réussiront à les rendre productives que s’ils acquièrent les herbicides et les engrais de Monsanto.
De plus, les agriculteurs ne pourront pas replanter les graines issuent de ce maïs, puisque l’une des caractéristiques de ces graines hybrides c’est que seule la première génération est fertile. S’ils veulent continuer à semer les paysans haïtiens devront acheter de nouvelles graines à Monsanto.
À ce rythme, avec l’augmentation de la consommation de graines et implicitement d’herbicides, d’engrais et de produits chimiques Monsanto, la prévision du curé Jean-Yves Urfié pourra devenir réalité : “Bientôt, il y aura que des graines Monsanto en Haïti. Et alors, ce sera la fin de l’indépendance des agriculteurs”.

Vainqueur
Monsanto n’est pas seule dans cette entreprise. Le transport et toute la logistique de distribution des graines en Haïti se fait au profit de deux autres entreprises américaines : la Kuehne + Nage Emergency and Relief Logistics et l’UPS Foundation.
Ken Sternad, président d’UPS, a insisté pour se prononcer sur cette action : “Cela fait parti de nos efforts continus pour appuyer le redressement d’Haïti, l’UPS a l’orgueil de donner ses services aux bateaux de semences, car le pays commence à se diriger vers la construction d’un avenir soutenable".
Cet “avenir soutenable” dont parle Sternad et qui attire l’intérêt de tant d’entreprises étrangères est définit dans le Projet Winner lancé le 8 octobre 2009 par l’USAID (Agence des États-Unis pour le Développement International) (1). Le Projet Winner investira 126 millions de dollars dans les cinq prochaines années afin de construire une nouvelle infrastructure agricole en Haïti, avec comme objectif l’augmentation de sa productivité. Entre-temps, ce programme fournira une assistance technique spécialisée, en plus de services techniques et des facteurs de production agricoles, comme les pesticides et les engrais.
C’est par ce projet que seront distribuées les 475 tonnes de graines de Monsanto. En fait, ces graines n’arriveront pas directement dans les mains des paysans haïtiens, elles seront tout d’abord acheminées aux magasins administrés par l’USAID et seront ensuite vendues pour un prix “significativement réduit” aux agriculteurs. “Notre but est d’arriver à fournir 10 000 agriculteurs durant cette saison”, indique Jean Robert Estime, directeur responsable du Projet Winner. “Les graines aideront à nourrir et fourniront des opportunités économiques pour les agriculteurs, leurs familles et la communauté haïtienne en général”.
Pour comprendre ce que sont ces “des opportunités économiques”, il faut connaître les acteurs qui sont derrière le Projet Winner. Son directeur responsable, Jean Robert Estime, a servi comme Ministre des Affaires étrangères durant les 29 ans de la dictature de Duvalier en Haïti, époque dans laquelle plus de 30 000 Haïtiens ont été assassinés et le pays a ouvert ses portes aux produits alimentaires étrangers. Grâce à cette ouverture, Haïti importe aujourd’hui 80% des aliments qu’il consomme.
Architecte et coordinatrice du Projet Winner, l’USAID est un organisme gouvernemental américain créé en 1961. Selon sa page internet officielle, il a la mission de “promouvoir les intérêts de la politique externe des États-Unis dans l’expansion de la démocratie et des libres marchés, en améliorant la vie des citoyens du monde en développement”. Avec siège à Washington/DC, l’USAID est présente sur les cinq continents. Son travail appuie “la croissance économique et les avancées de la politique externe des États-Unis”.
Nouveau tremblement de terre
Chavannes Jean-Baptiste, coordonnateur du Mouvman Peyizan Papay (MPP) et membre de la Via Campesina haïtienne déclare qu’en fait “Il s’agit d’un nouveau tremblement de terre plus dangereux a long terme que celui qui s’est déroulé le 12 janvier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une très forte attaque contre l’agriculture, les paysans et les paysannes, la biodiversité, les graines créoles que nous défendons, et à ce qu’il reste de notre milieu environnemental en Haïti”
Chavannes accuse le gouvernement haïtien de profiter du tremblement de terre pour vendre le pays aux forces impérialistes et aux sociétés transnationales. “Nous ne pouvons pas accepter cela”, fait remarquer le leader paysan, “nous devons commencer la mobilisation contre ce projet, contre l’arrivée de Monsanto en Haïti. Nous avons besoin d’une forte unité en Haïti et d’une forte solidarité internationale pour affronter Monsanto et toutes les forces mortifères qui veulent en finir avec la souveraineté de ce petit pays qui a conquis son indépendance avec le sang de ses enfants et de ses filles dès 1804”.
Comme premier pas dans cet affrontement, le MPP a demandé aux paysans d’enterrer et de brûler toutes les graines de maïs provenant du Ministère de l’Agriculture. De plus, la Via Campesina d’Haïti organise une grande marche les 4 et 5 juin prochains, à l’occasion du Jour International de l’Environnement. La marche partira de la région de Papay à destination de la ville de Hinche, capitale du département Central. (Traduction ALAI)
Thalles Gomes, journaliste brésilien, depuis Port-au-Prince - Haïti.

Source : agence ALAI "Monsanto y el Proyecto Vencedor"
Traduction : Primitivi "Haïti : Monsanto et le Projet Winner"
Notes :
[1] Il est a noter plusieurs choses sur l’USAID, cette Agence gouvernementale étasunienne à soutenue en Amérique Latine les pires dictatures et la déstabilisation de plusieurs pays, elle continue d’ailleurs cette mission. Par contre la même USAID se fait en Europe une bonne publicité en soutenant les Révolutions Colorées, elle aide d’ailleurs à la diffusion dans les anciens pays du bloc de l’est d’un petit livre édité par l’Institut Enstein intitulé "From Dictatorship To Democracy" (disponible gratuitement sur internet) et qui indique aux mouvements étudiants et d’opposition desdits pays à renverser le pouvoir en place. En conclusion l’USAID ne promeut absolument pas la démocratie mais uniquement les intérêts des USA et l’ouverture de nouveaux marchés aux entreprises US.
URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Haiti-Monsanto-et-le-Projet-Winner.html
http://www.lepost.fr/article/2010/05/27/2088919_haiti-monsanto-et-le-projet-winner.html

L’Espagne aide aussi Haïti a retrouver l’accès à l’eau

Après la catastrophe d’Haïti, le pays se reconstruit petit à petit. Dernièrement, c’est l’Espagne qui vient de décider de donner un bon coup de pouce. En effet, ce sont plus de 10 millions de dollars qui sont débloqués par le Fond de la Coopération espagnole pour l’eau et l’assainissement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Cette aide financière s’inscrit dans un vaste projet mis en œuvre par la banque interaméricaine de développement. La première phase a permis de mettre en place toute la préparation technique pour permettre l’installation d’infrastructures d’approvisionnement d’eau dans la région de l’Artibonite. Dans cette région, près de la moitié des habitants n’a pas accès à l’eau et seulement 15% de la population a accès à une installation sanitaire…

Concrètement, le projet envisage la construction de 12 à 15 structures d’approvisionnement en eau, de latrines et d’évacuation des eaux usées. Outre ces travaux, sera mise en place une autorité locale de régulation de l’eau et de l’assainissement afin de veiller, à long terme à la pérennité de ces installations ainsi qu’une cellule de veille et de sensibilisation sanitaire
http://www.lepost.fr/article/2010/05/27/2089580_l-espagne-aide-aussi-haiti-a-retrouver-l-acces-a-l-eau.html

Haïti: faut-il brûler Monsanto?

Le producteur de semences et d’insecticides Monsanto, connu pour ses recherches sur le OGM et leur commercialisation, a décidé de faire un don de semences de 476 tonnes aux agriculteurs d’Haïti. Elles seront distribuées sur les 12 mois à venir.
La firme justifie son cadeau:
«Après le tremblement de terre, Monsanto a donné de l'argent pour le redressement d'Haïti mais il était évident que le don de nos produits -des graines de maïs et de légumes de qualité- pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens.Nous pensons que l'agriculture est la clé pour la récupération d'Haïti sur le long terme.»
Ce cadeau a été attaqué par des haïtiens, d’abord pour le risque de recevoir des OGM et d’entrer dans la spirale de l’achat des produits herbicides toxiques de Monsanto.
Cela ne semble finalement pas être le cas. Par contre, accepter ce don rend les agriculteurs dépendant à l’égard de la firme.
«Le don de Monsanto risque de nuire aux projets haïtiens de « souveraineté alimentaire » : une forte production agricole locale pour une consommation locale.
En effet, les graines de maïs de Monsanto ne pouvant être resemées, les agriculteurs devront en racheter à Monsanto les années suivantes.
Une logique de marché inadéquate avec la culture paysanne d'Haïti, comme nous l'explique Ricot Jean Pierre, économiste à la PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif) :
« Les paysans haïtiens ont traditionnellement la capacité de produire et de reproduire leur propre semence, organique et créole, à destination de leur famille et du marché local.
Monsanto veut intégrer les agriculteurs sur un marché qu'ils ne contrôlent pas en matière de qualité de semence et de prix.
Les paysans devront racheter les graines à replanter, les pesticides et les engrais de Monsanto [nécessaires à la productivité de ces graines, ndlr], alors qu'ils n'ont pas de ressources. Monsanto veut faire du paysan haïtien un assisté plutôt qu'un producteur. »
Les agriculteurs n'ont d'ailleurs pas manqué de réagir à l'annonce du don. Le leader du Mouvement paysan papaye (MPP), Chavannes Jean-Baptiste, a qualifié le don de Monsanto de « nouveau tremblement de terre », enjoignant les agriculteurs à brûler toutes les graines de maïs provenant du ministère de l'Agriculture. Une marche de protestation est prévue pour le 4 juin.»
Je ne suis pas contre le fait que des firmes développent ou améliorent certaines productions. Cela a toujours été le cas. Mais ma philosophie de l’individu et de la société est largement imprégnée de la notion d’autonomie. Il me paraît important d’être aussi autonomes que possible. Dans l’alimentation c’est même vital.
Or le système Monsanto ne permet pas cette autonomie. Au contraire, il met son emprise sur l’alimentation et rend les populations dépendantes de sa production. Une telle emprise sur l’alimentation est pour moi contraire à la philosophie d’autonomie. Il y a même une volonté d’hégémonie sur l’alimentation planétaire. C’est un système fermé préjudiciable à la liberté des peuples.
Alors, faut-il brûler Monsanto - les paysans haïtiens proposent en effet de brûler physiquement les graines - pour faire modifier sa politique d’hégémonie alimentaire? La pratique de cette firme est en tous les cas propice à redéfinir des principes et valeurs, comme justement la question de l’autonomie.
PS: L’otage suisse en Libye, Max Göldi, retenu depuis 22 mois, attend aussi de retrouver son autonomie.
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/05/29/haiti-faut-il-bruler-monsanto.html