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vendredi 13 août 2010

Haïti/Post-séisme : Des maisons-conteneurs pour 5000 sinistrés

[AlterPresse] --- 9 villages pouvant accueillir 5000 sinistrés seront construits au cours des 5 prochaines années dans le pays, à l’initiative du centre canadien d’études et de coopération internationale (Ceci), apprend AlterPresse. Le premier chantier débutera dès septembre 2010, avec un village construit en périphérie de la ville du Cap Haïtien (Nord), où se sont réfugiés des milliers de déplacés, selon plusieurs médias canadiens, tels Le Devoir et Radio Canada.
Trois autres villages seront construits en 2011.
Le projet baptisé « Vilaj Vilaj » est estimé à 25 millions de dollars canadiens, dont 11 millions récoltés par Ceci après le séisme, lit-on sur le site de Radio Canada.
Les habitations seront construites à partir de conteneurs usagés et pourront héberger, chacune, jusqu’à sept personnes. Elles devraient également résister aux intempéries et aux tremblements de terre.
Les villages seront, de plus, équipés de panneaux solaires et de systèmes de récupération des eaux usées. Ils seront des propriétés collectives, gérées suivant le modèle de coopérative d’habitation.
Le Ceci est une organisation non gouvernementale canadienne, qui met en œuvre des projets de développement grâce à des appuis financiers et des donations provenant de sources aussi bien canadiennes qu’internationales.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9825

Ayiti: Jèn Aken mobilize pou pwoteje anviwonman an ak fè pwomosyon manje natif natal

[AlterPresse] --- Anviwon 200 jèn fi ak jenn gason, ki soti nan 10 seksyon kominal ak 2 katye nan komin Aken (ki chita nan depatman Sid peyi a) pran angajman pou pwoteje anviwonnman an nan fè sansiblizasyon bò kote popilasyon an epi nan plante pye bwa tout kote yo kapab, nan katye yo ak nan seksyon yo. « AltèPrès » jwenn enfòmasyon sa a nan yon dokiman jèn yo voye bay laprès, kote yo esplike ki rezolisyon yo pran, apre yo te fin pase 3 jou ap brase lide, jou ki te 5, 6 ak 7 dawou 2010 la, nan vil Aken.
Lòt rezolisyon patisipan yo te pran, se pou retounen nan zòn kote yo soti yo, nan katye yo, nan seksyon yo, nan gwoup yo, pou y al rankontre lòt jèn ki nan asosyasyon ak sa ki pa nan asosyasyon, nan lide pou pataje ak yo enfòmasyon, fòmasyon ak diskisyon ki te soti nan fowòm nan.
200 jèn sila yo (fanm ak gason), ki te chita pale nan fowòm nan sou tèm « jenès, angajman, sitwayen ak lidèchip (sètadi kapasite yon moun genyen pou gen enfliyans sou lòt yo) », deside tou pote kole pou kraze baryè mete moun sou kote ak prejije nan zafè moun lavil ak moun andeyò.
Jèn Aken yo vle travay tou pou ranfòse entegrasyon nan mitan tout jèn k ap viv nan peyi a, espesyalman nan komin nan.
Senkyèm rezolisyon yo pran, nan fowòm 5-6-7 dawou 2010 la, se fè pwomosyon pou agrikilti ak pwodui lokal yo, nan kad yon agrikilti peyizàn ki chita sou valè, sou bezwen yo ak sou reyalite yo.
Pou pèmèt rezolisyon sa yo ateri nan seksyon kominal yo ak nan katye yo, Asanble Fowòm Jèn Aken mete kanpe yon komite suivi ki gen ladan yon reprezantan chak seksyon kominal yo ak katye yo.
Yo te fè chita tande sa a sou envitasyon yon òganizasyon ki rele « Haiti Projet Education (HPE) » te fè yo, pou vin diskite sou pwoblèm jèn yo rankontre nan tout peyi a, espesyalman nan Aken.
Komite suivi fowòm 5-6-7 dawou 2010 la nan Aken gen responsablite al travay ansanm ak HPE, pou ateri desizyon ki pran nan mitan jèn yo ak nan mitan popilasyon an an jeneral.
Komite suivi a dwe ranmase pwoblèm jèn yo, epi travay ak jèn yo pou aji sou pwoblèm yo, dapre sa k ekri nan dokiman an.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9827

Haïti-Droits humains : Augmentation graduelle de l’insécurité liée à la reconstitution des gangs

 [AlterPresse] --- « La violence a augmenté graduellement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 ».
C’est le constat que dresse la commission épiscopale nationale Justice et Paix (Jilap) de l’église catholique romaine dans la version finale de son trente-cinquième rapport, publiée le dimanche 8 août 2010, à Port-au-Prince, et dont AlterPresse a pris connaissance.
Le rapport intitulé « violence dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince » couvre la période allant d’avril à juin 2010.
« Cette violence concerne aussi bien les assassinats, la justice populaire ou expéditive et la violence dans le trafic routier », détaille le père belge Jan Hanssens, directeur de la commission, dans une lettre ouverte adressée, en couverture du rapport, aux autorités judiciaires et policières du pays.
Le rapport relève aussi que, « dans la même période, la population est victime de l’insécurité dans les camps et dans les rues, ainsi que de menaces proférées avec des armes, de viol et de vol ».
« Il faut mentionner également la violence résultant des omissions des autorités qui négligent une bonne planification pour protéger la population correctement contre les mauvaises conditions de vie consécutives au tremblement de terre », dénonce le prêtre.
La commission épiscopale nationale Justice et Paix révèle avoir enregistré 103 (cent trois) cas de mort violente, au mois de juin 2010. Surtout la violence par balles a augmenté, souligne le rapport.
60% des cas de mort violente sont dus à l’utilisation d’armes à feu, note le rapport de Jilap.
Le rapport établit un lien entre cette remontée de violence et la reconstitution des gangs, dans plusieurs endroits de la capitale, par des bandits dangereux qui ont réussi à s’évader de prison à la faveur du séisme du 12 janvier 2010.
Au point, explique-t-il, où leur influence se fait sentir grandement dans la sphère de l’activité socioéconomique, mais surtout concernant des gens qui effectuent des transactions bancaires dans la zone métropolitaine de la capitale.
Des opérations ont été menées par les forces de l’ordre pour traquer les bandits, avec des résultats mitigés, déplore le rapport.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9826

Des sinistrés révoltés, sept mois après le 12 janvier

Commémorant à leur façon le septième mois de la tragédie, des dizaines de réfugiés ont défilé dans les rues de la capitale pour protester contre leur maintien sous les tentes et l’indifférence du gouvernement Jeudi 12 août 2010, Radio Kiskeya
Excédés par les conditions infra-humaines qui leur sont imposées dans des campements de fortune, des dizaines de sinistrés ont manifesté jeudi à Port-au-Prince à l’occasion du septième mois du séisme destructeur du 12 janvier.
Rassemblés à l’initiative des comités des centres d’hébergement, les protestataires jetés par la catastrophe dans les rues et sur les places publiques de la capitale, de Pétion-Ville (est) et de Delmas (nord) ont exprimé devant le Palais National leur refus de continuer à dormir avec leurs familles sous des tentes de plus en plus sales et invivables.
"Nous voulons des logements décents, conformes à notre dignité d’êtres humains", ont martelé hommes et femmes qui se sont plaints de l’inpassibilité des autorités vis-à-vis de leurs problèmes d’alimentation, d’hygiène et de sécurité.
Sans basculer pour l’instant dans l’opposition politique, ils ont clairement exprimé leur insatisfaction face à la gestion jugée désastreuse de la situation post-séisme par l’administration Préval.
Le mouvement de protestation des réfugiés a bénéficié du soutien des organisations sociales Batay Ouvriye et Mouvman Demokratik Popilè (MODEP), de Tèt Kole òganizasyon Popilè yo, une entité politique engagée dans une lutte sans merci contre le chef de l’Etat, et de la Plateforme des organisations des droits humains (POHDH).
Aucun incident n’a été signalé lors de cette manifestation qui s’est déroulée sous l’œil vigilant de la Police Nationale.
Selon les statistiques disponibles, malgré la mobilisation de la communauté internationale et une aide massive à la reconstruction sans cesse annoncée, environ 1,5 million de sinistrés sont encore sous les tentes sept mois après le tremblement de terre qui a aussi fait 300.000 morts et 300.000 blessés. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6941

Nassau va rapatrier une soixantaine de boat people haïtiens

Près de 700 compatriotes interceptés en deux semaines dans les eaux des Bahamasn Jeudi 12 août 2010, Radio Kiskeya
Les autorités bahaméennes ont annoncé jeudi qu’elles se préparaient à rapatrier au Cap-Haïtien (274 km au nord de Port-au-Prince) 57 boat people interceptés à bord d’une embarcation dans les eaux territoriales de l’archipel, rapporte l’Associated Press.
Le directeur du service d’immigration, Jack Thompson, précise que 49 hommes, sept femmes et un enfant ont été découverts près de l’île d’Exuma.
La semaine dernière, les garde-côtes américains avaient déjà ramené en Haïti plus de 300 compatriotes surpris en haute mer et la semaine d’avant autant.
En vertu d’un accord bilatéral, les Etats-Unis procèdent régulièrement au rapatriement de clandestins haïtiens arrêtés sur les côtes bahaméennes.
Après une brève suspension des opérations suite au tremblement de terre ayant dévasté notre pays le 12 janvier, Nassau a recommencé depuis plusieurs mois à refouler les compatriotes qui cherchent à entrer illégalement dans l’archipel. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6940

Une nouvelle faille est découverte en Haïti par des sismologues

Des experts affirment avoir découvert une nouvelle faille qui pourrait avoir été à l'origine du violent séisme du 12 janvier. Cette faille inconnue jusqu'ici est longue de 30 kilomètres a indiqué le sismologue français Eric Calais de l'Université de Perdue (Texas). Dénommée provisoirement faille de Léogane par les experts, cette faille contrairement à la faille Enriquillo, s'intègre dans la croûte terrestre à un angle de 60 degrés. Dans un interview au journal Science News, M. Calais a soutenu que les calculs réalisés et les images collectées après le séisme du 12 janvier ne permettaient pas de prouver que la faille Enriquillo était responsable de la catastrophe. Les images spatiales permettaient de constater que l'aire nord de la faille Enriquillo avait été brutalement soulevée, explique M. Calais.
Les experts dépêchés à Léogane avaient rapporté que des coraux étaient morts puisque le littoral avait été soulevé de 60 centimètres. Au cours du séisme du 12 janvier des segments en profondeur de la faille de Léogane ont glissé les unes sur les autres à une distance de 5 mètres. En dépit de ce glissement enregistré a environ 20 kilomètres de profondeur il n'y eu aucune rupture du sol à la surface.
Cette faille peut faire partie d'un réseau de faille que nous ne connaissons pas, insiste M. Calais. La faille n'a pu être détectée en raison de l'absence de sismomètre en Haïti et du nombre réduit de ces instruments en République Dominicaine.
LLM / Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18123

Inauguration d'un nouveau centre de formation à Port-au-Prince

Cette nouvelle infrastructure, (Haiti Apparel Center) aidera Haïti à augmenter la main-d'œuvre du secteur privé en formant plus de 2.000 techniciens par année dans l'industrie de l'habillement. « En plus d'offrir une formation professionnelle, le centre va permettre au pays de maximiser les avantages de la loi dénommée Haitian Economic Lift Program (HELP), qui facilite les exportations du secteur haïtien de l'habillement sur le marché américain. », indique , l'ambassade des Etats -Unis dans un communiqué.
Le communiqué précise que l'Ambassadeur, Kenneth H. Merten et la Ministre du Commerce et de l'Industrie Mme. Josseline C. Féthière ont assisté à la cérémonie d'inauguration de ce centre de formation.
Selon le diplomate américain Le nouveau centre de formation jouera un rôle clé dans le développement de l'industrie de l'habillement et orientera la nation vers une voie prospère et plus stable.
« C'est une preuve de plus du profond engagement des États-Unis envers le peuple haïtien dans son processus d'une meilleure reconstruction. Nous accueillons cette opportunité de pouvoir travailler avec le gouvernement haïtien et les experts en développement local et de l'industrie de l'habillement pour créer des emplois dans le secteur de fabrication de vêtements de qualité pour le marché international actuel. », a déclaré monsieur, Merten.
Le HAC fait partie de "Konbit Ak Tet Ansanm" (KATA), un programme de création d'emploi conçu et financé par l'USAID pour un montant de 104,8 millions de dollars de l'USAID pour une période de quatre ans.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18121

Une fausse liste de candidats agréés, serait en circulation selon le CEP

Le directeur général du conseil électoral provisoire monsieur Pierre Louis Opon, dément les informations selon lesquelles une liste de candidats à la présidence non- agréés par le CEP serait déjà en circulation. Intervenant sur les ondes de radio Métropole, le directeur de l'institution électorale, a fait remarque que le CEP n'a pas encore publié, de liste de candidats agréés, en dépit de la fermeture de la période de contestation.
Monsieur Opont, affirme que les conseillers électoraux, analysent actuellement avec soin les dossiers de candidature, de tous les inscrits, afin de publier sous peut la liste.
« Cela fait partie des règles du jeu, des candidats, dont les dossiers sont conformes seront habilités à faire campagne, alors que d'autres non, mais personne ne peut parler de candidatures rejetées », précise Pierre Louis Opont.
Par ailleurs, le Conseil Electoral Provisoire, a organisé ce jeudi, le tirage au sort pour attribuer un numéro à des nouveaux partis politiques qui viennent d'être agréés par le CEP .
EJ/Radio Métropole
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18120

Investir en Haïti aujourd'hui est plutôt facile selon le CFI

Le directeur général du Centre de Facilitation des Investissements (CFI), Guy Lamothe, a révélé que les formalités, pour investir en Haïti ont été simplifiées durant ces derniers jours. Guy Lamothe a indiqué que de nombreux progrès en ce sens ont été réalisés apres la catastrophe du 12 janvier.
Monsieur Lamothe a précisé, que les formalités ont été réduites et qu'il faudra désormais rien que trois étapes à franchir par un potentiel investisseur qui souhaite installer son entreprise dans le pays.
Parallèlement, le responsable du CFI, déplore, un manque de communication qui existe entre l'institution qu'il dirige et les potentiels investisseurs.
Selon lui ce manque de communication serait à l'origine des critiques portées contre le CFI.
Toutefois Il a fait remarquer que bon nombres d'investisseurs se sont déjà manifesté.
Rappelons que, le directeur général du Centre de Facilitation des investissements en Haïti CFI, a réagi aux remarques de l'économiste François Leconte qui avait indiqué sur les ondes de Radio Métropole, que les formalités demeurent compliquées en Haïti en matière d'investissement.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18119

Le séisme en Haïti coûte plus cher que prévu

Publié le 13 août 2010 Stéphane Paquet, La Presse
Le tragique tremblement de terre de janvier dernier en Haïti coûtera plus cher que prévu aux Vêtements de sport Gildan (GIL.TO). La facture s'élève maintenant à 19 millions en raison des coûts de relocalisation et des ventes perdues.
«Compte tenu des prévisions économiques à ce moment-là, nous pensions avoir assez de stocks, même avec l'arrêt de production en Haïti, pour passer à travers le temps fort de l'été pour la vente de t-shirts», explique en entretien Laurence Sellyn, vice-président et chef des finances de Gildan.
«Mais, après le séisme, très rapidement et de façon inattendue, notre marché a retrouvé son ardeur», explique-t-il encore.
Gildan aurait donc eu besoin des 2 millions de douzaines de t-shirts que produisait sur une base annuelle son sous-traitant haïtien, Palm Apparel, dont l'usine a été détruite le 12 janvier. «On a manqué des occasions d'affaires parce qu'on n'a pas pu refaire nos stocks assez vite.»
Au total, 12 millions US de ventes seraient ainsi allées à des concurrents de Gildan, incapable de fournir à la demande. Les 7 autres millions US de pertes sont attribuables à des coûts plus directs engendrés par le séisme, comme la relocalisation de la production. L'entreprise a indiqué qu'elle pourrait récupérer 8 millions de ses assureurs.
Mais le terrible tremblement de terre n'est pas la seule raison qui explique des ventes perdues pour Gildan. De bas inventaires, particulièrement dans le secteur des chaussettes, ont réduit les ventes.
En reportant à 2011 l'ouverture de son usine Rio Nance IV au Honduras, Gildan s'est fié à des sous-traitants qui «ont été légèrement en retard sur leurs livraisons», a expliqué le grand patron, Glenn Chamandy, aux analystes financiers. Les ventes de chaussettes ont baissé de 11,5% par rapport à l'an dernier pour s'établir à 44 millions US. L'ensemble des ventes ont progressé de 28% par rapport à l'an dernier, à 395,3 millions US.

L'action en baisse
«Assurément, il y a eu de la déception» par rapport aux ventes de chaussettes, souligne l'analyste Candice Williams, de Canaccord Genuity.
Dans l'ensemble, Mme Williams donne toutefois une très bonne note aux dirigeants de Gildan pour ces résultats. À voir le titre dégringoler hier de plus de 5% en cours de séance (il a fini la journée à 30,30$, en baisse de 3,8%), Mme Williams n'hésitait pas à parler de «réaction exagérée» du marché.
Car ces résultats présentent un bénéfice par action record pour un trimestre, à 54 cents US par action.
D'ailleurs, les dirigeants de Gildan étaient fiers de souligner que l'entreprise a réussi à augmenter ses parts de marché dans le secteur des vêtements de sport et des sous-vêtements, lui-même en croissance de 10,5%.
Résultat: deux t-shirts sur trois (64,6%) vendus aux imprimeurs sérigraphes américains - qui les décorent ensuite de logos et autres - sont fabriqués par Gildan. L'an dernier, à pareille date, c'était 56,4%.
Malgré ces résultats records, Gildan a maintenu ses prévisions de revenus à 1,3 milliard US pour l'année, et souligné que l'état de ses stocks pourrait réduire les ventes potentielles au quatrième trimestre.
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/fabrication/201008/13/01-4306181-le-seisme-en-haiti-coute-plus-cher-que-prevu.php

Montréal déserté par les demandeurs d'asile

Publié le 13 août 2010
Laura-Julie Perrault, La Presse
À une époque, les trois maisons du Projet Refuge de Montréal recevaient tellement de nouveaux demandeurs d'asile que tout ce que leurs employés avaient le temps de faire entre une arrivée et un départ, c'était de changer les draps. Mais depuis un an, les changements de draps quotidiens ont fait place à des lits vides. Beaucoup de lits vides.
«Il y a un an, j'avais 46 lits qui étaient occupés tout le temps. Il ne m'en reste plus que six», explique Sylvain Thibault, aujourd'hui l'unique employé du Projet Refuge, mis sur pied par la Mission communautaire de Montréal (MCM).
En moins d'un an, deux des trois maisons d'hébergement de la MCM ont fermé leurs portes. Trois des quatre employés ont été mis à pied.
La situation est similaire à la résidence du YMCA du centre-ville de Montréal, qui a vu sa clientèle de demandeurs d'asile fondre de 90% en un an.
Habituée à accueillir des familles des quatre coins du monde, la résidence du Y reçoit ces jours-ci des patients des hôpitaux avoisinants ou des personnes évincées de leur appartement. La moitié du personnel, soit quelque 20 personnes, a été mise à pied.

HAITIENS touchés
Comment expliquer ce phénomène? La réponse des organismes qui travaillent avec les demandeurs d'asile est unanime: les mesures prises par le gouvernement fédéral l'an dernier pour freiner l'arrivée massive de réfugiés au pays ont trop bien fonctionné. Et c'est à Montréal que les effets de ces nouvelles directives sont le plus visibles.
La première mesure, qui a été suivie d'un bras de fer diplomatique, a été de rendre le visa obligatoire pour les ressortissants de la République tchèque et du Mexique à compter du 13 juillet 2009. En un mois, selon les statistiques de l'Agence des services frontaliers, le nombre de demandeurs d'asile au Québec a chuté de près de 40%.
Quelques semaines plus tard, le resserrement des règles de l'entente sur le tiers pays sûr que le Canada a contractée avec les États-Unis a aussi contribué à la baisse des arrivées de réfugiés. Cet accord permet au Canada de renvoyer au sud de sa frontière les demandeurs d'asile qui ont transité par le pays de l'Oncle Sam avant de frapper à sa porte. Les HAITIENS ont été particulièrement touchés par cette seconde mesure, convient Pascal Alatorre, directeur de la résidence du Y.
«Depuis quelques années, notre clientèle était surtout composée de gens du Mexique et d'HAITI comme plusieurs autres ressources montréalaises. On a été très touchés. Alors que, au début du mois de juillet 2009, on hébergeait 300 demandeurs d'asile, à la fin août, on n'avait que 50 personnes. Aujourd'hui, sur 90 personnes qu'on héberge, il n'y a plus que 32 demandeurs d'asile. Avant, c'était 99% de notre clientèle», détaille M. Alatorre.

Arrête-t-on les vrais réfugiés?
Les centres d'hébergement qui accueillent les demandeurs d'asile dans les premiers jours de leur établissement au pays ne sont pas les seuls à avoir noté une baisse marquée des arrivées. Au Centre canadien des réfugiés, on estime que, si la tendance se maintient cette année, le Canada est en voie de battre son record le plus bas établi en 2005. Cette année-là, le pays, qui accueille traditionnellement entre 30 000 et 45 000 réfugiés potentiels, en avait reçu tout juste 21 000. «Cette année, ils seront moins de 20 000 à pouvoir franchir la frontière», note l'avocat Rick Goldman, qui se fonde sur les données gouvernementales.
La situation l'inquiète. «Le gouvernement dit qu'il veut freiner les faux réfugiés, mais les règles arrêtent aussi les vrais réfugiés», note-t-il.
Porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada, Kelli Fraser, ne pense pourtant pas que le Canada est en train de violer ses engagements internationaux. «Le plan du Canada fonctionne. L'obligation de visa incite les véritables visiteurs à présenter une demande tout en décourageant les visiteurs qui ne sont pas authentiques à présenter une demande», a-t-il indiqué par courriel en réponse aux questions de La Presse.
«Le système canadien de protection des réfugiés est reconnu mondialement pour son impartialité et sa générosité, a-t-il ajouté. Ces nouvelles mesures vont également au-delà des obligations légales du Canada sur les plans national et international à l'égard des demandeurs d'asile.»
Pascal Alatorre, des résidence du Y, croit pour sa part que la diminution du nombre de demandeurs d'asile à Montréal pourrait avoir des effets à long terme alors que les ressources spécialisées dans leur accueil et leur intégration diminuent leur offre de service et que leurs employés, habitués d'interagir avec une clientèle qui a des besoins particuliers, notamment dans la gestion du choc post-traumatique, se voient contraints de changer d'emploi. Il invite le gouvernement à faire un examen de conscience. «Ça ne va pas mieux dans le monde. Il y a des gens partout dans le monde qui ont besoin de protection et, pour le moment, le Canada n'est plus le pays qui comble ces besoins», dénonce-t-il.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/regional/montreal/201008/12/01-4306147-montreal-deserte-par-les-demandeurs-dasile.php

Pasteur Firmin: «ils causent du tort à l'Évangile»

Publié le 13 août 2010
 Caroline Touzin, La Presse
Le pasteur de l'Église biblique Pierre angulaire, Kichner Firmin, balaie d'un revers de main les soupçons qui pèsent contre lui concernant le mauvais usage qu'il aurait fait des dons de ses fidèles.
Le pasteur de l'Église biblique Pierre angulaire,
Kichner Firmin, balaie d'un revers de la main
les soupçons qui pèsent contre lui concernant
le mauvais usage qu'il aurait fait des dons
de ses fidèles. Ceux qui contestent sa gestion
devant  les tribunaux «causent du tort à l'Évangile»,
 selon lui. Photo: David Boily
Ceux qui contestent sa gestion devant les tribunaux «causent du tort à l'Évangile», selon lui. Ce n'est rien de moins qu'un «coup d'État», a ajouté sa femme.
Ce n'est pas l'avis du juge Martin Castonguay, de la Cour supérieure, qui a souligné hier le «manque de transparence, voire l'opacité entourant la gestion de l'Église».
Le magistrat a ordonné le gel temporaire des biens de la communauté, y compris les actifs du pasteur et de sa famille, le temps que la lumière soit faite.
À «au moins deux reprises», le pasteur Firmin a rejeté les demandes des fidèles qui cherchaient à connaître l'état des finances de leur Église, a dit le juge, qui a qualifié cette attitude d'«accablante».
Alors qu'il avait brillé par son absence à l'audience de la veille, le pasteur Firmin s'est présenté en cour, hier, accompagné de sa femme et de l'un de ses fils, pasteur adjoint, pour bloquer cette requête en injonction provisoire.
Peine perdue: le pasteur et sa famille auront 10 jours pour fournir des déclarations sous serment de leurs états financiers ainsi que de ceux de l'Église.
S'ils n'obtempèrent pas, ils risquent une amende ou même la prison. Des fidèles de cette Église évangélique située dans le nord de Montréal soupçonnent le pasteur Firmin de s'être approprié les biens de la communauté pendant au moins 15 ans.
Cela représente «au minimum 3 millions de dollars» provenant des contributions et des dons de ses membres, écrit le groupe de neuf fidèles dans sa requête déposée en Cour supérieure.
Cette Église, fondée il y a une trentaine d'années, comptait jusqu'à récemment quelque 350 membres qui ont donné environ 300 000$ par an à la dîme, selon les requérants.
Chaque semaine, les membres ont remis de l'argent comptant dans une enveloppe. À la fin de l'année, on leur a remis un reçu aux fins de l'impôt sur le revenu. Le pasteur se serait servi de l'argent notamment pour s'acheter cinq terrains à Tabarre, en HAITI , son pays d'origine, toujours selon le groupe de fidèles, qui craignent qu'il s'enfuie là-bas. L'accusé outré Aux yeux du pasteur, cette démarche juridique «nuit à la propagation de l'Évangile». «Le but est de ternir l'image, la réputation de nos églises évangéliques, alors que nous avons un message de salut à prêcher au monde. Ils (les requérants) causent du tort à l'Évangile.»
Le pasteur est outré du fait qu'on le compare au pasteur Mwinda Lezoka, soupçonné d'avoir détourné jusqu'à 1,5 million de dollars provenant des dons d'anciens fidèles de la communauté chrétienne de Béthel, aussi à Montréal.
Le pasteur Firmin a été plus volubile à l'extérieur du tribunal que devant le juge, hier.
Il a décliné l'offre du magistrat de donner sa version des faits. S'il avait témoigné, il aurait été contre-interrogé par les avocats de la partie adverse.
Il a indiqué à la Cour qu'il serait représenté par un avocat pour la suite du processus. «C'est juste des allégations non fondées, de la diffamation», s'est-il contenté de dire au juge.
Depuis l'an dernier, l'Église Pierre angulaire est propriétaire d'une ancienne église catholique, rue Jean-Talon, qui vaut aujourd'hui 2,5 millions de dollars, selon le rôle d'évaluation foncière produit au soutien de la requête.
La congrégation est aussi propriétaire d'un autre immeuble, rue Saint-Denis, d'une valeur de 700 000$. «Selon les affirmations mêmes du pasteur défendeur, l'Église serait endettée pour une somme de 790 000$ sans que les membres sachent pourquoi ou comment ou envers qui», déplorent les fidèles.
Aux médias, hier, le pasteur a affirmé avoir payé 1,5 million de dollars comptant pour l'église de la rue Jean-Talon. «On doit connaître la mentalité haïtienne. C'est un peuple bagarreur. Dans la politique, dans les églises. Partout», a avancé le pasteur de 63 ans pour expliquer pourquoi ses fidèles l'attaquent en justice. Il dit recevoir un salaire d'à peine 30 000$ par an.
«C'est un coup d'État. C'est un coup monté. Qui veut noyer son chien l'accuse de rage», a renchéri sa femme, Marie-Suze Orius. Depuis au moins 15 ans, le pasteur refuse de convoquer une assemblée générale des membres de la congrégation pour que soit élu un conseil d'administration, a retenu le magistrat. «Les membres de l'Église sont comme les actionnaires d'une compagnie. Les corporations religieuses sont régies par des lois ancrées dans les valeurs démocratiques de notre société. La phrase en anglais la plus typique est No taxation without representation», avait plaidé plus tôt Me Serge Dubé, l'avocat des fidèles.
«Ce n'est pas de gaieté de coeur que ces gens se sont trouvés dans une situation d'affrontement avec celui qu'ils appellent leur berger», a insisté l'avocat.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201008/12/01-4306150-pasteur-firmin-ils-causent-du-tort-a-levangile.php

Le ras-le bol des sans-abri

Des sans-abri persécutés dans les camps d'hébergement ont tenu un sit-in aux abords du Palais national. Au cours de ce rassemblement clairsemé les manifestants ont fait entendre leur voix.
La représentante de l'organisation
Femmes victimes pour les victimes,
Joseph Delourdes
Haïti: Une centaine de sans-abri, encadrés par les organisations de droits humains et d'associations de femmes, ont réalisé un sit-in près du Palais national le jeudi 12 août pour exprimer leur ras-le-bol contre le gouvernement en place. « Nous n'allons pas accepter cela. A Cité Soleil, des bandits armés ont forcé environ 200 familles à quitter la place Immaculée. Ils nous ont dit que ce site est une zone stratégique. Nous avons dû nous réfugier contre notre gré, à Michico sur un terrain boueux infesté de bêtes nuisibles qui peuvent nous rendre malades », fulmine le coordonnateur général du Camp Place Immaculée Déplacée, Joseph Rosemond. Avant le 12 janvier, il habitait à Boston, un quartier de ce vaste bidonville.
« L'État est sans pitié pour nous. Notre site, regorge d'estropiés, plusieurs handicapés, cette situation ne préoccupe personne. Sur la place Immaculée, ma fille a été violée, mes deux jeunes fils battus. On vit sous pression à Cité Soleil », peste Jean Vernio, tout en brandissant sa pancarte sur laquelle est inscrite sa principale revendication qui est le droit à un logement décent.
Des sans-abri brandissant
 leurs pancartes
Les lèvres collées au micro d'un mégaphone, la représentante de l'organisation Femmes victimes pour les victimes, Joseph Delourdes, mobilise le rassemblement clairsemé des sans-abri qui s'agitent dans les parages du Palais national, un symbole que le séisme du 12 janvier a mis à genoux.
« Nous sommes fatigués. Nous avons organisé ce sit-in devant le Palais pour dire au gouvernement que sa façon de procéder n'est pas correcte. Ce n'est pas juste d'envoyer les gens déchirer nos tentes en pleine nuit. Ce n'est pas normal d'emporter nos tentes et de les briser. Nous voulons prendre au mot le président René Préval. Il avait dit qu'il n'allait pas nous déplacer ainsi », signale-t-elle au milieu du vacarme que produit un disc-jockey monté sur un char.
« L'Etat reconnaît le droit de tout citoyen
à un logement décent », dit Me
Mario Joseph
en se référant à la Loi-mère
Maison détruite, sans toit, sans emploi, Joseph Delourdes, une mère de famille parmi le petit groupe de manifestants, est furieuse : « Nous n'irons pas aux élections dans des conditions pareilles. Nous vivons sous des tentes, on nous viole. Pour qui nous prend-on ? Nous autres, femmes, n'avons-nous pas droit au logement ? »

Un logement décent pour tout citoyen
« L'État reconnaît le droit de tout citoyen à un logement décent, à l'éducation, à l'alimentation et à la sécurité sociale. C'est l'article 22 de la Constitution qui le dit », déclare, le visage ruisselant de sueur, Me Mario Joseph devant un barrage en fer forgé où sont postées les forces de l'ordre.
Organisation de femmes victimes
manifestant devant le Palais national
Me Joseph ne mâche pas ses mots. Il fustige les représentants de l'État chargés de servir la République. Il ne va pas de main morte non plus avec la Police nationale d'Haïti (PNH) et les juges de paix qui, selon lui, sont à la solde des « propriétaires terriens » sur qui pèsent des doutes relatifs à leur droit de propriété. « Au temps des Duvalier, beaucoup de gens avaient accaparé de vastes terrains. Pour le moment, ils essayent par tous les moyens de déguerpir les sans-abri. Aussi arrosent-ils la police et les juges de paix. Il faut une vérification des titres de propriété », dit l'homme de loi.
Des manifestants gagnent les rues
pour manifester leur ras-le-bol
Questionné sur les preuves que des représentants de l'État ont menacé de déguerpir les sans-abri, l'avocat répond : « La PNH et les juges de paix véreux se sont présentés sur les lieux et ont fait signer des sinistrés, tout en leur demandant de déguerpir. Ces actions se sont passées surtout à Delmas. Les agents de la PNH sont venus avec des armes lourdes. » Qui a passé ses ordres ? Il persiste et signe : « Inévitablement une autorité supérieure. Il y a eu pression. J'ai des preuves. Les 16 et 24 juillet, la BIM s'est rendue sur le site de Barbancourt II sur la route de l'aéroport. Les policiers étaient au nombre de vingt-quatre. Toutefois la population a résisté. Mais, Cité Soleil, ils n'ont pas eu de résistance, les sinistrés ont vidé les lieux. La police ne doit pas être à la solde des bourgeois pour menacer la population. Elle est là pour protéger et servir. »
Pour conclure, Me Joseph fait savoir que le Bureau international des avocats, organisation qu'il représente, a déjà mobilisé 400 avocats internationaux pour se pencher sur le dossier des sans-abri persécutés dans les camps d'hébergement.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82391&PubDate=2010-08-12

La cérémonie du Bois-Caïman, un exemple de solidarité et d'unification

Haïti: En prélude à la célébration du 219e anniversaire de la cérémonie du Bois-Caïman ce samedi 14 août, le ministère de la Culture et de la Communication a organisé, le jeudi 12 août 2010 en son local, une conférence-débats sur le thème « Bois-Caïman, essence du ferment pour la solidarité nationale », avec pour intervenant l'Ati national du vodou Max Beauvoir. Cette conférence-débats a été l'occasion pour l'intervenant d'exprimer, en tant que houngan, sa perception de la cérémonie du Bois-Caïman, laquelle va être un élément déclencheur de la lutte pour l'indépendance ou de la révolution haïtienne.
La cérémonie du Bois-Caïman (du nom du lieu où se déroula la réunion des 201 leaders noirs, venus de tous les coins et recoins de la colonie : Bois-Caïman, un lieu reculé de l'habitation Lenormand de Mézy Saint-Domingue), est considérée par le conférencier Max Beauvoir comme un « congrès magico-religieux » dont s'en est suivi le soulèvement général dans la nuit du 22 au 23 août 1791.
Pour Max Beauvoir, la cérémonie se situe dans l'idéal d'unification, de solidarité des esclaves contre le système d'oppression, de deshumanisation que fut l'esclavage, auquel tous les noirs voulaient se soustraire. « Cette cérémonie était un refus du système esclavagiste, des violences physiques et culturelles qu'il représentait», a indiqué l'Ati national du vodou.
Selon le conférencier, cette cérémonie apparaît comme « la cristallisation mystique de l'acte fondateur de la guerre de l'indépendance ». Par là, le prêtre du vodou entend le rôle catalyseur qu'a joué le vodou, en tant que « vaste réservoir de la culture et de l'identité des nègres de la colonie de l'Ile Saint-Domingue » dans la révolte des esclaves et la résistance collective.
Loin d'être une approche exhaustive de la cérémonie du Bois-Caïman, la communication de l'Ati Max Beauvoir a été un survol de ce fait historique, ainsi que des rôles qu'y avaient joué les leaders charismatiques comme Boukman, sous la houlette duquel s'est déroulé « ce congrès magico-religieux ». « Ferment de solidarité » et d'union, la cérémonie du Bois-Caïman doit être pris, selon Max Beauvoir, comme un exemple en vue de la sauvegarde des principes de nationalisme, de patriotisme et du changement dans le pays.
La conférence-débats, « Bois-Caïman, essence du ferment pour la solidarité nationale » a débuté par « Le serment du Bois-Caïman », communément appelé la prière Boukman. Ce texte a été lu par le comédien Edouard Baptiste dit Youyou (de la troupe Nous et de l'Atelier Le Vide), sur fond de roulements de tambour exécutés par le percussionniste Keglesou. La réalisation de cette conférence est un projet du ministère de la Culture et de la Culture, conçu par Pierre Jacques Adler et Louise Carmel Bijoux, membres du cabinet de la ministre Marie Laurence Jocelyn Lassegue.
Chenald Augustin
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82394&PubDate=2010-08-12

Décrié, Gaillot Dorsinvil s'assume

Gaillot Dorsinvil évoque la « théorie de l'impossible » pour justifier le communiqué de l'institution électorale qu'il préside, autorisant les anciens gestionnaires de deniers publics à s'inscrire sans certificat de décharge dans la course présidentielle. Haïti: « Nous ne pouvons pas faire du tort à un candidat qui, n'ayant pas obtenu un certificat de décharge, veut [cependant] devenir président (...). La commission bicamérale n'existe plus, en conséquence nous ne pouvons pas pénaliser le citoyen ». Par ces propos, le président du Conseil électoral provisoire (CEP), Gaillot Dorsinvil, n'exprime jusqu'ici aucun regret d'avoir décidé de publier un communiqué autorisant tous les gestionnaires de deniers publics désireux d'accéder à la magistrature suprême à faire convenablement le dépôt de leur candidature à la direction des opérations électorales sur la base d'un rapport favorable de la Cour supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA).
Selon M. Dorsinvil, le CEP, par cette décision, a voulu réparer une certaine défaillance au sein de l'État. A l'entendre, le dossier d'un ancien gestionnaire de deniers publics qui devient président sans avoir obtenu auparavant un certificat de décharge pourrait être reconsidéré à l'avenir.
Cette question a été agitée ce jeudi au siège social de l'institution électorale, à l'occasion du tirage au sort permettant aux partis politiques récemment agréés d'obtenir un numéro de campagne. « Le CEP dispose-t-il de provisions légales pour adopter une telle décision qui fait fi de l'article 233 de la Constitution ? », demande un journaliste à M. Dorsinvil. « Il y a deux façons d'obtenir un certificat de décharge : par le moyen de la Cour supérieure des Comptes et par le moyen de la commission bicamérale. Celle-ci n'est plus ». Dans sa tentative de réponse, le président, qui asseoit son idée sur une base théorique, invite les travailleurs de la presse à se référer à la « théorie de l'impossible ». Celle-ci a été évoquée, a-t-il rappelé, par un professeur de droit constitutionnel dans un article publié dans un journal sur la problématique de décharge.
« Le communiqué # 16 du CEP pose problème, à mon avis, parce que tel que présenté, il court-circuite le processus de décharge qui, selon la Constitution, passe par le Parlement. La résolution a été prise en mon absence due à des raisons indépendantes de ma volonté. Je ne l'ai donc pas signé et, en plus, je ne puis le cautionner, faute d'arguments », avait expliqué la conseillère Ginette Chérubin dans une interview au journal Le Nouvelliste. A en croire M. Dorsinvil, Mme Chérubin semble avoir rectifié le tir. « Mme Ginette Chérubin s'est ravisée et est toujours conseillère [contrairement aux rumeurs faisant croire qu'elle allait remettre sa démission] », dit le président.
En tout cas, les nouvelles déclarations de M. Dorsinvil qui, décrié dans les milieux politiques à l'instar de ses collègues au sein de l'organisme électoral, ont vite soulevé la colère de la plupart des représentants de 13 partis, groupements et regroupements politiques venus assister au tirage au sort en présence du juge de paix suppléant de Pétion-ville, Godelie Joseph Hilaire. C'est le cas de Gérard Evans Beaubrun, secrétaire général-adjoint du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), qui considère les déclarations de Gaillot Dorsinvil comme une insulte à la population. « Le président a décidé de violer la Constitution et la Loi électorale dans le but de remplir un vide existant théoriquement au sein de l'Exécutif. C'est un désordre, une bêtise, une insulte », s'est indigné M. Beaubrun, rappelant que les conseillers électoraux sont passibles de la Haute Cour de Justice.
Alors qu'il reconnaît que les prochaines élections ne seront pas crédibles, M. Beaubrun a cependant indiqué que son parti politique participera coûte que coûte à ces joutes. « Nous ne laisserons aucune occasion pour que des individus volent nos votes », prévient-il. Il dit être obligé de prendre part à ces compétitions électorales parce qu' « il faut mettre des garde-fous ».
Entre-temps, les séances d'audition des contestations des candidatures ont débuté ce jeudi au Bureau du contentieux électoral départemental. Trois affaires concernant les candidats Wyclef J. Jean (Viv Ansanm), Lavarice Gaudin (Veye Yo) et Jean Bertin (PSH) ont été entendues. La liste des prétendants présidents agréés doit être publiée le 17 août prochain, selon le calendrier électoral. Toujours est-il que le Conseil électoral provisoire a renouvelé son engagement d'organiser des élections crédibles, inclusives et démocratiques.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82397&PubDate=2010-08-12
Liste des 13 nouveaux partis politiques auxquels un numéro de campagne vient d'être attribué dans le cadre des élections du 28 novembre 2010 :
1. Alliance chrétienne et citoyenne pour la reconstruction d'Haïti (ACCRHA), #60
2. Ayisyen pou Ayiti, #67
3. Force 2010, #58
4. Forces militantes révolutionnaires (FMR), #66
5. MOPANOU, #65
6. Organisation politique Wozo, #61
7. Parti national pour le développement (PND), #57
8. Parti reconstruire Haïti (RH), #56
9. Parti renaissance haïtienne (PAREH), #59
10. Pati pèp la, #62
11. Platfòm 16 desanm, # 64
12. Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), #68
13. Renmen Ayiti, #63
Victor Jean Junior
victorjeanjunior@lenouvelliste.com
Commentaires:
On retient que pour les prochaines élections haïtiennes, il y a plus de 68 partis politiques inscrits. Si on tient compte des récalcitrants et ceux qui vont appeler au boycott des joutes, nous comptons plus de 80 partis politiques.
Nous avons 34 candidatures déposées sur une liste pour aggréément du Conseil Electoral Provisoire.
Nous sommes assez curieux de savoir ce que disent les lois électorales sur le financement des partis et des campagnes électorales.

Granderson : respect de la Constitution et ouverture politique

Vieux baroudeur de la diplomatie, fin connaisseur des hommes politiques en Haïti, Colin Graderson revient en prônant le respect de la Constitution et l'ouverture, le dialogue politique. Cette fois, il est à la tête d'une mission d'observation électorale conjointe OEA/CARICOM qui est censée aider à crédibiliser un processus électoral et un CEP honnis par certains et surveillés du coin de l'oeil par d'autres. Haïti: « C'est une question que nous sommes en train d'étudier. Je ne suis pas à même de vous donner une réponse pour le moment. Je dirai tout simplement qu'il est important de respecter les dispositions constitutionnelles et les droits civils et politiques des individus », a répondu l'ambassadeur Colin Granderson, chef de la Mission d'observation électorale conjointe OEA/Caricom, invité à s'exprimer sur la controverse provoquée par le communiqué # 16 du CEP permettant aux candidats de s'inscrire dans la course présidentielle avec un rapport favorable de la CSC/CA (Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif), contrairement aux prescrits de l'article 233 de la Constitution.
Jouant la carte de l'ouverture, contrairement à l'indifférence affichée par le représentant de l'OEA en Haïti, M. Ricardo Seitenfus, qui avait révélé le 29 juillet 2010 que « les critiques de l'opposition politique ne regardent pas la communauté internationale », Colin Granderson a déclaré que sa mission rencontrera tous les acteurs afin d'écouter et d'analyser leurs positions. « Je pense qu'il est très important de prendre contact avec tous les acteurs politiques incluant ceux qui pensent que le processus électoral ne sert à rien », a-t-il dit, précisant qu'il ne revient pas à sa mission de se prononcer en faveur du maintien ou non du CEP de Gaillot Dorsinvil.
C'est une mission indépendante. Elle pointera du doigt ce qui ne marche pas, a par ailleurs garanti le diplomate, rappelant qu'il est indispensable que les nouveaux élus aient de la légitimité. Une légitimité, a-t-il argumenté, qui sera obtenue si les élections sont crédibles.
Colin Granderson, un diplomate qui a roulé sa bosse en Haïti pendant plusieurs années, mise sur un partenariat renforcé avec les ONG locales spécialisées dans l'observation des élections qui mobiliseront plus de 7 000 observateurs le jour du scrutin.
Les partis politiques ont un rôle important à jouer à travers leurs mandataires qui doivent être vigilants, dit-il, soulignant les efforts de l'ONI pour fabriquer et distribuer le plus de cartes d'identification nationale possibles à travers le pays, dans le but de permettre à un maximum d'électeurs d'aller voter.
La mission d'observation électorale, selon M. Granderson, déploiera ses observateurs de façon progressive dans les 10 départements du pays à partir du mois de septembre, pour y observer le déroulement des différentes étapes du calendrier électoral jusqu'à la publication des résultats officiels.
Tandis que le processus électoral semble avancer, malgré les critiques de l'opposition, des sources combinées laissent entendre qu'un replâtrage au sein du Conseil électoral provisoire serait imminent. « Il ne s'agira pas uniquement de remplacer le conseiller Jean Enel Désir mais d'un remaniement relativement important afin de redorer le blason de l'institution électorale », a révélé une source qui a requis l'anonymat.
Roberson Alphonse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82393&PubDate=2010-08-12

EDITO (Le Nouvelliste)...Bonne nouvelle pour le crédit, la construction et le logement

Haïti: Dans une note circulaire datée du 30 juillet et rendue publique cette semaine, la Banque de la République d'Haïti a annoncé de nouvelles dispositions pour favoriser le crédit dans le secteur du logement sur les prêts en gourdes. Nous publions ci-après cette note dans son intégralité tant elle nous paraît importante. Cette note, signée du Gouverneur Charles Castel, est la première étape concrète de ce qui pourrait être un plan d'incitation à la reconstruction, une incitation à l'investissement, un moteur formidable pour créer des emplois.
La note suscite cependant des interrogations majeures : pourquoi une telle mesure se prend dans un tel silence ?
Trop sérieux pour intéresser la grande foule ? Sans doute. Ils ne sont que quelques milliers à bénéficier de prêts du secteur bancaire formel pour construire ou acheter une maison.
Les banques vont-elles agressivement se mettre à rechercher des clients ou tout faire pour éviter qu'un trop grand nombre de demandeurs ne bénéficie des avantages de la mesure ? Pourquoi crouler sous les dossiers que risque d'entraîner la baisse des taux comme l'induit la décision de la BRH ?
Le pays n'est-il pas prêt pour une ruée vers le crédit ? Pas sûr. Mais à qui revient-il de le décider. Personne ne sait...
En fait, les liquidités dans le système bancaire abondent, les réserves de la Banque centrale n'ont jamais été aussi importantes - bientôt un milliard de dollars - et le pays plus demandeur de fonds frais que jamais.
Pour les banques commerciales on peut, sans crainte d'être démenti, parler de secteur le plus indolent qui soit. Assises sur une rente de situation, les banques commerciales ne se foulent pas la rate pour trouver des clients, relancer le marché et faire bouger l'économie.
« C'est au nom de la prudence », « L'argent qui est dans nos coffres appartient à nos déposants », « Ce n'est pas notre rôle de faire ou de promouvoir le développement en Haïti ». Ces trois formules sont comme un mantra. La prière quotidienne de tout banquier haïtien contient ces versets sacrés.
Oui, il faut être prudent. Mais à quoi cela sert d'être une banque en Haïti si c'est pour garder simplement l'argent des clients et le placer à l'étranger à des taux dérisoires quand on a un pays en ruines, demandeur d'investissements dans tous les secteurs.
Si nous avons réussi avec les gouvernements Lavalas d'Aristide et de Préval à nous doter d'un système bancaire commercial solide et qui a su résister à toutes les crises nationales et internationales, nous devons nous en féliciter et dire bravo aux pionniers qui ont su passer à travers les épreuves. Mais il convient aussi de leur dire, ici comme ailleurs, que le temps est venu de passer à un autre type de banque, à une autre philosophie bancaire. Ils doivent refonder le secteur pour continuer à prospérer et en le faisant avec des clients qui alimentent la croissance, pas la misère ambiante.
Sur ce chemin, il faut que la Banque centrale soit plus active. S'impose comme principal indicateur de la voie que nous voulons que notre économie emprunte. Il faut un régulateur qui soit aussi un guide. Il faut que le ministère de l'Economie et des Finances sorte de son rôle de simple guichetier encaisseur-payeur de l'Etat haïtien.
Dans tous les pays du monde, la décision rendue publique par la BRH aurait été l'objet d'une mise en scène et d'un plan de communication extraordinaire. Ici, rien. C'est dommage, mais pas trop tard.
Il n'est pas trop tard non plus pour que les autres mesures d'accompagnement soient mises en place pour que les leviers que sont la construction, le bâtiment, le logement, l'immobilier jouent leur rôle à plein. Il y a des lois sur les hypothèques à dépoussiérer, la loi sur la copropriété à simplifier, celles sur les lotissements, sur l'impôt locatif à revoir, etc., etc. il faudrait enlever toutes les barrières qui découragent l'investissement dans l'immobilier pour les locaux, mais aussi pour les résidents de la diaspora.
Nous sommes sur la bonne voie ; ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Pour une fois, une série d'initiatives, sans démagogie - en l'absence des Chambres - peuvent être prises pour dynamiser un pôle créateur d'emplois et de richesse pour tous.
Allons-y, Monsieur le président, messieurs les ministres, chers banquiers !
Le peuple des sans abri attend, les investisseurs attendent !
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82415&PubDate=2010-08-12

2e rencontre de la CIRH: beaucoup de projets devraient être approuvés

Haïti: Le 17 août 2010 ramène une date importante pour le processus de reconstruction d'Haïti avec la tenue de la 2e réunion extraordinaire de la Commission intérimaire de reconstruction nationale (CIRH) coprésidée par l'ex-président américain Bill Clinton et le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive.

En dépit de la lenteur affichée par cette structure multinationale engagée dans le relèvement d'Haïti sévèrement terrassée par le séisme du 12 janvier, le pays attend beaucoup de cette rencontre qui devrait cristalliser le lancement des travaux de la reconstruction lancés officiellement le 12 juillet dernier.
Au menu de cette 2e réunion, la CIRH s'activera à approuver un ensemble de 40 à 50 projets. Fort de cela, le gouvernement haïtien et les agences impliquées dans la reconstruction ont été invitées à se mettre au travail pour préparer et finaliser un ensemble de projets importants avant la date du 17 août, avons-nous de l'Agence haïtienne de presse.
En effet, rappelle l'AHP, seulement quatre projets avaient été éprouvés à la première rencontre de la CIRH tenue le 14 mai 2010. Des projets pour lesquels le financement était déjà en cours.
Cette façon de présenter les projets en groupe a été suggérée par le coprésident de la CIRH Bill Clinton. Selon lui, les projets ne doivent plus être présentés au compte-gouttes mais par lots devant la CIRH. Et ceci malgré la réticence des bailleurs de fonds internationaux qui tardent à tenir leurs engagements vis-à-vis d'Haïti.
Car jusqu'ici, moins de 10% des 10 milliards de dollars d'engagements pris le 31 mars dernier par la communauté internationale à l'égard d'Haïti ont été décaissés, en dépit des pressions de l'ancien président Bill Clinton et l'insistance du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon.
Les avis sont partagés en ce qui a trait au retard enregistré dans le lancement du processus de reconstruction. Certains observateurs pensent que c'est l'absence de projets qui fait traîner les décaissements de fonds destinés au lancement des travaux, alors que d'autres croient que c'est le blocage des fonds qui freine l'élaboration des projets.
Face à cette situation, Jean-Robert Argant du Conseil d'administration de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti a tiré la sonnette d'alarme en invitant les autorités haïtiennes à se mettre au travail. « On ne peut pas attendre indéfiniment la manne de l'internationale, alors que plus d'un million de personnes vivent dans la crasse et le désespoir », a martelé l'homme d'affaires lors d'une intervention à l'AHP.
C.L.G

Eko Ayiti : un réchaud biologique

Selon des études, il reste moins de 2% de couverture forestière en Haïti, ce qui rend le pays vulnérable aux moindres gouttes de pluie. La coupe des arbres pour fabriquer le charbon de bois est une des principales causes de cette désastreuse situation, selon les responsables de la Fondation Eko Ayiti qui proposent comme alternative un réchaud de biomasse.
Haïti: « Le réchaud proposé par la fondation Eko Ayiti est une réponse claire à la coupe démesurée des arbres pour le charbon de bois. Ce réchaud est efficace et efficient, car il est plus performant que les réchauds utilisant le charbon de bois », a déclaré René Durocher, président de la fondation Eko Ayiti, lors d'une visite à son atelier de travail à Thomassin. En guise de charbon de bois, le réchaud Eko Ayiti utilise des feuilles mortes, de la paille de riz et de maïs, de la bagasse de canne, des brindilles, des pelures de fruits séchées, des feuilles de journaux et du carton... M. Durocher peut vanter la polyvalence de son produit, car tout déchet biologique sec est utilisable. Il est, selon le responsable, encore plus performant avec des bûchettes et des pellets.
Eko Ayiti a voulu officialiser son produit. Elle a invité le bureau des Mines et de l'Energie à effectuer un test d'évaluation sur ses réchauds. « Cette institution n'a jamais manifesté aucune volonté pour ce test », a regretté René Durocher. Mais, l'Université Colorado semble intéressée aux réchauds de cette fondation. « Il y a moins d'un mois, un échantillon a été envoyé à cette Université qui va nous faire le test », a-t-il dit.
N'ayant que quelques mois sur le marché, le réchaud Eko Ayiti attire déjà l'attention de plusieurs ONG nationales et internationales qui opèrent en Haïti. La fondation a été invitée, le 2 juillet dernier, par l'International lifeline fund (ILF) à effectuer un test de contrôle pour en évaluer la performance. Parmi les cinq modèles soumis, celui de l'Eko Ayiti a obtenu la palme. Cependant René Durocher regrette que malgré cette performance de son réchaud qui est le seul à ne pas utiliser le charbon de bois, il n'a pas été retenu. « L'un d'entre eux (les autres concurrents) a bénéficié d'un contrat de 30 000 réchauds en faveur des gens des camps de fortune », a fait savoir M. Durocher.
Cependant, le président de Eko Ayiti a indiqué que d'autres institutions ont vu dans ses réchauds une manière de combattre le déboisement acharné du pays. Ainsi, PRODEV et Audubon Haïti ont commandé une centaine de réchauds dont la majorité a été distribuée aux sinistrés du 12 janvier au camp de Corail et à l'association Terre des Jeunes. Une cinquantaine d'autres ont été commandés par « Parteners of the America's ».
« Les réchauds Eko Ayiti sont faits en tôle et sont destinés aux personnes de conditions modestes», confie M. Durocher. L'atelier de l'association est divisé en groupes de cinq artisans qui peuvent produire près de 150 réchauds par semaine. « Ce n'est que le financement qui nous manque pour populariser notre produit », a fait savoir René Durocher, ajoutant que ses réchauds vont révolutionner le rapport des gens avec leur environnement.
Carlin Michel
michelcarlin@yahoo.fr
cmichel@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82372&PubDate=2010-08-12

« L'inquiétante étrangeté » des tableaux de Benjamin

Haïti: Mario Benjamin a abordé souvent dans sa peinture « le thème des têtes ». Depuis quelques années, son cheminement artistique l'a conduit à mettre en avant, à travers ses oeuvres, une réalité imaginaire terrifiante en rupture avec le réel empirique. En effet, avec ses têtes présentées sans titre et exposées en 2006, Chez Gérard et en 2008, à la Galerie Monnin l'artiste nous présente un univers délirant et angoissant où Eros et Thanatos, les deux puissances immortelles, se côtoient. Son univers n'est pas sans rappeler celui de Bacon dans son expression de l'angoisse.
Benjamin nous invite à expérimenter une esthétique nouvelle. Aux antipodes de l'esthétique du beau, son travail se rapproche de l'esthétique de la terreur. Il y apparait un niveau de violence expressive jusqu' ici inexistante dans la peinture haïtienne. Avec ses portraits, l'artiste représente en effet des hommes aux traits déformés et grimaçants et dont les yeux exorbités et les convulsions virulentes laissent penser qu'ils vivent une tragédie atroce. Ils sont sans identité spécifique et ont l'air d'avoir été écorchés vifs, tel Marsyas. Leurs visages semblent se métamorphoser et se décomposer sous l'effet d'un mal interne qui les ronge. Ce sont des personnages qui vivent une lente descente aux enfers.
Toutefois, les têtes de Benjamin ne sont pas des portraits dans le sens conventionnel du terme. Comme Bacon, Benjamin s'en prend à ce qui particularise et singularise l'être humain : le visage. Aucun désir d'individuation des visages peints ne se manifeste. Au contraire, les oeuvres donnent à voir une volonté de destruction implacable de l'identité des figures peintes par une tempête de traits et de rayures noirs associés aux jeux de lumière et d'ombre. Que le peintre détruise une partie de l'anatomie, le visage, est probablement une façon de parler de la « désintégration » des personnes sous l'effet de la misère, de la violence et de la solitude. L'artiste semble vouloir nous rappeler ou nous dire que dans le monde moderne et spécialement en Haïti, les êtres humains sont totalement défigurés. Par cet acte de destruction il nous parle aussi d'un nouvel état de la peinture. En effet, la disparition du visage, partie du corps que les personnes depuis la préhistoire se sont occupées de représenter à travers les arts plastiques (la Dame de Brassempouy), situe la peinture figurative et le portrait au-delà de la représentation, loin de la mimesis. Les couleurs criardes noir et vert, noir et rose fluorescent, le contraste violent d'ombre et de lumière ajoutent une force radicale aux images et accentuent leur effet saisissant.
Ces oeuvres intenses et tragiques, qui transforment nos affects et qui créent en nous un sentiment « d'inquiétante étrangeté », selon le mot de Freud, ont été présentées au public haïtien en 2006 et en 2008, années où la mort se vendait à vil prix à Port- au- Prince. Rien d'étonnant que dans ce climat de terreur il émerge une esthétique où domine le caractère tragique de l'existence et que la brutalité du monde se manifeste dans le fait artistique. C'est grâce à l'art que les choses acquièrent une identité définie et une réalité pensait Riegl.
Le thème de la mort mis en rapport avec la vie est courant en peinture. Dans l'art occidental, dès l'Antiquité, on rencontre diverses représentations de la mort dont la symbolique la plus courante est le squelette et le crâne. L'art macabre n'a presque pas cours en Haïti. N'étaient les sculpteurs de la grand rue, que Benjamin admire, ce serait le grand vide. A quoi tient donc le fait que l'art macabre n'ait pas trouvé de place dans notre imaginaire malgré le rapport intime que nous entretenons depuis toujours avec la mort ? D'abord à la vision du beau qui a cours chez nous. Nos artistes se sont, jusqu' à une date récente, délectés des beautés de convention- d' où le refus de ce qui ne procure pas un plaisir reposant- puis à la peur de la subversion.
Indubitablement, le souci de rester dans les rangs a empêché la mise en valeur des formes d'expression réalistes dans notre pays. L'ambiance onirique de la peinture haïtienne, dont parle souvent Michel- Philippe Leurebours, trouve là peut-être une possible explication.
Mario Benjamin nous donne une version innovante de l'art pictural. N'était la violence de la pulsion de vie qui se manifeste à travers ses têtes, on pourrait conclure qu'il s'agit d'art macabre, même si il n'emprunte pas à la symbolique courante : tête de mort et squelette. Ses tableaux ne sont pas des momento mori. Ils ne sont pas édifiants. Ils sont la figuration du temps présent, de ce que nous sommes devenus. Par un jeu dialectique l'artiste saisit dans les vivants la grimace de la mort et nous force à prendre conscience du drame de l'existence humaine. Aucun artiste haïtien, à ma connaissance, n'est allé aussi loin que Mario Benjamin dans la représentation du sens tragique de l'être. Son interprétation est si véridique et si pénétrante que l'on peut se demander si l'artiste, à travers ses têtes, ne nous invite pas également à rencontrer ses propres démons. S'il ne s'agit pas en fait d'autoportraits. Quoiqu' il en soit, comme Goya avec ses peintures noires, Benjamin a produit avec ses têtes une série percutante, angoissante, violente et bouleversante. Il place la peinture loin des images bien- pensantes propices à l'animation culturelle et il récuse l'instrumentalisation de l'art au profit du mensonge social. Il ne fait pas de doute que la femme du ministre, le personnage de Dany Laferrière dans L'énigme du retour, qui avait si peur des tableaux de Saint-Brice, n'accepterait d'accrocher nulle part dans sa maison ceux de Mario Benjamin.
L'artiste met en lumière avec ses tableaux l'antinomie vie et mort qu'il tente de résoudre picturalement en nous confrontant à un style visuel qui relève du baroque. Et devant sa peinture nul ne peut rester indifférent. Parce que sans conteste il a une grande maîtrise du medium, mais aussi parce que le discours qu'il nous tient effraie notre entendement. « L'inquiétante étrangeté » que nous ressentons devant ses oeuvres provient du fait que sa peinture met en lumière la violence qui nous ronge, comme ces figures, secret qui devait rester dans l'ombre. Elle tient aussi au fait que l'inconscient actuel fait peu de place pour la représentation de notre propre mortalité, comme le souligne Freud. Paradoxalement, rien donc de plus réaliste que la peinture de Benjamin, il ne s'agit pas toutefois d'un réalisme lié à la perception physique de l'homme, mais plutôt à celle de sa vérité psychologique et de ses vibrations les plus archaïques.
Formellement les têtes relèvent du baroque. Le style est pictural. Le cadre ne détermine pas l'image. Les figures sont souvent décentrées. La clarté est exclue. Le fond noir sur lequel l'artiste applique les couleurs, zéro solitaire et insignifiant, selon le mot de Baudelaire, empêche tout dispositif narratif. Le choix de peindre sur fond noir, en faisant ressortir les couleurs rose et vert qui tranchent par rapport à la dominante obscure du tableau, débouche aussi sur une indifférence de décor. Les têtes acquièrent une expression intense qu'accentue la sauvagerie effrénée de la touche. L'effacement de la main de l'artiste que revendiquent le Pop art et l'Op art n'a pas cours chez Benjamin. Le geste du peintre s'affirme avec autorité en vue de rendre compte de la tension et du drame de ses figures. L'affirmation du geste accentue l'impact des « têtes » et en accroit la résonance.
Avec ses têtes présentées de façon répétitive, comme un leitmotiv, c'est une vision d'ensemble, non linéaire, que Benjamin réclame. Voilà pourquoi lors de son exposition à la Galerie Monnin il avait choisi de présenter ses tableaux sous la forme d'une installation, une espèce de mosaïque, au lieu de les montrer un par un au spectateur ou à la spectatrice. L'expographie choisie nous révèle que ce ne sont pas des tableaux que peint l'artiste mais un univers. Le rouge qu'il a fait mettre au mur pour l'exposition de ses toiles à la Galerie Monnin, forme une opposition chromatique avec le vert des tableaux, (mariage de couleurs qui procurait une douleur si délicieuse aux yeux de Baudelaire), et rehausse la violence des propos de l'artiste.
Pour comprendre les têtes de Benjamin, il semble qu'il faille les mettre en relation avec leur contexte de production, avec les formes fondamentales de la culture haïtienne. Il est nécessaire aussi de les relier à l'inconscient collectif, dont parlait Jung, qui est cet ensemble de représentations collectives communes à toutes les races, toutes les cultures et toutes les époques, d'où leur caractère universel.
Les têtes de Benjamin nous regardent. Figures de l'homme souffrant et révolté, elles semblent nous rappeler à chaque pas cet impératif indépassable objet du combat d'Artaud : il ne faut pas vivre mort.
Pascale Romain
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82115&PubDate=2010-08-12