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lundi 14 juin 2021

MOURIR DE LA GUERRE DES AUTRES

Hier, jour férié national, n’ayant pas à me rendre au bureau, je me suis dit qu’il était peut-être temps d’aller voir un ami de longue date, le genre avec qui tu as des sortes de liens indélébiles, malgré le temps et les passages à vide.
Alors que j’étais en route, mon téléphone sonna pour me dire que si j’avançais encore de quelques mètres, je serais bloquée. J’ai donc décidé de faire demi tour et envoyé un message à mon ami pour lui dire que je n’allais plus pouvoir venir, une fois de plus. Il ne répondit pas.
Ce matin, un coup de fil des plus intrigants me fit sursauter d’un sommeil bizarrement agité depuis la veille au soir. N’ayant rien compris, ou plutôt, croyant n’avoir rien compris de ce qui était pour moi, sur le coup, le fait de ces inconnus qui s’amusent à se tromper de destinataire, je tentai difficilement de me rendormir pour chiper quelques minutes de plus à une journée de travail qui s’annonçait plutôt intense. En sortant de chez moi, sur l’insistance d’une énigmatique intuition, je rappelai le supposé inconnu, et celui-ci de me répéter mot pour mot - je pense- ce qu’il essayait de me dire plus tôt. C’était un membre de la famille de mon ami qui voulait m’annoncer le départ de celui-ci pour un monde où je ne pourrai plus lui faire faux bond, pour un au-delà qui une fois de plus avait souhaité m’apprendre une n-ième leçon de vie, de mort.
En fait, il est mort car il n’avait pas pu atteindre l’hôpital le plus proche pour se soigner. Les routes étaient “coupées” m’a-t-on dit, par des humains qui se détestaient et donc, évidemment, se livraient bataille. Il est mort d’une guerre qui n’était pas la sienne, mais n’était-elle vraiment pas la sienne?
Impuissance quand tu nous tiens...

Autrice: Sterline De Browns Civil
04/06/2021


Martissant zone de guerre, zone fantôme

Martissant ses habitants, ses milliers de piétons et d'automobilistes en transit avec leur passagers, n'existe plus. Martissant, un des quartiers de Port-au-Prince avec un nombre incalculable de petits commerces formels et informels, des étalagistes des deux côtés de la route principale. Un grand marché à ciel ouvert sur la route nationale numéro 2, Martissant où les activités débutent très tôt dans la matinée et se terminent très tard la nuit tombée, ce Martissant n'existe plus depuis le début des affrontements entre les gangs armés, le mardi 1er juin. Les rues sont désertes. Les portes des écoles et des commerces restent fermées. Les klaxons des véhicules et des taxis-motos dans les interminables embouteillages cèdent la place aux crépitements d'armes automatiques. Le sous-commissariat de la zone a été criblé de balles par les gangs armés. Un blindé monte la garde devant le bâtiment, mais les policiers semblent avoir abandonnés leur poste.
Les quelques rares véhicules privés et de transport en commun qui fréquentent la route n'ont pas la garantie qu'ils vont arriver à destination sains et saufs. Leurs conducteurs traversent cette partie de la route nationale numéro 2 à toute vitesse. De la cinquième avenue Bolosse à Fontamara 27, la vue est effroyable.
Les nombreuses déclarations du directeur général de la Police nationale disant que les forces de l'ordre ont repris le contrôle de la zone ne suffisent pas pour faire revenir les milliers de déplacés qui ont fui la fureur des groupes armés. Ils sont toujours pour la plupart au centre sportif de Carrefour ou logés chez parents et amis.
Léon Charles a fait savoir que l’axe routier Portail Léogâne à Fontamara est sécurisé par la police, alors que selon les constats depuis la semaine dernière, les affrontements entre les groupes armés ne se sont jamais interrompus et Martissant demeure une zone fantôme.
Selon le chef de la police, cette situation à Martissant est la conséquence d’un conflit terrien à Laboule 12. Léon Charles, qui s’est gardé de donner plus de détails, a fait savoir que des unités spécialisées de la police appuyées par des blindés font le va-et-vient sur le tronçon où il y a des affrontements sur la route nationale numéro 2.
Nous avons constaté ce vendredi un véhicule blindé de la police qui patrouillait la zone de Martissant à Fontamara. Mais malgré cela, des tirs sporadiques ne cessent de retentir
Selon un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), 260 000 personnes sont affectées par la guerre des gangs à Martissant. Un millier d'entre eux sont actuellement pris en charge au centre sportif de Carrefour parmi les déplacés, qui ne demandent qu'à rentrer chez eux.
Source: https://lenouvelliste.com/article/229731/martissant-zone-de-guerre-zone-fantome