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vendredi 30 mars 2007

La militante Sonia Pierre menacée d’être déchue de la nationalité dominicaine

Un département de la Junte Centrale Electorale demande l’annulation "pour cause de fausseté" de l’acte de naissance de la lauréate du Prix Robert Kennedy 2006
vendredi 30 mars 2007,
Radio Kiskeya
Le département d’inspection de la Junte Centrale Electorale dominicaine (JCE) a sollicité jeudi de la chambre administrative de l’institution l’annulation par voie judiciaire de l’acte de naissance de la militante dominico-haïtienne des droits humains, Sonia Pierre, rapporte vendredi la presse dominicaine.
Arguant que l’intéressée souffre d’un "vice d’illégalité", l’inspection de la JCE laisse entendre que des investigations menées dans les offices d’Etat civil de Villa Altagracia et de San Perdo Macorìs auraient révélé que Sonia Pierre (de son vrai nom Solain Pie, selon les autorités) serait en possession d’un faux acte de naissance. En effet, les informations contenues dans le folio 85, acte numéroté 585 du livre 2 de l’année 1963, seraient infondées parce que "le déclarant et la mère prétendaient détenir une nationalité dominicaine qu’ils n’avaient pas".
Le directeur de l’inspection à la Junte Centrale, Juan Bautista Tavàrez et le directeur de la sécurité, Vìctor Lantigua ont soumis leur demande en annulation au juge Roberto Rosario Màrquez, président de la chambre administrative et à ses collègues. Les investigateurs estiment disposer de preuves sur "l’obtention par Sonia Pierre de la nationalité dominicaine dans des conditions douteuses". Ils précisent avoir constaté que "la nationalité de la mère de Pierre, Marìa Pierre, est haïtienne et qu’au moment où la déclaration de naissance a été effectuée elle avait un statut de résidente illégale dans le pays".
Le département d’inspection de la Junte Centrale conclut son rapport par une maxime du droit universel selon laquelle "aucun fait illégal ne peut engendrer un acte légal".
L’enquête avait été commanditée en février par la chambre administrative sur demande de Luis Ventura, délégué du parti nationaliste Force Nationale Progressiste.
Enfin, les deux responsables de la JCE ont signalé que contrairement à ce qui est généralement avancé, la personne qui a déclaré Solain (Sonia) Pierre ne s’apelait pas Ramòn Juan mais Ramòn Jean. Cela sous-entend qu’il était de nationalité haïtienne.
Si la Junte Centrale Electorale, instance chargée de la gestion de l’Etat civil dominicain, devait déchoir la militante de sa nationalité, elle serait exposée à de graves menaces y compris de déportation
Née en République Dominicaine de parents haïtiens, Sonia Pierre est la fondatrice et principale responsable du Mouvement des femmes dominico-haïtiennes (MUDHA). Elle est devenue une personnalité de premier plan en territoire voisin où elle a déjà consacré la moitié de sa vie à défendre les droits de la communauté dominico-haïtienne.
Depuis qu’elle reçu en novembre dernier au Congrès américain (Parlement) le très prestigieux Prix Robert F. Kennedy des droits humains 2006, Mme Pierre fait l’objet d’une intense campagne de persécutions dans laquelle sont directement impliquées les autorités dominicaines. Sa photo, exposée dans la rue parmi celles d’une centaine de femmes honorées en république voisine, a été violemment arrachée tout de suite après la publication, la semaine dernière, du rapport d’Amnesty International sur le racisme et l’arbitraire dont sont victimes les haïtiens et dominicains d’ascendance haïtienne de l’autre côté de la frontière. spp/RK