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mercredi 11 mai 2016

Haïti retourne dans le giron de l’Afrique

Haïti retourne dans le giron de l’Afrique
Par Abdourahman Waberi (chroniqueur Le Monde Afrique)
LE MONDE Le 11.05.2016 à 12h07
Pas besoin d’être grand voyageur ou chamane pour savoir que Haïti, la première République noire, née au monde en 1804, est sortie du ventre bouillant de l’Afrique. Ça tombe sous le coup du bon sens, mieux, ça se voit à l’œil nu. On peut avancer que la patrie du nouvel académicien Dany Laferrière est sans doute le seul cas de figure où le terme de diaspora s’applique proprement à cause de sa population d’ascendance très largement africaine.
Hier, les relations culturelles entre l’Afrique et l’ancienne « perle des Antilles » étaient synonymes d’attraction et de répulsion, de mémoire ravivée et d’oubli savamment entretenu. Qui d’autre que le grand poète Aimé Césaire pour nous faire sentir leurs cœurs jumeauxbattre de conserve : « Haïti, c’est un pays qui, avec l’Afrique, tient dans mon esprit, dans mon âme, dans mon cœur une place particulière. »
Racines historiques et spirituelles
A l’orée des années 1960, le Martiniquais va tresser les racines historiques et spirituelles communes de part et d’autre de l’océan Atlantique, puis lire l’histoire neuve de l’Afrique à l’aune de celle de l’ancienne Saint-Domingue : « Il était normal, par conséquent, que j’écrive une pièce sur Haïti… D’abord, il y a l’impulsion intérieure, à savoir le besoin que j’ai de parler de Haïti ; et, en même temps, ça coïncidait avec l’accès à l’indépendance des pays africains… Alors j’ai eu l’idée de situer en Haïti le problème de l’homme noir assailli par l’indépendance. Parce que c’est le premier pays noir à avoir été confronté avec ces questions. Ce que le Congo, la Guinée, le Mali ont connu vers 1956-1960, Haïti l’a connu dès 1801. Et le roi Christophe, c’est l’homme noir aux prises avec la nécessité qu’il y a debâtir un pays, de bâtir un Etat. »
Dès les années 1940, la diplomatie haïtienne multiplie les actions auprès des Nations unies pour protester contre l’invasion de l’Ethiopie par Mussolini et pour hâter le mouvement de la décolonisation. Les indépendances acquises, une partie de l’intelligentsia se rend en Afrique pour contribuer à l’édification des jeunes nations, notamment au Sénégal, en Guinée ou encore au Congo-Kinshasa. Ils sont nombreux les enseignants, médecins et ingénieurs haïtiens à se retrousser les manches du côté de Dakar, Conakry ou Léopoldville. Si le cinéaste Raoul Peck, natif de Port-au-Prince, a consacré trois de ses films importants au continent (deux sur le héros tragique Lumumba et le dernier au génocide des Tutsis du Rwanda), c’est qu’il connaît intimement cette partie de l’Afrique qui a bercé toute son enfance.
En janvier 2014, en marge du 22e sommet de l’Union africaine, le gouvernement du président Martelly affiche clairement la volonté de son pays de rejoindre cette dernière. Deux ans plus tôt, Haïti a été admis comme pays observateur avant de devenir, quelques mois plus tard, membre associé de l’organisation. Si la demande est portée par Gary Conille, le premier ministre de l’époque, son successeur Laurent Lamothe a touché au cœur l’institution panafricaine en déclarant que « Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe » et en soulignant que ses compatriotes restent « des Africains dans leurs âmes, dans leurs cœurs et dans leurs mœurs ». Il aurait pu ajouter le rôle de lien que la langue française a toujours joué dans leur culture et que les petits-enfants de Toussaint Louverture partagent avec beaucoup d’Africains.
L’Afrique dans la Caraïbe Le retour de Port-au-Prince dans le giron africain est un symbole très significatif. D’autres nations diasporiques comme la Jamaïque, Trinidad, la Grenade ou Cuba, pourraient suivre l’exemple haïtien. Les Etats-Unis d’Afrique seraient ainsi en marche sur le contient et dans ses avant-postes transatlantiques, tout près de la zone d’influence de l’Oncle Sam. Le vieux rêve panafricain verrait le jour. Et l’empereur Hailé Sélassié aurait de fervents adeptes d’Addis-Abeba à Kingston la rebelle.
Dans moins de deux mois, Haïti sera officiellement accueilli comme Etat membre de l’UA en marge du sommet régional qui se tiendra au Malawi. Si l’adhésion se concrétise, elle représentera un avantage diplomatique non négligeable pour Port-au-Prince. Enfin, elle mettra du baume dans les cœurs meurtris des deux côtés de l’Atlantique. Les dieux des panthéons africains et caribéens reprendront, cette fois officiellement, leur souverain dialogue mystique qui n’avait pas pu être interrompu par la distance et par le passage des siècles. A leurs yeux, l’Afrique et Haïti où, selon la formule de Césaire, « la négritude s’est mis debout pour la première fois », ont toujours été une seule et même terre.
Abdourahman A. Waberi est né en 1965 dans l’actuelle République de Djibouti, il vit entre Paris et les Etats-Unis, où il a enseigné les littératures francophones aux Claremont Colleges (Californie). Il est aujourd’hui professeur à George-Washington University. Auteur, entre autres, de Aux Etats-Unis d’Afrique (JC Lattès, 2006), il a publié en 2015 La Divine Chanson (Zulma).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/11/haiti-retourne-dans-le-giron-de-l-afrique_4917376_3212.html#ZSCPmbVKPgV3h97R.99

The US wants to give peanuts to malnourished Haitian kids. Why is that a problem?


PRI's The World
May 10, 2016 · 3:30 PM EDT
By Amy Bracken (follow)
A child eats peanut butter on a cracker inside a shelter in Port-au-Prince, the Haitian capital. Credit: Shannon Stapleton/Reuters What's wrong with giving peanuts to children in need?
Here’s what it’s about.
In March, the USDA blogged in a chipper post that it had “crafted a deal” to acquire surplus peanuts from American farmers and donate them to Haiti. It provoked hate mail.
Haitian peanut farmers and manufactures were mad. So were Haitian agronomists, citizens concerned about the country’s future, and dozens of Haitian and foreign NGOs.
Oxfam, Partners in Health, the Institute for Justice and Democracy in Haiti and others sent out letters of protest. Partners in Health accused the US of "flooding local markets with outside crops." Some referred to history, especially what happened to Haiti’s rice crop in the 1980s and 1990s.
Before then, the vast majority of rice eaten in Haiti was grown there. Then, under US pressure, tariffs were reduced, opening the doors to imports. That move almost destroyed the Haitian staple crop. (Bill Clinton later apologized for the role he played in that decision, as president).
Still, the peanut donation is only 500 metric tons of peanuts to schoolchildren, a far cry from hundreds of thousands of metric tons of rice that flooded in decades ago.
But some critics say a market flood can start with a modest set of donations. It’s hard to prove this is the case, but many agronomists, Haitian peanut farmers and NGOs don't want to take the risk.
Alexis Taylor, the USDA’s deputy undersecretary for farm and foreign agricultural services, disagrees. For her, the malnourished children take priority. When I ask her about the critics, she says, “I would encourage them to go to Haiti and speak to the families that I spoke to, and see the children that are getting the food. … It is about supporting a very vulnerable population, and that’s the crux of it. It is not about getting rid of really a small portion of peanuts that the US government was holding. It’s about an emergency need.”
Critics like Partners in Health are well aware of the malnourishment problem in Haiti. It’s one reason the organization built a nutritional peanut butter factory there, in part to supply their hospitals. They are among several organizations and funders — including some from the US government — working with all levels of the Haitian peanut supply chain to improve yield and quality control to get more Haitian peanuts to market and to those in need.
Right now, critics of the donation might be losing this battle. Their recent petition on the White House website was closed, having failed to receive enough signatures in the allotted time.
Taylor says the donation is being made, and the shipment will take place before school starts in the fall.
But for optimists among the critics, the strong response to the USDA announcement displayed growing force behind efforts to defend national production in the face of the ongoing threat of cheap — or free — imports.
http://www.pri.org/stories/2016-05-10/us-wants-give-peanuts-malnourished-haitian-kids-why-problem