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vendredi 27 juillet 2007

Mon Roumain à moi


Par Josaphat-Robert Large

Celui qui jette un regard en survol sur le Collectif « Mon Roumain à moi » découvre un livre fabriqué avec minutie, peaufiné et agrémenté d'une illustration du grand artiste haïtien Philippe Dodard : un jet de couleurs étalant, sur la couverture, ce qui ressemble à un individu bravant les flammes d'un incendie. Ce mélange de formes et de nuances contraste bien avec le blanc du carton.

Dans son cadre thématique, l'ouvrage est plus que bien représenté. Une approche polyphonique où chaque écrivain/musicien joue assez bien sa partition. Une pluralité de thèmes dérivant de la plume des noms parmi les plus connus de l'intelligentsia haïtienne contemporaine. Des témoignages, des poèmes, des études. Et la polyphonie se déclenche. Le lecteur se régale en rassasiant pour de bon son appétit de beaux textes. Il faut aussi tenir son chapeau bien haut pour complimenter le ministère de la Culture et de la Communication, les Presses nationales d'Haïti et la directrice du livre, Emmelie Prophète, dont la délicieuse « Solitude » nous sert jusqu'à présent de livre de chevet.

Du côté des études, James Noël nous plonge dans une réalité (la nôtre) sous une occupation orchestrée par des forces étrangères. L'auteur fait un constat : l'oeuvre de Roumain ne fait pas partie, chez nous, du programme de l'enseignement secondaire. Le modèle Roumain est-il connu des jeunes ? Gary Klang questionne un autre aspect. Il soulève un point qui a déjà fait couler beaucoup d'encre : la fabrication linguistique de Gouverneurs de la rosée. La grille des connaissances acquises à La Sorbonne à son actif, Klang réalise une dissection du texte et nous présente certaines phrases de Roumain que ne sauraient comprendre des francophones non antillais. Claude Pierre, dans son étude où les mots sont bien pesés, fait ressortir l'importance de la poésie roumainienne. Le langage philosophique de Jean Josué Pierre nous porte à le lire avec avidité, à apprécier son texte et à vouloir en recommander la lecture à d'autres liseurs.

Les témoignages sont plus nombreux et je dois avouer le penchant de ma préférence pour celui de Lyonel Trouillot. Avec ce travail, l'auteur effectue une remise en situation. Il se souvient de ses réactions lors de la première lecture de Gouverneurs de la rosée et évoque, par association d'idées, l'importance de Roumain pour les camarades de sa génération. Trouillot va plus loin. À la fin de son texte, il replace Roumain dans l'espace des années 1930. À côté d'une star qui lui a peut-être servi de modèle, s'agissant de sa garde-robe. On s'imagine Jacques, dans un film de l'époque, cigarette au bout des lèvres, appuyé contre le piano que fait vibrer un grand pianiste américain, complotant, planifiant, avec Humphrey Bogart, la prise de Casablanca. Magnifique !

Côté poèmes : de bons textes. Où, au fil de la lecture, on tombe sur des vers qui accrochent l'intérêt : « la table d'écriture grenier de lune/ ne s'enchante d'aucun arbre ». Signé : Bonel Auguste.

En gros, ce faisceau de phrases projette de nouvelles idées qui exposent les différentes perceptions qu'ont, sur Jacques Roumain et son oeuvre, des professeurs et des écrivains haïtiens contemporains, en cette année 2007 où l'on célèbre le centenaire de la naissance de cet illustre écrivain. Et c'est très bien. Trente et un auteurs se côtoient dans ce miroir ayant pour titre « Mon Roumain à moi ». Ils se jettent des regards en coin, échangent des idées, se disputent, polémiquent même entre eux. Saint-Eloi me vient à l'esprit, qui déclenche une rafale (et atteint tout le monde). Des retombées pourraient provoquer un grand débat... Et ça, ce serait un pas de géant vers la provocation de chocs d'idées à même de faire jaillir des lumières indispensables sur les communautés haïtiennes à travers le monde. Trente et un auteurs haïtiens cohabitent dans un même miroir...textuel. Quelle prouesse !

Après tout, quand l'Haïtien effectue un vrai retour sur la terre de sa réalité, la première phrase qui le hante en est une qu'il feint toujours d'oublier : L'union fait la force !

(1) COLLECTIF, Mon Roumain à moi, Editions Presses nationales d'Haïti, Port-au-Prince, 2007, 309 p.

Josaphat-Robert Large
Juillet 2007
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46523

La CNDDR s’en prend au secteur privé accusé de détenir illégalement des armes de guerre

Des hommes d’affaires s’écartent de la loi et ne contribuent pas au processus de désarmement, prévient Alix Fils-Aimé qui estime que le niveau de sécurité atteint est comparable à celui de New York et de Paris

jeudi 26 juillet 2007,

Radio Kiskeya

Le président de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR), Alix Fils-Aimé, a fustigé jeudi "l’irresponsabilité du secteur privé haïtien des affaires et son refus de restituer à l’Etat les armes de guerre qu’il détient illégalement".

"Lors d’une premiëre rencontre qui avait été initiée par l’ancien président de la Chambre de commerce d’Haïti, Réginald Boulos, il était question que les hommes d’affaires remettent graduellement les armes", a indiqué très agacé M. Fils-Aimé qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec les responsables de la Mission de stabilisation de l’ONU (MINUSTAH).

"Ils se mettent bizarrement dans une situation d’exception par rapport à la loi", a regretté le président de la CNDDR. Il estime que ceux qui adoptent une telle attitude n’aident pas à une relance des investissements étrangers et vont à l’encontre des efforts déployés par la Police Nationale et la mission onusienne en vue d’un retour à la stabilité en Haïti.

Alix Fils-Aimé a également écarté les craintes exprimées par le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Jean-Robert Argant, concernant une possible reconstitution des bandes criminelles. Il affirme haut et fort qu’aucun groupe armé illégal ne peut plus reprendre le contrôle d’une partie quelconque du territoire national.

Totalement emballé par le climat de sécurité actuel, le dirigeant de la Commission de désarment a poussé très loin la comparaison en plaçant le climat de sécurité du pays au même niveau que celui des mégapoles américaines et françaises. "Sans vouloir créer un incident diplomatique, je crois qu’aujourd’hui qu’il y a plus de sécurité ici qu’à la Jamaïque. De même, la situation sécuritaire d’Haïti est pareille à celle de New York ou de Paris", s’est enorgueilli Alix Fils-Aimé.

Il a, par ailleurs, remis à la PNH trois armes de guerre en provenance du bidonville de Cité Soleil (banlieue nord de Port-au-Prince). Un fusil avec téléscope de calibre 30 et un T-65 restitué par le maire de la commune et un fusil automatique M-4 qui était en possession d’un individu. Les trois armes appartenaient au Palais National (siège de la Présidence) avant de disparaître mystérieusement en 2004.

Le président de la CNDDR s’est félicité de ces gestes encourageants qui, dit-il, seront suivis d’autres du même genre à Cité Solei et dans les communes où un processus de légalisation des armes des administrations municipales est en cours. Dans son intervention, M. Fils-Aimé n’a toutefois pas présenté un bilan actualisé des armes récupérées par rapport aux arsenaux que détenaient les gangs disloqués. spp/RK
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Source
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article3912