Il était encore tôt. La nuit commençait à peine à jeter son manteau sur le soleil qui tournait le dos à la ville.
L’astre du jour, laissait derrière lui un aspect doré qui se perdait au loin là ou le ciel semblait s’unir à la mer.
Ce spectacle avait inspiré temps de rimes et de vers chez les jeunes qui aimaient sculpter des mots pour en faire un œuvre unique dédiée à l’être aimé, divine future moitié.
Le scorpio venait à peine de terminer sa présentation de l’après midi.
Les devantures du Simbi Continental luisaient assez animées.
Sabine, à l’angle du boulevard Jean Jacques Dessalines et la Fontamara 27 regardait pensive et calculatrice.
Le vrombissement des voitures des fils à papas venant des auteurs de Petion-Ville, Peguy-Ville ou Laboule l’attirait. Souvent elle pouvait pêcher des bonnes affaires en offrant l’interdit à ces jeunes puceaux souvent généreux et surtout très rapides.
Dans ce métier on ne sait jamais. Comme la borlette. Après maintes illusions on ne garde que le revers du gros lot. Tout ce qui est pris n’est que pris ; et les projets restent souvent à la phase de projets.
Elle partit donc vers la droite. Vers le Simbi Continental désireuse qu’un jeune éjaculateur précoce mordit sans tarder à l’hameçon.
Au fur et à mesure qu’elle s’approcha de l’entrée de l’hôtel elle comprit que l’animation vue de loin n’a été que majorée par l’avarice que réclame son occupation. Elle comprit que l’atmosphère était assez lourde. Elle remarqua de loin des voitures de la Police Nationale. Elle fit sagement demi-tour et se dit navrée d’avoir méconnu la voix de sa conscience et surtout de n’avoir pas suivi les conseils de Rosemond.
Mais de Fontamara 27 à Fontamara 44 il n’y avait que quelques centaines de mètres. A cette heure de la nuit, les trains de la HASCO ne circulaient plus. Elle pouvait tranquillement longer les rails.
Elle connaissait cette route comme son lit de toutes les nuits. Elle était capable de circuler les yeux fermés entre lés égouts béants à ciel ouvert et les immondices rangés en tas et en monticules, les flaques d’eau puantes et nauséabondes.
Le vrai danger était représenté par l’arrivée souvent non maîtrisée de quelques bœufs détachés des commandes des « mawoulés » anéantis et zombifiés par la fatigue d’un voyage interminable jusqu’aux abattoirs de Port-au-Prince.
Elle dominait aussi bien la route qu’elle était connue par tous les marchands et les vendeurs de tout et de rien qui s’affairaient à ranger leurs marchandises et leurs tréteaux avant de rentrer à la maison.
A quelques mètres de l’entrée principale de l’hôtel, elle se prépara à faire face à une hostilité d’un autre genre. Cette hostilité silencieuse, non violente qui utilise comme arme, le perçant d’un regard. Le regard de quelqu’un ordinaire, comme quiconque. Comme elle-même. Ce regard qui semble accepter l’inacceptable dans un élan de pitié qui déshabille et désarçonne.
Sur les bancs sculptés du patio espagnol traversé par le pavé de l’entrée de l’hôtel, les propriétaires permettaient aux jeunes étudiants de s’asseoir et utiliser la lumière des lampadaires pour apprendre leurs sujets d’histoire, de physiologie humaine ou de chimie. Elle était assez appréciée par les étudiants sous les lampadaires. Ils s’arrangeaient souvent pour accepter qu’elle ne ressemblait pas du tout aux autres filles du métier. En guise de cette vulgarité caricaturale, elle faisait montre d’un charme fou.
Son arrivée souvent était vécue et appréhendée comme ce bol d’air frais qui produit tant de bien. Souvent elle a eu à se faire passer pour une étudiante soit pour échapper à des contrôles de la police. Souvent pour se reposer quand arpenter les trottoirs avec les talons aiguilles devenait carrément épuisant.
Elle avait eut cette idée d’un de ses copains veilleurs de nuit de l’hôtel. Pour cela entre les milles et un article remplissant le gros sac à main se trouvait un grand cahier. Selon les besoins de la situation elle le sortait et récitait des phrases qu’elle avait finies par mémoriser à force de les entendre de la bouche des étudiants.
Si le personnage inquisiteur potentiellement dangereux s’approchait de plus en plus une litanie du genre : « l’ assimilation chlorophyllienne, processus également appelé photosynthèse, est le mécanisme par lequel la plante verte, sous l'action de l'énergie solaire, élabore des matières organiques (hydrates de carbone) en absorbant le gaz carbonique (CO2) atmosphérique et en rejetant de l'oxygène (O2) » servait à persuader que cette belle jeune fille préparait effectivement son bac. Il faut avouer qu’elle y avait pris goût.
Elle pouvait réciter sans trop comprendre la phrase servant d’introduction au « Revirement de Toussaint » ou quelques mots des propriétés chimiques du benzène. Elle y avait mis le temps qu’il faut mais aujourd’hui elle pouvait se la jouer de savante avec son « Les historiens s’accordent à reconnaître que Toussaint Louverture servi d’une mémoire remarquable était un être génial… » (A SUIVRE)
Auteur sanoJ treviloJ
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
dimanche 14 juin 2009
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1 commentaire:
NO SÉ SI PODREMOS ESPERAR UNA SEMANA PARA LEER LA CONTINUACIÓN DE LA HISTORIA. ¿NO PODRÍA AVANZARNOS UN POCO MÁS...A MEDIADOS DE SEMANA POR EJEMPLO? DE LO CONTRARIO SE NOS HARÁ DIFÍCIL ASIMILAR LA INTRIGA. GRACIAS.
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