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jeudi 12 décembre 2013

Haïti-Cinéma/Séisme : E-diffusion d’un film sur la vie d’un immigrant haïtien

P-au-P, 11 déc. 2013 [AlterPresse] --- A partir de ce jeudi 12 décembre 2013, « J-12 », un film inspiré du tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, est en diffusion gratuitement sur la plateforme vidéo web, vimeo.com [lien : http://www.vimeo.com/amisentertainment]. Diffusé à exactement un mois du 4e anniversaire du séisme de 2010, le film, d’une durée de 20 minutes, raconte l’existence de Vladimir, qui, après avoir été forcé d’abandonner l’école, est encouragé à se rendre à New York jusqu’à ce qu’il puisse se réinscrire par sa mère vivant en Haïti.
Dans la matinée du 12 janvier 2010, il est réveillé par un appel téléphonique de la part de sa mère. Et, dans l’après-midi, la nouvelle du séisme en Haïti est sur tous les écrans, rapporte le synopsis du film.
Principalement en Anglais, avec des sous-titres en Français, le film a été choisi dans plusieurs festivals de films à travers le monde.
La vidéo fait partie de l’émission télévisée "African American Short Films" pour une diffusion étasunienne sur des chaînes, comme NBC et KLMN.
Produit et réalisé́ par Perri Pierre, le film met en vedette l’acteur d’origine haïtienne, Perri Pierre, et Catherine Pena.
Viméo est un site web communautaire, sur lequel peuvent être partagées et visionnées des vidéos faites par les utilisatrices et utilisateurs.
Ce site web a été lancé, en novembre 2004, par des cinéastes, vidéastes et concepteurs de vidéos avides de partager leur travail.
Très connu dans le secteur e-vidéo et nominé plusieurs fois, Viméo compte des milliers d’utilisatrices et d’utilisateurs, ainsi que de vidéos postées chaque jour.
Le séisme dévastateur, qui a frappé Haïti, le 12 janvier 2010, se trouve au cœur de plusieurs réalisations musicales, littéraires et cinématographiques. [mm kft rc apr 11/12/2013 12:30]

PORT-LOUIS.- Deux voiliers chargés de dons font route vers Haïti

Dans quelques jours, un voilier chargé de dons appareillera à l'Île à Vache, au sud d'Haïti, pour venir en aide aux enfants de l'orphelinat de soeur Flora. Une initiative d'une dizaine de Port-Louisiens qui ont créé l'antenne guadeloupéenne de l'association Voiles sans frontières Caraïbe.
Un groupe de Port-Louisiens a quitté la Guadeloupe aujourd'hui en voilier, pour appareiller à l'Île à Vache, au Sud d'Haïti. Il s'agit de la première mission humanitaire de l'antenne guadeloupéenne de l'association Voiles sans frontières Caraïbe (VSFC), présidée par Émilie Jonquart. En octobre, Brigitte Lincertin, vice-présidente de l'association, et Fabien Thomas avaient lancé une collecte de jouets pour offrir un Noël à l'orphelinat Saint-François, de l'Île à Vache. Un succès. Ainsi, The Bigor, le voilier de 34 pieds gréé en jonque de Fabien Thomas, est parti chargé de dons.
Un autre voilier qui l'accompagne est également rempli. « Les résultats sont là, il n'y a pas photo. La population guadeloupéenne dans son ensemble s'est montrée, une fois de plus, vraiment généreuse.
Grandes enseignes, professionnels de santé, écoles et particuliers nous ont permis de collecter un grand nombre de jouets, de fournitures scolaires, de médicaments, etc. » , a affirmé Brigitte Lincertin. Face à la montagne de cartons, sacs, cabas et autres contenants soigneusement triés et étiquetés, elle a le sourire. Les deux équipages devraient arriver à bon port après 4 à 5 jours de navigation.
UN TROISIÈME BATEAU PART DE SAINT-MARTIN
Si la première partie de la mission est un succès, reste à pérenniser ses actions. Les membres de VSFC ne perdent pas de vue l'objectif premier de l'association, qui est de rassembler un maximum de propriétaires de bateaux et de s'appuyer sur ce réseau pour mener des actions régulières. « Cette première fois va nous permettre de mieux cibler les besoins réels de l'orphelinat, explique Amélie Schmitter. La collecte de dons a si bien marché que nous avons même un stock d'avance pour un bateau qui voudrait partir. Et dans l'idéal, c'est cela qu'il faudrait : avoir toujours un convoi d'avance. Là, un troisième bateau part de Saint-Martin. Nous n'en sommes qu'à l'amorce du projet, mais c'est le début de quelque chose qui devrait grandir. » Gageons que la fête sera belle à l'arrivée des bateaux pour faire oublier l'espace d'un moment un quotidien difficile à ces enfants orphelins.
Suivez la traversée en temps réel sur Google earth en envoyant un mail à Blog de Voiles Sans Frontieres Caraibes - Antenne Guadeloupe
Orphelinat de soeur Flora :
L'ile aux enfants d'Haiti REPÈRES
But de l'antenne Leur but ? Participer à la mise en oeuvre d'actions dans des régions isolées, accessibles uniquement par voie maritime ou fluviale, en s'appuyant sur un réseau de propriétaires de voiliers. Orphelinat de soeur Flora
Fondé par soeur Flora en 1981, l'établissement accueille aujourd'hui 71 enfants, dont environ un tiers lourdement handicapé. Parmi les pensionnaires dépendants, il y en a même qui, devenus adultes, ne peuvent pas partir et restent à la charge de l'orphelinat. Située à 200 km au Sud-Est de Port au Prince, l'Île à Vache est loin des routes fréquentées et manque de tout.
http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/societe/deux-voiliers-charges-de-dons-font-route-vers-haiti-246541.php

lundi 9 décembre 2013

JetBlue Airways lance trois vols par jour vers Haïti

Publié le 9 décembre 2013 à 12h00 par François Duclos
 La compagnie aérienne low cost JetBlue Airways a inauguré la semaine dernière deux nouvelles liaisons vers Port-au-Prince, sa 24e destination internationale, en provenance de New York et Fort Lauderdale.
Depuis le 5 décembre 2013, la spécialiste américaine du vol pas cher propose un vol quotidien entre sa base à l’aéroport de New York – JFK et la capitale haïtienne, opéré en Airbus A320 pouvant accueillir 42 passagers en classe Economie Plus et 108 en Economie.
Les vols décollent à 6h30 pour arriver à 10h25, et repartent d’Haïti à 11h20 pou ratterrir à 15h25.
JetBlue Airways est en concurrence avec American Airlines et Delta Air Lines sur cette route.
Autre ligne inaugurée le même jour, le Fort Lauderdale – Port-au-Prince est proposé deux fois par jour en Embraer 190 (16 sièges en classe Economie Plus, 84 en Economie), face cette fois à American Airlines et Spirit Airlines.
Les départs de Floride sont programmés à 6h45 et 9h45 (arrivées 8h45 et 11h55), et les retours de l’aéroport Toussaint Louverture à 13h30 et 16h25 (arrivées 15h30 et 18h35).
JetBlue Airways rappelle que les voyageurs haïtiens bénéficieront d’un grand choix de correspondances à JFK (vers Buffalo, Boston ou Chicago entre autres) comme à l’aéroport de Fort Lauderdale (par exemple vers Houston, Los Angeles ou San Francisco).
Et elle souligne que les destinations aux Caraïbes et en Amérique latine représentent désormais près d’un tiers de son réseau, dont Port-au-Prince est la 82eme destination.
La capitale haïtienne est entre autres desservie par Air France, Air Caraïbes, Copa Airlines, Air Canada, Air Transat ou Sunwing Airlines.
La low cost opère vers 82 destinations une flotte de 193 avions (130 A320, trois A321 et 60 E190), et elle en a commandé 143 supplémentaire dont trente A320neo et autant d’A321neo.
http://www.air-journal.fr/2013-12-09-jetblue-airways-lance-trois-vols-par-jour-vers-haiti-592207.html

lundi 18 novembre 2013

HOMMAGE AUX HEROS DE VERTIERES


Mon Haïti et moi
Si tu veux m’appeler
Appelle-moi juste Haïti
Si tu veux redire mon nom
Juste prononce Haïti

Si tu veux m’intéresser
Parle-moi d’Haïti
Si tu veux m’écouter
Prête l’oreille quand je crie Haïti

Si tu veux me montrer
Au-delà du septième ciel
Et l’extase et les délices
Du sexe parfaitement exécuté
Sexe-moi à l’haïtienne
Sur une natte tendue
Entre deux bananiers et trois palmiers
Intègre dans ton menu
Tiboeuf, pointes et gouillades créoles
Des gémissements obscènes,
Peu importe
Mais surtout vernaculaires
Entrecoupés de vrais Alcius créoles

Si tu veux comprendre la fierté écarlate
Qui comme l’éclair zèbre mes moues
Et comme des gouttes de braises
Perle mon front altier
Comme de Jean Baptiste
La sainte auréole
Qui épie mes  faits et gestes
Relis ces écrits non inscrits
Dans les pages des grands classiques
Relis Haïti

Si tu veux m’enivrer
Pour tirer le meilleur de moi
Jusqu’à l’abus plus ou moins consenti
Sers-moi  du tafia et du quatre campés
Saoule moi avec du seller-brider
Du Barbancourt plein d’étoiles et de glaçons

Haïti ma guerre
Haïti mon étendard
Haïti ma bannière

Si tu veux me régaler
Aujourd’hui, demain et toujours
Si de mon palais les papilles
Tu rêves l’ébullition et le délire
Prépare-moi du maïs moulu
Du kalalou à l’afliba braisé
Du riz au djondjon
Accompagné de griot ou de tassot
Bananes pesées, AK100 au sirop
Et des doumbweys…
Haïti ma guerre
Haïti mon étendard
Haïti ma bannière
Si tu veux me parlez d’homme
Mentionne-moi Toussaint Louverture
Jean-Jacques Dessalines
Capois La mort
Joseph Anthénor Firmin
Jean Price Mars et Fraketienne
Chante-moi Haiti
Haïti ma guerre
Haïti mon étendard
Haïti ma bannière
Comme elle, appelle-moi chéri
Haïti-maculée, Haïti-charge
Haïti souillée, Haïti-Fardeau
Haïti épuisée, Haïti défalquée

Haïti devoir, Haïti essence
Haïti sève, Haïti rempart
Haïti désabusée

Mais Haïti mon être
Haïti mon sang
Haïti entre hier et demain
Haïti entre aurore et aube

Haïti fière et altière
Haïti aux commandes
Haïti aux  atouts reluisants
Haïti ma guerre
Haïti mon étendard
Haïti ma bannière


vendredi 15 novembre 2013

LA REGENERATION DES SOLS ERODES D'HAITI EST POSSIBLE

DE VRAIS SIGNES D'ESPOIR!
Une des plus belles de mes découvertes de ces derniers temps: l'érosion des terres d’Haïti peut être réversible.
Oui. Je viens de l'apprendre!
Et cela m'a en quelque sorte revigoré. Ce n'est pas une découverte, me direz-vous. Je viens juste de combler une énorme lacune.
Cependant je ferai appel à votre condescendance pour me permettre encore de célébrer cette information.
L'érosion, la désertification sont des mots qui dans le cas d'Haïti, ont l'habitude de résonner dans ma tête comme une sentence, une condamnation, une malédiction, un mauvais sort.
Mes sensations se confortaient sur la base des conséquences désastreuses du déboisement sur l'environnement alors que la société haïtienne a toujours refusé et refuse encore aujourd'hui de prendre conscience de l'ampleur de la situation et de rentrer dans une logique de propositions concertées, de propositions visant à arrêter ce processus néfaste.
Aujourd'hui, constater que la désertification peut être réversible reste une étonnante bonne nouvelle. Qui mieux est, le processus est en cours en Haïti. J'aurais dû commencer par vous décrire les circonstances de ce constat.
Samedi dernier, 8 novembre 2013, nous avions été invités, par notre ami Michel Berthelot de l'association Colibris83, pour participer à une activité dans le cadre de la septième édition du film ALIMENTERRE, proposée par le CFSI en préparation à la semaine de la Solidarité Internationale.
Plusieurs partenaires se sont concertés pour la projection de films mettant en scène des problématiques faisant intervenir l'alimentation, la terre et le mouvement écologique...
Pour cette édition, plusieurs films-documentaires sont proposés et sont diffusés constituant l’essentiel de la filmographie prévue pour l’évènement :
- Le pain des tropiques
- Les déportés dû libre-échange,
- LoveMEATender,
- Cultures en transition,
- Taste the waste,
Par miles films disponibles traitant des sujets en accord avec ces problématiques, se trouve un documentaire filmé et réalisé en Haïti. Le titre " Le pain des tropiques" se réfère à la Cassave, cette galette cuite à partir de la farine de manioc.
La fabrication de la Cassave est mise en évidence au centre d'une réflexion concrète sur l'agriculture écologique qui dans certaines régions d'Haïti a rendu possible de vrais miracles.
Le film a bien entendu dépeint un pan de la réalité du pays avec cette paysannerie abandonnée, négligée et ignorée.
Un intervenant au eu le courage de dire que la nation haïtienne a été construite contre la paysannerie.
Les paysans haïtiens laissés pour contre à travers l’histoire sont devenus ce groupe qui pour survivre, s'est acharné, malgré lui, contre la terre comme un serpent qui mord et ronge sa propre queue.
Tandis que l'aide internationale, est montrée avec l'ampleur de son côté néfaste en se positionnant carrément contre la production nationale. Comme un exemple palpable, des sacs de riz estampillés USA apparaissent en nombre important sur les étalages des commerces et des marchés.
Pendant ce temps, les paysans observent et se comportent eux aussi comme agents nocifs, de la dégradation continue de l'environnement.
Il a fallu l'arrivée de ces groupements de réflexions, conscients de l'état déplorable et incompatible à la vie de l'environnement paysan, pour que se produisît ce mouvement qui semble fort heureusement embraser l'arrière pays.
Le film soulève beaucoup d'autres questions.
Mais ce que l'on devra retenir c'est qu'avec la philosophie et la démarche de l'agriculture écologique aujourd'hui il s'est poussé une conscience collective basée sur l'harmonie indispensable qui doit exister entre le paysan et la terre qui est une entité qui mérite des soins et une attention équivalente à celle prodiguée aux humains.
Ainsi, au fil des années, des terres complètement érodées finissent par reverdir et se réhabiliter pour nourrir les paysans et leur permettre de subvenir à leurs besoins.
Le mariage de raison entre l'homme et la terre est vu et vécu comme une réalité palpable et salutaire.
Cette entente idyllique est porteuse d'espoir pour les pays ou l'érosion constitue une vraie cause de misère et de pauvreté.
Les terres les plus fatiguées peuvent avoir une seconde vie, si on en prend conscience dans toutes les strates de la société.
Il y a là un vrai travail à faire et surtout à encourager et à poursuivre.
Le film montre aussi des images du charbon de bois.
Quelqu'un après la projection m'a demandé si le commerce du charbon de bois rentrait dans une gestion réfléchie de cette ressource.
Bien entendu j'ai répondu par la négative car même aujourd’hui aucun politicien haïtien n'ose dire aux gens d'arrêter de couper les arbres.
Dans plusieurs régions du pays, dans les endroits les plus oubliés, la coupe des arbres pour la fabrication du charbon de bois est le seul moyen de lutter contre la faim. Pour certains il établit la différence entre la vie et la faim. Pourtant il faudra encore plusieurs dizaines d'années de politique de reboisement
bien menée pour arriver à une reconstitution telle de la couverture végétale qui puisse autoriser coupe d'arbres dans une gestion réfléchie et rationnelle. Aujourd'hui pour tout haïtien, voir un sac de charbon circuler d'un point à l'autre devrait provoquer une réaction de rejet. On ne bouffe pas le fruit de ses entrailles quand la faim nous tenaille les tripes!
Je sais que c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Mais le message doit être fort et consistant. A la hauteur du danger qui pend sur Haïti et sa survie. D'autres éléments du film seront analysés ultérieurement
Dans cette remise, il fallait noter cette lueur de vrai espoir devenue clarté salutaire pour ce pays moribond devant son état de délabrement environnemental. Un spécialiste aurait expliqué très clairement la procédure et les méthodes mises en œuvre pour la régénération des sols.
Le peu que j'ai pu en retenir c'est l'importance de planter "quelque chose". Certaines espèces végétales sont moins exigeantes en terre fertiles et en apport d'eau. Le bambou est beaucoup mentionné.
Il est évident que dans une démarche visant à régénérer les sols moyennant le reboisement, une interdiction formelle de couper les arbres est tacitement inculquée dans la réflexion, élaboration et exécution du projet.
Pendant la projection du film, m'est revenue à la mémoire, une conversation que j'ai eue avec ma mère à propos d'une parcelle de terre que son père, mon grand père, lui avait léguée.
On était dans un camion du transport public pour aller dans le patelin de sa mère dans l'arrière pays de Léogane. A l'époque la route de l'amitié franco haïtienne, unissant Port-au-Prince à Jacmel n’existait pas.
Donc, pour aller chez ma grand mère, il fallait se rendre en voiture jusqu'à Carrefour Dufort, et à partir de là, continuer la route à pied pendant plus de quatre heures, « traverser 101 passes d’eau ».
A un moment du voyage, elle me montra une parcelle de terre qui avait des allures de lit de rivières desséchées depuis des siècles. Une localité appelée "Ka Dini". Je lui ai dit maman cette propriété ne peut se prêter qu'a la construction d'un cimetière.
Pour moi déjà, un environnement dans un état aussi délabré ne pouvait plus être source de vie.
Après avoir vu ce film, je crois que je vais me renseigner pour promouvoir la régénération des sols. Et qui sait, au lieu de cimetière, je pourrais y faire pousser des arbres fruitiers.
Et, tout compte fait, mieux que les propagandes incompréhensibles avec des résultats non visibles, la diffusion à l'échelle nationale du film documentaire "LE PAIN DES TROPIQUES" devrait servir de support pour lancer une campagne nationale de sensibilisation à la régénération des sols à partir de cette vision de l'agriculture écologique.

mercredi 6 novembre 2013

Pour un rhum importé, Bicha avilit le vaudou et Barbancourt

Pour un rhum importé, Bicha avilit le vaudou et Barbancourt
Le Nouvelliste | Publié le : 04 novembre 2013
Tonton Bicha s’attire la foudre des critiques à cause d’une pub pour le rhum Bakara. Jacky Baboun, l’un des responsables de l’entreprise, dément, explique et partage ses plans.


Comédien, publiciste, Tonton Bicha crève l’écran et « inonde » les ondes. Son secret se résume en un parfait brassage de liberté linguistique, d’humour et d’intelligence. Il est la poule aux œufs d’or, l’icône des pubs qui fait exploser les ventes. A son actif, il compte des classiques.
Mais pas que ça ces temps-ci. Sa dernière pub pour le rhum Bakara l’expose à la foudre de certaines critiques.
On digère mal le label « rhum culturel » accolé à Bakara, la banalisation de la préséance à des boissons étrangères et le dialogue d’un adepte vaudou avec un houngan qui descend en flamme « Pa ban m kou » (Barbancourt), la plus ancienne entreprise haïtienne avec plus de 150 ans au compteur.
 « Cette publicité est avilissante pour le culte vaudou et pour Barbancourt, un produit national », s’indigne Max Beauvoir, ati national. « Le vaudou a été traité de manière triviale. On ne le ferait pas à une autre religion », soutient le chef suprême du culte vaudou en Haïti. « Il faut cesser aussi tôt que possible la diffusion de cette publicité », recommande Max Beauvoir.
 « C’est une honte que l’on ait associé des pratiques culturelles à un produit de consommation », selon l’écrivain Lyonel Trouillot. Dans ce cas-ci, avance Trouillot, « la publicité a dépassé ses droits ». « Rhum culturel ? ». « C’est de la bêtise. Je ne commente pas ça », tance Lyonel Trouillot.
 « Bicha a du talent. C’est dommage qu’il l’ait mis au service d’une telle grossièreté », indique Lyonel Trouillot. Pour l’agronome Joël Ducasse, l’appellation Bakara « rhum culturel » dans « cette publicité abjecte » est une « mystification qu’il faut interdire ».
« C’est un rhum importé de la République dominicaine. Il est fait spécialement pour Haïti », explique Joël Ducasse, outré par ce qu’il appelle le « projet de pauvreté mis en place par des éléments de l’élite économique au détriment des masses rurales».
« Bakara fait de la compétition au clairin et participe à appauvrir tout le bas Plateau central, St-Michel de l’Attalaye et Léogâne », tempête Ducasse, ajoutant que le marché du clairin a représenté il n'y a pas longtemps un peu plus de 30 millions de dollars américains par an.
 « Je trouve sa publicité très malsaine de nos jours », pense Jean Maxime Léonard, déplorant l’absence de la « fibre citoyenne et patriotique » chez beaucoup de gens dans le pays.
 « Comment un artiste peut-il participer à déconstruire un produit national aussi prestigieux que le rhum Barbancourt qui a fait notre fierté de peuple au cours des ans au profit d'un produit étranger?, se demande Jean Maxime Leonard, détenteur d'un diplôme en sociologie.
« Je doute fort (dans ma grande tolérance naïve) que le concepteur de cette publicité soit Haïtien ! Sinon, comment expliquer qu’à un moment où la République dominicaine prend une décision raciste contre notre peuple, un publicitaire du terroir, pour faire de l’esprit, - un produit national au profit d’un autre de bas carat provenant de chez le voisin? », s’interroge Myria Charles ou Sister M*.
« C’est tout simplement honteux et navrant », croit l’animatrice de la très prisée chronique De vous à moi dans Ticket Magazine et à Magik 9. Rhum culturel ? « Je trouve tout simplement très osé – frisant même le ridicule – de citer dans une publicité une culture théologique nationale (déjà assez décriée malheureusement) pour rabaisser un produit local, un symbole de fierté pour les Haïtiens », souligne Myria avant d’ajouter que Barbancourt, crée des milliers d’emplois directs et indirects à travers Haïti.
 «C’est choquant. Je regrette que mon ami Bicha ait prêté sa voix et son talent à cette provocation », confie Edner Jean de Communication plus. Avec cette publicité qui est « une attaque frontale, dénigrante contre un compétiteur, une frontière a été franchie ».
Dans aucun pays au monde on n'aurait accepté qu’un « produit étranger » puisse attaquer un produit comme Barbancourt qui fait la fierté du terroir, explique l’ex-journaliste et publicitaire, outré par l’usage fait du culte vaudou dans la publicité du rhum Bakara. « On peut séduire mais pas mentir.
Les publicitaires ont intérêt à respecter la dimension éthique de la publicité », confie le professeur de sociologue à l’UEH, Hérold Toussaint. « Il ne faut pas prendre les récepteurs pour des cons », indique-t-il.
Les tentatives pour obtenir un commentaire de Tonton Bicha se sont révélées infructueuses. Joint au téléphone, Jacky Baboun l’un des responsables de rhum Bakara, rejette les critiques. « Dans huit mois, Bakara sera produit nationalement.
L’usine en construction à Croix-des-Bouquets est à un stade avancé, explique Jacky Baboun. Nous savons que rhum Bakara va se faire en Haïti, c’est pour cela que nous avons accepté que Bicha utilise le concept rhum culturel », poursuit-il, ajoutant avoir créé du travail dans le pays entre-temps. « Nous sommes en contact avec les producteurs d’alcool à travers le pays afin d’acheter à la longue la matière première indispensable à notre production », explique Baboun.
 Rhum Bakara fera beaucoup d’efforts et concentrera des investissements afin d’avoir ses propres plantations de canne à sucre, confie-t-il, sans faire fi des difficultés liées à la production en Haïti. Du bouchon à la bouteille, on est obligé d’importer. C’est aussi le cas de 90 % des fabriquants locaux, selon l'homme d'affaires.
Jacky Baboun, d’un autre côté, souligne que le nom de son compétiteur n’a jamais été cité dans la publicité de Tonton Bicha. « Nous ne citons pas le nom d’autres rhums », insiste Baboun. « Nous sommes tranquille, nous travaillons », explique-t-il, ajoutant que rhum Bakara est très impliqué dans la promotion de la culture haïtienne.


jeudi 31 octobre 2013

Bandits or Patriots?: Documents from Charlemagne Péralte

In 1910, an international consortium of banks refinanced Haiti’s international debt and took control of the country’s treasury. In 1914, the bank refused to issue gold payments to the Haitian government and asked the U.S. military to protect the gold reserves. On December 17, 1914, U.S. marines landed in Haiti and moved the gold to the bank’s New York vaults. Eight months later, the marines again landed in Port au Prince, Haiti’s capital, this time claiming the need to protect foreign lives and property. They placed Port au Prince under martial law, ruthlessly subdued armed resistance in rural areas, and began training a new Haitian militia. Charlemagne Péralte led a resistance movement. In this “call to arms” and letter to the French minister, Péralte attacked President Wilson as a hypocrite for claiming to respect the sovereignty of small nations of Europe while occupying Haiti and urged Haitians to resist the Americans. (An English translation of the letter follows the French version.)
________________________________________
Peralte PB
Haïtiens! Un jour semblable au 1er janvier 1804, se lèvera bientôt.
Depuis quatre ans, l’Occupation nous insulte à tout instant. Chaque matin nous apporte une nouvelle offense. Le peuple est pauvre et l’Occupation le pressure sous les taxes. Elle répand les incendies et elle empêche aux gens de reconstruire leurs maisons en bois, sous prétexte d’embellissement de la cité.
Haïtiens, restons fermes. Suivons l’exemple de la Belgique! Qu’importe si nos villes sont brûlées! Ce n’est pas une vaine pensée que celle écrite sur la tombe du grand Dessalines: “Au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et la nation est debout.”
La sainte cause qui s'étend dans le nord, a pour chefs des citoyens de valeur. Le Sud attend seulement un homme pour suivre cet exemple sublime. Pas de danger, nous avons des armes. Chassons ces hommes sauvages, dont la sauvagerie est patente en la personne de leur président Wilson, traître, brigand, fauteur de troubles, voleur.
Mourez pour votre pays
Vive l’Indépendance!
Vive l’Union!
Vive la guerre juste!
A bas les Américains!
Charlemagne Masséna Péralte
Chef suprême de la Révolution en Haïti au Ministre Français Résidant en Haïti
Port-au-Prince
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Monsieur le Ministre,
Contrairement aux principes généralement admis par les nations civilisées et aux règles du droit international, le Gouvernement américain, profitant de la grande guerre européenne, est intervenu dans les affaires de la petite république d’Haïti, en lui imposant une Convention dont une occupation militaire devait assurer la ratification par les Chambres haïtiennes.
Malgré les atteintes portées à notre autonomie et à notre dignité de peuple libre et indépendant, nous étions disposés à accepter cette Convention et à exécuter les obligations qu’elle comporte pour nous, mais les promesses fallacieuses faites per les Yankees en débarquant sur notre sol, se réalisent depuis tantôt quatre ans par des vexations perpétuelles, des crimes inouïs, des assassinats, des vols et des actes de barbarie dont seuls dans le monde entier l’Américain a le secret.
Nous venons aujourd’hui, à bout de patience, réclamer nos droits méconnus, bafoués par l’Américain sans scrupule qui, détruisant nos institutions, dépouille le peuple haïtien de toutes ses ressources et se regorge de notre nom et de notre sang. Cruels et injustes, les Yankees ont, depuis quatre ans, promené la ruine et la désolation sur notre territoire.
Aujourd’hui où, à la conférence de la Paix, des nations civilisées ont juré à la face du monde entier de respecter les droits et la souveraineté des petits peuples, nous réclamons la libération de notre territoire et les avantages reconnus per le droit international aux Etats libres et indépendants.
Nous vous prions en conséquence d’observer que nous luttons depuis dix mois dans cet unique but, et que nos armes jusqu’ici victorieuses nous permettent de vous demander de reconnaître notre belligérance.
Nous sommes disposés à tous les sacrifices pour libérer le territoire haïtien et faire respecter les principes affirmés par le Président Wilson lui-même concernant les droits et la souveraineté des petits peuples. Et notez, Monsieur le Consul, que les troupes américaines, en vertu de leurs propres lois, n’ont nul droit de guerroyer contre nous.
Veuillez agréer, Messieurs [sic], nos salutations distinguées.
(s) Le Chef Suprême de la Révolution
M. Peralte
Suivent plus de 100 signatures.
Source: http://historymatters.gmu.edu/d/4946/

mardi 29 octobre 2013

D'Haïti à Curitiba, et vice-versa

Début 2010, un terrible tremblement de terre a changé le cours de l'histoire à Haïti. Le pays d'Amérique centrale, ancienne colonie française et première république noire du monde, a été dévasté. La catastrophe a touché la capitale Port-au-Prince et toute sa région, tué plus de 200 000 personnes et laissé 1,5 million de Haïtiens sans abri.
Depuis, les survivants se battent au quotidien pour essayer de retrouver une vie normale, dans un pays qui reste l'un des plus pauvres de la planète. Beaucoup d'Haïtiens ont été obligés de quitter leur terre natale à la recherche d'opportunités à l'étranger. C'est ainsi que nombre d'entre eux se retrouvent à aider aux préparatifs de la Coupe du Monde de la FIFA 2014™ au Brésil. Leur nouvel emploi leur permet notamment d'apprendre les techniques pour pouvoir ensuite reconstruire leur pays d'origine.
À Curitiba, sur le chantier de l'Arena da Baixada, qui est en train d'être agrandie et rénovée pour accueillir des matches de la Coupe du Monde 2014, on rencontre beaucoup d'Haïtiens. Au total, ils sont 65 à aider aux travaux d'un stade qui accueillera quatre matches de l'épreuve reine du football mondial. La route jusqu'au Brésil n'a pas été facile. Outre la distance à parcourir depuis leur pays natal, ces travailleurs haïtiens ont dû remplir certaines conditions pour pouvoir rentrer au Brésil. La plupart d'entre eux sont passés par la République Dominicaine, le Panama, le Pérou et la Colombie. Ils ont débarqué au Brésil à Tabatinga, dans l'État de l'Amazonas. À la frontière entre le Brésil et la Colombie (Letícia-Tabatinga), ils ont dû attendre les papiers nécessaires pour pouvoir travailler.
Dans la colonie haïtienne, un homme se détache par sa bonne humeur. Arnold Virgil, responsable des travaux et arrivé au Brésil en 2011, parle déjà portugais et aide ses compatriotes non seulement dans leur travail, mais également dans d'autres tâches. La langue est l'un des principaux obstacles pour les Haïtiens, qui dans leur pays utilisent le créole et le français. "À cause du tremblement de terre, tout a été détruit. Notre peuple a dû chercher refuge ailleurs. Nous avons besoin de travailler et de récupérer ce qui était perdu", explique Arnold, qui affirme ensuite préférer travailler dans le bâtiment. "Nous sommes ici pour aider les autres. Nous devons apprendre pour pouvoir ensuite retourner dans notre pays et reconstruire", poursui-il.
Joie et dévouement
Pratiquement tous les employés haïtiens qui travaillent sur le chantier de Curitiba sont loin de leur famille. Par conséquent, avec le mal du pays, ces ouvriers forment à eux seuls une grande famille, heureuse et dévouée à sa tâche. Le sourire quitte rarement le visage des Haïtiens et leur dévouement est total.
En août 2013, durant une visite d'une délégation du Comité Organisateur Local (COL) de la Coupe du Monde de la FIFA à l'Arena da Baixada, deux ouvriers ont reçu des billets pour un match de Brésil 2014 à Curitiba. Ce n'est pas par hasard si l'un d'entre eux, Anice Ulysse, est haïtien. "La qualité de mon travail m'a valu un billet pour la Coupe du Monde. Tout ce que je fais ici, je le fais avec amour car tous les Brésiliens m'ont très bien traité", explique l'intéressé.
Selon le "leader" des Haïtiens à l'Arena, le dévouement dans le travail est fondamental pour eux. "Beaucoup de Haïtiens quittent le pays pour trouver du travail et ensuite revenir aider ceux qui sont restés là-bas et souffrent encore du tremblement de terre de 2010. Si nous venons ici et que nous ne travaillons pas, nous n'obtiendrons rien", résume Arnold Virgil, employé à l'Arena depuis le début et qui attend avec impatience la fin des travaux. "Mon idée est de rester ici jusqu'à la livraison du stade pour la Coupe du Monde. Mon rêve serait de voir Haïti jouer au Brésil", conclut-il.
Même s'ils sont heureux au Brésil et malgré la chaleur du peuple brésilien envers eux, les Haïtiens ne cachent pas leur envie de rentrer au pays. La proximité de la famille et la chance de pouvoir mettre en pratique tout ce qu'ils ont appris au Brésil pour reconstruire leur pays dévasté par un tremblement de terre font que tous rêvent de retour. Leur contribution ne sera pas de trop, étant donné que presque quatre ans après la catastrophe, 350 000 personnes sont toujours sans abri.
http://fr.fifa.com/worldcup/news/newsid=2204769/

jeudi 24 octobre 2013

Dominicans of Haitian Descent Cast Into Legal Limbo by Court

SANTO DOMINGO, Dominican Republic — For generations, people of Haitian descent have been an inextricable part of life here, often looked at with suspicion and dismay, but largely relied on all the same to clean rooms, build things cheaply and provide the backbreaking labor needed on the country’s vast sugar plantations.
Meridith Kohut for The New York Times
Now, intensifying a long and furious debate over their place in this society, the nation’s top court has declared that the children of undocumented Haitian migrants — even those born on Dominican soil decades ago — are no longer entitled to citizenship, throwing into doubt the status of tens of thousands of people here who have never known any other national identity.
“I am Dominican,” said Ana María Belique, 27, who was born in the Dominican Republic and has never lived anywhere else, but has been unable to register for college or renew her passport because her birth certificate was no longer accepted. “I don’t know Haiti. I don’t have family or friends there. This is my home.”
In a broad order that has reverberated across the hemisphere, the court has instructed the authorities here to audit all of the nation’s birth records back to June 1929 to determine who no longer qualifies for citizenship, setting off international alarm.
The United Nations high commissioner for refugees warned that the decision “may deprive tens of thousands of people of nationality,” while the regional alliance of Caribbean nations, which the Dominican Republic has sought to join, condemned how masses of people are “being plunged into a constitutional, legal and administrative vacuum.”
“It is remarkably sweeping in terms of numbers: over 200,000 made stateless — a staggering figure,” said Laura Bingham, who tracks citizenship issues for the Open Society Justice Initiative. She and other legal experts called it one of the more sweeping rulings denying nationality in recent years.
To some extent, the ruling, issued Sept. 23, and the intensity of emotions around it carry echoes of the immigration debate in the United States and other countries, with wide disagreement on how to treat migrant workers and their children.
But given the history of the Dominican Republic and Haiti — a sometimes cooperative, often tense and occasionally violent relationship between two nations sharing one island — the decision has brought to the surface a unique set of racial tensions and resentment toward the waves of impoverished Haitian migrants that fill menial jobs on this side of the border.
An estimated 200,000 people born in this country have Haitian parents, according to the last census, by far the largest immigrant group here and thus the one most widely affected by the ruling. Haitian immigrants occupy the lowest rungs of society here, and have for generations, living in urban slums or squalid sugar plantation camps where wage abuse remains common, as a United States Department of Labor report found last month.
For decades, Haitians, housed in remote shantytowns known as bateys, were brought over on contracts for sugar plantations to cut cane under the blistering sun. Many still labor in the fields, while others work as maids, construction workers and in other low-paying jobs.
Many Haitians proudly embrace the slave rebellion that led to Haiti’s founding as a nation. But Dominicans, although they rushed aid to Haiti after its devastating 2010 quake and maintain many cultural and social exchanges, historically have viewed their neighbors with qualms, identifying more with their nation’s Spanish colonial past and, despite their own racially mixed heritage, often deriding anyone with dark skin as “Haitian.”
“The Dominican Republic is at a crossroads right now over the question, ‘What does it mean to be Dominican in the 21st century?’ ” said Edward Paulino, a historian at John Jay College who has studied the relationship between the two countries. “It is a country of immigrants, but no other group is like the Haitians, which arrived with the cultural baggage of a history of black pride in a country that chose to identify with the European elite.”
Top officials in the government met on Wednesday to determine how to carry out the ruling, which cannot be appealed. In the meantime, the migration director, José R. Taveras, said that people in limbo would be issued temporary residency permits while the country comes up with a plan to grant them some form of immigrant status. But to many people, that means losing the benefits of citizenship, which beyond basics like voting also allows for lower tuition at state colleges and public health insurance for low-income citizens.
Although Haiti technically bestows citizenship on the children of its nationals, the process can be full of bureaucratic entanglements and slowed by missing or incomplete records, let alone the fact that few of the children of migrants here consider themselves anything but Dominican.
The battle has been in the making for years. People born on Dominican soil, with some exceptions, generally were granted citizenship for generations. But people of Haitian descent often complained of discriminatory practices when getting official documents, and in recent decades the country’s civil registry officials often excluded the children of migrants whose papers were in question by considering their parents “in transit.”
The Inter-American Court of Human Rights in 2005 denounced the practice as a way of discriminating against people who had been in the country for a lifetime. Still, the Dominican Republic enshrined the rule in 2010 by a constitutional amendment that excludes the Dominican-born children of those in the country illegally, including seasonal and temporary workers, from Dominican citizenship. The new court decision not only ratifies the change, but also goes a step further by ordering officials to audit the nation’s birth records, compile a list of people who should not qualify for citizenship and notify embassies when a person’s nationality is in question.
Legal experts, as well as two dissenting judges on the constitutional court, called it a violation of legal principles to retroactively apply the standard of citizenship established in the 2010 Constitution. “As a consequence of this restrictive interpretation and its retroactive application, this ruling declares the plaintiff as a foreigner in the country where she was born,” wrote one of the dissenting judges, Isabel Bonilla.
The case arose from Juliana Deguis, a 29-year-old woman born in the Dominican Republic to Haitian migrants and working as a maid. She sought her national identity card, using her Dominican birth certificate, but was rejected because the document indicated that her parents were Haitian migrants, not legal residents. Legal advocates for Haitian migrants and their children took the case to court, arguing that Ms. Deguis’s parents were residents because they had been contracted to work on a sugar plantation and never returned to Haiti, but the court ruled that they were “in transit.”
That came as a surprise to Ms. Deguis, her family and her neighbors, who have scratched out a living for decades in a remote village populated by former sugar-cane workers. Ms. Deguis has never been to Haiti, only knows a few words of Creole and never thought of herself as anything other than Dominican. “I feel terrible because I cannot work without my ID card and without that the school may not register my children either,” she said.
Supporters of the decision, including the immigration commissioner, said it would help the government regularize people and clarify the citizenship rules. The archbishop of Santo Domingo, Cardinal Nicolás de Jesús López Rodríguez, called the ruling just and nodded to a sentiment among some Dominicans that international organizations were meddling in their affairs.
“International organizations don’t rule here,” he told reporters after the ruling was announced. “I don’t accept anybody coming here to decree anything. No country, not the United States, not France, nobody. Here, we are in charge.”
For now, Dominicans caught up in the ruling await the next steps. Ms. Deguis is not working and worries about caring for her four young children, all born in the Dominican Republic as well. “If there is now this confusion about me,” she asked, “what about them?”
http://www.nytimes.com/2013/10/24/world/americas/dominicans-of-haitian-descent-cast-into-legal-limbo-by-court.html?pagewanted=2&_r=0

mardi 22 octobre 2013

Haiti Fast Facts

Haiti Fast Facts
 By CNN Library
October 17, 2013 --
Updated 2006 GMT (0406 HKT) (CNN) -- Here's a look at what you need to know about Haiti, the poorest country in the Western Hemisphere. Haiti makes up the western one-third of the island of Hispaniola in the Caribbean. The eastern two-thirds of the island is the Dominican Republic.
About Haiti: (from the CIA World Factbook)
 Land Area: 27,750 sq km (slightly smaller than Maryland)
Population: 9,893,934 (2013 estimate)
 Median age: 21.9 years old
Capital: Port-au-Prince
Ethnic Groups: Black 95%, mulatto and white 5%
Religion:
- Roman Catholic 80%,
- Protestant 16% (Baptist 10%, Pentecostal 4%, Adventist 1%, other 1%), none 1%,
other 3% GDP: $12.44 billion (2011 est.) GDP per capita: $1,200 (2010 est.)
Timeline:
 1492 - Christopher Columbus lands on the island and names it Hispaniola.
1697 - Spain recognizes France's claim to the western third of the island.
1791 - Slaves rebel against plantation owners. Toussaint L'Ouverture, a former slave, takes control and writes a constitution.
January 1, 1804 - Haiti gains independence from France. Haiti is the second oldest independent nation in the Western Hemisphere after the U.S.
1804-1915 - Over 70 different dictators rule Haiti.
1915 - U.S. President Woodrow Wilson sends Marines to Haiti to restore order. The U.S. occupies Haiti until 1934.
1946 - Army officers take control of Haiti's government.
1949 - Army officers take control of the government again after rioting breaks out.
1950 - Army officer Paul Magloire is elected president.
1956 - Magloire resigns after rioting breaks out; the army takes control of the government again.
1957 - Francois "Papa Doc" Duvalier, a doctor, is elected president.
1964 - Duvalier declares himself president for life and rules as a dictator.
1971 - Haiti's constitution is amended to allow the president to choose his successor. Duvalier chooses his son, Jean-Claude, who is 19.
April 1971 - After his father dies, Jean-Claude "Baby Doc" Duvalier declares himself president for life. He uses a secret police force called "Tontons Macoutes" (bogeymen) to enforce his policies.
1986 - Duvalier flees the country after a revolt. Lieutenant General Henri Namphy runs the country and tries, but fails, to get rid of the Tontons Macoutes.
March 1987 - A new constitution that calls for presidential and national assembly elections by the people is adopted.
November 29, 1987 - Elections are canceled after terrorist attacks on polling places. They are rescheduled for January 1988, and the people elect a civilian president and a parliament.
June 1988 - Namphy overthrows the new government and declares himself the president of the military government.
September 1988 - Officers of the Presidential Guard seize power from Namphy. Lieutenant General Prosper Avril declares himself president.
March 1990 - Avril resigns due to protests.
December 1990 - Jean-Bertrand Aristide wins Haiti's first free election.
September 1991 - Aristide is ousted in a military coup and flees the country. The Organization of American States and the United Nations lead trade boycotts to force Aristide's return to powe. Many Haitians try to flee to the U.S. but are forced back to Haiti. Later the refugees are sent to Guantanamo Bay, Cuba.
July 3, 1993 - The military government agrees to allow Aristide to return and restore his government by October 30. They later back out of the agreement and do not allow Aristide to return.
 September 17, 1994 - U.S. President Bill Clinton sends a delegation to Haiti in hopes of avoiding a military conflict. The team includes former U.S. President Jimmy Carter, Gen. Colin L. Powell, and Senator Sam Nunn. A peace deal does prevents an outbreak of fighting.
September 18, 1994 - The U.S. sends troops to Haiti to maintain order. The first 3,000 troops land on September 19 in Port-au-Prince and are from the Army's 10th Mountain Division, based in Fort Drum, New York.
 October 1994 - Aristide is restored to power, while U.S. troops stay in Haiti to maintain order. The U.N. and OAS boycotts end, and the refugees at Guantanamo Bay return to Haiti.
March 1995 - Most U.S. troops leave Haiti.
Late 1995 - Rene Preval, a member of Aristide's Lavalas coalition, is elected president.
 April 1996 - The last of the U.S. troops leave.
December 1998 - U.N. peacekeepers withdraw.
November 2000 - Aristide is elected president again; most other parties boycott the elections and claim they are fraudulent.
February 2004 - Rebels and political opposition leaders oppose Aristide's leadership and methods and want him to be removed from power. Aristide says he will remain in office until the last day of his term, February 7, 2006.
February 8, 2004 - Looting and violence spread throughout Haiti.
February 21, 2004 - An International assessment team made up of officials from the United States, France, Canada, Caricom (the Caribbean Community) and the Organization of American States arrive in Haiti to present Aristide with a peace plan. He accepts the terms of the plan, which include the appointment of a new prime minister, the establishment of a bipartisan cabinet, the holding of new elections to be overseen by international observers and the disarmament of militias, stationed in much of the north. The opposition leaders announce the rejection of any plan that does not include the immediate resignation of Aristide.
February 25, 2004 - President George W. Bush states that any Haitians attempting to enter the U.S. will be turned back by the Coast Guard, and urges the U.N. to compile an international security presence there. February 29, 2004 - President Aristide leaves for the Central African Republic. Supreme Court Chief Justice Boniface Alexandre replaces him as the nation's president in a transitional government, as mandated by Haiti's constitution.
March 2004 - American and French troops deploy as part of a multinational peacekeeping force.
March 2, 2004 - Haitian rebel leader Guy Philippe declares himself the country's new police chief and calls for the re-establishment of Haiti's army, which Aristide disbanded in 1991. The U.S. does not recognize Philippe as the head of the Haitian police.
March 9, 2004 - Gerard Latortue, a 69-year-old international business consultant, is named the new prime minister of Haiti by the U.S.-backed Council of Sages.
 April 2004 - The U.N. Secretary-General recommends the creation of a multidimensional stabilization operation to assist with the situation in Haiti. The operation is called the United Nations Stabilization Mission in Haiti (MINUSTAH).
June 2004 - A U.S.-led multinational force turns over authority in Port-au-Prince to U.N. Peacekeepers.
February 7, 2006 - After multiple scheduling delays and allegations of election fraud, Rene Preval is elected president of Haiti.
February 2007 - President Preval has the force of 8,000 U.N. Peacekeepers in Haiti begin an offensive against the street gangs in Port-au-Prince.
January 12, 2010 - A 7.0 magnitude earthquake strikes 14 miles west of Haiti, destroying most of the capital of Port-au-Prince. The estimated death toll is 316,000.
 October 21, 2010 - A cholera outbreak is confirmed in Haiti.
November 28, 2010 - The presidential election is held.
December 2010 - The electoral council announces that former first lady Mirlande Manigat has won but lacks the majority of votes needed for an outright victory. The runoff is scheduled for March 20, 2011.
anuary 16, 2011 - Former dictator Jean-Claude "Baby Doc" Duvalier unexpectedly returns to Haiti after almost 25 years in exile.
March 20, 2011 - The second round of presidential elections takes place.
April 4, 2011 - Preliminary results in the presidential runoff election show musician Michel "Sweet Micky" Martelly with 67.6% of the vote compared to former Haitian first lady Mirlande Manigat's 31.5%.
April 20, 2011 - Michel Martelly is officially declared the president of Haiti by the country's electoral council.
May 14, 2011 - Michel Martelly is sworn in as the president of Haiti.
June 8, 2011 - Heavy rain in Haiti leads to an increase in reported cases of cholera. As of October 26, 2011, more than 485,000 cases have been reported since the October 2010 outbreak, including 6,700 deaths.
July 2011 - According to a U.S. Centers for Disease Control and Prevention report, U.N. peacekeepers from Nepal most likely caused the October 2010 cholera epidemic.
October 2011 - A new CDC report details improvements made in sanitation and education that lowered the mortality rate from cholera in Haiti from 4 percent to below 1 percent. Since December 2010, fewer people are dying from the disease despite an increase in number of cases reported.
November 8, 2011 - Haitian cholera victims have filed a petition with the United Nations demanding compensation for their suffering, the victims' lawyers announced. Haitians who were sickened are demanding $50,000 each; families of those who died are seeking $100,000.
April 14, 2012 - The Haitian government and the World Health Organization launch a cholera vaccination program targeting 100,000 people.
September 4, 2012 - Hurricane Isaac is blamed for the deaths of 19 people in Haiti.
October 2012 - Dozens die in floods and landslides due to Hurricane Sandy.
http://edition.cnn.com/2013/10/17/world/americas/haiti-fast-facts/

mercredi 16 octobre 2013

MEA CULPA…EMPEREUR JEAN JACQUES DESSALINES

Chaque année, le 17 octobre, comme aujourd’hui je relis ce texte qui parle de Jean Jacques Dessalines. Je le fais religieusement en guise de mea culpa. Je ne tiens pas rigueur aux interprétations trop dirigées, orientées et rangées des faits de l’histoire écrite par les historiens. Je me moque éperdument de ceux qui ont voulu présenter et dessiner une image peu sympathique de Dessalines. Je me moque tout aussi bien de ceux qui aujourd’hui ont du mal à accepter qu’un ancien esclave ait pris le même titre que Napoléon. Il y en a même qui aurait voulu que le chef de la nation qui venait de prendre naissance nommât un gouvernement avec un premier ministre. Ceux-là qui oublient que l’on était en 1804. La liberté acquise en 1804, le projet d'indépendance et de la création de l'homme haïtien s'est arrêté à Pont Rouge en 1806, avec le premier et le plus abominable crime perpétré contre la nation haïtienne.
Il y en a qui vont à la Mecque. Moi je lis ce texte qui parle de la mort de Dessalines. D’autres vont a genou jusqu’à Saint Jacques de Compostelle. Moi je lis le récit de la mort de Dessalines. Je me sens un devoir d’expier les fautes de mes ancêtres qui avaient mal compris ce que représentait en 1804 la création d’un état indépendant par d’anciens esclaves nègres victorieux des idées à la mode et de l’oppression la plus féroce et énergique.
Serais-je un descendant de Duverger ou Vaval, de Capois La mort ou Garat, de Charlotin Macadieu ou Yayou ? Je ne le sais pas. Je n’ai ni le temps ni les moyens de fouiller. Mais je suis un haïtien. Je suis citoyen d’une NATION EPUISEE MAIS LIBRE. Je dois des mea culpa à JEAN JACQUES DESSALINES, JACQUES PREMIER, FONDATEUR DE LA PREMIERE REPUBLIQUE NOIRE.

Dans ce récit se trouve l’explication de l’état de notre nation aujourd’hui.
Compatriotes, lisez-le et faites votre mea culpa…
Jonas JOLIVERT
17/10/2010
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"Jean-Jacques Dessalines naquit semble-t-il à Cormiers (1), petite localité près de la Grande-Rivière-du-Nord, non loin du Cap, sur la plantation « Vye Kay ». Mais un doute subsiste pourtant : d'aucuns prétendent en effet qu'il aurait vu le jour en Afrique, à la Côte-de-l'Or (2) ou peut-être dans l'Artibonite, dans la paroisse de Verrettes, sur la plantation Marchand. Il vécut ensuite chez un colon blanc, Henri Duclos, propriétaire d'une caféière, jusqu'au moment où il fut acheté, tout jeune encore, par Dessalines, un noir libre, qui lui donnera son nom et lui apprit le métier de charpentier. On prétend que devenu empereur il en fera son maître d'hôtel.

Dessalines vécut une jeunesse particulièrement difficile. Ce fut un esclave rebelle, souvent marron ; son corps, dit-on, était couvert des cicatrices laissées par les verges de fer. Il se révolta constamment contre l'inégalité qui régnait à Saint-Domingue et se révéla un véritable génie militaire. Bien que dépourvu de formation intellectuelle, c'était un homme de bon sens, à l'esprit cartésien.
Après s'être joint aux esclaves insurgés contre l'autorité française de Saint-Domingue ( 1791 ), aux côtés de Boukman et de Biassou, il parvint au grade d'officier supérieur dans les bandes soudoyées par l'Espagne. Mais en 1794, après l'abolition de l'esclavage, il passa au service de la France et se signala dans la guerre contre les Anglais. Général sous les ordres de Toussaint Louverture (3), il se fit remarquer par son énergie et sa bravoure, mais aussi par une cruauté implacable. Au cours de la campagne contre le général André Rigaud ( 1799-1800 ), qui dirigeait une insurrection d'hommes de couleur, il se livra à de tels excès ( exécutions massives d'officiers et de cadres métis ) qu'aussitôt il s'attira les foudres de Toussaint Louverture : « J'ai dit d'émonder l'arbre, lui aurait lancé Toussaint, non de le déraciner. » En 1801, il écrasa la tentative d'insurrection du général noir Moïse, dans la région du Cap.
En 1802, à l'arrivée des Français commandés par le général Leclerc, il occupait dans la colonie les départements du Sud et de l'Ouest. Le 26 février 1802, au moment où les Français, maîtres de Port-au-Prince, marchaient sous les ordres du général Boudet sur la ville de Saint-Marc, Dessalines, qui la commandait, ordonna de l'incendier et mit lui-même le feu à sa maison, dont l'ameublement et la construction lui avaient coûté beaucoup d'argent. Il se dirigea ensuite vers le Mirebalais, et après la défaite de la « Crête-à-Pierrot » se soumit au général Leclerc. Rallié aux Français, il conserva son grade et son commandement. Il intrigua alors auprès de Leclerc contre Toussaint Louverture et pourchassa les insurgés avec la même férocité qu'il avait montrée quelques mois auparavant envers les Blancs ( il avait ordonné le massacre d'environ 1.200 colons ). En septembre 1802, il livra à Leclerc un autre général noir, Charles Belair, qui venait d'entrer en dissidence. Cette apparente volte-face s'explique, selon toute probabilité, par la certitude qu'avait Dessalines d'une reprise prochaine de la lutte contre les Français sous la forme d'une guerre totale d'indépendance, dont il entendait assurer seul la conduite ; ce qui supposait au préalable l'élimination de ses rivaux potentiels et ceux des chefs noirs qui, comme Toussaint Louverture, pourraient être favorables à un compromis avec les Blancs : il servait ses ennemis en attendant l'occasion de se retourner contre eux ( Cf. Jean-Marcel CHAMPION, notice biographique consacrée à Jean-Jacques Dessalines dans le Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1989, p. 599 ). Mais après l'annonce par Napoléon du rétablissement de l'esclavage, il rejoignit les révoltés ( octobre 1802 ). Au congrès de l'Arcahaye ( 15-18 mai 1803 ), Dessalines réalisa à son profit l'unité de commandement. Le 19 novembre, à la tête de l'armée des indigènes, il imposa à Rochambeau la capitulation du Cap. Ce dernier n'eut alors d'autre choix que d'ordonner l'évacuation de l'île.
En 1803, après le départ des Français, Dessalines provoqua aussitôt le massacre de la population blanche (4) ; à l'exception des prêtres, médecins, techniciens et de quelques négrophiles. Il redonna à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti ( Ayiti ) et, en 1804, avec l'appui de l'Angleterre, proclama l'indépendance de la nouvelle République (5).
Dessalines voulait, par une cérémonie solennelle, célébrer la proclamation de l'Indépendance, pour bien montrer qu'il fallait oublier la France. Le dimanche 1er janvier 1804, de grand matin, clairons et tambours résonnèrent de touts côtés aux Gonaives. Soldats et civils, enthousiastes, bruyants, remplirent les rues en un clin d'oeil. Le peuple afflua des campagnes, et une foule immense où femmes et jeunes filles richement parées coudoyaient les soldats, se pressa sur la place d'armes autour d'un autel de la patrie que dominait, seule, la fine et fière silhouette du palmiste de la Liberté. A sept heures, tandis qu'un soleil radieux illuminait la cité, Dessalines, entouré du brillant cortège des généraux, fendit la foule, gravit les marches de l'autel de la patrie et rappela, dans un véhément discours en créole, tous les touments que les indigènes avaient endurés sous la domination française. En terminant, il s'écriat le bras tendu : « Jurons de combattre jusqu'au dernier soupir pour l'Indépendance de notre Pays.. ». De toutes les poitrines, jaillit, formidable, accentué par la voix sèche et rageuse des canons, le serment, mille fois répété, de vivre libre ou de mourir. Quand le tumulte fut apaisé, l'adjudant-général Boisrond-Tonnerre, debout auprès de Dessalines, donna lecture de la proclamation du général en chef, et de l'Acte de l'Indépendance signé de Dessalines et des principaux officiers de l'armée. Ensuite, tandis que la foule s'écoulait par les rues de la ville, le cortège officiel se rendit au Palais du Gouvernement. Là, par un acte libre, les lieutenants de Dessalines le proclamèrent gouverneur général à vie de l'île d'Haïti, jurèrent d'obéir aveuglément aux lois émanés de son autorité, et lui donnèrent le droit de faire la paix et la guerre, et de nommer son successeur. Quelques jours plus tard, la publication de ses actes officiels dans toutes les villes et tous les bourgs d'Haïti provoqua de nouvelles réjouissances populaires. Un nouvel État était né.
Le jour de la proclamation de l'indépendance, les généraux nommèrent Dessalines gouverneur général à vie d'Haïti et, le 25 janvier, lui demandèrent de prendre le titre impérial. Ayant accepté ( 15 février ), il fut couronné à Port-au-Prince le 8 octobre sous le nom de « Jacques, Empereur Ier d'Haïti. »
Le Premier Empire haïtien ( 1804-1806 ) fut une dictature personnelle fondée sur l'armée, qui était la seule force stable du nouvel État. La constitution du 20 mai 1805 (6) conférait les pleins pouvoirs à l'Empereur, qui choisissait son successeur, mais dont la couronne n'était pas héréditaire. Son autoritarisme et sa politique économique furent à l'origine directe de sa chute. Par son autoritarisme, il perdit l'appui des chefs de l'armée qu'il inquiétait ; par sa politique économique, il déçut les Noirs et mécontenta gravement les Métis. L'unique richesse d'Haïti résidait dans l'agriculture tropicale dont les produits servaient à payer les importations en provenance des États-Unis et des Antilles anglaises, en particulier le matériel de guerre. Les cultivateurs noirs étaient soumis à une stricte discipline qui conduisit au travail salarié forcé sur les plantations. En outre, le maintien - dans un souci de rentabilité - de la grande propriété privée ou étatisée allait à l'encontre des espérances de la masse des Noirs qui, conformément aux promesses de l'Empereur, espéraient bénéficier d'une réforme agraire. Les Métis, dont la puissance foncière et les intérêts commerciaux étaient considérables, se sentirent directement menacés par une législation qui imposait la vérification des titres de propriété, la résiliation des baux passés sous l'administration coloniale et la confiscation des biens indûment occupés tandis que d'autres mesures limitaient la liberté commerciale en fixant le nombre des négociants autorisés à recevoir des cargaisons en consignation ( Cf. Jean-Marcel CHAMPION, op. cit., p. 599 ).
En 1805, il tenta vainement d'expulser le reste de l'armée française de l'ancienne colonie espagnole. En 1806, les Mulâtres se révoltèrent dans le Sud : ils accusaient Dessalines de vouloir entreprendre contre eux de nouvelles persécutions. Le 14 octobre, une insurrection se forma dans la plaine des Cayes. Dessalines mourra le 17 octobre, dans une embuscade que lui tendirent les insurgés, au Pont Rouge, à l'entrée de Port-au-Prince. Le récit de sa mort, particulièrement brutale, figure dans un article de Monsieur Edgar La Selve, paru dans le journal de voyages Le Tour du Monde en 1879 (7).
C'est à Marchand, le 16 octobre 1806, que Dessalines prit connaissance de la révolte. Ignorant que Christophe (8) eût été proclamé chef de l'insurrection, il lui écrivit de se tenir prêt à entrer en campagne. Au général Pétion (9), qui était également dans le complot, il donna l'ordre de marcher sur les Cayes à la tête des troupes de la seconde division de l'Ouest.
En sortant de Saint-Marc, Dessalines rencontra sur la grande route un de ses aides de camp, Delpêche, qui, fuyant l'insurrection, était parti du Petit-Goâve pour venir se mettre à ses côtés, et qui conseilla à l'empereur de n'approcher de Port-au-Prince qu'avec une armée imposante. Dessalines, aussi inébranlable dans ses projets que vif dans ses actions, sans lui demander aucun éclaircissement, l'appela traître, et lui ordonna de sortir de sa présence. Delpêche, mortifié, s'achemina vers Saint-Marc, y entra, changea de cheval, et poussé par une fidélité aveugle s'élança à la suite de l'empereur. Des soldats du 3e bataillon de la 4e demi-brigade le tuèrent à Lanzac.
En entrant à l'Arcahaie, Dessalines aperçut une fumée épaisse du côté du Sud : « En ce moment, dit-il, mon compère Pétion donne du feu aux révoltés ». Il envoya en avant les six compagnies de la 3e demi-brigade qu'il trouva dans le bourg, sous la conduite du colonel Thomas et du chef de bataillon Gédéon: « Vous sentez-vous le coeur, demanda-t-il à ces deux officiers, de marcher dans le sang jusqu'aux Cayes ? » et il ajouta « Le département du Sud sera bientôt une solitude telle qu'on n'y entendra même plus le chant du coq ». Thomas et Gédéon répondirent qu'il feraient leur devoir. Vers dix heures du soir, ils n'étaient plus qu'à trois kilomètres du Pont Rouge (10). Un voyageur, qui les précédait, annonça en ville que l'avant-garde de l'armée de l'empereur approchait.
Les généraux Guérin, Vaval et Yayou se portèrent ensemble au devant des soldats qui marchaient en désordre et par leurs promesses les gagnèrent à la cause des insurgés. Quant au colonel Thomas et au chef de bataillon Gédéon, on s'assura de leurs personnes : « Il n'y a pas à balancer, leur dit Guérin, choisissez entre mourir ou adhérer à la révolution. » Ils déclarèrent qu'ils ne prendraient aucune résolution avant d'avoir vu Pétion. On les conduisit au bureau de la division militaire où celui-ci se trouvait. Thomas, qui montra de l'hésitation à abandonner l'empereur, fut consigné à la place. Gédéon, qui prit franchement le parti de l'insurrection, fut placé sur-le-champ à la tête de la 3e demi-brigade rangée sur la place Vallière et à laquelle Pétion donnait un témoignage de sa confiance en ne la désarmant pas. Gédéon avertit Guérin que l'empereur lui avait recommandé de l'attendre au Pont Rouge et qu'il voulait, en arrivant, le voir de loin à ce poste. Guérin le pressa alors de se déshabiller et fit endosser son uniforme par un adjudant-major de la 21e de Léogane, qui lui ressemblait. Cet officier fut placé au Pont Rouge, afin de mieux attirer l'empereur dans le piège.
Le 17, à cinq heures du matin, sa Majesté quitta l'Arcahaie, suivie seulement de son état-major. La 4e demi-brigade, qui eût pu l'escorter, avait été renvoyée à Montrouis pour s'y faire habiller. Chemin faisant, on rencontra plusieurs habitants venant de Port-au-Prince. Questionnés sur ce qui se passait en ville, ils répondirent tous qu'il n'y avait rien d'extraordinaire. L'empereur continua à chevaucher sans soupçon. A neuf heures, à deux cents pas du Pont Rouge, l'empereur se tourna vers Boisrond-Tonnerre, qui se trouvait près de lui : « Vois-tu Gédéon au milieu du pont ? lui dit-il. Il est l'esclave de la discipline. Je le récompenserai.» Celui qu'il prenait pour Gédéon était l'adjudant qui en avait revêtu l'uniforme. « Mais, sire, observa le colonel Léger, officier du Sud faisant partie de son état-major, je me trompe singulièrement, ou ce sont des soldats du Sud.. ». « Vous voyez mal, répondit Dessalines, que seraient-ils venus chercher ici ? » Au même instant il entend le commandement d'apprêter les armes et les cris: « Halte, empereur ! Halte, empereur ! »
Avec cette impétuosité qui n'appartenait qu'à lui, Dessalines s'élance au milieu des baïonnettes. « Soldats, crie-t-il, ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis votre empereur ! » Il saisit un coco-macaque ( un bâton ), suspendu à l'arçon de sa selle, fait le moulinet, écarte les baïonnettes qu'on lui dardait. Le sergent Duverger, de la 15e, ordonne au fusilier Garat de tirer. Celui-ci lâche son coup. L'empereur, qui n'est pas atteint, lance son cheval à toute bride. Un second coup de feu part des rangs de la 16e, et Dessalines, frappé cette fois, s'écrie: « A mon secours, Charlotin ! » ( il s'agit du colonel Charlotin Marcadieu, qui l'accompagnait dans cette tragique expédition ). Marcadieu se précipite vers son ami, veut le couvrir de son corps. Le chef d'escadron Delaunay, du Sud, lui fend la tête d'un coup de sabre. Yayou lui plongea trois fois son poignard dans la poitrine et l'acheva. Il tomba, comme une masse inerte, aux pieds de son assassin, tout ruisselant de son sang, qui avait rejailli sur ses vêtements. Les officiers qui étaient avec lui, le voyant mort, s'enfuirent, excepté Mentor, son conseiller, qui s'écria : « Le tyran est abattu ! Vive la Liberté ! Vive l'Égalité ! »
Il y eut alors une scène affreuse. On dépouilla l'empereur ; on ne lui laissa que son caleçon ; on lui coupa les doigts pour arracher plus facilement les bagues dont ses mains étaient couvertes. Yayou ordonna ensuite à quelques grenadiers d'enlever son cadavre mutilé. Les soldats obéirent avec effroi : ils disaient que Dessalines était un papa-loi. « Qui dirait, exclama Yayou, que ce petit misérable faisait trembler Haïti, il n'y a qu'un quart d'heures ! » Cette masse informe et hideuse de chair et d'os, à laquelle il ne restait aucune apparence humaine, transportée en ville, fut jetée sur la place du Gouvernement. Tandis que la populace profanait les restes défigurés du chef suprême, naguère son idole, une pauvre folle, la Défilée, vint à passer. Elle demanda quel était ce supplicié. « Dessalines.... » lui répondit-on. A ce nom, ses yeux égarés devinrent calmes ; une lueur de raison brilla dans son cerveau troublé. Elle courut chercher un sac à café, y jeta ces lambeaux pleins de sang et souillés de boue que les pourceaux errants se disputaient déjà, les porta au cimetière intérieur, et les ayant déposés sur une tombe, s'agenouilla. Pétion envoya deux soldats qui les mirent en terre sans qu'aucune cérémonie religieuse accompagnât cet enfouissement clandestin.
Une tombe sera élevée sur la fosse de Dessalines par les soins de Madame Inginac. Elle portera cette laconique inscription : ci-gît Dessalines, mort à 48 ans. Pendant plusieurs années, à la Toussaint, une main inconnue y placera un cierge allumé.
SOURCES : Thomas MADIOU, Histoire d'Haïti, rééd. Henri Deschamps, t. 3, Port-au-Prince, 1989 ; HOEFER, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours ( .. ), Paris, Firmin Didot Frères, 1855, t. XIII, pp. 909-910 ; Roger CARATINI, Dictionnaire des personnages de la Révolution, Le Pré aux Clercs, Paris 1988, pp. 229-230 ; Edgar LA SELVE, Professeur de rhétorique au Lycée National Pétion de Port-au-Prince, «La République d'Haïti, ancienne partie française de Saint-Domingue», in Le Tour du Monde, nouveau journal des voyages publié sous la direction de M. Édouard Charton et illustré par nos plus célèbres artistes, Librairie Hachette et Cie, Paris 1879, vol. XXXVIII, 2e semestre, 975e livraison, pp. 199-201 & p. 208 ; Ch. DEZOBRY & Th. BACHELET, Dictionnaire général de biographie et d'Histoire (..), Paris, Delagrave, 9ème éd., 1883, 1ère part., p. 784 ; Les hommes d'État célèbres, t. 5, De la Révolution française à la Première guerre mondiale, ouvrage publié sous la direction de François Crouzet, éd. Mazenod, Paris, 1975, p. 651; Robert CORNEVIN, Haïti, Paris, 1982; R.-A. SAINT-LOUIS, La Présociologie haïtienne ou Haïti et sa vocation nationale, Québec, 1970 ; A. METRAUX, Le Vaudou haïtien, 1958 ; Jean-Marcel CHAMPION, notice biographique consacrée à Jean-Jacques Dessalines dans le Dictionnaire Napoléon, publié sous la direction de Jean Tulard, Fayard, 1989, pp. 599-600 ; Alfred FIERRO, André PALLUEL-GUILLARD, Jean TULARD, Histoire et dictionnaire du Consulat et de l'Empire, éd. Robert Laffont, coll. bouquins, Paris, 1995, p. 720 ; Ertha PASCAL TROUILLOT, Encyclopédie biographique d’Haïti, éd. Semis, Montréal, 2001, t. 1, pp. 308-311.