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dimanche 30 janvier 2011

Hillary Clinton d'accord avec un retrait de Célestin

À Port-au-Prince, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a défendu dimanche la position de l'Organisation des États américains (OEA) voulant que le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, se retire du deuxième tour des élections présidentielles. Mercredi dernier, le parti Inité a annoncé le retrait de M. Célestin, mais celui-ci n'a pas confirmé son désistement. Ses proches affirment qu'il est toujours dans la course.
Arrivée en début d'après-midi pour une courte visite, la chef de la diplomatie américaine souhaite voir le dénouement de la crise électorale qui perdure depuis le premier tour des élections, le 28 novembre dernier.
Selon des résultats préliminaires du Conseil électoral provisoire haïtien (CEP), Jude Célestin se serait classé deuxième, après Mirlande Manigat, devançant de peu Michel Martelly, un chanteur populaire.
Ces résultats, contestés par la rue, ont également été remis en question par l'OEA dans un rapport remis au gouvernement haïtien à la mi-janvier. L'Organisation recommande plutôt un deuxième tour opposant Mme Manigat à M. Martelly.
« Nous voulons aider le peuple haïtien », a affirmé Hillary Clinton. « Une des façons dont nous voulons les aider est de s'assurer que leur choix politique soit respecté », a-t-elle affirmé, faisant référence aux nombreuses irrégularités observées par l'OEA.
Avant son départ pour Haïti, la secrétaire d'État a déclaré que les États-Unis avaient été « très clairs » sur le fait qu'ils soutenaient les recommandations de l'OEA. « Nous voulons qu'elles soient mises en oeuvre », avait-elle déclaré.
Les États-Unis ont d'ailleurs révoqué les visas de plusieurs responsables gouvernementaux haïtiens proches du parti au pouvoir, qui soutient Jude Célestin.
Outre les États-Unis, les Nations unies et les principaux donateurs occidentaux, tels que la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne, se sont déclarés favorables à la proposition de l'OEA.
Des résultats mercredi
Haïti a annoncé vendredi que la proclamation des résultats du premier tour aurait lieu mercredi et que le second tour se déroulerait le 20 mars.
Au cours de son séjour, Hillary Clinton rencontrera le président René Préval et les trois candidats qui aspirent à le remplacer.
La visite de Mme Clinton visait également à prendre le pouls de la reconstruction après le séisme de janvier 2010.
L'effort de reconstruction « a été constant, mais il n'est pas adapté à la tâche », a déclaré Mme Clinton à bord de l'avion l'emmenant vers Haïti. « Nous voulons qu'il soit accéléré », a-t-elle affirmé, soutenant qu'il était hors de question d'interrompre l'aide à Haïti.
Radio-Canada.ca avec
Agence France Presse, Reuters et Associated Press
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/01/30/005-hillary-clinton-haiti-elections.shtml

La tutelle imparfaite

Haïti: Hillary Clinton arrive en Haïti dimanche pour conduire une série d'entretiens avec le président René Préval et des secteurs de la vie nationale sur la crise électorale. Elle séjournera au pays moins de 24 heures. Si Mme Clinton fait ce déplacement pendant que des vagues déferlantes de jeunes font trembler les principaux pays arabes en réclamant la démocratie et de meilleures conditions de vie, la secrétaire d'Etat américaine doit avoir ses raisons ou l'impérieuse obligation de le faire.
Ces entretiens vont se tenir à seulement quelques jours de la proclamation par le Conseil Electoral Provisoire des résultats de l'élection du 28 novembre et de l'échéance du 7 février, date constitutionnelle de la fin du mandat de Préval.
En publiant le nouveau calendrier des élections, le CEP retire à l'ancienne Première dame des Etats-Unis une petite victoire. En effet, dans une note publiée vendredi le CEP précise que la campagne pour le deuxième tour se déroulera du 17 février au 18 mars. Le second tour du scrutin se tiendra le 20 mars ; les résultats préliminaires du second tour seront annoncés le 31 mars et enfin, les résultats définitifs du second tour seront proclamés le 16 avril.
Cette visite survient alors que la communauté internationale multiplie - certains disent épuise - ses moyens de pression sur le gouvernement et le parti Inite pour les porter à accepter le rapport de l'OEA sur les élections qui exclut le candidat du pouvoir en place de la course électorale.
En fait, la visite de la chef de la diplomatie américaine est-elle le signe visible que les mécanismes de la tutelle (les ambassades, les représentations spéciales du secrétaire général des Nations Unies, la mission de l'ONU et autres) qui devaient faire fonctionner Haïti au doigt et à l'oeil sont grippés ? Dysfonctionnels ?
Comment est-on parvenu à cette impasse ? Sans doute à cause de l'excès de confiance des porte-parole de la tutelle et des spécificités haïtiennes.
Haïti n'assume pas la moitié de son budget. Ne peut pas payer ses forces policières régulièrement. Laisse sa sécurité publique et la défense de ses frontières à une force des Nations Unies qui outrepasse ses mandats pour pallier les défaillances nombreuses et profondes de l'État.
Voilà un pays qui dispose d'une diplomatie agonisante, qui est incapable de se relever des dommages d'un tremblement de terre, qui se débat dans une lutte contre une épidémie de choléra, mais qui tient tête à toute la communauté internationale. Incroyable !
Les ambassadeurs accrédités en Haïti n'ont jamais autant parlé d'une seule et même voix. Le secteur des affaires n'a jamais donné un ultimatum aussi clair à un président de la République depuis des années. Les groupes organisés de la société civile font corps pour pousser dans le même sens. Les acteurs politiques, quoique sous des tonalités différentes, vont dans le sens opposé au pouvoir. Et ce dernier résiste.
Les dirigeants haïtiens, René Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive, n'écoutent pas tout ce que disent les courroies de transmission de la tutelle. Les membres du Conseil Electoral Provisoire se dressent sur leurs ergots dès qu'on leur demande de sortir de la loi pour déplaire au pouvoir exécutif. Le parti au pouvoir joue un jeu de cache-cache avec les pressions. La dynamique haïtienne, qui n'a rien de rationnel, déroute la diplomatie mondiale.
Les embargos, visas retirés et autres sanctions visibles, ont rarement donné des effets autres que pousser les visés à se prémunir encore plus de l'obligation de partir, et seule la population souffre quand l'aide internationale ou le commerce sont perturbés.
Il reste bien entendu la force. Ce n'est ni la PNH ni ses partisans qui sauveront Préval d'une action des amis d'Haïti - Jean Bertrand Aristide en sait long -, mais ce serait une faute de mauvais goût de débarquer encore une fois ou d'évacuer sans son consentement encore une fois un président élu. En 20 ans de démocratie balbutiante, ces scénarios ont déjà servi.
Restent la pédagogie, le dialogue, l'explication raisonnée, l'ultimatum susurré au creux de l'oreille, depuis WikiLeaks, il est devenu plus sage d'appliquer les bonnes vieilles méthodes. Est-ce le but de la mission de madame Clinton ?
Frantz Duval
duvalf@hotmail.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=88438&PubDate=2011-01-29

Le nombre de décès continue de chuter

Agence QMI Étienne Laberge
29/01/2011 21h40
Quelque 100 jours après le premier cas de choléra diagnostiqué à Haïti, les chiffres fournis par le ministère de la santé du pays montrent que le nombre de décès liés à la maladie sont sept fois moins nombreux qu’il y a un mois.
La bonne nouvelle a fait pousser un soupir de soulagement aux organismes d’aide tels que la Croix-Rouge, Care et Médecins sans frontière (MSF). Ceux-ci n’ont jamais baissé les bras devant le fléau qui a fait plus de 4 000 morts.
Récemment, le nombre de décès quotidiens causé par l’infection est passé de 70, le 27 décembre, à 9 seulement, le 24 janvier. Des résultats qu’il faut envisager avec modestie selon MSF.
«On ne peut malheureusement pas dire qu’on a eu le dessus, a commenté Sylvain Proulx, chef de mission pour l’organisme, basé à Haïti. Certaines zones connaissent une baisse importante du nombre de patients atteints. Ce qu’on peut dire, c’est qu’on constate que la situation s’est stabilisée.»

Rester sur ses gardes
Quoique la situation laisse présager un meilleur bilan de santé d’ici les prochaines semaines, la coordinatrice à la Croix-Rouge, Sophie Chavanel, a expliqué que les coopérants ne doivent en aucun cas ralentir les efforts en prévention et en dépistage.
«On continue à distribuer des capsules de traitement de l’eau potable, à donner des trousses d’hygiène et à sensibiliser la population. Nos interventions continueront tant et aussi longtemps qu’il subsistera un cas de choléra en Haïti», a-t-elle promis.
L’organisme Care rapporte que durant les prochains mois, les efforts se porteront davantage dans les zones rurales, des régions où le taux de mortalité excède la moyenne nationale stabilisée à 2 %.
Quant à savoir si l’épidémie pourrait reprendre des forces et frapper de plus belle, MSF préfère jouer de prudence.
«C’est impossible de le prédire parce que nous n’avons aucune courbe épidémiologique. On continue de garder l’œil ouvert», a indiqué Sylvain Groulx.
Depuis le début de la propagation du choléra, les autorités ont ausculté 210 000 personnes.
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2011/01/20110129-214030.html

CHOLÉRA en HAÏTI : Enquête de l'OMS sur des cas de paralysie

Actualité publiée hier OPS / OMS
Des représentants de Organisation mondiale de la Santé (OPS / OMS), en liaison avec le Ministère de la Santé haïtien et les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) mènent actuellement des recherches à la suite de 4 cas de paralysie dont 3 décès intervenus chez des malades atteints du choléra en Haïti, à l’issue de leur traitement. Pour le moment, la polio est écartée, dans l’attente des résultats de laboratoire.
Des épidémiologistes de terrain de l'OPS / OMS et les autorités sanitaires locales du Nord-Ouest ont signalé ce groupe de syndromes neurologiques, le 10 Janvier 2011. Au 24 janvier, 4 cas de syndrome neurologique aigu, dont 3 décès, étaient signalés. Des entretiens avec le personnel médical et les familles ont montré que ces patients avaient été admis à l'hôpital entre début novembre et fin décembre pour cas grave de choléra puis avaient présenté une paralysie ascendante bilatérale flasque 24 à 72 heures après la fin du traitement du choléra.
Parmi les cas suspects, 4 seulement avaient des symptômes et signes compatibles avec une paralysie. Trois sont décédés, et un est toujours hospitalisé à Port-au-Prince. Il se remet lentement. Par mesure de prudence, la vaccination contre la polio a été ajoutée à la campagne de vaccination prévue contre la diphtérie et la rougeole dans le département du Nord-Ouest d’Haïti.
La poliomyélite a été la première hypothèse étudiée, en raison de ses implications en termes de santé publique. Toutefois, les caractéristiques cliniques et épidémiologiques de ces cas, excluent pour l’instant la poliomyélite qui n’entraîne pas, en général, un taux de mortalité élevé. Bien qu’aujourd’hui considérée comme une cause hautement improbable, la polio n'a néanmoins pas été totalement écartée, dans l’attente des résultats de laboratoire mais les experts dont des toxicologues penchent plutôt vers une contamination à l'hôpital ou à domicile par des médicaments ou encore de la nourriture.
Une surveillance a été mise en place sur recommandation de l’OMS qui poursuit ses recherches. Une infirmière du programme de vaccination de l'OPS / OMS est rentrée d'une visite des communautés touchées le 24 janvier, avec des échantillons venant des familles.
La polio a été éradiquée du continent américain en 1994 et l’initiative mondiale contre la poliomyélite, lancée en 1988 a réduit l'incidence de la maladie de plus de 99% dans le monde. En 1988, plus de 350.000 enfants avaient été touchés et été paralysés dans plus de 125 pays d'endémie. En 2009, 1.595 enfants ont été touchés de paralysie, dans 24 pays. Aujourd'hui, seuls 4 pays d'endémie subsistent, l'Afghanistan, l'Inde, le Nigéria et le Pakistan.

Source : OPS / OMS « PAHO/WHO Investigating Paralysis Cases in Port-de-Paix, Haiti », Global Polio Eradication Initiative (Visuels), traduction, adaptation, mise en ligne Maurice Chevrier, Santé log, le 29 janvier 2011
http://www.santelog.com/modules/connaissances/actualite-sante-choleacutera-en-haiumlti-enquecircte-de-loms-sur-des-cas-de-paralysie-_4892_lirelasuite.htm#lirelasuite

Haïti: l’expertise suisse au service de la reconstruction

Par Samuel Jaberg, swissinfo.ch

Se basant sur les expériences de précédentes catastrophes naturelles, la coopération suisse (DDC) a décidé d’apporter en Haïti ses compétences techniques en matière de reconstruction. Un centre spécial a été mis sur pieds. Bernard Zaugg, son directeur, en détaille la mission.
Haïtien d’adoption – il y vit depuis 25 ans – Bernard Zaugg a longtemps travaillé au sein d’ONG présentes dans un des pays les plus pauvres de la planète. Suite au séisme du 12 janvier 2010, qui a fait près de 300'000 morts et plus d’un million de sans-abris, il a pris la direction du Centre de Compétence Reconstruction (CCR) mis en place par la coopération suisse.

swissinfo.ch: Quel est le rôle de ce bureau suisse spécialisé dans la reconstruction?
Bernard Zaugg: Depuis son ouverture en juillet 2010, le CCR travaille sur trois plans complémentaires. Le premier consiste à fournir un appui technique aux projets de reconstruction menés par la coopération suisse. Deuxièmement, il fournit des conseils techniques à des ONG, principalement suisses, actives dans la reconstruction.
Troisièmement, le CCR travaille de concert avec le ministère haïtien des travaux publics dans le cadre d’un programme d’information et de formation sur les règles de base à respecter dans la construction parasismique et anticyclonique. Le but est de faire circuler dans le grand public et auprès des ouvriers du bâtiment des messages simples pour améliorer la qualité des petites constructions individuelles. Des petits spots «technico-humoristiques» seront par exemple diffusés à la télévision nationale.

swissinfo.ch: Est-ce la première fois qu’un tel centre voit le jour?
B. Z. : Après le séisme de 2005 au Pakistan, la DDC avait déjà mis en œuvre un programme de formation et d'information. Nous nous sommes également inspirés de ce qui a été fait après le tsunami de 2004 en Asie. Mais il faut tenir compte du contexte, les techniques de construction ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. La création du CCR est une conséquence de l’analyse des bonnes et mauvaises pratiques observées lors des catastrophes précédentes.

swissinfo.ch: Une année après le tremblement de terre, la reconstruction n’a pas encore véritablement démarré en Haïti. Où en sont vos projets?
B. Z. : Effectivement, la reconstruction n’avance pas vite, pour une multitude de raisons. Le dispositif public est faible, il fonctionnait déjà mal avant le tremblement de terre. De l’autre côté, certains acteurs externes ont pris des décisions qui n’ont pas contribué à renforcer ce dispositif. Beaucoup de coopérations imposent leur façon de voir les choses et ça passe plutôt mal en Haïti.
Mais il faut aussi différencier la reconstruction formelle et institutionnelle, qui peine à se mettre en place, et la reconstruction individuelle, qui n’attend pas l’aide de l’Etat et la publication de nouvelles normes antisismiques pour se mettre en marche.
Pour sa part, la coopération suisse a décidé de concentrer ses efforts sur les infrastructures publiques, en particulier les écoles. A la mi-janvier, nous avons posé la première pierre de deux écoles à Petit-Goâve et à Léogane. A cette occasion, le directeur général de l'enseignement primaire haïtien a souligné qu’il appréciait beaucoup la coopération «horizontale» de la Suisse.
" Certaines coopérations sont plus interventionnistes et mettent des conditions à l’aide apportée. Ce n’est pas le cas de la Suisse. "

Bernard Zaugg, responsable de la DDC en Haïti
swissinfo.ch: La Suisse a-t-elle une approche différente des autres acteurs présents en Haïti?
B. Z. : Lors de nos contacts avec les autorités haïtiennes, nous rappelons sans cesse que nous sommes une petite coopération, avec des moyens limités. Certaines coopérations sont plus interventionnistes et mettent des conditions à l’aide apportée. Ce n’est pas le cas de la Suisse. Nous n’allons par exemple pas proposer de restructurer un ministère.
Nous sommes par ailleurs une des rares coopérations bilatérales à avoir mis à disposition sur place et sur la durée des compétences parasismiques spécifiques, avec des ingénieurs et un architecte.

swissinfo.ch: Mais n’aurait-il pas été plus judicieux de créer un centre de compétences unique impliquant tous les acteurs de la reconstruction?
B. Z. : En théorie, oui. Rationnellement, il serait mieux d’avoir quelque chose de centralisé et de coordonné. Mais pour cela, il faudrait un Etat haïtien suffisamment fort jouant le rôle de chef d’orchestre ou alors un acteur extérieur qui prenne les choses en mains. C’est ce que certains attendaient de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), mais ça ne fonctionne pas vraiment. Chaque acteur a sa propre vision et ses intérêts spécifiques. La Suisse a une approche de coopération moins hégémonique.

swissinfo.ch: Les bailleurs de fond ont promis beaucoup d’argent mais il ne peut être utilisé faute de projets concrets. N’est-ce pas frustrant?
B. Z. : Il y a plusieurs échelles de temps pour la dépense. Durant la phase d'urgence, la Suisse a dépensé 12 millions de francs. Mais passée cette période, où l’on agit au plus pressé sans mettre les coûts au premier plan, on entre dans une phase plus complexe. Nous aurions pu faire du tape-à-l’œil, en reconstruisant par exemple une école sans rien demander à personne. En Haïti, il est possible de faire quasiment n’importe quoi, les contrôles étant rares voire inexistants. Mais ce n’est pas notre façon de concevoir les choses.
Certes, douze mois après le tremblement de terre, il n’y a toujours pas de nouvelles normes de construction scolaire. Il faut toutefois rappeler que le ministère de l'Education est détruit et qu’une trentaine de fonctionnaires ont péri dans le séisme. Institutionnellement, il est difficile de se relever d'un tel choc.
Il y a aussi eu une prise de conscience après le séisme. Près de 3000 enfants ont péri sous des écoles mal construites. Le ministère ne veut pas aller trop vite et refaire les mêmes erreurs. Bien sûr, si vous promenez votre micro dans la rue, la majorité des personnes vont se montrer insatisfaites. Mais c’est aussi à la société haïtienne de savoir si elle veut se révolter et secouer ses autorités.
Pour terminer, il faut également se demander ce que signifie la reconstruction. J’étais à Port-au-Prince pendant le tremblement de terre. Le premier sentiment qui nous a tous habités était le suivant: «la gabegie est telle, on ne va jamais s’en sortir». Au Sri Lanka, la reconstruction n’est pas encore terminée six ans après le tsunami. Beaucoup de journalistes sont-ils allés voir où en était la reconstruction à L’Aquila, en Italie, près de deux ans après le tremblement de terre?
Samuel Jaberg, swissinfo.ch
de retour d'Haïti
http://www.swissinfo.ch/fre/detail/content.html?cid=29330450

"Bébé doc" en France, 25 ans d'exil et de mystères

PARIS, 30 janvier 2011 (AFP) - Son exil en France devait être provisoire, il aura duré 25 ans: en regagnant Haïti le 16 janvier, l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, alias "Bébé doc", a refermé une période entourée de mystères durant laquelle il a échappé à la justice et dilapidé sa fortune. Pendant ce quart de siècle, l'ex-président à vie, âgé de 59 ans, a brouillé les pistes et connu maintes alternances politiques en France, où il a parfois vécu sans titre de séjour, d'après une enquête de l'AFP.
Chassé du pouvoir en Haïti, "Bébé doc" est accueilli à l'aéroport de Grenoble le 7 février 1986 afin de "faciliter la transition démocratique" et pour "une huitaine de jours", assure le gouvernement Fabius.
C'est alors un homme riche. Soupçonné d'avoir siphonné les caisses de son pays, le plus pauvre du continent américain, il aurait détourné entre 1971 et 1986 entre 300 et 800 millions de dollars selon l'ONG Transparency International.
Séjour dans l'Abbaye de Talloires, un hôtel quatre étoiles au bord du lac d'Annecy près de la Suisse, voitures et restaurants de luxe... Jusqu'au début des années 1990, "Jean-Claude" et son épouse Michèle Bennett mènent grand train sur la Côte d'Azur, où ils séjournent dans des villas somptueuses dont celle de l'homme d'affaires saoudien Adnan Khashoggi, à Mougins, selon plusieurs sources.
Les premières difficultés arrivent sur fond de divorce, prononcé en 1993. "Sa fortune a fondu parce que sa femme avait procuration sur les comptes", affirme Max Bourjolly, un ex-dirigeant communiste haïtien. "Ses amis, ses proches, ses anciens ministres, la famille Bennett, tous l'ont plumé", confirme le journaliste Nicolas Jallot, qui l'a rencontré à trois reprises.
L'Etat haïtien lui réclame en outre 120 millions de dollars et il ne doit son salut qu'à la Cour de cassation qui, en 1990, déclare les juridictions françaises incompétentes.
Aux abois, "Bébé doc" revend en 1992 le château de Théméricourt au conseil général du Val d'Oise pour 5,85 millions de francs, aussitôt saisis par le fisc.
En 1993, il se fait expulser d'une villa qu'il louait 800.000 francs par an sur les hauteurs de Vallauris, pour cause d'impayés. Il n'a même plus le téléphone: "Tous les jours, il descendait utiliser une cabine à pièces et remontait avec des packs de bière", raconte un témoin.
Selon Me Renaud Hyppolite, avocat haïtien, il vivote ensuite chez son fils, étudiant à Paris, avant d'emménager dans un deux-pièces de la région parisienne avec sa mère, qui décède en 1997 à Neuilly-sur-Seine chez un ancien ambassadeur de l'époque Duvalier.
A la fin des années 90, des Haïtiens de France veulent le traduire en justice. Leur plainte pour crimes contre l'humanité est classée sans suite fin 1999 mais "Bébé doc" choisit de se faire oublier. Il est officiellement "porté disparu" par le gouvernement français.
Il loge un temps à l'hôtel Claridge près des Champs-Elysées puis, au début des années 2000, dans un deux-pièces "modeste" au Trocadéro, avec sa compagne Véronique Roy, où il reste jusqu'à son retour surprise en Haïti, raconte Ronald Mettelus, ex-opposant devenu l'un de ses "proches".
A-t-il bénéficié d'un traitement de faveur?
Les autorités françaises s'en sont toujours défendues mais ses opposants n'en doutent pas. "Il y a eu une extrême bienveillance, à droite comme à gauche", affirme Gérald Bloncourt, fondateur du Comité pour juger Duvalier.
Si "Bébé Doc" dispose aujourd'hui d'un titre de séjour de 10 ans et peut "tout à fait" rentrer en France, selon une source diplomatique, il n'en a pas toujours été ainsi.
Après le rejet de sa demande d'asile en 1987, l'ex-dictateur a vécu illégalement sur le territoire français pendant plusieurs années, de l'aveu même des autorités de l'époque. En mai 1999, un militant des droits de l'Homme l'a d'ailleurs cité à comparaître à Grasse pour "séjour irrégulier", procédure annulée pour vice de forme.
"Bébé doc" a su se sortir d'une autre mésaventure judiciaire. En novembre 1995, il quitte l'hôtel l'Eden Bleu, à Mougins, en laissant une ardoise de plus de 100.000 francs. Son gérant, Patrick Budail, porte plainte et traque son indélicat client dans les rues de Nice.
"On transmettait nos infos à un membre des RG, avec lequel j'ai fini par m'énerver (...), car cela ne débouchait sur rien", raconte M. Budail, convaincu que Duvalier était "protégé".
Sollicité par l'AFP, l'avocat parisien de M. Duvalier, Me Sauveur Vaisse, n'a pas donné suite. Jean-Claude Duvalier, visé par des plaintes pour violation des droits de l'homme, est également poursuivi par la justice haïtienne pour corruption, détournement de fonds publics et association de malfaiteurs.
jt-ppy/soh/ed
Par Jérémy TORDJMAN et Pierre PRATABUY
http://www.tahiti-infos.com/Bebe-doc-en-France-25-ans-d-exil-et-de-mysteres_a17198.html

Bienvenue aux dictateurs

Richard Martineau.-30/01/2011 03h28 Tout le monde se demande pourquoi Jean-Claude Duvalier a quitté son palace sur la Côte d'Azur pour retourner à Haïti.
Comme l'écrivait Michel Beaudry dans sa chronique, l'autre jour: c'était quoi, son plan? Pensait-il que les Haïtiens allaient s'agenouiller devant lui et lui donner les clés du pays sur un plateau d'argent?
La belle vie
Mais une autre question me turlupine concernant Bébé Doc: comment se fait-il que ce monstre ait pu se la couler douce en France pendant toutes ces années, sans être le moindrement embêté, comme s'il était un retraité comme un autre?
La France aime rappeler au monde entier qu'elle est le berceau des Lumières et des Droits de l'homme. Liberté, égalité, fraternité, et tout le bataclan.
Mais concernant sa façon de traiter les anciens dictateurs qui ont accroché leur mitraillette, la patrie de Voltaire n'a de leçon à donner à personne.
Comme l'écrivait le journal électronique Rue89 la semaine dernière, la France a été hyper complaisante envers l'homme qui a pillé et terrorisé Haïti.
«Celui qu'elle a accepté d'accueillir en transit pour quelques jours en 1986 sera finalement resté 25 ans. Hors la loi, mais jamais inquiété.»
Un sans-papiers
Afin d'expliquer pourquoi on n'avait jamais expulsé l'ancien dictateur hors de France (et à coups de pieds dans le cul, s'il vous plaît, gracieuseté des millions de Haïtiens qu'il a crossés durant son règne), le gouvernement français disait que les autorités avaient «perdu sa trace».
Or, selon Rue89, c'est complètement faux. Bébé Doc n'est jamais disparu dans la nature.
Le président François Mitterrand a tout simplement dit à l'avocat de Duvalier que si son client restait tranquille et discret, rien ne lui arriverait.
Résultat: Bébé Doc (dont la fortune estimée était supérieure à la dette extérieure de son pays) a pu dormir sur ses deux oreilles dans sa somptueuse villa des Alpes et se balader en Ferrari sur la Croisette au vu et au su de tous, sans jamais être embêté par les autorités françaises, même s'il n'avait pas le statut de réfugié politique!
Tout ça, dans un pays qui ne cesse de dire haut et fort qu'il faut expulser les sans-papiers!
Les crapules s'amusent
Le cas de Duvalier n'est pas unique.
Omar Bongo, le président du Gabon, et Denis Sassou Nguesso, le président du Congo, deux sympathiques dictateurs sans foi ni loi, ont tous deux été accusés d'avoir détourné des sommes considérables de leur pays respectif pour acheter des palaces en France: un hôtel particulier dans le 16e à Paris, une villa dans les Yvelines, etc.
Rien de mieux que le miroitement des bijoux pour aveugler le pays des Lumières...
Ce n'est un secret pour personne: la Côte d'Azur est le Miami des dictateurs à la retraite.
Espérons que le Canada ne lui emboîtera pas le pas...
Après tout, ouvririez-vous les portes de votre maison à un criminel?
Ça pue
Mitterrand a autorisé la torture en Algérie, frayé avec le gouvernement de Vichy, accueilli Bébé Doc et fréquenté René Bousquet, un collabo notoire soupçonné d'avoir envoyé des enfants dans des camps d'extermination.
Décidément, plus on fouille, plus on se rend compte que l'idole de la gauche française était une crapule...
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/richardmartineau/archives/2011/01/20110130-032800.html