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lundi 27 avril 2020

Haïti autosuffisant en maïs

#DIZONPAM
Je publie très souvent des articles que l’on pourrait qualifier de décevants ou tristes. Ceci jamais dans le souci de ne partager que de mauvaises nouvelles. Je ne fais en fait que répercuter ce qui intéresse les médias.
Aujourd’hui, en feuilletant la page culturelle du Nouvelliste, j’ai vu ce titre sur une photo de la version sur papier. Je suis donc retourné sur la version disponible en ligne pour tomber sur cette excellente nouvelle.
Haïti autosuffisant en maïs.
Je passe sur le fait qu’un journaliste courageux eut à pécher cette information à partir de publications américaines. J’ai envie de dire heureusement certes ! Mais pourquoi n’y a-t-il pas une étude haïtienne et une valorisation de ce fait : une autosuffisance dans une denrée alimentaire ; alors que les ONGs mettent tout le temps des articles pour annoncer une insécurité alimentaire ?
L’article détaille les modalités de consommation du maïs. Moi j’en mange régulièrement. J’en achète dans les supermarchés asiatiques. Le produit s’appelle bien « Maïs Haïti ». Mais « fabriqué » en Angleterre. Aux USA, j’ai eu à croiser la fameuse variété « mayi senmak ». Mais là encore Haïti n’a rien à voir dans son exploitation.
J’avais beaucoup critiqué une émission radiodiffusée qui parlait d’une entrepreneure à succès dont le travail, dont l’exploit a consisté à faire rentrer du « corn flakes » en gros puis à les détailler, pour rendre ce type de céréales accessibles à tout le monde. J’ai eu l’impression de marcher sur la tête. Et ma réflexion s’est conceptualisée dans le sens d’une interrogation sur pourquoi importer et « populariser » le corn flakes, dans un pays ou existe le maïs.
J’ai croisé aussi des Haïtiens qui vous disent qu’ils ne mangent pas de maïs moulu (en forme de semoule !)
Il y a beaucoup à faire sur cette filière. Il faudrait une politique de « valorisation » du produit et une prise en main pas le secteur de la transformation.
Comment en pas penser à cette bouteille d’AK100, vendu dans le petit bar desservant le Centre d’Etudes Secondaires ? Pour l’anecdote de l’ AK100 une fois en compagnie de mon grand ami Monsieur Herbert Joseph à New York , j’y reviendrai une autre fois ! Moi en attendant je ne rate pas pour me faire une belle assiette de may moulen ak fèy zepiina, maymoulen, ak djondjon, maymoulen ak kalalou ; maymoulen ak afliba … Je réfléchis au « tyaka »
Publié le 2020-04-24
Un rapport publié récemment par le Département d’Agriculture des États-Unis (USDA, en anglais) est entièrement consacré aux grains cultivés et consommés en Haïti et permet d’avoir une vue globale, via des statistiques et des prévisions actualisées sur la production, la commercialisation et la capacité de stockage de chacun de ces produits alimentaires. Aussi, ce rapport rendu public en date du 15 avril 2020 nous fait-il savoir que le maïs, contrairement à son cousin le riz, demeure à ce jour le grain le plus cultivé en Haïti, et par conséquent l'un des produits agricoles en lequels le pays est encore autosuffisant.
À ce titre, la production de maïs en Haïti, au cours de la campagne 2020/21, devrait atteindre 320 000 tonnes métriques (TM) contre des importations de l’ordre de 20 000 TM. Il s’agit-là d’une véritable prouesse compte tenu de l’incurie de l’État, des contraintes d’ordre structurel ainsi que de la carence de financements et d’investissements alloués à ce secteur de production durant ces dernières décennies.
Le maïs est cultivé non seulement dans tous les départements pendant trois saisons (au printemps, la principale saison de croissance, en automne et en l'hiver), mais également les reliefs, y compris les plaines humides et irriguées, les montagnes humides et les plateaux jusqu'à 2 500 pieds d'altitude.
Grâce à un retour à la production des zones touchées par la sécheresse au cours de la campagne 2018/19, la superficie récoltée pour l’actuelle campagne devrait augmenter de 1% pour atteindre 390 000 hectares (ha) contre 385 000 ha en 2018/19. Pour la campagne 2020/21, l’USDA prévoit une superficie récoltée stable de 390 000 ha.
« La production de maïs dépend fortement des précipitations, car les terres irriguées d'Haïti sont estimées à 80 000 hectares. De plus, d'autres cultures, dont le riz, le plantain et les légumes, concurrencent largement le maïs pour le système d'irrigation existant », rappelle le rapport qui établit à 320 000 TM, tout compte fait, la production de maïs pour l'actuelle campagne 2019/20.
Cette production représente une augmentation de 2% et est due au retour à des conditions climatiques normales, notamment la fin en août 2019 du phénomène «El Niño» ayant affecté les précipitations et provoqué la sécheresse dans plusieurs départements d'Haïti. L’USDA dit s'attendre à la poursuite des conditions climatiques normales durant la campagne 2020/21 et, par conséquent, à une production de maïs stable pour ladite campagne.
S’agissant du rendement pour la campagne 2019/20, il devrait rester stable autour de 0,82 TM par hectare. « Le rendement du maïs en Haïti est difficile à augmenter en raison de plusieurs paramètres, notamment la gestion de l'eau, le manque de variétés adaptées à la situation des agriculteurs et le manque d'outils et d'équipements adéquats [...] La dépendance de la production de maïs d'Haïti vis-à-vis des précipitations crée une incertitude quant à la disponibilité de l'eau pour le développement du maïs […] De plus, la fertilisation est fortement négligée dans la production de maïs en Haïti. Il est appliqué dans quelques zones irriguées, mais dans les autres zones, la fertilisation est presque inexistante […] En Haïti, le rendement dépend du potentiel du sol, des résidus des cultures précédentes (pour l'engrais) et des précipitations », révèle longuement le rapport.
Malgré une production quasi autosuffisante, les stocks de maïs en Haïti restent limités et le gouvernement, indique le rapport, ne fixe aucun niveau de stock. Cependant, quelques agriculteurs haïtiens parviennent à stocker une petite quantité de maïs pour servir de semences pour la prochaine campagne. « Les agriculteurs disposant d'installations de stockage peuvent stocker plus de 20% de la récolte sous forme de semences pour la prochaine campagne agricole. »
Pour la campagne 2019/20, les importations de maïs devraient atteindre 20 000 tonnes, contre 35 000 tonnes lors de la campagne 2018/19. Fait rare pour être souligné quand il s’agit d’agriculture en Haïti, cette baisse de 43% des importations est due, selon l’USDA, à l'augmentation de la production locale. Avec des conditions climatiques favorables à la production locale 2020/21, il est donc prévu une stabilisation des importations à 20 000 TM. « Haïti importe du maïs principalement des États-Unis et d'Argentine, mais il est signalé que de petites quantités de farine de maïs et de semoule traversent également la frontière dominicaine, de manière officieuse. »
Si l’USDA se garde de fournir des statistiques précises sur le niveau de consommation du maïs en Haïti, l’instance nous renseigne en revanche que cet aliment de base du régime haïtien est généralement consommé sous quatre formes : semoule de maïs (le moyen le plus populaire), maïs sucré (mayi boukannen), farine de maïs et akasan (une boisson haïtienne populaire). Si la semoule de maïs - en particulier de taille fine et moyenne - est consommée quotidiennement comme substitut du riz ou du blé de boulgour, le maïs sucré boukannen est vendu à presque tous les coins de rue.
Le maïs est également utilisé pour l'alimentation animale. « Tout d'abord, la tige du maïs est utilisée comme fourrage vert pour nourrir les animaux après la récolte. Deuxièmement, les grains de maïs sont utilisés pour nourrir la volaille. Cette catégorie comprend deux sous-catégories : les producteurs d'aliments pour animaux et les agriculteurs de basse-cour. Les producteurs d'aliments moulent le fruit entier (les grains et l'épi de maïs) pour produire des aliments pour animaux. Les fermiers nourrissent leurs volailles avec les grains. »
Source : https://lenouvelliste.com/article/215300/haiti-autosuffisant-en-mais Auteur : Patrick Saint-Prè

mercredi 15 avril 2020

Je ne suis pas de votre classe moyenne…

Réflexion d’une journaliste haïtienne.
Nous sommes arrivés au point où nous arborons avec ostentation des termes philosophiques et sociologiques pour tourner en dérision quelques formes d’institutions religieuses dites populaires ou incultes et les personnes croyantes qui, en grande partie, estimons-nous, sont les causes du laisser-aller du peuple haïtien. Soit. Mais comment reprocher à ces gens qui vivent, pour la plupart, au bas de l’échelle sociale de s’inventer un Dieu et toute sa lignée pour s’assurer un mieux-être psychologique, si tel est le cas, dans les conditions pareilles que nous vivons ? À notre tour, comment pouvons-nous croire en quelque chose qui n’existe pas, comme une certaine classe moyenne en Haïti ? Quand est-ce que nous aurons à nous retourner la balle ? Evidemment, il y a des limites à cette tentative que nous propose le schéma de ces lignes dans un contexte pareil.

Mais puisqu’il est aussi de plus en plus difficile sociologiquement de parler de la notion de classe moyenne dans les sociétés humaines d’aujourd’hui, comment faisons-nous pour dresser une telle utopie en Haïti ? « On m’a demandé d’aller l’école, j’y étais. On m’a demandé de faire des études supérieures, je les ai faites. Ou plutôt je les fais. » La formulation de ces phrases est peut-être de moi mais l’idée directrice concerne quasiment, pour ne pas dire totalement, toute une certaine classe moyenne en Haïti. À l’école nous avons appris que la classe moyenne est un concept des Trente Glorieuses en France qui représentait une sorte de transition ou une étape entre la classe aisée ou supérieure et la classe pauvre appelée la classe ouvrière ou la masse. L’émergence entre ces classes a donné naissance à une partie de la population qui n’est ni pauvre ni riche. Quand on tient compte, par exemple, de la réalité contemporaine de la ville et les espaces du vivre ensemble qui interrogent graduellement l’apparition des phénomènes sociaux permettant de saisir les raisons qui poussent les individus à se scinder dans les lieux individuels ou d’appartenance au même groupe social que les siens, cette notion de classe moyenne devient floue. Voilà pourquoi le concept de groupe est important dans cette même idée de classe moyenne.

Le concept de groupe fait appel à la solidarité et à ce qu’on pourrait nommer la théorie de l’identité sociale qui intervient au niveau de trois processus fondamentaux, d’après Henri Tajfel, un théoricien de l’identité sociale : la catégorisation sociale ; l’auto-évaluation à travers l’identité sociale ; la comparaison sociale inter-groupe. Devenue dominante dans l’approche des relations intergroupes, la théorie de l’identité sociale est utilisée comme cadre de référence pour comprendre et expliquer les phénomènes collectifs tels que les soulèvements, les émeutes ou la solidarité sociale. Nous autres en Haïti avec nos classes moyennes (si elles existent), nous élevons des remparts physiques et sociaux contre toutes formes de proximité et d’accointance, car ce que nous avons gagné ne tient qu’à un fil et peut s’écrouler du jour au lendemain. Elles (les classes moyennes) sont dans une dynamique de mobilité individuelle et n’entrevoient pas un pôle d’interaction intergroupe car les individus sont déterminés par leurs relations interpersonnelles et leurs caractéristiques personnelles[1].

Pour une universitaire et professionnelle salariée dont le père, assez connu dans sa ville, a eu une longue carrière dans l’enseignement et la mère qui avait bossé dans des ONGs, ayant partagé sa vie parfois entre le commerce et des activités d’archiviste, me paraît-il, il fallait clamer haut et fort : je suis dans de la classe moyenne. Comme l’a chanté Orelsan : « J’viens d’la classe moyenne, moyennement classe où tout le monde cherche une place (…)[2] En tout cas, je connais bien des gens qui disent et qui savent à quel point je me sens vexée quand ils me parlent en des termes : « une fille de province de la classe moyenne. » Peut-être que mes parents ne seront pas si déçus de m’entendre dire ça pour la simple et bonne raison je ne suis pas capable de suivre le troupeau sans m’interroger et interroger cette société. Parce qu’au moins je peux questionner ce qu’on m’a appris à l’école. Ce mode de fonctionnement discursif ne devrait-il être pas l’une des fonctions élémentaires de l’école ou de la formation supérieure ?

Ou peut-être que mes parents, je pense surtout à mon père, seront mécontents parce qu’ils se sont usés pour donner à leurs trois enfants une bonne éducation. Dans tous les cas, je ne m’excuse pas de ne pas avoir un sentiment d’appartenance à aucune classe sociale en Haïti. Ce n’est pas un déni. Je ne peux vraiment pas m’identifier à « une petite élite dont je n’ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu’on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue… »[3], comme l’a écrit Jorge Borges pour parler lui, de l’écriture.

Confinée à Marseille depuis plus d’un mois maintenant, mes inquiétudes me ramènent toujours à Haïti et me poussent à me replonger dans le fameux « pays lock » qu’à connu en septembre 2019, le pays. Situation qui a paralysé toutes les sphères et couches sociales du pays pendant trois (3) mois.
Il ne s’agissait pas d’un virus qui allait impacter à ce point le fonctionnement social, on le sait. Mais aujourd’hui, avec les deux cas recensés en Haïti, on s’interroge en se demandant doit-on s’attendre au pire puisque la plus fondamentale des mesures de prévention qu’il nous fallait était d’empêcher qu’on en arrive à ce point. Remarquons qu’ en France, les autorités peuvent soustraire l’ensemble de la population à leurs tâches sociales pour un bon temps ( Disons jusqu’en mai).
Sans rester dans les détails, chez nous en Haïti où la situation est très complexe, les stratégies standard de prévention des autres pays seront-elles valables ? La question me semble plus pertinente que toute tentative de réponse dans ce texte ou ma préoccupation essentielle aborde la problématique des classes moyennes.
Plusieurs définitions par catégories socioprofessionnelles ou intervalles de revenus existent par ce concept de classe moyenne. L’une des façons fondamentales pour approcher la réalité de cette classe, c’est le salaire. Ce n’est pas l’unique puisqu’il existe d’autres variables qu’il faudrait penser à prendre en compte. Mais nous, qui cherchons à user cette notion, sommes de préférence ce qu’on appelle une certaine « élite intellectuelle ».
Et voilà l’une des raisons primordiales qui me poussent à me soustraire de toute illusion de la classe moyenne. Evidemment vous me diriez peut-être que ce n’est pas un corps homogène et qu’il existe des classes moyennes. Soit. Cependant, en fonction de quoi estimez-vous que vous en fassiez partie ? Je me demande pourquoi on se précipite sur les concepts en faisant fi des bornes qui les définissent. Je laisse le soin à ceux et celles qui travaillent sur la langue et les rapports des humains en société cette tâche tout en sachant le risque que la classe moyenne encourt tous les jours pour ne pas se voir basculer dans la pauvreté alors qu’ils se fabriquent une vie incroyable…peut-être sur les réseaux sociaux.
Ce que je souhaitais exprimer ne tient qu’à un fil : mon ras-le-bol.
Ras le bol de devoir côtoyer en Haïti des classes moyennes toujours sur le qui-vive.
Ras le bol de devoir côtoyer une classe moyenne qui simule. Ras le bol de la situation actuelle causant la désolation de tout un peuple.
En Haïti nous avons une certaine classe moyenne qui se satisfait de trop peu et paradoxalement qui fait tout pour ressembler à des bourgeois ou des petits bourgeois, dans tout le sens du terme. L’expression petite bourgeoise me fascine pour mille raisons que je m’étalerai pas ici. Mais là, ma préoccupation me pousse à poser la question pendante : quand est-ce qu’on est petit.e bourgeois.e ? A l’école on nous a appris que les individus de la classe moyenne qui font des études supérieures peuvent devenir l’élite intellectuelle. Et cette dernière en remettant en question des pratiques de sa société et en devenant un.e employé.e capable de faire des économies sur son gain après avoir comblé les besoins fondamentaux est appelé.e petit.e bourgeois.e. Sans tomber dans les courants et paradigmes, c’est l’une des explications simples que l’on peut tenter d’apporter.

Tout de même, quand on s’y réfère à l’histoire de l’Humanité présentée dans un texte d’Alan Woods[4], Marx et Engels expliquaient dans le Manifeste du Parti communiste le développement social comme facteur central à travers la lutte des classes. Avec l’arrivée du capitalisme, la société a été polarisée en deux grandes classes antagonistes : la bourgeoisie et la classe ouvrière (le salariat).

 L’expansion du capitalisme, comme le prédisait Marx, a mené à «la concentration du capital. »[5]
Pendant des décennies, les économistes et les sociologues bourgeois, qui affirmaient que la société devenait toujours plus égalitaire, que tout un chacun devenait membre de la classe moyenne ont rejeté l’idée d’un capitalisme qui se scinde, d’une part à une immense accumulation de richesses au sommet de la société et d’autre part à une accumulation de pauvreté, de misère et d’exploitation à sa base.[6]
Toutes ces illusions sont désormais balayées, écrit Alan Woods. « L’argument, tellement apprécié des sociologues bourgeois, selon lequel la classe ouvrière a cessé d’exister, a été complètement démoli. Dans la dernière période, d’importantes couches des travailleurs qui se considéraient comme appartenant à la classe moyenne ont été prolétarisées. Des enseignant.e.s, des fonctionnaires, des employé.e.s de banque, etc., ont été précipités dans les rangs de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier, où ils constituent quelques-unes de ses sections les plus militantes. »[7]

Lorsque je pense au fameux roman d’Oscar Wilde « Le portrait de Dorian Gray », je me dis effectivement qu’il faut que je continue surtout à faire la plupart des choses qu’on me reproche. Comme lire des romans. La classe moyenne comme disait Lord Henry dans ce roman, n’a rien de moderne. Il faut voir dans cette modernité non seulement la notion du temps dans la lutte des classes – la classe moyenne n’est pas une réthorique récente -,mais aussi, pour approfondir, les sens technique et pratique de la modernité. C’est à dire dans le sens de non classe. Idéal désormais sans idéal, la classe moyenne avance, techniquement et pratiquement, vers sa propre destruction.
Voyez par vous-même, il y a très peu de cadre de référence de la sociologie et même du droit dans ce texte.
Mais puisqu’on parle de droit, qu’en est-il pour le peuple haïtien qui fonctionne avec des lois qui tombent en désuétude ?
Comment aborder les violences faites sur les droits fondamentaux des personnes les plus vulnérables tenant compte de la violence systémique et de la violence institutionnelle flagrante dans la société ? Quels sont par exemple, les lois en vigueur ou proposition de lois sur le coût des normes et de mixité dans les programmes immobiliers neufs ?
Sans mettre la charrue avent les bœufs dans le contexte haïtien,, rappelons que dès le début de ce texte, nous avons fait mention des remparts physiques et sociaux que les classes moyennes dressent contre toutes formes de proximité et d’accointance, car ce qu’elles ont gagné ne tient qu’à un fil et peut s’écrouler du jour au lendemain.

Ce que nous feignons d’ignorer, c’est le pouvoir latent d’une certaine forme de discrimination qui ronge notre société. Cette classe moyenne s’étouffe sous le poids des discours et des idées biscornues qui ne servent qu’à rapetisser l’impasse dans laquelle elle se trouve. Et un jour si nous ne renversons pas l’ordre des choses, nous n’aurons plus de constitution ni de lois valables pour protéger même la liberté de penser, oui la liberté de penser, et de s’exprimer dans ce pays.

Je ne suis pas de votre classe moyenne. Et ceci pour deux raisons fondamentales : je ne suis pas dans la prétention ni dans une fausse modestie. Tout comme je ne suis pas dans les limites non plus. Parler de limites en ces termes est nettement différent du sens de la mesure. Il faut considérer ici la réalité qui n’arrête pas de violer des rêves. Partout, les inégalités se côtoient, « des richesses obscènes côtoient la misère, la souffrance humaine est omniprésente. » Comme le souligne le texte d’Alan Woods, « L’aspect le plus frappant de la situation actuelle est le chaos et l’agitation qui ont saisi la planète entière. Il y a instabilité à tous les niveaux : économique, social, politique, diplomatique et militaire. Le monde semble être devenu fou. »[8]

J’affirme que je n’appartiens à aucune classe en Haïti, c’est pour moi une façon de lutter contre le laxisme d’État et c’est une façon aussi de lutter contre les illusions d’une certaine classe moyenne existante. J’accuse la classe moyenne d’Haïti, hommes et femmes qui se laissent embobiner par une élite économique sans sentiment d’appartenance renforcé, consolidé, affermi et « développé »pour ce pays. Enfin, j’accuse les soit- disant classes moyennes de créer des conditions miroitières de réussite dans un pays en proie aux crises politiques et sociales.
Eunice T Eliazar
eunice18271@gmail.com
[1] Schéma récapitulatif des grandes théories de l’identité sociale, Henri Tajfel
[2] Musique : Orelsan et Stromae, La pluie
[3] J.L.Borges, Le Livre de sable (1978)
[4] Publié pour la première fois en anglais en juin 2013, ce texte a été publié par la suite sous forme de livre en vente : Les idées de Karl Marx.
[5] https://www.marxiste.org/theorie/philosophie/928-les-idees-de-karl-marx
[6] ibid
[7] ibid
[8] ibid

mercredi 1 avril 2020

HAITI VA BIEN MERCI !

Ce serait la réponse que l’on recevrait si l’on posait la question à savoir comment va Haïti en cette période de pandémie de Coronavirus. Ce serait sans aucun doute la réponse du gouvernement, des proches du pouvoir, et des proches des fonctionnaires.
Alors que des agences de presses internationales déclinaient leurs inquiétudes devant l’insoutenable vulnérabilité d’un « des pays les plus pauvres de la planète », le gouvernement s’est certes manifesté pour créer une commission et passer une commande de 18.000.000 de dollars qui fait déjà débat dans l’atmosphère habituelle et le spectre saisissant de corruption et de passe-droits.
Oui, le gouvernement et sa commission gèrent la crise. Pour accompagner la population à rester confinée pour diminuer la propagation du virus, des millions de dollars vont être distribués en espèces et en rations de provisions alimentaires.
Il est déjà question de sommes coquettes dont le pays va bénéficier: 50.0000.000 , 70.000.000 !
Des mains se frottent déjà!
 Mais parallèlement à ces mesures, que rapporte le monitoring de l’évolution/progression du nombre d' haïtiens atteints du virus ?
Sur les réseaux sociaux, les dernières estimations officielles parlent de 16 cas testés positifs !
Si on sait qu’il y a un effet de stigmatisation risquée, dangereuse charriant une « morbidité » aussi léthale que les formes les plus graves de la maladie, on peut imaginer que beaucoup de gens garderont pour eux l'imminence de l'affection et fausseront des statistiques déjà biaisées par d’autres facteurs propres au pays et à notre société.
On ne saurait faire le procès du gouvernement et des organismes impliqués dans la prise en charge de la maladie - à ce niveau – si les gens choisissent de cacher la maladie pour sauver leur peau. Le travail contre cette mentalité aurait dû se faire depuis bien longtemps avant cette urgence !
Cependant parmi les mesures prises il ne faudrait pas négliger un rappel rassurant du mal qu’engendrerait une telle attitude.
Par contre le fait que les mesures qui ont à voir plus directement avec de l’argent prennent le dessus dans les commentaires et les débats autour de l’épidémie, dénote un mal rongeant et profond qui pourrait pousser à penser que pour certains, cette épidémie qui tue ailleurs et qui nous enlève nos êtres chers, cette maladie que nous semblons assez mal contrôler, serait vécue comme une (sale) opportunité de s’enrichir grâce à la corruption et la malversation de fonds.
Ceux qui le veulent, peuvent légitimement s'appuyer sur les #FondsPetroCaribe et la mauvaise expérience de leur désastreuse gestion!
En même temps l'élément indispensable pour combattre le fléau, n'est que partiellement pris en compte: Les hôpitaux!
Bien sûr que les décideurs pensent à eux! En atteste la commande de 18.000.000 de dollars de matériels et équipements médicaux!
Les responsables hospitaliers ont-ils eu leurs mots à dire sur la pertinence et le bien fondé de ces commandes?
Des langues jurent que la liste des articles et équipements à acheter avait été établie avant la première réunion de travail de la super commission scientifique!
Quid de ces structures hospitalières en grève?
Qui écoutent leurs demandes pour les satisfaire?
Pourquoi on en parle pas ou très peu?
Comment imaginer qu'une distribution d'argent ou de rations alimentaires puisse se réaliser de façon satisfaisante à la lumière de certaines caractéristiques de la société haïtienne.
Je n'aimerais pas être à la tête ni du pays, ni en charge des institutions qui vont se lancer dans cette périlleuse aventure!
Tant d'inquiétudes!
Tant de questions qui resteront sans réponse pour renforcer la chronique d'une malversation annoncée!
Pauvre Haïti!
Pauvres Haïtiens!
Dr Jonas Jolivert