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mercredi 21 mai 2008

Entre déprime et manfoubénisme

Vous n’êtes pas haïtien. Simplement vous avez de l’haïtien en vous. Vous êtes un haïtiano-quelque chose. Vous n’êtes surement pas un natif-natal. Hélas ! Personne n’est parfait.
Vous aimez tout ce qui est créole. Vous vous désintégrez devant le créole mais vous n’êtes pas de chez nous. Vos essais de traduction vous enlèvent la saveur particulière du coté imagé contextuel de notre langage. Je vous comprends. Encore Hélas.
Même quand vous vous acharnez avec attention sur les textes de Monsieur Euvrard Saint-Amand dans sa rubrique qui met à l’honneur le créole. Vous n’arrivez pas à vibrer comme je le fais moi. Personne n’est parfait hélas.
Sans doute vous n’avez jamais entendu le mot « manfouben ». Ce vocable ne vous dit rien. Et si j’écrivais « m’enfou-bien » ça vous dirait quelque chose. En fait, un substantif que le créole a fait de l’expression « je m’en fou bien » est devenu « manfouben ». Donc on comprend aisément que le « manfouben » est quelqu’un qui s’en fout « pas mal » de tout.
Plusieurs définitions pourraient être adossées à notre « manfouben » : Indifférent, fataliste, imbécile heureux, insouciant et j’en passe. Ce serait alors le mec qui s’en tamponne, qui s’en bat les machins, un adepte de la « zen-attitude » etc… Parmi toutes ces approches il y en a qui seraient plutôt éloignées de notre « manfouben » mais l’essentiel c’est de comprendre le sens et le contexte pour la suite.
Un jour, le « manfoubénisme » sera nécessairement enseigné à l’école. Ou des gens intelligents et avertis, un Bill Gates des temps plus-que-modernes créeront des centres de thérapie basée sur cette philosophie qui aura fait preuve d’une efficacité époustouflante et ébouriffante. Ceci se fera quand les grandes boîtes qui produisent les anti-dépresseurs seront en rupture de stock devant l’envolée extraordinaire et non programmée de la demande.
Aujourd’hui encore, grâce à Dieu – et pourvu que ça dure – il est encore assez facile de se procurer et se ravitailler en anti-dépresseurs. L’idée de choix ne s’impose donc toujours pas. Et ce, malgré l’entêtement des médias à nous saper le moral avec le tour du monde des insolites. Bon les insolites hier rentraient dans la rubrique incroyable mais vrai.
Aujourd’hui tout devient insolite. Ou sans doute n’obtient- on des sensations fortes qu’avec les insolites de l’insolite ? L’histoire d’un père qui garde sa fille prisonnière pendant vingt-ans, entame, entretient une relation incestueuse immonde avec en sus sept enfants-petits-enfants ne tombe plus dans la rubrique « hors de la grâce de Dieu ». Les Médias nous rapportent toujours des histoires de plus en plus alléchantes pour essayer d’appâter encore une fois notre curiosité.
Bref aujourd’hui il suffit de prendre sa voiture, capter une station qui diffuse des informations en continue pour se poser la question : La déprime ou le « manfoubénisme »
Voici un florilège d’informations qui conservent jalousement leurs substances en faisant varier le contexte géographique ou l’aspect identitaire des acteurs :
1. Le gouvernement chinois estime à plus de 50.000 morts et disparus le nombre des victimes du tremblement de terre.
2. Angelina Jolie monte les marches à Cannes le soir de la présentation du dernier film de Clint Eastwood. La star de Hollywood serait enceinte de jumeau
3. Les autorités Birmanes évaluent à plus de 1.500.000 sinistrés après le passage du cyclone. Les besoins de la population sont plus que jamais évident mais la jungle militaire (oops pardon) la junte militaire contrôle la rentrée de l’aide humanitaire qui n’arrive pas à cause de l’émission en compte goutte des visas. La junte Birmane annonce par ailleurs que le oui a remporté le référendum à plus de 85%.
4. Diego Maradona sur la croisette dans le cadre du festival de Cannes l’ex star du ballon rond assiste à la présentation du documentaire préparé par le réalisateur de génie E.K…
5. Les sud-africains résidant dans les anciens ghettos, symbole du hideux Apparteid s’en prennent aux immigrants Zimbabwéens qui arrivent de plus en plus nombreux en Afrique du Sud e quête de travail. Les zimbabwéens sont accusés de tous les maux de la création par les sud-africains qui considèrent qu’ils leur prennent leurs boulots, leurs logements, leurs bouffes et leurs femmes…Plus de cent tués en un mois.
6. Le prix du baril de pétrole poursuit sa hausse vertigineuse en flirtant avec la barre des 130 dollars. Cette hausse non maîtrisée semble être encore et toujours le résultat de l’arrivée massive des fonds spéculatifs sur le marché pétrolier. Déjà, les conducteurs ressentent une vraie crise à ce niveau se manifestant probablement par une certaine rareté du produit et il y a de plus en plus de voitures dans les stations d’essence. Il faut dire que personne ne semble se préoccuper de la flambée des prix des carburants qui représentent une manne pour les décideurs. Et ceci malgré la monté des prix des produits de première nécessité qui a motivé et déclenché les émeutes de la faim. Le Baril à 500.00 dollars c’est pour quand ?
7. Effet domino. Une chose entraîne l’autre. Les pêcheurs de France en grogne contre l’augmentation du prix des carburants bloquent certains ports, rendant difficile le ravitaillement en essence. En fait leur profession subit et supporte mal les effets de la flambée des prix du pétrole. Malgré le projet de modernisation des bateaux de pêche, l’achat de l’essence représente une trop grosse portion de leur budget. En dehors des considérations politiques une piste de solution serait justement de pêcher un peu plus. Les mers sont encore bourrées de poissons qui n’ont pas encore fait la grève ni sont menacés comme des espèces en voie de disparition. Des consommateurs potentiels il y en a aussi. Plus d’un français sur quatre n’achète pas de poisson à cause de leur prix exorbitants. Si vous mettez ces ingrédients dans un récipient vous fabriquez un bordel explosif pendant la logique humaine, pure et simple, voudrait nous faire croire que l’on se noie dans un verre d’eau, ou on meurt de soif à un pas de la fontaine. La réalité est encore plus dure à comprendre car nous avons oublié un élément fort : le système de quota imposé par la mondialisation. En gros, pour certains types de poissons, le pêcheur doit se restreindre à une quantité de tonnes, pendant que pour couvrir ses frais il aurait fallu en prendre plus de cinq fois la valeur imposée.

Ces sept histoires vous suffisent-elles à vous aider à envisager la possibilité de devenir « manfouben » ? Pouvez-vous encore vous procurez facilement du PROZAC ?
De mon côté le choix est fait. Il a été très simple. Je continuerai à démontrer – les informations à l’appui - qu’il n’y a pas de honte à se déclarer « manfouben ». Le siècle prochain je serai considéré comme pionnier ou « vanguardiste » d’un courant de pensée et de comportement qui évincera les bases solides des religions les mieux ancrées dans nos sociétés.Pour les incrédules, les indécis, les puritains, rendez-vous dans « les colonnes du manfouben »



(21/05/08 DL-JJ)

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