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vendredi 18 février 2011

Haïti : Le Haut Plateau central au bord d’une crise environnementale

vendredi 18 février 2011 Correspondance spéciale : Ronel Odatte
Hinche (Haïti), 18 févr. 2011 [AlterPresse] --- Sécheresse, coupe anarchique des arbres, mauvaise gestion des déchets : le Haut Plateau central (au nord-est de la capitale) frôle la crise environnementale, alors que sa population vit entre l’aide des organisations non gouvernementales (Ong) et l’espoir de trouver un emploi dans les communautés limitrophes de ce département géographique en République Dominicaine, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Entre 2001 et 2011, la température n’a pas cessé d’augmenter. Plusieurs espèces d’oiseaux ont déserté le département géographique, à l’image de la corneille, du ramier et du colibri, rapportent plusieurs habitants à AlterPresse.
L’eau, denrée inestimable, devient de plus en plus rare, le débit des rivières tend à diminuer, même pendant la période des pluies.
« Il n y a plus d’eau en abondance, le débit de la rivière Guayamouk (Ndlr : une déformation de l’expression « agua mucho ») alimentant le lac de Péligre diminue considérablement. Pourtant, le Haut Plateau Central faisait partie des régions d’Haïti ayant une forte pluviosité », constate Michelange Dérosier, maire adjoint de la commune de Hinche.
Les années semblent désormais être divisées en deux saisons : la période cyclonique et celle de la sécheresse.
Les deux dernières années (2009 et 2010) ont ainsi été particulièrement difficiles pour les agriculteurs du département du Centre. Plusieurs récoltes de maïs et de pois ont été détruites.
Les populations subiraient, jusqu’à présent, les effets de la sécheresse des années précédentes. avance Mérilus Bernard, coordonateur du conseil des assemblées de la section communale d’Aguahédionde, rive gauche (commune de Hinche).
Les produits agricoles, en provenance du département du Centre, touché sévèrement par l’épidémie de choléra (18 mille cas et plus de 300 décès depuis le 19 octobre 2010), sont stigmatisés par les consommateurs.
Le charbon de bois comme exutoire
Pour subvenir aux besoins de leurs familles, beaucoup d’habitants s’adonnent à la production de charbon de bois. lequel alimente à la fois le marché local et celui de la capitale, Port-au-Prince.
Dans la ville de Hinche, 90% de la population utilise le charbon de bois pour la cuisson des aliments. Il en résulte un processus de déboisement dans plusieurs localités.
Le commerce de charbon de bois est assimilé à une unique source de revenus par plusieurs habitants.
« Nous sommes obligés de nous rendre dans les sections communales pour acheter du charbon de bois chez les paysans, et ensuite le transporter par camion vers la capitale », reconnaît Flores Jean, qui pratique le commerce du charbon, depuis 2005, au Haut Plateau central.
La coupe des arbres, pour la fabrication du charbon, risque de s’intensifier durant les prochains mois, selon des perspectives sur la sécurité alimentaire en 2011 en Haïti, tracées par la coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa).
La gestion des déchets, un casse-tète
A côté du déboisement, la ville de Hinche, considérée comme la métropole du département géographique du Centre, doit aussi faire face à la question des déchets. La mairie ne dispose que de 3 camions de voirie.
« Les déchets sont partout dans la ville. Les canaux sont jonchés de déchets en plastique et d’autres détritus, ce qui entrave l’écoulement des eaux de pluie et provoque souvent des inondations dans certains quartiers, comme : Sully, Croix Des Bossales et Bois Verna », explique un journaliste de la Radio Voix des Paysans, Josué Fleura.
Hinche connaît aussi un taux de croissance de population et un taux d’urbanisation les plus élevés de tout le département, souligne un dirigeant du mouvement des paysans de Papaye (Mpp).
L’attrait de la République Dominicaine
« Des milliers de paysans sont abandonnés á la merci des organisations non gouvernementales. La plupart des habitants du département se plaignent de ne pas pouvoir nourrir leurs enfants, ni de les envoyer á l’école », indique, pour sa part, l’un des responsables d’assemblées territoriales, Mérilus Bernard.
Dans certaines communes du Plateau central, comme Cerca-Cavajal, Cerca-La-Source et Thomassique, les jeunes de moins de moins de 25 ans ont tendance à se tourner, de plus en plus, vers la République Dominicaine dans l’espoir de se faire embaucher dans la branche de la construction.
Originaire de Pacas, section communale de Cerca La Source. Sainfort Althéas, 21 ans, qui n’a jamais été à l’école, déclare réfléchir à un projet de quitter le pays.
« La terre ne produit plus, il n’y a pas d’infrastructures. Je devrais me rediriger vers la République Dominicaine », songe-t-il.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10665