Google

mardi 16 octobre 2007

Les canaux d'évacuation utilisés à d'autres fins

Dans certains coins de la région métropolitaine, des particuliers n'hésitent pas à construire leurs maisons au-dessus des canaux d'évacuation des eaux. Impuissantes à les déloger, les autorités semblent fermer les yeux.
Bravant tant le ciel que les autorités, certains érigent leurs constructions sur les canaux d'évacuation des eaux un peu partout dans la région métropolitaine.

C'est le cas du Boulevard Harry Truman, où des particuliers, sous l'oeil médusé des autorités, ont construit des maisons en béton sur le canal, feignant d'ignorer les risques d'être emportés par la fureur des eaux.

Non loin du Théâtre national, boulevard du Bicentenaire, entre un garagede fortune et le centre d'accueil « Lakou de Don Bosco », un bordel servant de boite de nuit s'est installé directement sur le canal.
Vue de l'hôtel bar restaurant dansant construit anarchiquement sur les canaux
(Photo: Moranvil Mercidieu)

Le paysage immédiat aux alentours du bâtiment crasseux qui abrite le « Spirit hôtel bar restaurant dansant » offre une image effrayante. L'immeuble empêche tout bonnement l'écoulement des eaux pluviales lors des averses. Tous les canaux et les égouts de la zone sont pratiquement obstrués par des tonnes d'ordures constituées surtout de déchets plastique et ménagers. Les constructions anarchiques incontrôlées compliquent de plus en plus la situation.

Ne se rendant pas compte du tort qu'elles causent à la communauté, certaines personnes, pour mener leurs activités commerciales, construisent sans aucune gêne sur les canaux de la zone. Elles obstruent ainsi le passage de l'eau. « Nous reconnaissons que cette situation est périlleuse. En période pluvieuse, nous sommes régulièrement victimes d'inondation. Cependant, nous n'avons pas d'autre espace pour trouver le pain quotidien de nos enfants », a lâché Jeanne, une résidente qui croit être soumise à une fatalité.

Vue de l'entrée principale de l'hôtel (Photo: Moranvil Mercidieu)
Le Boulevard Harry Truman, la route de Martissant et tant d'autres zones de Port-au-prince ne sont pas si différentes. A chaque pluie, des tonnes d'immondices jonchent la chaussée qui devient ainsi impraticable. Camions et voitures, au lieu de rouler, voguent dans un océan d'eau sale.Le même phénomène s'observe un peu partout dans la région métropolitaine.

Vue du canal d'évacuation au Boulevard Harry Truman obstrué par la construction de cette maison (Photo: Moranvil Mercidieu )
À Carrefour-Feuilles, à Christ-Roi, à Solino, au Boulevard Jean-Jacques Dessalines, à Nazon, etc. Les canaux sont littéralement obstrués par des maisons construites de manière anarchique et incontrôlée, ce qui représente un grave danger pour notre environnement. Cette situation n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d'une mauvaise gestion de l'environnement au cours des 20 dernières années.

Elle est également le fruit du mutisme et de l'incapacité des autorités, notamment les conseils municipaux et de la Direction générale des Impôts (DGI), qui ne garantissent pas le respect des espaces interdits au niveau de la capitale.
Les présentes autorités municipales de Port-au-Prince, lors de leur entrée en fonction, avaient promis de dégager les espaces mal entretenus et de donner une nouvelle image à la capitale. Sept mois après, rien n'est fait.

Par ailleurs, la carence d'un plan d'urbanisme expliquerait en bonne partie le phénomène de construction accélérée et désordonnée à Port-au-Prince. Il faut dire que le bidonville n'est pas toujours forcément la déchéance, la fatalité, la négation de l'urbain, mais le résultat de certains rapports sociaux inégalitaires, de l'irresponsabilité des décideurs qui obligent certains usagers à résister, à inventer leurs propres modèles d'habitat suivant des pratiques originales non dérangeantes ni menaçantes.

Vue de l'entrée secondaire du Théâtre national bondé d'eau et du même coup jonché d'ordures
(Photo: Moranvil Mercidieu)
En dépit des inondations meurtrières enregistrées dans le pays, notamment à Fonds-Verettes, aux Gonaïves et récemment dans le Sud du pays aucune volonté réelle n'est encore manifestée du côté des autorités pour réduire ces risques dans les prochaines décennies. Le danger est imminent et visible.
Amos Cincir