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mercredi 6 juin 2018

NON MERCI, MONSIEUR OBAMA!

5 Juin 1862 : Un jour comme aujourd’hui, il y a 155 ans, les Etats-Unis reconnaissaient l'indépendance d'Haïti à travers une résolution votée par le Congrès des Etats-Unis et approuvée par le président Abraham Lincoln. Ceci, 58 ans après la proclamation officielle, solennelle, indéniable et irréversible de l’indépendance haïtienne.
Il est clair que pour cette grande puissance, ayant vaincu pour un groupe, le système colonial sans toucher l’esclavage et ses préjugés, il était hors de question d’applaudir la geste des esclaves de Saint Domingue qui représentait une pierre risquant de faire dérailler la machine productrice de richesse et de pouvoir de l’époque, ce système basé sur la colonisation.
Et si les USA ont enfin reconnu notre indépendance, ce fut encore une fois  dans la lignée de la préservation de leurs intérêts faisant corps aussi avec ceux des grandes puissances surtout de l’Europe et en particulier de la France qui avait négocié et signé avec Jean-Pierre Boyer l’ordonnance de Charles X imposant le paiement de notre indépendance à travers une lourde dette. Comme des blocs de béton posés sur nos épaules, le pays de la liberté nous a définitivement rendu handicapés à vie pour avoir gagné après une guerre, la nôtre !
« The land of free » mit 58 ans pour légitimer notre désir et notre soif de liberté.
Ceci c’est de la … « nostalgie historique » pourra-t-on dire !
Sans doute.
Mais cet anniversaire attira mon attention en ce moment particulier où dans l’actualité on parle d’une éventuelle visite de l’ancien président américain Monsieur Barak Obama, le premier président noir des Etats-Unis d’Amérique !
Rien de bien surprenant que le premier président noir de l’histoire des Etats Unis d’Amérique rend visite à la première République Noire du monde qui se trouve à plus d’une heure d’avion de son territoire.
C’est en effet très surprenant qu’il le fasse pour la première fois, maintenant qu’il n’est plus président, car durant ces deux mandats présidentiels, il n’avait pas jugé bon de visiter Haïti.
Et ceci, même après le 12 janvier 2010, quand Haïti et les haïtiens se sont retrouvés meurtris et à genou, sous les décombres provoqués par le terrible tremblement de terre, d’autres chefs d’états ont fait le déplacement mais pas Barak Obama.
Non seulement il n’a pas visité Haïti, il a passé la gestion du dossier haïtien à Madame Clinton, alors ministre des affaires étrangères qui avec son mari propulsé à la tête de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti représentèrent les mains américaines qui allaient décider des cinq années qui ont suivi le tremblement de terre.
Parmi les grandes entreprises menées par le couple Clinton on citera la propulsion de Michel Martelly comme président de la République et une reconstruction au point mort sans rentrer dans les détails.
Monsieur Barak Obama est sans doute l’un des meilleurs présidents des USA. Je ne suis pas le mieux placer ni pour le confirmer ni pour l’infirmer. Mais il jouit d’une vraie empathie dans les milieux haitiens pour des raisons dont je n’ai pas la légitimité d’évoquer. Moi je dirai qu’il est beau, qu’il est grand, qu’il a de la classe, qu’il parle bien, qu’il aime sa femme et est fidèle, il est un homme « propre » , il sait dire ce que les gens attendent qu’ils disent, il avait toujours su démontrer sa tristesse et sa consternation après chaque tuerie de masse et verser quelques larmes chaque fois qu’un policier blanc abattait un noir.
D’ailleurs il a reçu un prix Nobel de la paix par anticipation !
Ceux qui auront puisé dans cette liste non exhaustives des énormes qualités de l’ancien président américain, me diront que je n’ai pas le droit de critiquer le fait qu’il ne se soit pas rendu en Haïti et qu’il n’avait pas à le faire.
Je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il n’était pas obligé de le faire pendant sa présidence. Je dirai même qu’il n’est pas obligé de le faire non plus maintenant qu’il n’est plus président. Mais il est libre de voyager ou il veut. Cependant pour moi ce sera un non-évènement.
Les autorités haïtiennes se sentiront honorées de sa présence. Certains politiciens feront des selfies pour la postérité.
Des anciens ministres et autres dignitaires haïtiens seront les représentants de sa fondation qui va financer des projets en Haïti.
Monsieur Barak Obama ajoutera sans doute une nouvelle ONG à la grande liste de celles-là qui vivent d’Haïti depuis des années sans jamais changer les choses en profondeur.
Le parallélisme que je me permettrais d’établir entre la non-visite du président et la vite de « l’humaniste » c’est la pérennisation de cette logique trop souvent appliquée avec Haïti. Au lieu de poser des actes considérés essentiels pour faire bouger les choses, on ferme les yeux et on applique des pansements sur des plaies provoquées par la cécité ou l’indifférence.
L’ingérence des Etats Unis dans les élections présidentielles de 2011 avec le choix de Michel Martelly au détriment de Madame Myrlande Manigat a été une décision avec des conséquences que le pays évacuera après plusieurs décennies.
Peu importe l’action que la Fondation d’Obama posera en Haïti, il ne pourra jamais réparer les torts causés à la première république Noire du monde !
Et que l’on ne me sorte pas le TPS !
Donc, votre visite , Monsieur Obama pour moi est un non-évènement !
Non merci!
Dr Jonas Jolivert
05/06/2018