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samedi 31 mars 2012

« Si je n'avais pas écrit, on ne parlerait que des morts »

Dany Laferrière L'écrivain haïtien est l'invité du Printemps du livre
Il était à Port-au-Prince, le 12 janvier 2010, quand la terre a tremblé. De ce séisme qui a ravagé son île, il a tiré un récit paru en 2011, Tout bouge autour de moi (Grasset), qui a inspiré le thème du 10e Printemps du livre. Rencontre avec l'écrivain haïtien Dany Laferrière.

D'où est venue l'idée de ce récit ?
J'ai commencé à prendre des notes immédiatement, pour ne pas dériver ni devenir fou devant un tel désastre. Il fallait que quelqu'un le fasse pour montrer la dignité des Haïtiens. Ce que je raconte, aucun média international ne l'a dit. Si je n'avais pas écrit, on aurait eu uniquement des chiffres, des images de morts, d'immeubles éventrés. On oublie de parler de reconstruction humaine.

Cela vous agace que l'on présente Haïti comme une terre maudite ?
Qu'aurait fait ce pays pour mériter d'être maudit ? Haïti a arraché son indépendance il y a 200 ans mais qui reprocherait à un esclave de vouloir vivre libre ? Après le séisme, les scènes de pillages ont été marginales. Le peuple haïtien s'est relevé, avec une énergie extraordinaire.
Selon vous, c'est la culture qui a soudé les Haïtiens face au malheur…
C'est cette culture, formée par le créole, la peinture, la musique, le vaudou, qui a structuré le peuple haïtien et l'a sorti de l'esclavage. En Haïti, il n'y a pas de quête d'identité mais un surplus d'identité.

Que raconte votre dernier livre « Chronique de la dérive douce » ?
Mon arrivée à Montréal, en 1976, quand j'ai quitté Haïti après l'assassinat d'un ami. J'ai dû apprendre les règles de ce nouveau monde où tout était différent.
Recueilli par Manuel Pavard