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mardi 2 août 2016

EN ATTENDANT NEOT

Qu’il est bien loin ce temps où l’on se croyait concerné par ce qu’il se passait dans ce monde dont on se sentait bondé de cette puissante légitimité qui poussait à exclamer haut et fort que l’on était fier d’être citoyen de ce monde.
On le trouvait parfois drôle, souvent cruel et toujours injuste. On arrivait à se convaincre que pourtant tout y était prévu pour le bonheur de tous :
- la rosée du matin perlant un rhododendron d’un vert apaisant
- une vague qui s'épuise en écume et murmures sur du sable blanc et fin
- un clair de lune resplendissant une nuit étoilée
- un coucher de soleil de printemps sur les tropiques
- … Cependant il suffit de sortir de ce rêve pour se retrouver pieds et mains liés, les yeux écarquillés de l’incertitude et de l’incompréhension nous extirpant avec violence de notre contemplation candide.
Le monde est en effet ébullition et chaos capables de broyer idées et volontés.
Et submergé dans sa structure labyrinthique et pyramidale on prend conscience de son rôle d’acteur vecteur de changement.
Les appels viennent de partout. De la gauche comme de la droite des flèches de plus en plus acérées invitent à l’engagement car on a tous une partition à jouer. Avec le temps et la réalité des moyens devant cet imposant obstacle on essaie tout. On est prêcheur de bonnes nouvelles puis révolutionnaire théoricien sans moyen, radical supportant toute une gamme de préfixes.
Un jour on fait le constat amer d’avoir lâché prise. Et que l’on a perdu ses cheveux comme on a perdu l’envie et le désir de changement. Nos causes dans leurs diversités se rangent avec nos armes et nos bâtons de pèlerins là où l’on range regrets et remords et trophées insignifiants.
Le temps se fait promontoire de recul, l’âge belvédère pour observer s’agiter avec une fougue scintillant le regard ceux qui auront notre âge dans trente ans et qui brandissent l’étendard des causes qui se sont brisées en éclat devant la toute puissance du monde.
Ainsi va la vie et les gens avec …
Doc JOPI 2/08/2016

ENTRE REPOS DU GUERRIER ET DECEPTION

Le mois de juillet correspond depuis de nombreuses années à ma période de vacances. En effet c’est le temps que je mets de côté pour visiter ma famille qui réside dans l’ensemble aux États-Unis d’Amérique et pour respirer directement l’air d’Haïti.
  Pour cette raison, ceux qui suivent mes activités comme Blogger à travers Haïti Recto Verso (http://www.haitirectoverso.blogspot.com), et plus récemment ceux qui visitent nos sites internet savent très bien que ses supports ne sont pas mis à jour pendant cette période.
  Pourtant, généralement, cette période est souvent riche en événements intéressants sur le monde et sur Haïti qui se délite une crise après une autre.
Sur la crise haïtienne, j’avais pris la décision de ne pas me montrer très assidu dans mes écrits, dans la mesure où je ne dispose pas toujours d’éléments solides pour analyser et tirer des conclusions sur des phénomènes critiques qui se développent en dépit de tout bon sens et dans la plus incompréhensible des incohérences. 
Je m’amusais avant, pendant mes vacances, à publier une colonne que j’avais intitulée  « Choses vues et entendues aux États-Unis d’Amérique ». L’observation de ce que je pouvais considérer comme incongru ou hilarant m’avait inspiré dans ce sens.
En effet la presse américaine, comme toutes les presses en général semble fonctionner par scoops. A chaque voyage je suivais malgré moi, le cours de certaines actualités présentées comme des épisodes d’émissions de télé-réalité.
  Je me rappelle ces images de la poursuite en direct et de l’arrestation de O J Simpson comme ces épisodes relatant le jugement de la femme qui avait amputé de sa bite, un certain Bobbit qui deviendra par la suite un acteur de pornographie.
  Une année à Virginia Beach j’avais été émerveillé devant une boisson de couleur bleue ciel. En fait je trouvais amusant de demander au vendeur le nom du fruit qui était à l’origine de ce teint apaisant certes mais forcément peu agréable au palais malgré la notoriété et la popularité de la marque du produit.
  Depuis quelques années, je trouve les faits d’actualité américaine moins marrants. Les scoops ont une texture plutôt macabre, une odeur désagréable de rétrocession et d’injustice sociales. Il est question de policiers blancs exécutant des citoyens noirs devenus des « african americans » et des individus traités comme suspects et dangereux juste sur la base de leur origine ethnique.
Souvent il est question d’émeutes et de protestations autour d’une décision de justice attendue et liée à un meurtre survenu dans le même contexte.
  D’autres fois, l’actualité est dominée soit par un tireur embusqué semant la panique dans la population en ciblant des citoyens lambda quand celui-ci ne s’en prend pas à des policiers, a des élèves d’un établissement scolaire, a l’assistance d’une salle de cinéma ou des paroissiens d’une boîte ou d’une discothèque.
  Comme citoyen haïtien résidant en dehors d’Haïti et des États-Unis, je m’efforce toujours à m’expliquer et me convaincre des raisons qui font que les haïtiens de la Diaspora américaine évoquent souvent l’insécurité en Haïti pour ne pas s’y rendre et contribuer à la vie du pays.
  La force et la tournure des événements m’ont poussé dans les retranchements d’un repos du guerrier et mes vacances, je les fais rimer avec végétation !
Aujourd’hui encore grâce aux réseaux sociaux qui ont fait la fortune de leurs concepteurs, l’information vous tombe dessus avec la facilité et la fréquence d’un cheveu dans un bol de soupe. Et il faut beaucoup plus que la volonté de se couper du monde, pour prendre un vrai recul de cette actualité qui nous montre le niveau élevé de déshumanisation de ce monde dans lequel nous vivons. 
J’ai vu comment ceux qui suivent la presse aux États-Unis ont été maintenus en alerte scoop après scoop. Ça a débuté par la présentation en boucle de deux policiers blancs tirant cinq fois sur un homme de race noire maîtrisé au sol pour passer très vite aux images très choquantes diffusées en direct sur Facebook d’un noir entrain d’agoniser au volant de sa voiture après avoir été abattu par un policier blanc qu’il lui avait demandé de s’arrêter pour un contrôle de routine.
Les chaînes diffusant les nouvelles sont passées sans transition à la diffusion des images d’un tireur qui fit des morts à Dallas . L’attentat de Nice prit le dessus avec des envoyés spéciaux pour laisser vite la place au coup d’état manqué de Turquie puis un autre tueur de policiers à Baton Rouge pour finir avec le buzz du discours de la femme de Donald Trump ayant plagié le discours de Michelle Obama lors de la convention des démocrates en 2008.

Pendant ce temps, les choses ne sont pas plus porteuses d’espérance en Haïti. La crise générée autour de Privert ne prend pas le chemin conduisant à la solution. L’assemblée Nationale constituée par les députés et les sénateurs a du mal à se constituer pour statuer sur le futur du président provisoire dont le mandat a pris fin depuis plus d’un mois. 
Cela veut tout simplement dire que députés et sénateurs n’arrivent pas à constituer cette instance décisionnelle qui est l’assemblée nationale, la seule habilitée, par un accord raccordé à des préceptes constitutionnels, à décider du sort et du futur de l’exécutif.
Pendant ce temps au niveau de la gestion du pays il ne se passe rien. 
Dans l’avion il n’y a toujours pas de pilote ! 
Ouf ! 
Après avoir été abasourdi par tout ça, on a le droit d’être déçu de l’espèce humaine sans que l’on soit diagnostiqué de dépressif chronique.
Dr Jonas Jolivert