Google

samedi 1 mars 2008

Ils ne rêvent que du retour d'Aristide

Les lavalassiens ne rêvent que du retour d'Aristide au pays. Quatre ans après son départ, leur mobilisation semble loin de s'estomper.
Des milliers de lavalassiens ont manifesté sans incident dans les rues de la capitale pour réclamer le retour au pays de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide, le vendredi 29 février 2008, quatre ans, jour pour jour, après la démission et le départ pour l'exil du leader à vie de l'organisation politique Fanmi Lavalas.
Rameutés par des figures de proue du parti comme Annette Auguste, René Civil et l'ex-député Ernst Vilsaint, les militants, comme d'habitude, se sont retrouvés en face de l'Eglise St-Jean Bosco à la Grand-rue pour prendre part à la traditionnelle cérémonie d'avant manif qui est constituée pour l'essentiel en des tours d'un feu vivifié avec du rhum et le renouvellement de leur allégeance à l'ancien prêtre-président.
Les tresses passablement jaunies, l'un d'eux, sourire aux lèvres, s'est félicité de retrouver un « vieux camarade de lutte ».
« Tu n'a pas abandonné la lutte, tu n'a pas trahi », a-t-il lâché, flanqué d'un maillot à l'effigie d'Aristide, au son de tambour, de bambou et d'autres instruments acoustiques tandis que la manif se dirigeait vers le quartier de Tokyo, sous une forte escorte policière.
Confiant, il chante en coeur avec d'autres manifestants les galères et les victoires politiques d'Aristide. « Titid ale, li tounen, li re ale lap retounen », a-t-il scandé en référence au putsch de 1991, au retour en 1994 et à la démission du 29 février 2004, qu'il qualifie de kidnapping.
A l'instar de ce militant, Annette Auguste, dans un message délivré en face du Palais National, dit considérer la démission du 29 février 2004 comme un enlèvement, une « forfaiture politique ».
Selon elle, les Etats-Unis, la France, le Canada, le Groupe des 184, les partis de l'opposition à Lavalas (Convergence démocratique) sont les instigateurs du mouvement ayant causé la chute de Jean-Bertrand Aristide et la déstabilisation de la nation.
Mme Auguste a, en outre, réclamé, sous les vivats de ses partisans, le retour d'Aristide. « Nous avons voté René Préval pour qu'Aristide puisse revenir en Haïti », ont, en marge du discours de cette dernière, martelé des militants qui se sont plaints de la dégradation accélérée de la situation socioéconomique des couches défavorisées. Le 29 février 2004, après d'innombrables manifestations réunissant étudiants, citoyens, citoyennes, hommes politiques et une rébellion armée conduite par Guy Philipe, Jean-Bertrand Aristide a dû démissionner et partir en exil à République centrafricaine (Bangui), à la Jamaïque puis en Afrique du Sud. Suite à ces évènements, la capitale à été mise à sac par des gens qui, selon les pourfendeurs du régime Lavalas, ont suivi les ordres d'Aristide : « jou flan-m demokrasi-a mouri lap fe nwa lajounen kou lannwit. » Au cours de ces quatre dernières années ponctuées de violence, d'espoir...les partisans d'Aristide n'ont rêvé que de son retour.
Ils sont animés d'une foi inébranlable en leur cause ...comme le militant qui porte des tresses.

Roberson Alphonse

Les interpellateurs passent à l'opposition

Malgré le maintien du gouvernement de Jacques-Edouard Alexis, les huit députés qui ont signé l'acte d'interpellation veulent rester solidaires jusqu'au bout. « Nous devons organiser une réunion au cours du week-end autour d'une opposition constructive au gouvernement de Jacques Edouard Alexis. » C'est ce qu'a déclaré en substance le député de Jérémie, Isidor Joseph Mercier, au lendemain de la décision de ses collègues de maintenir Jacques-Edouard Alexis à son poste.

Celui qui a présenté avec brio l'argumentaire et la motion de censure contre le gouvernement pluriel de Jacques-Edouard Alexis s'est senti trahi par ses collègues du « Bloc 60 » qui ont voté en faveur du Premier ministre Alexis. « Je suis trahi et déçu, a dit le parlementaire estimant que tous les élus du peuple n'ont pas voté avec âme et conscience. Il n'y a pas de doute que le vote a été dirigé. »


Quelque 24 heures avant la séance, le député Isidor et les autres interpellateurs avaient la sympathie de bon nombre de députés. « Tout a basculé en 24 heures lorsque les chefs de partis politiques ont demandé à leurs représentants au Parlement de voter le maintien du gouvernement, a confié Isidor Mercier. Nous nous trouvions devant un fait accompli, nous ne pouvions rien faire. »
« Dommage que la majorité de mes collègues se trouvent dans la poche du gouvernement », s'est, de son côté, indigné le député d'Aquin, Bourjolly Emmanuel Fritz Gérald, en guise de réaction au vote de confiance donné au Premier ministre Jacques Edouard Alexis.
Le député de la FUSION a, comme son collègue Isidor Joseph Mercier, décidé de passer dans l'opposition. « Je suis maintenant dans l'opposition, a-t-il indiqué.
Je vais continuer à faire pression sur le gouvernement pour le forcer à améliorer les conditions de vie de la population. »Même s'ils dénoncent le « vote intéressé » de leurs collègues, les deux parlementaires estiment pourtant que la séance d'interpellation de Jacques Edouard Alexis a été une bonne expérience démocratique.
« La séance d'hier montre que les parlementaires ont beaucoup à apprendre, a, de son côté, réagi le vice-président de la Chambre des députés, Eloun Doréus. Il n'y a pas eu de débats sur la politique gouvernementale.
Au lieu de susciter le débat, certains députés se sont fait de préférence le porte-parole du gouvernement. » Le député de l'OPL a toutefois félicité ses collègues qui, en dépit de certaines imperfections, n'ont pas cherché à influencer le vote de l'assemblée.


Les huit députés qui ont signé la motion de censure:
- Bourjolly Emmanuel Fritz Gérald (Fusion)
- Denize Aristhène (Alyans)
- Dorméus Edmond (RDNP)
- Dort Jean Pressoir (LAAA)
- François Saurel (Fusion)Ronald Etienne (FRN)
- Isidor Joseph Mercier (RDNP)
- Louis Jeune Jean Ackluch (OPL)

Jean Pharès Jérôme
Commentaires:
Je ne suis pas sûr que l’ensemble des haïtiens « neutres » savent aujourd’hui si le maintien du gouvernement de Jacques Edouard Alexis est une bonne chose ou pas.
On peut reprendre l’argumentaire de la stabilité politique pour sauvegarder une continuité et surtout la poursuite des œuvres qui sont en cours. Pour moi c’est bien de savoir qu’enfin le département du Sud va bénéficier d’une route reliant les villes des Cayes et Jérémie.
Il y a tellement de questions et de réflexions à faire autour de cette histoire d’interpellation que l’on aurait du mal à choisir par ou commencer.
Cependant on est unanime à accepter que certains comportements au sein de la population et des leaders politiques nous rappellent ces vieux démons que l’on voudrait éradiquer.
C’est rageant de constater qu’il existe encore ce clientélisme politique qui permet de payer la présence de militants inconscients et idiots qui viennent vociférer des slogans contre des personnalités qui justement veulent les défendre – ou au moins le prétendent-. Les « Alexis la pou senkan » font mal à l’âme et cassent les oreilles.
Retenons plutôt l’intervention du député RNDP Isidor Mercier qui représente sans aucun doute une des rares lueurs d'espoir (sans jeu de mots) de ce parlement…