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mercredi 30 mai 2018

I AM A NEGRO


Je suis d’un naturel méfiant par rapport aux lauriers médailles et prix qui sont décernés à des méritants. Souvent l’aura qui soutient ce mérite cache une réalité camouflée faite de tâches obscures abjectes et abominables. Ma raison, qui ne correspond qu’à une logique très personnelle, se base sur l’omniprésence de l’intérêt.
Celui là même qui me contraint de  m’y intéresser  quand autour d’un prix ou d’une nomination gravite quelque chose qui a à voir avec Haïti.
Ainsi chaque année par exemple je suis en direct l’attribution du Nobel de littérature. Notre immortel Franketienne en serait un éternel candidat.  Je devrais dire que je suivais car j’ai été refroidi et pétrifié par le récipiendaire du Nobel 2016 : Robert Zimmerman mieux connu comme Bob Dylan !
J’ai vécu ce prix Nobel 2016 comme un vrai bras d’honneur projeté contre le monde de la littérature.
 L’attribution des Oscars attira mon attention car un certain documentaire, « I am not you Negro » avait été nominé pour le prix suprême de sa catégorie. Une production cinématographique autour de l’œuvre de l’écrivain noir américain Alex Baldwin. Mieux encore, ce documentaire a été réalisé par Monsieur Raoul Peck, compatriote haïtien résidant en dehors d’Haïti.
L’admiration que je porte à ce concitoyen n’aurait certes pas augmenté par la réception d’un Oscar. J’aurais été extrêmement heureux que son travail soit reconnu de par sa qualité et par les valeurs qu’il a toujours défendues derrière les Caméras.
Il ne doit pas être vu le Haïtien de l’extérieur arborant la plus grande réussite mais il représente définitivement le citoyen par excellence à avoir conjugué son succès à l’extérieur et sa préoccupation active pour son pays.
Je venais de retourner en Haïti après ma formation quand il accepta la fonction de ministre de la culture pendant quelques mois de la première présidence de René Préval.
J’avais assisté au mega concert pour la paix mettant en scène l’immense Wyclef Jean.  Après le concert les suites n’ont pas été brillantes et on a entendu un peu de tout sur le sujet.
Lors des élections qui feront de René Preval un des présidents à avoir fini deux mandats,  il avait rédigé une tribune invitant les haïtiens à éviter le choix Preval.
Toute sa filmographie alterne des œuvres ouvertes sur le monde et sur Haïti en mettant souvent sans retenue le doigt sur les plaies qui rongent le pays.
Après le flux de l’aide humanitaire abattue en avalanches sur Haïti au lendemain du tremblement de terre, il porta à travers sa caméra un regard sans concession sur l’aide humanitaire qui contribua peu au relèvement du pays dans « Assistance Mortelle ».
Il a été le seul à avoir prêté ses outils au Président Préval qui raconta dans des détails répugnants l’ingérence de L’ONU à travers la Minustah dans l’issue truquée des élections qui feront de Michel Martelly, Président de La République.
Après la diffusion d’Assistance Mortelle, ailleurs, là où les gens sont moins zombifiés et surtout moins résilients, la population gagnerait les rues pour exiger sans délai et sans négociation, le départ immédiat de la Minustah.
Enfin pour ces raisons et bien d’autres encore je m’étais accroché en croisant les doigts  à cette idée d’une consécration suprême par  les décideurs du monde du cinéma.
Quand le concurrent et gagnant de surcroît résulta être ce documentaire sur la saga de O J Simpson, je me suis demandé si on n’était pas tout simplement entrain de mélanger torchons et serviettes. La réflexion n’alla pas plus loin dans la mesure où il est archi connu que selon la philosophie de remise de prix, il ne faut jamais chercher à y trouver une logique quelconque.
Le fait que Monsieur Raoul Peck n’ait pas reçu un Oscar pour « I am not your negro » me causa très peu de peine. Et comme le font souvent les perdants je me suis dit que l’essentiel c’est d’avoir été nominé.
J’ai eu par la suite un peu de mal à coïncider du temps libre avec la diffusion du documentaire que j’aurais regardé exclusivement à cause du producteur.
Le sujet en lui-même dans mon subconscient a toujours sonné comme un problème résolu depuis deux siècles.
Les rares moments où j’ai manifesté un brin d’intérêt pour le sujet a été de savoir quel était le mot fort sorti du titre. Le  I, le Your ou le Negro.
Un ami collectionneur de livres fit par erreur une double commande de la version livre du documentaire.
Des les premières nouvelles sorties autour de l’œuvre cinématographique, je me suis précipité sur des livres du fameux Alex Baldwin dont je reconnais honteuse et humblement n’avoir jamais entendu parler.
Et j’ai aussi fini par comprendre pourquoi.
Avec Amazon ça a été vite réglé. En quelques jours j’en avais commandé et reçu plus d’une dizaine !
Mon ami me fit don du  livre « I am not your negro ».
J’ai envie de dire -malgré les opinions innombrables de ceux qui ne seront pas d’accord avec moi – que j’ai souvent tendance à appréhender ce sujet comme démodé.
Quand Senghor et Aimé Césaire fondèrent le mouvement la négritude, celui-ci a eu à reconnaître en Haïti,  le pays où la négritude s’est mise debout pour la première fois. Donc on pourrait dire que nous autres les haïtiens nous avions résolu le problème de la « revalorisation » du nègre et de sa culture par la victoire de Vertières qui a eu la suprême et sublime vertu de convertir le nègre en homme.
De là toute ma surprise et mon étonnement devant des mouvements comme la « Supranegritude » qui pour d’autres et je l’admets,  garde toute son intérêt. Je reprendrais volontiers cette phrase du Nobel de littérature qui disait que « le tigre ne déclame pas sa tigritude. … »( WOLE SOYINKA)

J’ai eu une rencontre assez sympathique avec une représentante du mouvement « Noir et Fier »  (Nofi). Avec beaucoup de précaution j’avais essayé de lui faire accepté que nous autres les haïtiens nous ne concevons même pas d’exprimer une quelconque fierté d’être noirs ou nègres puisque on ne voit pas souvent un homme entrain d’exhiber sa fierté d’être homme !
Dans le subconscient et dans la conscience de l’haitien, nègre est synonyme de garçon. Ainsi ce n’est pas une erreur syntaxique ou conceptuelle que d’entendre de la bouche d’un haïtien se référant à un footballeur arien de l’équipe nationale d’Allemagne cette phrase qui traduirait ce blanc est un garçon costaud  (blan saa gwo nèg ) ou de Lionel Messi « ce nègre joue bien au ballon » (nèg saa konn jwe boul ).
Je suivais quelques séquences d’un documentaire qui fut un instant à la mode. Une réalisation d’une cinéaste « indépendante dans laquelle elle ventait la beauté des plages et des sites touristiques. Là je m’exprime avec une certaine légèreté voulue autour de son œuvre qui a été très bien acceptée et reçue par les haïtiens de la communauté.
Justement l’élément qui m’a enlevé tout l’intérêt que comporte sans doute  ce documentaire vint du visionnage de cette séquence où elle essayait de convaincre des adolescents haïtiens de ne pas l’appeler « blanc ». Elle eut une lecture très superficielle d’une manifestation d’une profondeur formatrice et de portée universelle. Elle qui est nègre ne concevait pas que ces jeunes haïtiens l’appellassent  « blanc ». Elle ne pouvait pas comprendre que le terme blanc signifiait simplement étranger ou non-haïtien.
Dans le « discours au drapeau du président François Duvalier, il nous rappelait que Haïti était un pays de nègres. Comme les pères de la patrie l'avaient rêvé, Haïti a été créé pour être « une patrie ou le NEGRE haïtien se sente souverain et libre ».
Ce n'est donc pas un hasard si à travers les années, les haïtiens ont fait du mot nègre le synonyme du substantif homme.
Récemment, la presse canadienne rapportait un cas de Jurisprudence qui avait conduit à la condamnation d’un individu qui avait traduit en justice un autre citoyen qui avait utilisé nègre comme une injure. J'ai compris en cette occasion, combien l'œuvre haïtienne dans ce domaine était transcendante. Dans le conscient et dans le subconscient de l'haïtien, le mot nègre n'est pas perçu comme une injure. Et ce fait qui n'est pas sans importance est sous évalué. C'est sans doute la raison qui a justifié l'entêtement de la documentaliste à faire comprendre aux jeunes haïtiens qui l'appelaient « blan », pour signifier qu'elle était étrangère, quelle était noire !
 Suite à la diffusion par la presse canadienne du cas de condamnation pour injure contre un individu qui avait traité de « nègre », un activiste haïtien de la Diaspora s'en est tellement réjoui qu'il a incité les compatriotes de ne pas hésiter à porter plainte contre ceux qui utilisent le mot !
Ainsi, malgré les commentaires plutôt dithyrambiques s’affichant sur la couverture du livre support de  «  I am not your negro »,  les mots de Baldwin rapportés et inscrits sur la quatrième de couverture me parurent presque choquants.
On y lit en effet : «  CE que les blancs doivent faire , c’est d’essayer de trouver au fond d’eux-mêmes pourquoi, tout d’abord, il leur a été nécessaire d’avoir « un nègre », parce que je ne suis pas un « nègre ». Je ne suis pas un nègre, je suis un homme… »
Puis  je me suis demandé pourquoi et comment un Raoul Peck pouvait trouver un intérêt quelconque à parler de quelqu’un qui dans les années soixante disait qu’il n’était pas un nègre mais un homme ?
Et la réponse je l’ai eu à l’intérieur du livre quand Raoul Peck trouva indispensable de s’expliquer. En effet en pages 15-18,  on lit ce qui suit :
« Que suis-je venu chercher dans les mots de Baldwin ? Je viens d’un pays qui a une forte idée de lui-même, un pays qui a combattu et vaincu  l’armée la plus puissante du monde – celle de Napoléon- et qui, chose historiquement unique, a stoppé net l’esclavage, accomplissant en 1804 la première révolution d’esclaves réussie dans l’histoire mondiale. Je parle là d’Haïti, le premier pays libre des Amériques. Les haïtiens ont toujours su que le récit dominant n’était pas le récit véridique.
Cette révolution haïtienne réussie, l’histoire n’en n’a pas tenu compte parce qu’elle imposait un récit radicalement différent, lequel rendait intenable le discours esclavagiste de l’époque. Sans leur justification civilisatrice, les conquêtes coloniales de la fin du XIX ème siècle auraient été idéologiquement impossibles. Et cette justification n’aurait pas été viable si le monde avait su que les « sauvages » africains avaient anéanti de puissantes armées (surtout celles de français et des espagnols) moins d’un siècle auparavant.
Dans un consensus inhabituel, les quatre  superpuissances se l’époque ont étouffé Haïti, cette première République Noire. Ils l’ont placée sous un embargo économique, diplomatique et militaire strict, c’est-à-dire l’ont étranglée et plongée dans la misère, l’ont rendue négligeable.
A la suite de quoi ils ont réécrit toute l’histoire.
Lorsque j’ai commencé à lire James Baldwin, j’étais un adolescent à la recherche d’explications  rationnelles aux contradictions que j’affrontais dans une vie déjà nomade, vie qui allait me mener  d’Haïti au Congo puis en France, en Allemagne et aux USA. Avec Aimé Césaire, Jacques Stephen Alexis, Richard Wright, Gabriel Garcia Marquez et Alejo Carpentier, James Baldwin était l’un de ces auteurs, peru nombreux dont je pouvais dire que c’étaient « les miens ». Des auteurs qui parlaient d’un monde que je connaissais et dans lequel je n’étais pas juste « une note en bas de page » ou un personnage de troisième zone. Ils racontaient des histoires et décrivaient l’Histoire et définissaient des structures et des relations humaines conformes à celles que je voyais autour de moi …
J’ai grandi à l’ombre d’un mythe dont j’étais à la fois acteur et victime : le mythe d’une Amérique unique et incomparable. Le scénario était bien écrit, la bande-son écartait toute ambigüité, les acteurs de cette utopie, qu’ils fussent noirs ou blancs, emportaient l’adhésion. Malgré de rares et épisodiques revers, le mythe était la vie, devenait la réalité même.
Je me souviens très bien  des Kennedy – Bobby et John -, d’Elvis, d’Ed Sullivan, de Jackie Gleason, du Dr Richard Kimble et de Mary Tyler Moore. JE me souviens un beaucoup mois d’Otis Redding, Paul Robeson et Willy Mays.
C’est bien plus tard que je suis tombé sur Medgar Evers, Malcom X, Martin Luther King et leur assassinat. Neanmoins, ces trois faits, ces trois éléments historiques constituent le point de départ – les « pièces à convictions » aurait dit Baldwin- d’une réflexion personnelle intime et profonde sur ma propre mythologie politique et culturelle, sur ce que j’ai vécu moi de racisme et de violence intellectuelle.
C’est à ce moment que j’ai vraiment eu besoin de James Baldwin. Car Baldwin savait comment déconstruire des récits pour les replacer dans le bon ordre et dans leur contexte fondamental. Il m’a aidé à faire le lien entre l’histoire d’une nation libérée – Haïti- et celle des USA, pays moderne avec son propre héritage d’esclavage sanglant et douloureux. J’ai pu lier les espaces manquants du récit.
Baldwin m’a donné une voix, les mots et la rhétorique. Lors de ses obsèques, Toni Morisson a déclaré : «  Tu m’as offert une langue dans laquelle me loger, et c’était un cadeau si parfait que j’ai l’impression de l’avoir inventée. »
A tout ce que je savais, à tout e que j’avais appris d’instinct ou d’expérience, Baldwin a fourni un nom et une forme. J’avais désormais les armes intellectuelles qu’il me fallait. »
Quand j’aurai du temps je me lancerai dans la lecture de la dizaine de livres de Baldwin. Mais mieux que cela je me procurerai vite toute la filmographie de Raoul Peck un citoyen haïtien engagé dans le bon sens et le bon côté du combat.
Sans aucun doute de tels récits, de telles œuvres doivent forcément contribuer à dire sans aucune réserve ni retenue, que je suis Nègre !

LA PHOTO QUI TUE

Certaines réalités sont ce qu'elles sont et chargeront in fine, les émotions qu'elles charrient peu importe les coups de peinture, les masques et les outils de maquillage que l'on serait tenté d'utiliser pour les camoufler. Nous préférons de très loin évoquer Monsieur Dany Laferrière, Edwidge Danticat, Michaelle Jean, Anne-Louise Mésadieu ou le Docteur Ford qui portent très haut et très loin le nom d'Haïti, injectant par je ne sais quelle magie une dose de fierté à certains d'entre nous.

Pour cette catégorie de compatriotes, il n'est pas question d'évoquer les haïtiens des bateyes crasseux de la République Dominicaine ni les compatriotes quelques fois entassés dans des logements insalubres au Chili et ce, malgré les efforts déployés par les autorités pour une meilleure intégration.
En fait depuis la désastreuse déclaration de Donald Trump devenue tristement fameuse ces gens ont trouvé un responsable tout désigné : celui qui diffuse un certain type d'images plutôt dégradant pour Haïti. Et même quand il s'agit d'images de gestes ou de postures révoltants on se sent soumis à une sorte de censure tacite et pour éviter d'avoir à s'expliquer on fait semblant de ne pas voir. Une attitude qui nous transforme en complices d'un acte qui mérite une désapprobation radicale pour pousser à un changement.

Depuis quelques jours circulent sur les réseaux sociaux, la photo d'une banderole « publicitaire » ventant les mérites d'une communauté dont les habitants chient dans les latrines et se lavent les mains après avoir déféqué ! Nous sommes en… 2018 ! Le temps ou le monde parle d'intelligence artificielle !
À première vue, je me suis gardé de retweeter la photo avec un message de circonstance. Histoire de faire plaisir à celui qui a mis la photo et qui fait partie de mon réseau.
Une très chère amie, connaissant mes attaches avec tout ce qui tourne autour d'Haïti jugea bon de m'envoyer en privé la photo.
Avec les remerciements de rigueur, j'ai couché comme commentaire un « what you see if what you get ! This is Haiti »
Malgré toute cette charge d'indignation que colportait la banderole publicitaire, je me suis appliqué l'autocensure et j'ai résisté à l'envie de commenter.
Un compatriote ami des réseaux sociaux, Jhimmy Jean connu pour ses analyses solides et ces commentaires coupe-gorge, ne laissa pas passer inaperçue cette peinture qui intègre la palette moins honorable attribuée ou observée en Haïti.
Une banderole ventant en créole une certaine fierté pour une communauté, fait normal et banal pour le monde de chier dans des latrines et de se laver les mains après !
Ce que je n'avais pas pris le temps d'observer sur le cliché fut le nom du commanditaire de cette campagne qui doit être sûrement l'organisme qui a financé et organisé l’action dont l'objectif visait à pousser des haïtiens à chier dans des latrines au lieu de se soulager à même le sol ou de le faire dans des sachets en plastique qui sont balancés dans les rues après.
En marge et à gauche de la banderole on y lisait : O-X-F-A-M !
Oui l'ONG britannique engluée avec d'autres, dans ces scandales de comportements sexuels inappropriés lors de leurs missions. Oxfam particulièrement a été indexée en Haïti dans un scandale sexuel rapportant des faits survenus lors de missions dans les suites du passage du tremblement de terre de 2010. Selon les informations relayées par les médias, les membres de cette mission auraient organisé des fêtes avec des femmes haïtiennes – des prostituées pour les participants. Ces accusations firent boules de neige et éclaboussèrent d'autres organisations non gouvernementales qui ont eu des comportements similaires.
La présence de cette banderole traversant une rue du pays ne saurait laisser indifférent et pousse à pas mal de réflexions.
Cependant que dira-t-on qui n'ait pas été dit sur la situation d'Haïti que reflètent bon nombre de situations pour le moins anormales pour ne pas dire aberrantes ?
En effet comment pourrait-on dire que l'on est fier parce que l'on chie dans les latrines ! Mais la réalité du pays nous ramène de temps en temps un de ces constats amers, de vrais constats d'échec.
Cela me rappelle une expérience vécue lors d'un voyage réalisé après le tremblement de terre avec une ONG française. Lors d'une réunion, j'avais entendu dire que dans les fonds alloués à Haïti par l’Agence Française de Développement il restait (en juillet 2010 !) 3.000.000 d'euros non utilisés. Sept mois après le 12 janvier, les responsables ne savaient pas encore quels projets financés. Puisque ces fonds n'étaient pas destinés à aider Haïti après le tremblement de terre, il était hors de question de les dépenser dans la reconstruction de logements ou de bâtiments détruits ou dans la a prise en charge de 1.500.000 déplacés en grandes difficultés. Le temps les talonnait. Il fallait absolument trouver un projet à financer avant septembre.
Quelques mois après, j'ai lu à travers les pages des journaux locaux que la coopération française finançait la construction de latrines dans le Nord du pays et plus particulièrement dans la deuxième et historique ville du Cap haïtien.
La réalité est dure mais c'est la nôtre. Le vrai amour pour Haïti est celui qui transforme chaque citoyen en compatriote engagé dans un combat à mener sérieusement et à gagner le plus vite possible.
Quand un bébé réclame et utilise le pot pour faire ces besoins, on dit qu'il est propre. Cette banderole nous avertit que tous les haïtiens ne sont pas encore propres. Une nation créée dans des circonstances plus que particulières, il y a 215 ans, reste une nation très jeune, dans un contexte ou l'on ne se gêne pas à accepter l'existence d'un ancien et d'un nouveau monde.
Mais il est inconcevable de se considérer être dans cette phase puérile ou chier dans des latrines s’assimilerait à un exploit ou un motif de fierté.
La construction d'Haïti incluant hommes et institutions doit partir d'un point proche du départ ou de zéro avec des définitions toutes nouvelles.
Le directeur des archives nationales, en poste depuis 30 ans reconnaissait que près de 3.000.000 haïtiens ne disposaient d'aucun document prouvant son appartenance légale à ce pays.
Donc il y a des problèmes moins attractifs pour inciter à des applaudissements nourris du peuple. Mais dont la solution aurait une vraie portée citoyenne. Et identifier les haïtiens en serait un.
Après nous avoir montré comment caguer dans des latrines, OXFAM se lancera peut-être dans une campagne d'identification des haïtiens.
Ces projets ne sont ni utiles ni importants ni pour les gouvernements ni pour les pouvoirs.
Roule ! Caravane du Changement !
Dr Jonas JOLIVERT
30/05/2018