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jeudi 15 mai 2008

PREMIER MINISTRE A TOUT PRIX...MAIS QUE DIABLE ALLAIT-IL FAIRE DANS CETTE GALERE ?

Premier ministre à tout prix. Ceci pourrait bien servir de titre à un film produit par Costa Gavras. Aujourd’hui on l’applique au problème Ericq Pierre. Mais que diable va-t-il faire dans cette galère ?
Moi si j’étais Ericq Pierre je me cacherais sous mon lit. Je ferai dire : « il n’est pas là, non » par la bonne si on vient me chercher. Je chanterai comme Joe Dassin : « Moi je dis non, non je veux dormir la nuit ; j’ai pas d’autre ambition dans la vie, très peu pour moi je suis heureux comme ça ; c’est vraiment très gentil mais non merci. »
Aujourd’hui je ne pense pas que le sens du devoir et la volonté d’aider le pays puissent pousser un fonctionnaire compétent, imbu de la façon « normale » de faire les choses, à accepter à rentrer dans cette jungle pour essayer de convertir Lucifer lui-même à Jésus Christ. Car telle est l’ampleur de la tache qui attend tout homme décidé à faire bouger les choses.
HAITI EST INGOUVERNABLE.
Les nationalistes, les théoriciens qui n’existent que par leurs écrits publics. Qui ne dévoilent jamais le fond de leurs conversations intimes avec leurs femmes et leurs enfants cachés ou mis en sécurité à l’étranger, n’accepteront jamais cette vérité qui nous enlève de notre fière essence de première République noire du monde.
Mais à force de persister dans la médiocrité au profit d’un orgueil démesuré les bases de l’essentiel s’effritent et notre édifice s’enfonce vers le néant.
Hier l’armée, aujourd’hui le pouvoir législatif. Hier la dictature. Aujourd’hui les institutions politiques déliquescentes. Au finish, un même et seul résultat tous les compteurs restent au rouge.
Dans le quotidien de la société haïtienne, il se passe de ces choses portant harmonieusement bien l’étiquette « d’abominable » partout ailleurs qui est banalisé chez nous avec, l’insouciance de l’imbécile heureux, d’une manière outrageusement dangereuse. De l’extérieur, heureusement pour ma santé mentale d’ailleurs, j’ai lu l’épisode de ce » directeur médical de l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti qui s’est fait tabasser par des grévistes qui réclamaient avec raison des arriérés de salaires. Dans une institution qui fonctionne avec une organicité logique, je vois mal comment un directeur médical pourrait quelque chose à voir avec le paiement des employés ?
Ce monsieur aurait pu mourir. Etre découpé à coups de machette. Une façon très à l’haïtienne d’intégrer dans les mœurs le processus démocratique que l’on veut bien nous faire avaler par le cul.
Cependant cette nouvelle n’a pas beaucoup ébranlé ni le monde médical, ni le monde syndical, ni le monde politique, ni la société civile. Ce fut un fait divers. Un fait banal. C’est le prix à payer pour servir quand le motif est vraiment servir.
Si le fait que des grévistes s’en prennent et malmènent le directeur technique d’une institution universitaire ait été banalisé dans l’indifférence absolue, un autre fait encore plus grave n’a pas ébranlé non plus l’opinion publique nationale.
En effet au cours des manifestations contre la faim, des émeutiers violents, après avoir sillonné – pour en croire aux médias- les rues de la capitale à la recherche du Président de la République, ont voulu pénétrer à la force l’enceinte du palais national. Les manifestants ne portaient ni un lotus blanc ni une branche de laurier. Ils avaient la mimique de la violence incontrôlable dessinant un affreux rictus sur leurs visages.
L’histoire d’Haïti renferme dans ces glorieuses pages, des anecdotes horribles d’un Président de la République qui s’était fait lyncher par une foule. Taper sur google « Villebrun Guillaume Sam », vous verrez si quelqu’un a eu le courage de décrire les affres de cette période pré occupation américaine.
En effet, servir Haïti est définitivement un pari dangereux. Si on n’a pas appris à se procurer les boucliers à la mode. Pour ce faire il faut commencer par se défaire des scrupules, rentrer dans la danse en plein milieu de la fange nauséabonde que constitue ce que l’on se plait à dénommer le monde de la politique. Constituer sa cour moyennant la distribution périodique de postes ou d’espèces. Ainsi on obtient des pseudo-soldats disposés à crier : Joxibrin Président, Joxibrin ou la mort.
Plus efficace encore les apparitions de ces visages de la peur, avec des faciès typiques : dreadlocks, yeux hyper-rouges lançant des éclairs terrifiants. Juste pour dissuader les adversaires.
Voilà le modus operandi prôné par notre société.
Tout individu qui prétend, au nom de la logique et de l’évolution de la pensée d’aujourd’hui s’engage à échouer.
Je me rappelle encore un cultivateur des zones agricoles d’antan, situées dans la périphérie de Fontamara, zones devenues célèbres par les bidonvilles caricaturales édifiées sur les hauteurs et surtout les nids de violences sociales sans précédents qui y sont couvés.
Avec des propos durs, produits hybrides de l’ignorance candide et de l’incompréhension idiote, il exprimait en 1986 toute sa joie de vivre en pleine démocratie. Il disait en langue vernaculaire ce qui se traduirait en Français par : « aujourd’hui, nous vivons en démocratie, si quelqu’un me fait chier, je le découpe à la machette ». Ses mots s’accompagnaient du geste allégorique qui consistait à sortir sa machette « COULINE », bien aiguisée de la gaine attachée à sa ceinture.
Haïti agonisait déjà à cette époque. Haïti est un dur à cuire et fait de la résistance. Personne ne semble avoir trouvé la potion magique pour cesser ces souffrances dans un sens ou dan l’autre.
Pour revenir au sujet actuel du poste de Premier Ministre, il faut croire que Monsieur Ericq PIERRE imbu ou en possession d’une baguette magique qui va rétablir l’équilibre citoyen entre le droit et le devoir. Ce serait la première grande bataille à gagner.
Les rumeurs qui circulent autour d’une nouvelle nomination présidentielle de ce compatriote vont bon train. Ailleurs on serait tenté de dire que cet entêtement du Président correspondrait à un projet politique et stratégique bien déterminé. Mais en Haïti, la logique n’accompagne pas toujours ni les actions ni les discours.
Avec sa formation académique, son expérience à gérer de grands dossiers, Ericq Pierre devrait être utile à la nation Haïtienne.
A un moment de la durée, les législateurs qui ont rejeté sa nomination n’aurait pas été habilités à dénouer les courroies des ses chaussures. C’était abominable. Aujourd’hui, ces mêmes législateurs s’arrogent le droit de priver la nation de ces compétences sans lui laisser l’occasion de faire ces preuves. Ce n’est pas mieux.
Le pire dans tout ça, c’est que définitivement, la nomination du Premier ministre désigne a été rejeté sur des bases peu solides. Les députés auraient au moins pu attendre la déclaration de la politique générale.
En attendant disons avec Monsieur Ericq PIERRE, à quelque chose, malheur est bon. A 63 ans les décharges d’adrénaline font du mal aux artères coronaires. Résignez-vous de n’avoir pas été poussé dans cette galère !

Dl/JJ 15/05/08

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