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mercredi 12 décembre 2007

L'ENTRETIEN DE MADAMEMIRLANDE MANIGAT ACCORDE A MONSIEUR ROBERT BENODIN DE RADIO CLASSIQUE INTER: DEUXIEME PARTIE

RB : Le CEP n’ayant pas été formé jusqu'à présent, force le pays au seuil d’une dangereuse crise institutionnel.
L’article 111.8 de la Constitution de 1987 se lit comme suit :
ARTICLE 111.8: En aucun cas, la Chambre des députés ou le Sénat ne peut être dissous ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé.
Il est évident qu’au 14 janvier 2008, le tiers du Sénat plus un, n’étant pas renouvelés, il sera impossible pour le Sénat d’avoir un quorum des deux tiers.
Quelles seront les conséquences de cette caducité pour la 48e législature ?
MHM : Il n’y aura pas de caducité immédiate au deuxième lundi du mois de janvier 2008. Parce que le quorum nécessaire pour former l’Assemblé Nationale, c’est la majorité plus un. Et là il suffit qu’il y ait 16 sénateurs et qu’il y ait 51 députés pour qu’on ait une Assemblée Nationale. Parce que d’après la Constitution, c’est en Assemblée Nationale qu’on ouvre la session. Si ce quorum n’était pas atteint, car le quorum va être terriblement fragilisé, Il suffira que quatre sénateurs ne se présentent pas aux diverses sessions. Nous ne voulons pas être oiseau de mauvais augure. Il suffirait que trois sénateurs tombent malade, ou affichent une maladie diplomatique et qu’un quatrième se trouve en voyage et ne soit pas rentré à temps, pour qu’on n’ait pas le quorum au Sénat, le quorum de 16. A ce moment là le deuxième lundi du mois de janvier 2008, il n’y aura pas d’Assemblée Nationale.
Maintenant, l’article 111.8 parle d’une décision qui est impossible. A savoir que le président déclare, la Chambre des députés ou le Sénat sont ajournés ou que leur mandat est prorogé. Mais là, il ne s’agira pas de proroger leur mandat. Proroger leur mandat ce serait de dire par exemple que les dix sénateurs qui ont eu un mandat de deux ans, on prolonge leur mandat pour quelques mois. Il est impossible de le faire.
D’autant, il y a un point auquel les gens n’ont pas suffisamment fait attention, peut être par manque d’information. Dans la vie de l’histoire parlementaire haïtienne, ce n’est pas la première fois qu’une session ne s’ouvre pas à la date constitutionnelle prévue. Et le Moniteur est rempli d’appels des bureaux des deux chambres qui demandent, à l’approche de chaque début de session, aux députés et aux sénateurs de venir s’inscrirent. S’ils ne viennent pas, et le jour constitutionnel prévu, ceux qui se présentent doivent constater qu’il n’y a pas de quorum. On convoque pour deux jours plus tard, toujours pas de quorum, une semaine après pas de quorum. Dans la vie parlementaire haïtienne ce ne serait pas la première fois qu’une session ne commence pas, voir une législature ne commence pas, à la date constitutionnelle prévue.
Mais il y a quelque chose qui s’est passée l’année dernière à laquelle les gens n’ont pas suffisamment fait attention. Après que les sénateurs et les députés sont entrés effectivement, non pas le deuxième lundi du mois de janvier, ils sont entrés beaucoup plus tard. Le deuxième lundi du mois de mai, ils ont implicitement fermé la première session. Car ils ont ouvert une session extraordinaire. Ils sont entrés en session extraordinaire. Or la session extraordinaire ne prend naissance que lors qu’il y a eu une session ordinaire. Dans la mesure où ils ont fermé la session, ils ont ouvert une session extraordinaire, puis après quelques jours, ils ont fermé la session extraordinaire. Et le deuxième lundi du mois de juin ils ont ouvert une nouvelle session, c’est que implicitement eux-mêmes ont accepté que la première session s’est déroulée normalement. C’était un geste qui n’était pas voulu dont les conséquences n’étaient pas simplicités. Mais qui signifie quoi ? Ce qui signifie, que pour les députés et les sénateurs, la première session a eu lieu. Donc, ils ont accepté que la législature de la chambre des députés, a commencé a la date constitutionnelle prévue.
Donc, je profite de souligner ce que je souligne toujours à l’attention de mes compatriotes que les sénateurs ne sont pas liés par une législature. La législature s’entend seulement de la durée du mandat des députés qui est de quatre ans. Le mandat des sénateurs est de six ans. Quand on dit les sénateurs de la 48e législature par exemple, ceci est impropre. Les sénateurs ne sont pas liés par des sessions. Le sénat est permanent.
Quand on dit que la première session a lieu, ça signifie dans l’histoire parlementaire, quand il s’agira de parler de la 48e législature, on sera obligé de constater que cette législature aura eu sept sessions et pas huit. Car la première session ne s’est pas ouverte à la date prévue. Elle a été conclue et fermée et une session extraordinaire s’est ouverte.
Donc, si vous voulez, le dysfonctionnement du Sénat, dont on parle tellement, que l’on craint, n’interviendra pas nécessairement le deuxième lundi du mois de janvier. Le dysfonctionnement du Sénat interviendra, si le deuxième lundi du mois de janvier et si après on se rend compte que faute de quorum les sénateurs ne peuvent pas se réunir parce qu’ils n’ont pas de quorum. C’est ça.
Le quorum va être très fragilisé, car ils seront 19. Ils sont 29 maintenant. Remarquez que ça arrive plus souvent du coté de la chambre des députés que du Sénat. On ne peut se réunir a la chambre des députés parce qu’il n’y a pas de quorum. Or c’est un absentéisme qui est presque voulu, car ils sont très nombreux. Ils sont 99, et le quorum est de 51. Tandis que pour les sénateurs le quorum est de 16. C’est la moitié plus un. Ils étaient 29. Parfois ils ne se réunissaient pas. Mais en ce qui concerne la situation qui va être créée, ils seront 19. Donc quatre sénateurs manquant et le Sénat devient dysfonctionnel.
Le dysfonctionnement du Sénat ce n’est pas l’affaire d’un moment. Ce n’est pas l’affaire d’un jour. Ce serait spectaculaire, si le deuxième lundi du mois de janvier, on n’a pas les 16 sénateurs présents. Mais le dysfonctionnement peut se révéler un événement chronique, après. Si le Sénat n’arrive jamais à se réunir, ou se réunit une fois sur cinq. Tout simplement, parce qu’on fait l’appel nominal une première fois, il n’y a pas de quorum, une demi-heure après on fait l’appel nominal, il n’y a pas de quorum, la troisième fois on constate qu’il n’y a pas de quorum, et à ce moment là le président est obligé de renvoyer la séance. Si ça devient chronique, on parlera de dysfonctionnement.
Cependant ce sera un moment crucial que le deuxième lundi du mois de janvier, on n’ait pas de quorum. Car on verra précisément quelle sera l’attitude des sénateurs. Il y en a qui disent, je constate que je ne suis plus en fonction je me retire. Il y en qui dise que : « wè pas wè » le deuxième lundi du mois de janvier ils seront présents. Il y a des députés qui acceptent la première hypothèse. Il y a des députés qui disent qu’ils n’accepteront pas des sénateurs qui auront eu un mandat de deux ans.
Voilà une situation qui est lourde, lourde de virtualités conflictuelles. Et ces virtualités, nous parlions de contrôle tout à l’heure, elles peuvent se révéler incontrôlables, et débouchées sur une crise parlementaire.

RB : Il est évident que votre décision de ne pas participer à la 48e législature n’a laissé personne indifférent. Pour répondre à certaines critiques, vous avez évoqué les fraudes dans le comptage des voix, et par-dessus de marché, vous avez avoué avoir repéré trois ou quatre occasions, qui vous auraient porté à démissionner de cette législature. Quelles sont elles ?

MHM : Je n’aurais pas démissionné de la législature. Encore une fois je le dis, la notion de législature ne s’applique pas au Sénat.
Vous savez depuis ces élections de l’an dernier, je me suis abstenue de dire quoi que ce soit contre le Sénat. J’observe comme citoyenne, comme tout le monde. Mais je n’interviens pas précisément pour que les gens ne disent pas, voyez si vous étiez là, peut être que les choses seraient différentes. D’abord je ne le crois pas. Car je suis assez lucide, pour ne pas admettre que la présence d’une seule personne, pourrait faire un changement.
Je vais vous donnez un seul cas. Le cas qui me parait le plus mineur. Lorsque le secrétaire Général des Nations Unies était venu en visite en Haïti, en visite officielle, et les sénateurs ont refusé de le recevoir. Voilà un cas. Car j’estime que le Sénat organe de l’Etat ne peut pas refuser de recevoir le Secrétaire Général des Nations Unies. Il est un personnage important. Il est en visite officielle. Il avait annoncé qu’il viendrait au Sénat. Finalement sa visite a été un peu escamotée. Mais le Sénat avait décidé de ne pas le recevoir, à cause d’un incident qui s’était produit entre la Minustah et un sénateur. J’ai estimé pour ma part que si j’étais là, non seulement j’aurais manifesté mon désaccord profond et peut être ça m’aurais porté à me retirer. Parce que j’estime que ce n’était pas sérieux. C’est comme si la présidence de la République refuserait de recevoir un personnage comme le Secrétaire Général des Nations Unies. D’autant qu’il y avait des choses. Il y avait tout un cahier de charges, des reproches à adresser à la Minustah, en profitant de la visite du Secrétaire Général. J’estime que vous ne pouvez pas avoir eu cette opportunité exceptionnelle, qui serait certainement médiatisée de recevoir le Secrétaire Général, pour qu’avec toutes les formes diplomatiques requises, vous lui fassiez part de vos griefs, de vos reproches, de vos suggestions etc. J’ai estimé pour ma part, que ce n’était pas sérieux. Ce n’était pas normal. Je vous donne un cas pour lequel vraiment les journalistes m’avaient demandé d’opiner. Je n’ai pas opiné. J’estimais que les gens pourraient dire que si j’étais là, j’aurais fait ceci ou cela. Si j’étais là, j’aurais fait entendre ma voix publiquement pour exprimer mon désaccord. Mais ça n’aurait pas changé les choses. Puisque ils avaient décidé, je crois, à la majorité, si non la totalité des sénateurs s’étaient prononcés dans ce sens. Les souvenir sont un petit peu lointain. Je m’abstiens de donner trop de précision. Voilà un cas qui m’avait paru vraiment énorme. Le manque de sagacité politique, le manque de raisonnement politique, et le manque de forme.

(A suivre)

Nomination des membres du nouveau Conseil Electoral Provisoire

Ce CEP dont la mission consiste à assurer le renouvellement du tiers du Sénat et à organiser les élections indirectes, compte parmi ses membres, qui entrent en fonction ce mercredi, l’architecte Ginette Chérubin, le représentant des organisations populaires Lavalas, Rodol Pierre et le syndicaliste Jacques Belzin ; Jacques Bernard revient à la direction générale de l’institution
mercredi 12 décembre 2007,
Radio Kiskeya

Les neuf membres du nouveau Conseil Electoral Provisoire (CEP) ont été nommés mardi par arrêté présidentiel avec la mission d’organiser les sénatoriales partielles et les élections indirectes, passage obligé pour la formation du Conseil Electoral Permanent.
Issu du processus de consultation qu’avait engagé le Président René Préval avec différents secteurs organisés de la société civile, cet énième CEP provisoire, dont la création est annoncée après de longues semaines d’attente, est composé notamment des représentants de la classe politique, des églises catholique, protestante et épiscopale. Pour la première fois, les organisations populaires, généralement de sensibilité politique Lavalas, et les organisations féminines font leur entrée officiellement dans l’institution électorale tandis que les syndicats de travailleurs sont de retour après avoir été écartés de plusieurs formules consensuelles à l’origine ces dernières années de la formation de l’organisme électoral.
Au sein de la nouvelle équipe, l’architecte Ginette Chérubin, ancienne ministre à la condition féminine, siégera au nom des organisations de femmes, en particulier Fanm Yo La qui avait présenté sa candidature. Une deuxième conseillère électorale, Me Laurette Croyance, a été désignée par l’église épiscopale anglicane.
La Conférence Episcopale et la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) seront représentées respectivement par Frantz-Gérard Verret et le pasteur Leonel Raphaël.
La classe politique est aussi partie prenante de la nouvelle formule à travers deux regroupements, la Convention des partis politiques ayant comme représentant Fritz Rosemé du Grand Rassemblement pour l’Evolution d’Haïti (GREH) et le Conseil National des Partis Politiques dont est issu le Dr François Jasmin.
Les organisations populaires Lavalas sont désormais directement impliquées dans le processus électoral et auront leur propre conseiller en la personne de Rodol Pierre, un chef d’OP pro-Aristide au discours autrefois très virulent, mais qui depuis un certain temps ne s’était pas manifesté.
Pour le secteur syndical, le choix a porté sur Jacques Belzin, secrétaire général adjoint de la Confédération des travailleurs haïtiens (CTH) et responsable de la Fédération Nationale des travailleurs en éducation (FENATEC).
Enfin, le secteur des handicapés comptera un membre au CEP, Gaillot Dorsainvil, un non-handicapé moteur travaillant depuis une vingtaine d’années au Centre d’éducation spéciale (CES) dirigé par Denise Fouchard. La présence de ce secteur au sein de l’organisme électoral représentait un enjeu de taille pour le chef de l’Etat qui s’est posé en défenseur des personnes déficientes, allant jusqu’à reprocher publiquement à ses interlocuteurs de s’être montrés hostiles à leur intégration au cours des consultations ayant précédé la formation du CEP.
Le secteur privé des affaires, qui avait soumis à l’Exécutif les candidatures du conseiller sortant François Benoît et de l’ancien directeur général du CEP, Jacques Bernard, perd son siège traditionnel au sein du Conseil. En revanche, il héritera de la direction générale de l’institution, selon le ministre chargé des relations avec le Parlement, Joseph Jasmin. Ainsi, Jacques Bernard réintégrera bientôt ce poste stratégique qu’il avait occupé lors des présidentielles et législatives de 2006.
L’arrêté présidentiel nommant les neuf conseillers électoraux précise qu’outre les élections destinées à pourvoir les sièges de dix Sénateurs élus pour deux ans et dont le mandat arrivera à terme le deuxième lundi de janvier, le nouveau Conseil Electoral a également pour mandat d’organiser des élections pour "combler tous autres postes électifs vacants ou qui pourraient le devenir". Il sera également chargé de l’organisation des "élections indirectes pour les assemblées municipales et départementales, des conseils départementaux et du conseil interdépartemental. Ces élections seront programmées en tenant compte de l’établissement par le Parlement du cadre légal relatif à l’organisation et au fonctionnement des collectivités territoriales".
Les nouveaux conseillers électoraux entreront en fonction dès leur prestation de serment et leur mandat prendra fin avec l’épuisement de la mission qui leur est confiée.
La cérémonie de prestation de serment est prévue mercredi matin au Palais de justice de Port-au-Prince et sera suivie immédiatement de l’installation de la nouvelle équipe.
La publication de l’arrêté présidentiel sonne le glas du Conseil Electoral sortant dont les principaux ténors, Max Mathurin, François Benoît et Rosemond Pradel avaient été vilipendés par les secteurs proches du pouvoir et même menacés de poursuites judiciaires pour leur implication présumée dans des "détournements de fonds". Mais, les tentatives controversées du chef du parquet de Port-au-Prince, Claudy Gassant, de s’emparer du dossier avaient suscité la colère des conseillers électoraux et divisé la classe politique ainsi que l’opinion publique. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4513

Rejet "quasi officiel" du projet de prolongation du mandat des sénateurs élus pour deux ans

Un ministre du gouvernement s’oppose à une telle éventualité
mercredi 12 décembre 2007,
Radio Kiskeya

Le ministre chargé des relations avec le parlement, Me Joseph Jasmin, a formellement rejeté mardi la proposition de prolongation du mandat des sénateurs élus pour deux ans soumise la semaine dernière au Sénat de la République. Ladite proposition prévoit le départ des sénateurs en question le deuxième lundi du mois de mai 2008, au lieu du second lundi de janvier 2008, comme l’exige la Constitution.
« Il n’est pas normal de prolonger le mandat d’un parlementaire », a déclaré M. Jasmin rappelant que, lui-même, député de la 46ème législature, avait dû partir quand un problème similaire s’était posé en janvier 1999.
C’est la première voix officielle à se prononcer de façon aussi directe sur la controverse soulevée dans les milieux politiques par l’imminence de l’échéance du mandat des sénateurs élus pour deux ans, alors que les élections pour pourvoir à leur remplacement n’ont pas été organisées.
Les tenants de l’option de prolongation du mandat des sénateurs élus pour deux ans justifient leur position par le fait qu’il faille éviter à tout prix que, réduit dans son effectif à partir du deuxième lundi de janvier prochain, le Sénat ne devienne quasiment inopérant en raison d’un quorum extrêmement fragile. Ils reprochent au gouvernement et particulièrement au chef de l’Etat de n’avoir pas pris à temps toutes les dispositions en vue de l’organisation des élections pour le renouvellement du tiers du Sénat
Au nombre des partis politiques ayant clairement rejeté la proposition de prolongation du mandat des troisièmes sénateurs figurent la Fusion des Sociaux démocrates haïtiens (président Victor Benoit) et l’Union (principal dirigeant pasteur Chavannes Jeune). Le Grand Rassemblement pour l’Evolution d’Haïti (GREH) de l’ancien colonel Himmler Rébu et le Mouvement Chrétien pour le Renouveau d’Haïti (du pasteur Luc Mésadieu) y voient pour leur part une formule heureuse devant éviter à la 48ème législature de sombrer dans l’illégitimité.
Pour leur part, plusieurs des sénateurs concernés ont publiquement exprimé, et à maintes reprises, leur ferme intention de n’abandonner leur poste qu’en mai 2008 s’ils ne sont pas légalement remplacés en janvier prochain. [jmd/RK]
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4514

Haïti/Rép. dominicaine : D’anciennes femmes braceros témoignent

Mardi 11 décembre 2007
P-au-P, 11 déc. 07 [AlterPresse] --- Rosette, est le nom d’une jeune femme d’origine haïtienne qui a été déportée en Haïti par les autorités dominicaines. Agée de 36 ans et mère de six enfants, Rosette a vu le jour sur le territoire dominicain, selon les témoignages recueillis à l’exposition « esclaves au paradis » par l’agence en ligne AlterPresse.
Dans les bateyes [plantations de canne à sucre] dominicains où elle a grandi, Rosette intervenait surtout dans le sarclage des champs, aux fins de trouver de quoi nourrir ses petits enfants.
A l’instar d’autres Haïtiens nés en République Dominicaine, Rosette n’a pas eu la moindre chance de bénéficier des principes du droit de sol (jus soli) reconnus par la Constitution dominicaine. Elle a été purement et simplement rapatriée vers Haïti, sa terre d’origine.
Sans secours, elle vit aujourd’hui dans une bicoque à Malpasse, près de la frontière haïtiano-dominicaine, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Port-au-Prince.
« J’ai des familles en Haïti, mais je ne connais pas Haïti », soupire la jeune femme lors d’une conférence-témoignage organisée par le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), à laquelle a assisté AlterPresse.
Agée de 25 ans, Julia se trouve, à quelques exceptions près, dans la même situation que sa compatriote Rosette. Son seul enfant de quatre ans, dont elle n’a pas, aujourd’hui, la possibilité, de le doter d’acte de naissance, serait le produit d’un viol.
« Je suis sans secours, abandonnée avec un enfant que je ne suis même pas en mesure d’envoyer à l’école », dit-elle à l’assistance, composée majoritairement d’’ecolières et d’écoliers.
La conférence-témoignage du mardi 11 décembre 2007 s’inscrit dans le cadre de l’exposition « Esclaves au paradis » de la photographe franco-péruvienne Céline Anaya Gauthier, réalisée sur la situation des coupeurs de canne haïtiens dans les bateyes dominicains.
Les photographies présentées montrent des enfants nus, des coupeurs de canne haïtiens, victimes d’injustice et en haillons rapiécés.
« Une situation qui nous rappelle le temps de l’esclavage », selon des visiteurs.
Représentante du Garr à Fonds-Verrettes, Carmel Mérisca constate avec désolation combien des femmes haïtiennes voyagent clandestinement vers la République Dominicaine, accompagnées de leurs enfants.
« Ces voyages clandestins, pour la plupart, sont organisés sous la complicité des passeurs dominicains », explique-t-elle.
Carmel a profité de cette tribune offerte par le Garr, dans le cadre de l’exposition photographique « Esclaves au paradis », pour appeler les autorités compétentes à déployer des policiers à Fonds-Verrettes.
Cette commune, habitée par quelque 45 mille âmes, vit dans des conditions exceptionnelles, trois années après les inondations dévastatrices du 23 mai 2004 qui avait provoqué la mort de 238 personnes et plusieurs milliers de sinistrés. L’Etat est totalement absent dans cette ville qui n’a pas de tribunaux, de commissariats et sous-commissariats de police.
Avec le redéploiement des autorités policières et judiciaires, Carmel pense que les voyages clandestins vers la République Dominicaine pourraient être réduits. Mais, les démarches effectuées en ce sens auprès de l’Etat demeure sans succès, selon la militante de droits des migrants.
« A notre connaissance, des policiers continuent de percevoir leur salaire au nom de Fonds-Verrettes comme s’ils étaient toujours cantonnés à Fonds-Verrettes », soutient-elle.
Un participant au débat de ce 11 décembre 2007 à l’exposition « Esclaves au paradis » donne deux causes qui, selon lui, seraient à la base des voyages clandestins vers la République Dominicaine. Il s’agit des causes politique et économique.
« A mon avis, les dirigeants de ce pays font la sourde oreille aux calamités de nos compatriotes en République Dominicaine, ils sont là pour défendre seulement un petit groupe : la classe possédante », estime ce participant sous couvert de l’anonymat.
Le gouvernement haïtien semble être insensible vis-à-vis des migrantes et migrants haïtiens en République Dominicaine. [do rc apr 11/12/2007 15 :30]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6744

Des policiers accusés de torture, risquent l’emprisonnement


Les 6 policiers, accusés d’avoir tabassé un présumé kidnappeur, François Lafortune, alias Khadafi, ont comparu hier mardi par devant le tribunal correctionnel. Le juge Chanlatte Mathieu s’est déclaré incompétent et a décidé de renvoyer le dossier au cabinet d’instruction pour un procès criminel. L’un des avocats des policiers, Samuel Madistin, critique cette décision et annonce avoir interjeter appel. En dépit de la requête du ministère public, les policiers restent en liberté provisoire déclare le juriste qui explique qu’aucun mandat de dépôt ne figurait dans le dossier. " Le juge a demandé qu’un mandat soit émis contre les policiers, mais ceci ne peut se faire parce que l’appel est suspensif", soutient M. Madistin. De plus, Samuel Madistin souligne que le ministère public n’a pas présenté un certificat médical prouvant la gravité des blessures. " Il n’y a pas de certificat médical délivré par un médecin de l’HUEH", dit-il précisant que les photos ne sont pas des preuves prouvant la gravité des blessures. D’autres policiers et les parents des policiers accusés, présents au tribunal ont laissé éclater leur colère en raison de la décision du juge Chanlatte Mathieu. " On libère un kidnappeur et emprisonne des policiers, la population et les policiers doivent se révolter contre cette situation ", lance l’un d’entre eux. Un autre policier croit qu’il s’agit d’un complot. " Le kidnappeur " Khadafi" est marié à la cousine de Claudy Gassant, le commissaire du gouvernement qui avait dans un premier temps ordonné la libération de " Khadafi", soutient celui-ci. " De la façon dont nous sommes traités il n’y a rien d’autre à faire que de remettre les armes ", déclare un autre policier offusqué.

Education pour tous, Haïti lanterne rouge

Selon un rapport d'une coalition internationale d'ONG, Haïti arrive en dernière position pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière d'éducation. Ce rapport de la Campagne mondiale pour l'éducation (CME, une coalition regroupant 150 ONG), intitulé "Un bulletin scolaire mondial", classe les gouvernements des pays en voie de développement en fonction de leur implication pour la réalisation des OMD en matière d'éducation. Ces objectifs, appelés Education pour tous (EPT), prévoient notamment l'enseignement primaire universel, l'égalité entre les sexes, la qualité de l'enseignement et l'alphabétisation des adultes. Haïti obtient (2 sur 100), devancé par la Somalie (3) et la Guinée-Bissau (7), alors que l'île Maurice arrive en tête des pays en voie de développement avec 82 sur 100, et devance l'Uruguay (80) et la Lettonie (80). "Le monde est en retard pour accomplir les engagements formulés par la communauté internationale" lors de la signature en 2000 des OMD des Nations unies, a déclaré le président de la CME Kailash Sathyarti lors du lancement du rapport. "Nous demandons aux gouvernements de mobiliser les ressources nécessaires pour réaliser les OMD", a poursuivi M. Sathyarti, peu avant l'ouverture à Dakar d'une réunion du Groupe de haut niveau de l'Education pour tous (EPT, appellation des OMD en matière d'éducation). Toutefois a-t-il ajouté, plus de 70 millions d'enfants ne sont toujours pas scolarisés et plus de 770 millions de personnes sont analphabètes à travers le monde, en particulier dans les couches les plus fragiles de la société.
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=13311

Enlèvement de deux jeunes écoliers à Port-au-Prince

Kidnappés en plein jour dans le centre de la capitale à bord d’un véhicule Service de l’Etat
mercredi 12 décembre 2007,
Radio Kiskeya
Deux jeunes écoliers enlevés mardi après-midi dans le centre de Port-au-Prince étaient encore mercredi aux mains de leurs ravisseurs, a appris Radio Kiskeya de sources policières.
Les otages ont été interceptés par des individus armés à bord d’une Nissan Pathfinder de couleur bleue immatriculée SE-01105 qui circulait à la rue Monseigneur Guilloux, zone La Fleur du Chêne, dans le quartier du Bas Peu de Chose.
Le véhicule, que son chauffeur a été contraint d’abandonner, avait pris la direction du Bel-Air avant d’être retrouvé abandonné.
La Police Nationale était mobilisée mercredi en vue de faciliter le retour des enfants au domicile de leurs parents. Une rançon de 300.000 dollars américains aurait été réclamée en échange de la libération de l’un des deux innocents.
Dimanche dernier, une professionnelle bien connue sur le marché de la pâtisserie avait été enlevée à son domicile à Laboule 22 (banlieue est), lors d’un vol par effraction.
En province, un adolescent de 13 ans, Kerry Dubrena, kidnappé depuis trois semaines à Gros Morne (Artibonite, nord) n’a toujours pas été revu. Sa mère et un dominicain sont activement recherchés pour leur implication présumée dans ce rapt tandis que deux autres personnes arrêtées dans le cadre de la même affaire ont été libérées.
Plusieurs enfants en bas âge, dont un le jour même de son premier anniversaire de naissance, ont été enlevés ces derniers jours dans différents secteurs de la capitale, puis libérés contre rançon. Les forces de l’ordre ont pu également déjouer quelques tentatives de kidnapping sans arriver toutefois à enrayer l’action des bandits qui se sentent pousser des ailes à l’approche des fêtes de fin d’année. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4515

Prévention de la violence et réinsertion des anciens bandits, deux préoccupations de la CNDDR

Le président de la Commission Nationale de Désarmement Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), Alix Fils Aimé, est satisfait du processus de désarmement et de réinsertion lancé depuis près d’un an. M. Fils Aimé croit qu’il faut désormais privilégier une approche plus globale dans le cadre des efforts visant à consolider le climat sécuritaire. C’est ce qui explique la mise en place des forums de sécurité dans les régions, surtout les bidonvilles, qui ont été autrefois en proie à la violence des gangs armés telles Cité Soleil et Martissant. Ces forums feront naître des partenariats entre les citoyens, les élus locaux, la police et le secteur privé dans le cadre d’un effort socioéconomique. Tout en lançant un appel à la vigilance, Alix Fils Aimé, préconise l’établissement de réseau sécuritaire visant à maintenir un climat de paix dans les quartiers. Cet appel ne signifie pas que les autorités ont baissé les bras fait remarquer M. Fils Aimé qui assure que de nouvelles dispositions seront mises en place durant les fêtes de fin d’année. " Il faut une vigilance communautaire et une vigilance personnelle", dit-il en réponse à une question sur les récents actes de cabriolage- kidnapping enregistrés ces dernières semaines dans la région métropolitaine. Outre la mise en place de forums de sécurité, les responsables de la commission nationale de désarmement s’activent à faire avancer le processus de réinsertion des anciens bandits. Alix Fils Aimé préfère les appeler " anciens éléments armés", rappelant qu’aucun individu recherché pour crime n’a été admis dans le programme. 316 anciens membres de gangs sont sur le point de suivre un stage de formation avant de recevoir leurs diplômes selon M. Fils Aimé qui se réjouit du succès du programme. " Nous avons 15 % de déperdition, alors que dans les autres pays le taux avoisine les 30 % ", déclare t-il soulignant que tout est mis en œuvre pour favoriser la réinsertion sociale des anciens membres de gangs. Par ailleurs, le président de la CNDDR fait remarquer que 12 récidivistes ont été appréhendés par la police et deux autres tués lors d’affrontement.
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=13310
Commentaires :
« Le président de la Commission Nationale de Désarmement Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), Alix Fils Aimé, est satisfait du processus de désarmement et de réinsertion lancé depuis près d’un an. »
Ces éloges du genre « je m’aime, je m’adore » du président de la fameuse commission somment comme une grosse cacophonie au moment ou les familles haïtiennes ne savent plus à quels saints se vouer devant la poussée avérée des cas de kidnapping touchant essentiellement des enfants.
Il faudrait demander aux haïtiens en général de donner une note à la politique sécuritaire globale menée par les autorités en faisant référence ciblée aux actions entreprises par la PNH, la MINUSTAH et cette commission DDR. Au sein de la société il faudrait en particulier obtenir les opinions des parents de ce petit garçon, tué, amputé et jeté en pâtures aux chiens sur un tas d’immondices( ???!!!????), aux parents de ces deux écoliers séquestrés aujourd’hui même par des ravisseurs circulant en Pathfinder (!) et d’autres parents d’innombrables victimes silencieux non ou peu médiatisés.
Il est même assez étonnant qu’il n’est jamais été question d’interpellé le tout puissant chef de la commission DDR dans une conjoncture ou les législateurs donnent l’impression d’avoir toujours un doigt sur la gâchette.
Combien a couté la réinsertion de ces 300 anciens « porteurs d’armes » ?
Quelle mention sera portée sur leurs diplômes ?
La seule nouvelle apaisante de cette dépêche c’est de savoir qu’au moins il y deux récidivistes (qui ne sont pas des bandits selon le directeur de la DDR !) qui sont aujourd’hui hors d’état de nuire.

Port-de-Paix tourne le dos à la mer

Elles avancent sur l'Atlantique, les boîtes de béton. Le bord de mer de Port-de-Paix a le visage de l'anarchie.
Certains pays n'ont pas de mer, d'autres en sont entourés de tous les côtés. A Port-de-Paix, les gens n'en savent que faire de cette richesse océanique ! Des investisseurs étrangers donneraient tout l'or du monde pour avoir cette mer en face de l'île de la Tortue. A portée du regard, l'île appelle à l'aventure. « Ici, la mer est une poubelle », déclare une propriétaire d'hôtel de Port-de-Paix, chef-lieu du département du Nord-Ouest, à qui nous venions d'adresser nos reproches parce que l'un de ses employés avait balancé à la mer un panier d'ordures. « Où doit-on jeter nos fatras ? Dans la rue ? Regardez là-bas, les gens défèquent dans la mer », dit-elle.
Une porcherie battue par les vagues est exploitée sur le littoral, bordant des maisons construites sur pilotis. Une rangée d'horribles boîtes de béton avancent vers l'océan Atlantique. Elles ressemblent singulièrement à des bidonvilles qui dévorent la côte. Pas un pouce de sable ne recouvre la bordure rocheuse sur laquelle s'élèvent des piliers de béton servant de base aux constructions anarchiques.
Les hôtels de Port-de-Paix tournent le dos à l'Atlantique. Ces lieux de plaisance ainsi que beaucoup d'habitats de cette commune agrandissent leur surface constructible en empiétant sur la mer. Les gens font ce qui leur plaît. Aucun responsable de l'autorité publique n'a intimé l'ordre à quiconque de ne pas construire sur le littoral. Il en a toujours été ainsi.Le sable fin, velours pour un littoral, que la publicité dans les autres pays vante pour attirer des touristes, sert à d'autres fins. Du côté de la plage « Embouchure » encore recouverte, on l'exploite avec acharnement comme une mine de sable. Cet élément entre dans la préparation de mortier et de construction des blocs. « Nous lavons le sable à grande eau pour éliminer le sel », confie un fabriquant de blocs. Même les roches de la mer sont recueillies, empilées le long de la plage en attendant des gros camions. Un enfant rencontré sur la plage met des roches dans une brouette. Il compte les vendre pour récolter un peu d'argent.

Et pourtant la mer est là, rutilante de soleil
La propriétaire de l'hôtel qui nous héberge craint d'ouvrir sa propriété sur la mer uniquement pour des raisons de sécurité. « On ne sait jamais ! Un concurrent jaloux peut toujours s'aviser d'envoyer un énergumène semer le trouble en vue de faire fuir notre clientèle », argumente-t-elle. La cuisine, le parking et quelques toilettes de cet hôtel bordent la mer. Même image à l'hôtel que l'on considère comme le plus sélect de Port-de-Paix.L'hôtellerie, à Port-de-Paix, joue une partition contraire aux habitants de cette commune qui regardent la mer comme un espoir. L'espoir d'aller dans les îles de la Caraïbe ou à Miami. L'espoir de voir s'ouvrir la voie maritime pour faire du négoce. Le mari de cette femme, un jeune marin, avant de jeter son ancre dans le domaine de l'hôtellerie, a bourlingué sur les mers pendant deux décennies. D'autres propriétaires ont fait le même parcours.Cet hôtel était auparavant un port privé comme beaucoup d'autres. « Mon mari et moi, nous avons décidé de fermer notre port pour ouvrir cet hôtel », dit-elle. C'est moins inquiétant que d'être obligé de se battre contre la mer.
Un mur orné de balustres et une cuisine masquent l'étendue. L'hôtel tourne dos à l'île de la Tortue. Pour regarder l'île qui écume au soleil comme un gros sous-marin, il faut monter sur le toit. La mer est là, rutilante de soleil. Des pêcheurs viennent accoster avec leur poisson à l'arrière de l'hôtel près de la cour. Pas l'ombre d'un baigneur à l'eau. « Est-ce que l'on a vraiment besoin de plage à Port-de-Paix, puisque les touristes ne viennent pas ? S'il n'y avait pas les ONG, on fermerait depuis longtemps nos portes », dit-elle, pensive. A l'occasion de la fête de l'Immaculée Conception, sainte patronne de la ville, une colonie de gens envahit les hôtels. Hauts dignitaires de l'Etat, représentants d'ONG, groupes d'artistes venus de Port-au-Prince, la foule des fêtards, animent la métropole du Nord-Ouest. Des putains, des éclopés, des mendiants sortent de leur trou et créent un embouteillage dans les principales artères de la ville déjà méconnaissable. Après la fête, le temps mort reprend son rythme lent, morne et accablant à Port-de-Paix.
« Si l'envie vous prend d'aller vous baigner, je vous conseille d'aller à Anse-à-Foleur, il y a du sable et c'est très propre », fait-elle remarquer.
La ville de Port-de-Paix se modèle sur Port-au-Prince par ses côtés anarchiques. Mais quand donc viendra l'ordre ?
Claude Bernard Sérant

Commentaires
Paris Plage… Ca vous dit quelque chose ?
Oui c’est en effet un projet cher aux parisiens et surtout à la mairie et aux maires de la ville qui consiste à mettre à la disposition des habitants de la ville lumière un aménagement rappelant une plage et ceci sur les rives de la seine. Rien de bien étonnant puisque les nations qui n’ont que faire de leur argent ont construit une station de ski en plein désert ! Tout ceci sans nul doute pour le bonheur de certains ou de tous les riverains.
En fait ce n’est que l’expression de cette vérité absolue de pouvoir utiliser à bon escient les richesses naturelles au profit du bien être de la société.
Chez nous tout ce qui représente richesse et potentialité est traité avec le plus méprisable des dédains et devient carrément un vrai problème.
Notre bord de mer est converti en poubelle et en déchèteries dans l’indifférence de notre classe dominante politique et économique qui cependant se plait bien à se pavaner sur les plages de juan dolio, boca chica ou sosua en République dominicaine.
Personne ne se sent concerner par le sort de ce pays dont les dirigeant ont déjà déserté en expédiant leurs familles ailleurs ou en se protégeant derrière un passeport étranger.
La situation s’est simplement considérablement aggravée. Elle n’est ni nouvelle ni l’apanage d’un gouvernement en particulier. Et les duvaliériste et les lavalassiens dans des proportions presque identiques ont travaillé très fort pour arriver à ce déclin. Et ce , malgré les voix qui claironnent pour dire que c’était « moins pire » ou « plus pire » -accroc voulu et recherché à la langue de Molière-
Les appels aux investissements et aux investisseurs devraient s’élargir vers de vrais systèmes d’ingérence pilotés par des « humains » conscients des potentialités de cette nation puisque nous autres les haïtiens nous n’y voyons qu’une sorte de vache à lait dont on ne soucie même pas de la survie.
Et pour les nationalistes nostalgiques...on verra après.

Dr JJ

Haïti retrouve sa mère

Une magnifique et gigantesque foule quitte solennellement Bel-Air pour le stade Sylvio Cator. Paré de drapeaux de l'Église et d'autres frappés aux couleurs de groupes paroissiaux, entre autres, Sainte Famille, Légion de Marie, Kiro, MEJ et des chorales de renom, cette procession dominée par le blanc ne laisse aucune chance aux passants, piétons ou automobilistes. C'est le renouvellement de la consécration d'Haïti à Marie et le cinquième quart de siècle de la guérison miraculeuse de la petite vérole, survenue en décembre 1882. Du Sanctuaire Notre-Dame du Perpétuel Secours situé au Bel-Air au stade Sylvio Cator en passant par le Palais national et l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH), dit hôpital général, des dizaines de milliers de fidèles catholiques ont manifesté samedi leur attachement avec leur mère, 125 ans après le miracle haïtien de la petite vérole.
C'était aussi l'occasion pour eux de fêter le 65e anniversaire de la consécration d'Haïti, conclue sous la présidence d'Elie Lescot, à Notre-Dame du Perpétuel Secours à qui plusieurs paroisses et chapelles sont dédiées à travers la république. Supplications, louanges, chants, carillon de cloches, pénitence, exhortations et bénédiction ont ponctué cette démarche de la Conférence épiscopale rejointe par les congrégations religieuses, des instances gouvernementales et une grande partie de la société civile.

La présence de René Préval et celle d'une bonne partie de l'équipe gouvernementale à la procession et à la messe de clôture au stade en a été pour preuve. Hauts fonctionnaires et patrons d'entreprises privées ont témoigné de leur participation à cette interminable procession, placée sous le thème: «Ayiti, men manman ou».
Sacrifices et participation avec MarieLes pèlerins se sont donnés corps et âmes à une température féroce qui a provoqué des crises de convulsion sur tout le parcours.

Vieillards, personnes handicapées, malades et d'autres aux apparences physiques saines et de tous les âges, ont investi les rues du Bel-Air notamment les rues Macajoux, Dr Aubry, Pavée, Mgr Guilloux aux cris de Ave et Salve Maria.De jolies décorations dessinées sur des tapis à même le sol avec des ripes de bois ont marqué les sept points d'arrêts, gérés chacun par une paroisse, tout en véhiculant chacun des messages.

Le message délivré par le président de la Conférence épiscopale, Mgr Louis Kébreau de la congrégation salésienne, au moment de l'homélie, allait déclencher des applaudissements nourris dans la foule qui dépassait sans dérangement la capacité du stade.

Mgr Kébreau en a profité pour dénoncer l'injustice sociale en Haïti où le peuple vit dans la misère, la corruption et l'insécurité. L'évêque a appelé le peuple à se débarrasser de la peur et à vivre loin de la drogue et de la corruption. « Nous sommes là pour une consécration et pour une commémoration, mais nous voulons dire au peuple de Dieu que l'Eglise est à ses côtés pour dénoncer ceux qui emplissent leurs poches d'argent tandis que le peuple est dans la souffrance », a affirmé le prélat, chaudement applaudi. « Ils vivent d'illusions, ils se construisent de grandes maisons en exploitant les malheureux, en les manipulant. C'est pourquoi nous devons sauver ce pays qui est en danger », a-t-il ajouté.

Le président de la Conférence des évêques haïtiens a également souhaité que le pays puisse reconquérir son indépendance, suscitant des applaudissements nourris de la foule de pèlerins qui avaient pris place dans les tribunes du stade pour suivre une messe d'actions de grâce. « L'heure de la liberté et de la vérité a sonné, dit l'évêque. Nous devons reconquérir notre indépendance, nous libérer du pouvoir de la mort sans recevoir des diktats d'autres Etats. Nous devons avoir une raison d'être fiers de notre drapeau et nous sentir haïtiens, c'est ce que veut notre mère Marie. »Que la Vierge veille sur HaïtiDe son coté, le Nonce Apostolique, Mgr Mario Giordana, a lu le message de circonstance du Pape Benoît XVI dans lequel le Souverain Pontife souhaite que la Vierge recommence à veiller sur le destin d'Haïti. Si la foule a été au rendez-vous, le désordre a été d'une grande participation à cette marche qui a réuni 14 évêques, une trentaine de prêtres et plusieurs dizaines de séminaristes. Plusieurs centaines de pèlerins, poste de radio en main, qui ne s'étaient tenus qu'à la messe au stade, ont investi le site plusieurs heures avant l'entrée solennelle des officiants prévue pour 2 heures.
Lima Soirélus
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=51888&PubDate=2007-12-12