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dimanche 25 février 2007

MECONNAITRE JACQUES ROUMAIN : UN DRAME

Qu'il s'agisse de l'intérêt du chercheur pour l'ethnobotanisme ou de l'enthousiasme tenace derrières ses idéologies politiques, Roumain reste multiple et se livre difficilement. Celui qui est mort à 37 ans de cyrrhose de foie ne s'est pas laissé enregimenté par le « déterminisme social », souligne madame Michèle Pierre-Louis.

jeudi 15 février 2007. Nous sommes arrivés à la salle polyvalente de Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL) au moment où l'on projetait sur un grand écran des images en noir et blanc de Jacques Roumain. Ces dernières frappent l'attention de l'assistance aussi bien par le raffinement élégant du romancier que par l'évocation des moments importants de la vie de l'homme. Son enfance, sa présence à côté de sa femme, son voyage à Cuba et une image inédite « Roumain sportif » comme l'aurait aimé Albert Camus sur une plage d'Alger...

Nous n'avons pas eu la chance d'entendre la présentation de madame Michèle D. Pierre-Louis sur Jacques Roumain, le

Bref ! Un film de souvenirs en sépia qui traduit aussi la vie haïtienne au moment où les grandes technologies informatiques n'avaient pas encore envahi l'existence des foyers antillais. Dans la posture libertaire et la modernité des gestes, il y a des ressemblances étonnantes entre le romancier de « L'Etranger » et l'écrivain de « Gouverneurs de la rosée ». On n'a qu'à voir cette cigarette tenue entre deux doigts évoquant aussi bien la mode existentialiste qu'un mal-être athée. La fumée n'arrive pas à cacher l'angoisse humaine en dépit du côté snob de la pause ! De Sartre (la pipe) à Camus, la nicotine a cohabité avec la pensée existentialiste.

Nous présumons que Michèle D. Pierre-Louis ne s'est pas trop attardée sur les aspects des archives familiales d'un écrivain dont on ne cesse d'explorer les conceptions politiques. Pour avoir été le premier à fonder un parti communiste dans un pays à l'économie dominée par une oligarchie foncière et dans le contexte international d'un plan Marshall qui s'étend dans son agressive splendeur, Jacques Roumain-idéologue fascine mieux que le créateur du personnage Manuel.

Les questions posées à la conférencière désignent ce choix. Michèle D. Pierre-Louis s'est rendu compte que le portrait physique fixé par la caméra ou décrit par la biographie était secondaire par rapport à la priorité de l'idéal communiste de Roumain. On cherche un modèle, un repère dans une conjoncture de désarroi et de confusion. Comment actualiser Roumain ? C'est la question principale qui résume tout le débat qui a suivi la présentation.

Madame Pierre-Louis pense que Roumain, dans le curriculum du secondaire, devrait être étudié. Mais combien de justes pensées l'enseignement officiel haïtien n'a-t-il pas récupéré suivant les normes dominantes ? Bien connaître Roumain ne passe pas exclusivement par les manuels de littérature haïtienne.

« Il faut lire Roumain, car ses convictions, souligne Michèle D. Pierre-Louis, ne sont pas nées du hasard ! ». La directrice de la FOKAL argumente autour du fait que les élèves d'un collège en Martinique connaissent mieux Roumain que ceux du lycée de Gros-Morne qui porte le nom de l'écrivain. Le problème reste entier tant qu'on ne s'efforce pas à voir le village Fond-Rouge, comme une annonce fatale des désarticulations de notre époque troublée.

Qu'il s'agisse de l'intérêt du chercheur pour l'ethnobotanisme ou de l'enthousiasme tenace derrières ses idéologies politiques, Roumain reste multiple et se livre difficilement. Celui qui est mort à 37 ans de cyrrhose de foie ne s'est pas laissé enregimenté par le « déterminisme social », souligne madame Michèle Pierre-Louis. Il avait la liberté de choix, en dépit du fait que Roumain, reconnaît la conférencière, « caricature un peu la paysannerie haïtienne ».

Jacques Roumain et Mussolini

Le débat a failli tomber dans les réductionnismes idéologiques quand l'architecte Didier Dominique a considéré comme « secondaire » la problématique de l'affrontement entre Manuel et Gervilien. Pour cet adepte du matérialisme dialectique pur et dur, il y a un « traitement autonome » qui est fait sur la question de la quête de l'eau. Cette dernière serait récupérée par les forces dominantes... Un peu jdanovien sur les bords, Didier Dominique, dont il faut reconnaître le courage de ne pas se laisser influencer par les sirènes des théories révisionnistes, applaudit toutefois au nationalisme du romancier quand il avait écrit à « Monsieur Mullet » de son époque pour lui dire que « le nègre Jacques Roumain ne daigne pas fréquenter les blancs ». Sauf que Mullet 2007 est un guatémaltèque. Autre temps, autre stratégie !

Après avoir démontré que Jacques Roumain était « le favori de sa mère », d'où la part belle faite à la femme dans Gouverneurs de la Rosée, madame Pierre-Lopuis affirme que « c'est une chose dramatique que les jeunes sortent de l'école sans rien savoir de Roumain et d'Alexis ».

A l'importante question d'Elisabeth Pierre-Louis au sujet de la fascination du fascisme chez des écrivains de l'époque, la conférencière répond que le duce séduisait le romancier par sa théorie d'exploit physique et de force de dépassement nietzschéen, mais cet engouement fut de courte durée. Le désenchantement fasciste laissait la place à un nationalisme qui avouait ces errements mussoliniens.

Face à la question d'un participant qui propose de s'inscrire dans le combat marxiste, Michèle Piere-Louis souligne que les choses changent de nature et que la situation haïtienne, fragilisée par divers facteurs, ne peut être simplement appréhendée par « la vulgate marxiste » ou les effets de mode du progressisme.

Nous espérons avoir le texte de présentation de Michèle Pierre-Louis pour une analyse plus approfondie.

Pierre Clitandre Source Le Nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com

….Madame Pierre-Lopuis affirme que « c'est une chose dramatique que les jeunes sortent de l'école sans rien savoir de Roumain et d'Alexis ».C’est là une question primordiale que formule la conférencière. On pourrait la prolonger et l’étendre à un univers encore plus ample et plus large. Que savent les enfants haïtiens dans leurs bagages quand ils sortent de l’école de nos jours ? Le système éducatif en Haïti devrait déjà faire l’objet d’un vaste débat pour déboucher sans tarder à un vaste chantier à travers lequel des grands axes seraient identifiés et feraient l’objet d’une attention intensive afin de redresser la barre en essayant de sauver ce qui peut l’être encore.

Comme dans tous les domaines en Haïti, il est difficile de dire sans se tromper à partir de quand les choses ont commencé à dégringoler pour arriver au plus profond de l’abîme ou elles accompagnent l’âme et l’essence de la nation souffrante. On serait cependant tenter de croire qu’après 1986 – sans vouloir glorifier les détenteurs de la chose publique de l’époque ni regretter les évènements qui ont créé l’après 1986 – la grande année des acquis sociaux pour certains : démocratie à gogo, liberté gratis ti chéri, le fameux slogan, et le fameux slogan « tout moun se moun » qui a vu le jour, dans un contexte et une logique d’absence de vison et de méconnaissance généralisée primaires des vraies tares de notre société, celle-ci a du supporter malgré elle et bien à son insu les affres d’un nivellement par le bas orchestré à dessein.

Nous avons ainsi côtoyé sur les bancs de certaines facultés des étudiants dont le niveau se jaugeait assez proche de la première année de nos classes humanitaires d’antan. Un grand travail doit être entrepris immédiatement.

D’un autre point de vue, nous avons lu Jacques Stéphen Alexis (Compère Général Soleil, Le Romancier des étoiles, l’espace d’un cillement) après notre départ d’Haïti. Dans cette liste d’auteurs haïtiens dont nous avons palpée et pénétré l’univers étincelant de leurs talents se situe par exemple Monsieur René Depestre. Pour augurer un élément d’explication il suffit de rappeler que le premier chef d’œuvre de cet illustre écrivain que j’ai eu l’honneur de lire a été le Mat de Cocagne, une vraie satire du gouvernement de Duvalier.

En effet, la génération des jeunes qui ont vécu pendant la dictature macoutiste, n’a pas eu accès à ces grands écrivains dont l’œuvre était carrément proscrite. Les pages transcrites dans les traités de littérature en particulier Le manuel co-écrit par le Docteur PRADEL POMPILUS, malgré ses qualités didactiques ne suffisaient point pour dévoiler au grand public l’étendue et la profondeur des idéologies véhiculées et l’ampleur de la pensée passées en revue dans l’ensemble des œuvres de ces écrivains.

Finalement, nous avons lu gouverneurs de la rosée de Jacques ROUMAIN, nous avons aussi vu l’adaptation cinématographique mais peut on comprendre un Jacques ROUMAIN quand on a 17 ans ? (Decky Lakyel 25/02/07)

Concours de RARA

Radio Force FM de Léogâne lance Konkou Rara Lakay

« Tout nan m nou se rara » est le thème retenu pour la première édition de Konkou Rara Lakay que Force FM de Léogâne compte organiser à l'occasion des festivités rara dans la Cité d'Anacaona du 24 février au 9 Avril 2007. Ce concours sera couronné par la production d'un disque dont la distribution se fera à l'échelle internationale, prévoit le directeur général de Force FM, Gérald Alcy.

Les critères de sélection s'appuient sur le texte, l'originalité, la musique, la présence prononcée des instruments traditionnels : percussions, tambour, vaksin, konè, etc.

Les instruments à vent ont été introduits dans les bandes de rara à Léogâne vers les années 70 par Georges Gilles, trompettiste de "La Fleur de Rose", bande de rara de Léogâne. Depuis lors, contrebasses, trombones, trompettes et saxophones se taillent une place dans un grand nombre de bandes à pied, rappelle, Philippe Beaulière, l'un des organisateurs du concours.

Les dirigeants des principales bandes de rara à Léogâne applaudissent l'initiative de Force FM qui, selon eux, apporte un sang neuf dans l'univers de la musique rara.

Le rara sur le marché des musiques du monde très prisée par les mélomanes est le rêve des artistes.

Le rara qui s'inscrit dan le patrimoine culturel de la fière Cité d'Anacaona est, depuis les 3 dernières années, soutenu par l'Etat haïtien. Il taille une place de choix dans le coeur et l'esprit de la communauté léogânaise, en général et des fanatiques inconditionnels, en particulier.

Jeffrey Clark LOCHARD
paloulou16lt@yahoo.fr

Source Journal Le Nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com)

RARA ET GAGA... TRADITIONS HAITIENNES DE L'ILE

Dans la lignée des pures traditions haïtiennes, les festivités du RARA, appelé à tort « carnaval rural » sont aussi incontournables et occupent une place de choix dans l’agenda social et culturel du pays. Le RARA suit chronologiquement le Carnaval et débute en quelque sorte après le mercredi des cendres. C’est à l’instar des fêtes champêtres, une activité chère et prisée par certaines régions du pays qui sont réputées d’héberger les rassemblements les plus intéressants dans ce domaine.

Les natifs de Léogane par exemple, et surtout ceux qui vivent à l’extérieur ne ratent pas souvent l’occasion de danser un bon RARA, célébration qui conditionne bien entendu et caractérise l’agencement de leurs temps et leurs vacances.

Le terme de carnaval rural utilisé tenait son origine dans le fait qua pendant un certain temps le rara s’organisait en priorité dans certaines villes de province. Mais avec l’exode des villes « d’en dehors » et la nouvelle configuration spatiale de la capitale avec ces ceinturons multiples de bidonvilles, les bandes de rara sillonnent aujourd’hui tous les quartiers de Port-au-Prince et de Pétion- Ville.

Ce premier week end juste après le carnaval représente une aubaine pour ceux-là qui ont été touché par le virus de la « seguidilla » et peuvent continuer à festoyer dans un contexte un peu différent mais qui rappelle encore les effluves de sensations expérimentées la semaine dernière.

Notre intention c’est de présenter nos expériences et nos sentiments par rapport à ces phénomènes vraiment « natif natals ». Le rara est aussi haïtien que TOUSSAINT, DESSALINES, PETION…C’est une vraie tradition haïtienne…

Nous soumettons à votre considération cet excellent article des journalistes José Luis Soto et Ronald Colbert paru dans Alterpress (http://www.alterpress.org) ou il dresse un parallèle entre les manifestations d’un même phénomène exprimées de façon similaire mais non identiques des deux côtés de l’île.

Plusieurs concepts nous titillent l’esprit quand il s’agit de parler du GAGA célébré en République Dominicaine. Nous sommes souvent tenté de dire que le gaga n’est autre que le rara haïtien transporté par les haïtiens qui ont fait le voyage de l’autre côté de l’île ; mais dans un pays ou l’antihaïtianisme primaire reste de mise il est plus acceptable et surtout plus correct d’en faire une tradition venue d’Afrique histoire de dévier et de se protéger contre les accusations d’acculturation. Nous avons constaté par exemple que les descendants haïtiens vivant à Cuba ne se considèrent pas en premier chef des afro antillais ; ils démontrent peu de retenue quand il s’agit d’identifier et de faire ressortir leurs racines haïtiennes.

Les descriptions des journalistes de la célébration du gaga ne font que présenter la persistance de pures traditions haïtiennes dans les communautés ou habitent des ressortissants haïtiens : baca, chaca, tafia,.. évoquent évidemment quelque chose aux haïtiens.

Les touristes haïtiens en visite de l’autre côté de la frontière remarqueront sans équivoque que le gaga se pratique et se cultive là ou résident en priorité les haïtiens et leurs descendants c'est-à-dire dans les villes qui abritent les grandes exploitations sucrières.

Le RARA reste un sujet peu débattu sur le web. Les références sont maigres et se limitent à des explications expéditives et des utilisations du rythme par certains artistes ou groupes d’artistes. Dans cette logique, l’article publie par les journalistes de Alter Press (http://www.alterpress.org) revêt une importance particulière. (Decky Lakyel 25/02/07)

Traditions culturelles et solidarité haïtiano-dominicaine en période pascale

José Luis Soto , Ronald Colbert

Santo Domingo / P-au-P, 24 mars. 05 [AlterPresse] --- Chaque année, à l’approche de la période pascale, Haïtiens et Dominicains continuent de maintenir une tradition enracinée dans la culture insulaire, en organisant des manifestations culturelles ambulantes, hautes en couleur, son et images, constatent des journalistes d’AlterPresse.

Ces manifestations de rues coïncident avec ce qu’il est convenu d’appeler « le début du Carême » au sein de l’église catholique romaine ou avec la période précédant la Résurrection du Christ, suivant la foi de chacune et de chacun.

En Haïti, ces festivités portent le nom de « rara », tandis qu’en République Dominicaine elles sont connues sous le nom de « gaga ». Des deux côtés, elles charrient une multitude de personnes du milieu rural qui n’hésitent pas à consentir d’énormes débours financiers pour respecter ou ne pas rater la tradition. Par exemple, les ressortissants haïtiens vivant à l’extérieur de leur pays réservent, pendant l’année, une partie de leurs ressources qu’ils transfèrent à l’occasion de la période pascale afin de marquer la tradition dans leurs localités.

Léogane, à une trentaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince, et la région de l’Artibonite, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale haïtienne, sont les deux hauts lieux de tradition « rara », où les festivalières et festivaliers rivalisent en gamme de couleur, musique et danse.

En République Dominicaine, les festivités « gaga » se traduisent par des manifestations de fraternité et de solidarité entre les deux peuples qui partagent l’île. Les manifestations culturelles « rara » (Haïti) ou « gaga » (République Dominicaine) débutent officiellement à partir du Mercredi Les Cendres, après le Mardi Gras (le Carnaval) et durent jusqu’au dimanche de Pâques.

Cette période dite de Carême, entre la fin du Carnaval et le Dimanche pascal, annonce 40 jours de jeûne et de prière comme préparation à la semaine sainte, quand « le Fils de Dieu sera trahi puis assassiné, et postérieurement retournera à la vie pour donner de l’amour et de la solidarité à ses filles et fils, suivant la tradition de l’Eglise catholique romaine ». Voilà pourquoi les manifestations « rara » et « gaga » sont considérées par certaines personnes comme des festivités païennes.

En République Dominicaine, la tradition "gaga" est célébrée de différentes manières, bien que celle de plus grande diffusion ait ses racines dans les bateyes dominicains, formés de communautés liées à la production de la canne-à -sucre, ou dans les villes proches des bateyes, affirme l’anthropologue June C. Rosenberg qui a effectué des recherches multiples sur l’origine du gaga.

La semaine sainte est mise à profit par des centaines de touristes haïtiens pour se rendre en République Dominicaine, pour aller jouir de belles plages, de repas typiques d’époque comme de la sauce d’haricots sucrés dont la cuisson comporte du sucre, du lait, des épices et de la patate. Mais, en plus, la dégustation du « chaca », mélange cuit à base de maïs, lait et épices, est appréciée par les touristes haïtiens, femmes et hommes, qui viennent se reposer en République Dominicaine pendant la trêve.

Toutefois, la religiosité, qui se détache pendant la semaine sainte, est le centre de toutes les activités, au-delà des plages, des rivières ou des grands hôtels. En Haïti, la tradition voudrait que les originaires de la province, établis dans les villes, retournent dans leur patelin pour aller participer au rara.

En République Dominicaine, la tradition voudrait que tous les enfants, y compris celles et ceux qui sont devenus de grandes personnes, reviennent chez leurs parents pour passer des moments inoubliables avec leurs siens, même lorsqu’ils n’y vont pas pour festoyer à proprement parler.

Dans cette religiosité propre à l’île, une « magie religieuse » du Gagá (ou du Rara en Haïti), ressort dans les zones des bateyes (ou se dégage des sections communales haïtiennes) où existent des règlements (rites) de descendants africains comme à Villa Mella et dans d’autres bourgs.

C’est en Semaine Sainte que le Gagá ou le Rara parvient à son paroxysme, avec la célébration de la musique, des danses, rites et cérémonies, ses croyances en Dieu et en certains esprits, les loas, les êtres ou les saints. Tout ceci repose sur le principe de la réincarnation et l’espoir, selon lesquels les forces ou les « mystères » peuvent améliorer et renouveler la vie.

La musique du Gagá ou du Rara empreint par sa richesse de variations de tons et rythmes produits par un ensemble d’instruments, un tantinet uniques, qui démontre son origine africaine et l’expérience de l’esclavage. La musique Gagá ou Rara inclut : « deux tambours, quatre ou davantage de bambous, une trompette ou tua-tuá, des chachá ou maracas, de la coque de lambi, des instruments à vent, des instruments de percussion traditionnels, etc. ».

Jadis en Haïti, les bandes « rara » savaient jouer de l’accordéon. Mais, ces dernières années jusqu’à aujourd’hui, spécialement à Léogane et dans l’Artibonite, elles ont intégré, dans leur musique, plusieurs instruments dits modernes, comme le cornet fait de tôle métallique.

Parmi les rituels et cérémonials, on distingue l’initiation, le sacrifice, la protection, le baptême, la bénédiction et la purification. La participation de ses membres repose sur des « promesses » qui durent de trois à sept années. à€ l’intérieur, apparaît le phénomène de l’association spirituelle ou « transe » chez certaines personnes, selon les circonstances.

« Son organisation sociale est hiérarchique et complexe. Entre les postes les plus significatifs, outre le propriétaire, le chef spirituel et le président, on rencontre les plus grands et les reines, celles et ceux qui dansent contagieusement avec une grande habileté, en remplissant l’espace d’énergies et de couleurs », signale l’anthropologue Rosenberg. En outre, le Gagá ou Rara symbolise les rébellions du marronnage, la lutte des esclaves, contre le français colonialiste, qui aboutit, il y a deux cents ans, à l’Indépendance d’Haïti.

Les « Guloyas » de San Pedro de Macorà­s

Les « Cocolos » remplissent les champs (domaines) et les rues de cette ville, de musique, danses, croyances, boissons et repas uniques, mélanges faits à base de farine accompagnée de hareng, de morue ou de viandes. C’est à San Pedro de Macoris (Est de la République Dominicaine) que se retrouvent les plus importantes centrales sucrières de la République Dominicaine, par conséquent le haut lieu du Gagá dominicain.

Le plus grand impact des Guloyas réside dans la musique et les danses. Comme en Haïti, où la tradition veut que les actes posés par certaines autorités pendant l’année sont passés en ridicule au moment du « rara, les danses de San Pedro de Macoris sont pleines de contenu, de récréation, de satire, d’humeur et de musique irradiée de rythme, cadence, mélodie, lyrique, rêves et nostalgies. Parmi ces danses, on compte Momise, Guloya, du Boeuf, les Zancos et d’autres, imprégnés d’une couronne de rêves qui transporte aux essences (profondeurs) des origines de ces danses, d’une couche pleine de lentilles ou de petits miroirs, où se reflètent les racines ancestrales.

Les Guloyas de l’éternité évoluent à l’intérieur des bateyes, par les sucreries et rues de San Pedro de Macori­s, en faisant apparaître des étoiles, levers du jour, papillons, nostalgies et espoirs. Le Gagá est très attaché aux activités carnavalesques.

Le Gagá au centre du carnaval à Elias Pina

« Dans la Communauté de El Llano, Elias Pina, à la Frontière Sud avec Haïti, à la tombée du Jeudi Saint, d’impressionnants masques sont placés comme sentinelles de protection dans les cours de maison, suggérant des zombis ou bacas (rites traditionnels propres au vaudou). Ces sentinelles de protection sont les Masques du Diable qui, dans un autre jour avec des fouets dans les mains, des vêtements de femme, sortent des montagnes pour venir fouetter tout le monde, arrivant jusqu’aux rues d’Elias Pina ».

En mettant fin aux activités, le samedi, ces masques sont portés à la montagne, sont brûlés, tandis que leurs cendres sont dispersées pour tous les semis, comme partie symbolique d’un culte à la fertilité. Et, comme hommage à l’arrivée du printemps, les tambours et les noeuds de bambou, ainsi que les cornes de lambis viennent annoncer le Vendredi Saint au matin, avec la présence d’un Gagá « théatralisé » (dramatisé), unique et différent d’autres modalités qui se présentent dans les sucreries du pays, avec des invocations à Petite Thérèse, à la mort et à d’autres esprits.

Différemment de San Pedro de Macorà­s, Eli­as Pina combine un repas fait de maïs (Chenchen), de fèves douces, de Chacá et de rhum fabriqué rustiquement comme le clairin, le « triculi » plus connu sous le nom de tafia parmi la Communauté haïtienne et dominicaine. Dans les festivités « gaga » ou « rara », peuvent manquer certains ingrédients, sauf le rhum, qui fait partie de la tradition même de cette manifestation culturelle des deux peuples.

Semaine Sainte, Semaine de Gagá en Samaná

Pendant toute la période, on prépare des plats culinaires propres de la date qui s’approche, tels du poisson et des crustacés (écrevisses), des végétaux, de la morue et les traditionnels haricots ou fèves imbibés de sucre.

Produit du syncrétisme culturel dominico-haïtien, Samana n’échappe pas à la célébration, durant les derniers jours de la semaine sainte, spécifiquement de jeudi à vendredi saint, du gaga dans les bateyes, un rituel de caractère religieux, qui associe éléments musicaux et danses africaines, haïtiennes et dominicaines.

Batey Bienvenidos (Santo Domingo)

En semaine Sainte, le gaga, le bon, est présent dans tous les bateyes environnant la capitale dominicaine. Il n’y a pas comme celui du Batey Bienvenidos, dans la partie Ouest de la province de Santo Domingo, où est préservée presqu’intégralement la célébration du gaga suivant une directive qui suit l’ordre hiérarchique imprimé dans l’organisation des activités pendant toutes les années antérieures.

« C’est pourquoi ici le gagá a un chef, un président et un secrétaire ». Les danseurs passent par les maisons du Batey Bienvenidos pour recevoir les apports en argent ou en repas des locataires. Cela fait partie de la pauvreté du Batey. Le même peuple organise sa célébration.

Le gagá est la preuve du marronnage, indiquant une cérémonie entre la vie et la mort. La danse est une expression de vie. La danse constitue un syncrétisme festivo-religieux, intégré par des groupes d’origine haïtienne qui organisent leurs rites à différents endroits des sucreries.

Le Gagá ou le Rara est une autre preuve de l’identité de deux peuples, nés sur une île appelée Quisqueya, avec des ombres, des modes de vie et cultures différentes, mais unis dans la perspective de se révéler comme deux peuples frères en quête de ses origines pour construire ensemble des espaces de coexistence, qui, comme le Gaga ou le Rara, les conduit par un chemin étroit, comme au temps de la moisson, jusqu’à une vallée plane et productive, où croîtront les fleurs et roses qui nouriront de joie les âmes et les cœurs des deux peuples.