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mercredi 10 août 2011

Parrainage Québec-Haïti: difficile adaptation

La Presse

Pauline Dorval est arrivée d'Haïti au Québec avec sa famille le 15 mars. Tout comme son mari, elle gagne déjà très correctement sa vie et envisage un retour aux études. Rapidement, avec sa famille, elle s'est installée dans un appartement tout à fait convenable, avec trois chambres à coucher. «Je n'ai pas à me plaindre», dit-elle. Cet atterrissage en douceur est loin d'être le lot de tous les Haïtiens immigrés ici depuis le tremblement de terre.»
Mme Dorval était bien outillée à son arrivée ici. Détentrice d'un diplôme en gestion, elle était infirmière auxiliaire en Haïti. Son époux, lui, enseignait l'histoire et la géographie. Ici, elle occupe un poste de commis de bureau qui l'amène à faire un peu de comptabilité.
Lui n'a pas encore trouvé un emploi à la mesure de ses capacités, mais ça va, dit Mme Dorval: il est agent de sécurité. De toute façon, il était impensable pour eux et leurs enfants de rester en Haïti. «J'ai peur du pays», dit Pauline Dorval.
Trop instable, trop difficile d'y gagner sa vie? Rien à voir. «En fait, depuis le séisme, nous sommes tous traumatisés. Les enfants, surtout, mais nous aussi, confie Mme Dorval. Moi, par exemple, je ne supporte pas que des gens courent et fassent vibrer le plancher. Quand ça arrive, je me sens mal.» Alors même si le couple avait en Haïti sa propre maison, des emplois qui correspondaient plus à leurs études, c'est ici qu'ils veulent faire leur vie. La bureaucratie? Les permis? Tout s'est fait facilement, dans les temps.
Manque d'entraide
Voilà qui tranche avec l'histoire de Marie-Ange (nom fictif), qui occupait un poste dans la sécurité en Haïti. Au Québec depuis janvier, elle a bien trouvé au départ un bon travail dans une pâtisserie, mais les choses se sont gâtées depuis. On lui a retiré son statut de résidente temporaire et son permis de travail, dit-elle, ce qui l'a empêchée de continuer de travailler. En discutant un peu, on comprend qu'en fait, elle a omis d'envoyer ses renouvellements dans les temps parce qu'elle n'avait pas l'argent requis.
Son mari est dans la même situation et le couple a deux enfants en bas âge. «Je veux retourner en Haïti, dit-elle. Là-bas, au moins, les gens s'entraident quand il y a un problème. On n'est pas laissés à nous-mêmes.»
Roger Petit-Frère, cofondateur du regroupement des intervenants d'origine haïtienne de Montréal-Nord, connaît bien le problème. «Les gens qui arrivent d'Haïti ont du mal à s'adapter au système. Souvent, plutôt que de dire qu'elle n'arrive pas à assumer le coût de tel ou tel permis, une personne laisse passer le délai», relève M. Petit-Frère.
Mais ces gens n'ont-ils pas obligatoirement un parrain au pays capable de les aiguiller? «Oui, mais même si cette personne habite ici depuis longtemps, elle ne sait pas nécessairement comment naviguer dans toutes les procédures. C'est compliqué, et à mon avis, le gouvernement canadien ne traite pas les dossiers avec toute l'humanité requise.»
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201108/08/01-4424283-parrainage-quebec-haiti-difficile-adaptation.php

Parrainage Québec-Haïti: l'urgence passée, la vie continue

La Presse

Dans les jours qui ont suivi le séisme en Haïti, Québec a mis sur pied un programme de parrainage pour permettre aux citoyens d'origine haïtienne de faire sortir rapidement leurs proches du pays en ruine. Les demandeurs ont ensuite dû patienter - et pester - à cause des longs délais imposés par la bureaucratie canadienne. Mais un an et demi plus tard, un constat surprend: le tiers des demandeurs tardent encore à compléter leur dossier de parrainage. Explications.
Plus du tiers des demandes de parrainage d'Haïtiens sinistrés à la suite du séisme de janvier 2010 attendent toujours d'être approuvées par Immigration Canada. Et cette fois, Ottawa n'y est pour rien: ce sont plutôt les demandeurs eux-mêmes qui tardent à compléter le dossier pour faire venir leurs proches.
Les dernières données compilées par Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) indiquent que, en date du 2 juin, 3100 demandes ont été reçues. De ce nombre, 1800 ont été approuvées et «plus de 1100 sont toujours en attente d'une décision», écrit la porte-parole de CIC, Rachel Bédard. Les demandes en attente d'une décision «ont été examinées par un agent», précise la porte-parole, mais «nous attendons que le demandeur ait soumis tous les documents exigés avant de lui accorder un visa». «Ces documents comprennent les résultats de l'examen médical, le paiement des frais associés au visa de résident permanent, la déclaration selon laquelle une personne à charge fréquente à temps plein un établissement d'enseignement, etc.»
Roger Petit-Frère, conseiller au Centre de formation Jean-Paul-Lemay, a accompagné plusieurs de ses compatriotes dans ces démarches auprès des services d'immigration. «Pour certains, c'est un problème d'argent: il faut 490$ pour remplir le dossier, dit-il. Et puis, l'émotion est passée.»

L'émotion? «Oui. Le temps a passé et la vie continue, à Haïti.»
«Moi-même, dit M. Petit-Frère, j'ai une soeur à Haïti pour laquelle on a fait une demande qui n'est pas encore complétée.» Sa soeur a un bon travail à Haïti et est déjà venue le voir à Montréal avec un visa de touriste. «Elle n'est plus aussi pressée, dit-il. C'est le cas des personnes qui ont une profession à Haïti. Mais ceux qui sont dans la misère, sans travail, sans avenir, eux veulent venir ici.»
Rushler Vaval, du Carrefour intercultures de Laval, voit plusieurs demandeurs se heurter à la bureaucratie, surtout en Haïti. Des actes de naissance comportant des erreurs de nom ou de dates et qu'il faut refaire, un mauvais formulaire pour les antécédents judiciaires, un passeport difficile à faire renouveler... «Le Canada demande que le passeport soit valide pour encore deux ans, dit M. Vaval. Mais Haïti ne renouvelle pas le passeport s'il est encore bon pour plus de six mois. Les gens doivent donc attendre plusieurs mois pour le faire renouveler.»
À moins de connaître quelqu'un dans l'administration et de payer un «supplément» pour obtenir un document plus rapidement. «La bureaucratie à Haïti est scabreuse, dit M. Vaval. Normalement, pour faire une carte d'identité, ça devrait prendre une journée. Mais là-bas, on peut attendre un mois. Ou alors on doit donner beaucoup d'argent.»

L'intégration, la clé?
Le 3 février 2010, moins d'un mois après le séisme, Québec a adopté des mesures extraordinaires pour élargir la notion de famille aux fins de la réunification. Le «programme spécial de parrainage humanitaire» permettait aux citoyens canadiens et résidants québécois d'origine haïtienne de parrainer des membres de leur famille normalement exclus des programmes de parrainage, comme les frères et soeurs ainsi que les enfants adultes.
Québec s'était engagé à accueillir 3000 demandes; l'objectif a été atteint en cinq mois et, en juillet dernier, Québec a annoncé la fin du programme. Les dossiers retenus par Québec doivent ensuite être approuvés par Citoyenneté et Immigration Canada, qui vérifie notamment les antécédents judiciaires des candidats.
Les critères de parrainage ont peut-être été assouplis, mais les demandeurs sont quand même soumis à de sévères conditions, notamment sur les garanties financières pour soutenir les membres de leur famille. Plusieurs demandes ont été rejetées parce que les garanties fournies n'étaient pas suffisantes.
Mais plusieurs demandes, estime Roger Petit-Frère, ont trébuché sur la «capacité d'intégration au Québec».
«C'est une raison subtile, dont on n'a pas beaucoup parlé, mais que le gouvernement applique», dit-il. Il songe au cas d'une personne qui a voulu faire venir sa mère, âgée et peu instruite. «On a rejeté la demande, même si la fille avait les garanties financières nécessaires. Je sais qu'il y a beaucoup de cas comme ça, que beaucoup de demandes rejetées concernent des gens qui avaient moins de capacité à s'intégrer à la société.»
«On a parlé de parrainage humanitaire, mais on voit que le mot humanitaire n'est pas très présent. On aurait pu simplement dire pour les gens victimes du séisme» dit M. Petit-Frère. «Mais les demandes de ceux qui ont de bonnes garanties financières sont plus rapidement accueillies», précise le conseiller.
Rushler Vaval, de son côté, a vu des familles séparées parce que des neveux et nièces adultes, par exemple, n'ont pu accompagner leurs parents. «Une dame ici a pu faire venir sa soeur et son beau-frère, mais seulement deux de leurs quatre enfants.» Les deux enfants refusés sont âgés de plus de 22 ans, mais ils sont encore aux études. Les parents n'ont pas démontré à la satisfaction des autorités canadiennes que leurs enfants étaient encore à leur charge. «La mère a pleuré d'avoir dû laisser ses deux enfants derrière», dit M. Vaval.
Mais la plupart des démarches se terminent bien, précisent les deux conseillers. À la fin, dit M. Petit-Frère, il reste une grande reconnaissance envers Québec pour ce programme. «On a encore l'impression qu'Ottawa n'a pas fait tout ce qu'il aurait pu pour venir en aide à ces gens-là. On pense que Québec a fait beaucoup plus. Le Québec était de bonne foi et il a agi.»
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201108/08/01-4424279-parrainage-quebec-haiti-lurgence-passee-la-vie-continue.php

«L'école Alexandra» en Haïti: donner un sens à la mort, comme à la vie

Publié le 08 août 2011 à 05h00

Gilbert Lavoie, Le Soleil
Les travaux de construction des classes de maternelle
sont en cours depuis le mois de mai.
(Québec) Comme tous les parents qui ont perdu un enfant, Marie-Dominique Bédard a dû «faire son deuil». Une expérience terriblement exigeante qu'il faut accepter, selon elle, pour arriver à s'en sortir. «Il faut foncer dedans, il faut le faire. C'est une décision que l'on prend. Ou bien tu la fuies toute ta vie, ou tu rentres dedans. Moi, j'ai décidé de rentrer dedans.»
Il lui a fallu du temps pour y parvenir. «J'ai d'abord vécu une année où je n'étais pas là, pas concentrée. J'en reviens avec une vision de la mort et de la vie qui n'est plus la même, explique-t-elle. Pour moi, la mort fait partie de la vie. Je ne dis pas que ce n'est pas triste, je dis juste que c'est normal. On a tendance à penser que la mort, ce n'est pas normal, mais c'est normal. Elle n'est pas intégrée dans notre société. En dedans de 24 heures, les morts sont enterrés, les sand­wichs sont mangés, puis tout est fini.» La fin de ce deuil ne signifie pas qu'on oublie sa per­te, ajoute Mme Bé­dard, tout au contraire.
«Je vais souvent au cimetière, j'y mets des fleurs, je lui parle et elle est avec moi. Des fois, je me dis qu'elle n'est peut-être plus là du tout. Mais quand j'écoute toutes les mères qui ont perdu des enfants, c'est une autre dimension. Je n'avais pas compris ce qu'elles disaient autant que maintenant. C'est sûr que c'est ton enfant, ça t'arrache une partie de toi-même, et tu vas toujours rester avec une perte. Mais il y a quelque chose là-dedans. Ce n'est pas le fun, mais c'est l'apprentissage de la sagesse par rapport à la vie et la mort. J'ai changé beaucoup là-dessus.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201108/07/01-4424152-lecole-alexandra-en-haiti-donner-un-sens-a-la-mort-comme-a-la-vie.php

Haïti: le rêve d'Alexandra Duguay se concrétise

Publié le 08 août 2011

Gilbert Lavoie, Le Soleil
(Québec) Elle a fait son deuil, mais elle n'a pas oublié sa mission. Marie-Dominique Bédard, la mère d'Alexandra Duguay, cette employée de l'ONU décédée à Port-au-Prince dans le séisme de 2010, se rendra en Haïti au début d'octobre. Elle remettra à soeur Flora les clefs de «l'école Alexandra», construite à l'orphelinat de l'île à Vache, grâce aux fonds recueillis en mémoire de sa fille.
Les travaux de construction de quatre nouvelles classes pour les élèves de la maternelle ont commencé à la fin avril et vont bon train. Les locaux de l'école primaire font également l'objet d'une rénovation. C'est un projet de 155 000 $, dont plus du tiers provient des quelque 60 000 $ recueillis par Mme Bédard et des amis, dont le restaurateur Jac­ques Fortier, avec l'aide de la famille de Marc-André Franche, le conjoint d'Alex.
Ce dernier a d'ailleurs repris son travail au sein du Progra­mme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Haïti, ce qui lui a permis de superviser le projet. Il a conclu une entente avec une fondation locale, la Digitel, qui investira les 100 000 $ qui manquent. M. Franche s'est également engagé à fournir les bureaux et le matériel pédagogique nécessai­res à l'école, afin d'améliorer ainsi les conditions de travail des professeurs. Par l'entremise d'une amie, il a recruté un professeur de maternelle, Nathalie Gadbois, qui est sur l'île à Vache depuis le 9 juillet jusqu'au 25, pour former et actualiser les méthodes pédagogiques des quatre professeurs de maternelle de l'école. «Il va peut-être manquer un peu de fonds, et je vais couvrir la différence», annonce-t-il à la famille d'Alex dans un courriel. Le rêve d'Alexandra prend vie.
Malgré le succès de ses levées de fonds, Marie-Dominique Bédard n'est pas restée inactive au cours de la dernière année. Elle a, dans son sous-sol, deux boîtes de jeux éducatifs destinés aux enfants de l'école Alexandra. Ils ont été fabriqués par les enfants de l'école Les Bocages de Cap-Rouge, qui les lui ont remis à l'occasion d'une cérémonie spéciale en février. Des jeux de toute nature, allant des casse-tête, aux marionnettes, en passant par des exercices de mémorisation.
Pourquoi cette cause?
C'est à la suggestion de sa mère qu'Alexandra Duguay s'est don­né une cause en Haïti. «Quand elle est partie là-bas, je n'étais pas très enthousiaste et je lui ai dit de se trouver une oeuvre à laquelle je pourrais participer de Québec. Au moins, ça me permettait de m'impliquer dans le fait qu'elle soit en Haïti.»
C'est à l'occasion de vacances à l'île à Vache et d'une visite à l'institution de soeur Flora qu'elle a pris sa décision. «Elle a été vraiment émue. Elle a vu les enfants, l'état de la maternelle et les conditions dans lesquelles les professeurs travaillaient et elle s'est dit que c'est ça qu'elle voulait améliorer.»
Dès son retour, à Noël, la jeune femme a récolté plus de 1000 $ en organisant une vente aux enchè­res dans sa maison en Haïti. «Et le 31 décembre, elle est allée faire un réveillon aux enfants avec des amis, raconte sa mère. Ils ont don­né le reste de l'argent à soeur Flo­ra. Et 10 jours après, elle est mor­te...»
Marie-Dominique Bédard a su tout de suite qu'elle poursuivrait la mission de sa fille. «Forcément, parce que sinon, y a rien qui a un sens. Je me dis qu'au moins, elle regarde ça, c'est ça qu'elle voulait, et c'est parfait.»
Mission accomplie? Jamais totalement. L'oeuvre de sa fille se poursuivra, grâce à l'aide des donateurs qui continuent d'appuyer l'orphelinat de soeur Flora, par l'entremise des Ailes de l'Espérance qui a créé un fonds à part pour cette cause. Le père de Marc-André Franche, André Fran­che, y voit personnellement.

Un sens à la mort, comme à la vie
Comme tous les parents qui ont perdu un enfant, Marie-Dominique Bédard a dû «faire son deuil». Une expérience terriblement exigeante qu'il faut accepter, selon elle, pour arriver à s'en sortir. «Il faut foncer dedans, il faut le faire. C'est une décision que l'on prend. Ou bien tu la fuies toute ta vie, ou tu rentres dedans. Moi, j'ai décidé de rentrer dedans.»
Il lui a fallu du temps pour y parvenir. «J'ai d'abord vécu une année où je n'étais pas là, pas concentrée. J'en reviens avec une vision de la mort et de la vie qui n'est plus la même, explique-t-elle. Pour moi, la mort fait partie de la vie. Je ne dis pas que ce n'est pas triste, je dis juste que c'est normal. On a tendance à penser que la mort, ce n'est pas normal, mais c'est normal. Elle n'est pas intégrée dans notre société. En dedans de 24 heures, les morts sont enterrés, les sand­wichs sont mangés, puis tout est fini.» La fin de ce deuil ne signifie pas qu'on oublie sa per­te, ajoute Mme Bé­dard, tout au contraire.
«Je vais souvent au cimetière, j'y mets des fleurs, je lui parle et elle est avec moi. Des fois, je me dis qu'elle n'est peut-être plus là du tout. Mais quand j'écoute toutes les mères qui ont perdu des enfants, c'est une autre dimension. Je n'avais pas compris ce qu'elles disaient autant que maintenant. C'est sûr que c'est ton enfant, ça t'arrache une partie de toi-même, et tu vas toujours rester avec une perte. Mais il y a quelque chose là-dedans. Ce n'est pas le fun, mais c'est l'apprentissage de la sagesse par rapport à la vie et la mort. J'ai changé beaucoup là-dessus.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201108/07/01-4424151-haiti-le-reve-dalexandra-duguay-se-concretise.php

Le Brésil envisage un retrait de ses casques bleus en Haïti

Le nouveau ministre brésilien de la défense, Celso Amorim, envisage un retrait des casques bleus de la Mission des Nations Unis pour la Stabilisation en Haïti (Minustah). Ancien ministre des affaires étrangères ayant effectué deux visites en Haïti, M. Amorim estime que la mission des brésiliens touche à sa fin avec le renforcement de la démocratie et la croissance économique. Il s'agit de changement radical dans la stratégie de M. Amorim qui avait encouragé l'engagement du Brésil au sein de la Minustah sous le gouvernement de Lula.
Entrée en fonction lundi dernier, M. Amorim justifie sa décision par l'essoufflement de l'économie brésilienne. " Au plan international, l'heure est au désengagement militaire et du point de vue économique, la croissance brésilienne s'essouffle", insiste t-il. De plus M. Amorim attire l'attention sur l'amélioration du climat sécuritaire en Haïti. " Même si le pays est loin d'être un havre de paix, il est désormais doté d'un président avec la perspective que les institutions retrouvent un fonctionnement normal", fait-il remarquer.
Les multiples dénonciations dans les medias contre les casques bleus, accusés d'avoir propagé le cholera en Haïti, sont également de nature à provoquer une baisse de la confiance vis-à-vis de la mission onusienne. Un départ des brésiliens qui apportent le plus gros contingent risque de sonner le glas de cette mission arrivée en Haïti en 2004.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19361

Des élus de l'Inité réclament la désignation d'un nouveau Premier Ministre

Des parlementaires de l'Inité, qui avaient rejeté le choix des deux Premiers Ministres désignés, pressent le chef d'Etat haïtien, Michel Martelly, de designer une nouvelle personnalité. De nombreux acteurs s'interrogent sur l'absence de contact officiel entre le chef d'Etat et les président des deux chambres une semaine après le rejet de la candidature de Bernard Gousse. Pire au cours de cette semaine le président Martelly effectuera deux déplacements en Argentine et au Chili.
Au nombre des sénateurs des l'Inité réclamant à cor et a cris la désignation d'un nouveau Premier Ministre, figurent le vice président du sénat, Anacacis Jean Hector et le premier secrétaire de la chambre basse, Guy Gérard Georges.
M. Jean Hector questionne les retombées des déplacements à l'étranger du président Martelly puisqu'aucun ministre des finances ne peut éventuellement traiter le dossier des aides financières. Il soutient que l'absence d'un gouvernement est néfaste au président Martelly qui n'est en réalité qu'un président / portrait et non un chef d'Etat.
Interrogé sur les vrais responsables de l'absence de gouvernement, le sénateur Jean Hector accuse le président Martelly qui n'aurait jamais désigné une "personnalité acceptable". De plus, il met l'accent sur la nécessité d'un partage de poste entre le président et le parti Inité, majoritaire au Parlement.
De son coté, le député Guy Gérard Georges se plaint de la lenteur du chef d'Etat à designer un Premier Ministre. Il estime que le président Martelly devrait reprendre les négociations avec les leaders du Parlement au lendemain du rejet du choix de Bernard Gousse.
Le chef d'Etat doit comprendre que s'il détient la prérogative de designer un premier ministre, les parlementaires ont le droit de rejeter son choix, précise le député Georges pour qui la formation d'un gouvernement légitime est une urgence.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19362

Les responsables de l'église catholique lancent un appel au calme

Le secrétaire général de la Conférence épiscopale d'Haïti (CEH), père Alexandre, affirme que la profanation de la cathédrale du Cap Haïtien est à la fois une provocation et une tentative de déstabilisation. Au lendemain de cette profanation les autorités religieuses ont lancé un appel au calme refusant tout acte de vengeance. Le secrétaire général de la CEH s'était rendu hier au Cap Haïtien afin de constater les dégâts. Il estime que les auteurs du saccage avaient bien planifié leur forfait puisque des matériels ont été utilisés pour renverser les statuts.
L'église ne répondra pas à cette provocation, promet le prélat rappelant que le président de la conférence épiscopale, Mgr Louis Kebreau, a appelé les catholiques à la prière. Les activités religieuses dans l'enceinte de la cathédrale Notre Dame sont interrompues mais la neuvaine se poursuit devant l'église.
Outre la provocation, le père Alexandre croit que certains secteurs ont perpétré cet acte pour créer un climat de déstabilisation. Il révèle que des tracts appelant à une attaque contre les paroisses catholiques avaient été retrouvés lors des fêtes patronales de Port-Margot et Limbé.
Il donne l'assurance que les tentatives de provoquer des luttes interreligieuses seront vaines rappelant que l'église continuera à prêcher l'unité et la paix. La profanation de la cathédrale a eu lieu quelques jours avant la célébration de la fête Notre Dame.
Interrogé sur les relations avec les cultes protestants, le père Alexandre indique que certaines confessions ont maintenu de bonnes relations avec les catholiques dans le cadre du mouvement œcuménique. Cependant il soutient que certains groupes ont toujours diffusé des messages hostiles à l' endroit de l'église catholique.
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19360

DIASPORA-HAITI-MOEURS...Pyram 30 ans après …

MIAMI, 29 Juillet – Depuis l'aéroport de Port-au-Prince, ils nous cassent les oreilles. Horriblement. Sauvagement. Ils, ce sont quatre jeunes hommes, dont l'un, qui parait saoul on ne peut plus, n'arrête pas de critiquer à haute voix ce pays où rien n'a été fait depuis le séisme de 2010 et qui, Dieu merci, n'est plus le sien.
On espère embarquer le plus vite que possible pour cesser d'écouter de pareilles âneries.
Mais voici que la bande des quatre nous poursuit jusque dans l'avion. Et que c'est alors qu'ils s'en donnent à cœur joie.
Pendant une heure et quarante cinq minutes, on sera soumis à ce supplice. Quatre individus déblatérant à plein tube. Racontant par le menu toutes leurs exhibitions, y compris amoureuses, pendant les ‘fêtes champêtres' (saison estivale très courue en Haïti et constituée de célébrations à la chaine de fêtes patronales, ensemble d'activités à la fois religieuses et profanes, et d'un bout à l'autre du pays).
Cependant c'est pour vomir en même temps leur dégoût d'un pays qui n'a plus rien à leur offrir … tandis que la vie est si belle au pays d'adoption. Les Etats-Unis, bien sûr. Même Little-Haiti qu'ils ne fréquentent plus, à en croire le plus excité des quatre, ne pouvant plus supporter ces maudits Haïtiens dans leur entourage.
Est-ce une blague, se demande-t-on ?
En tout cas nos quatre lascars, se prenant tout à fait au sérieux, continuent à pérorer, sans aucun égard pour les autres passagers, haïtiens ou étrangers, s'esclaffant, riant à perdre haleine de leurs propres remarques – de plus en plus bêtes, ne semblant nullement sensibles au dérangement qu'ils provoquent ni à la gêne de l'hôtesse de l'air qui n'ose rien leur dire. Tout le monde est renversé.
Les plus choqués ce sont bien sûr les autres passagers haïtiens qui ne veulent pas croire que ce genre d'énergumènes puissent exister.
Et surtout qu'on n'y peut rien ! Rien pour les ramener à la raison.
Mais cela nous fait penser, tiens, au Pyram de ‘Pèlen tèt', la pièce de Frankétienne.
Un Pyram, immigrant analphabète, qui, commençant à gagner quelques dollars en effectuant les boulots les plus ingrats, se prendrait à s'émerveiller sur son propre sort, qu'il estime le plus heureux du monde.
Comme la Perrette de la fable La laitière et le pot au lait. En un rien de temps, on se voit millionnaire. Et pourquoi pas, même ambassadeur des Etats-Unis en Haïti !
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Disons, c'est Pyram, trente ans après! Le délire. Multiple. Haïti n'est pas sorti de ses malheurs. Bien au contraire. Conséquence: alors que le personnage de l'œuvre théâtrale haïtienne la plus populaire des années 1970 se décrivait comme un 'analphabète de bonne volonté', aujourd'hui la mauvaise volonté de sa réincarnation est évidente.
Oui, que voulez-vous, voilà que, de notre côté, nous nous surprenons à rêvasser, partir bien loin, seul moyen d'échapper au chahut incompréhensible provoqué par ces malheureux.
Malheureux parce que tout ce cinéma c'est parce qu'on est là à les écouter, ce sont leurs frustrations qu'ils nous jettent aussi joyeusement au visage, y compris dans ce comportement irrationnel et provocateur de gamin qui mériterait une bonne paire de claques, en un mot c'est tout à fait la traduction d'une sorte de 'dépit amoureux.'
Amoureux puisque leur plus beau souvenir, à les entendre, ce sont les fêtes champêtres chaque été se succédant dans tous les coins d'Haïti.
Mais c'est pas fini. On est arrivé. La queue devant les guichets de l'immigration. Devinez. Nos quatre lascars ne sont pas seulement enfin silencieux mais ils ont soudain totalement perdu la parole. Figurez-vous que l'un d'eux a voyagé en Haïti alors qu'il n'avait pas encore reçu sa carte de résident permanent et sans autorisation du service d'immigration.
Adieu veau, vache, cochon, couvée!
Pas si grave. Il ne sera pas déporté mais pour n'avoir pas respecté les règlements, trop pressé de revoir ce pays que cependant il dit exécrer, il passera au moins deux heures assis dans la salle de rétention de l'aéroport de Miami.
Marcus, Mélodie 103.3 FM
http://www.haitienmarche.com/articledelasemaine.php?completedate=2011-08-01