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lundi 27 avril 2020

Haïti autosuffisant en maïs

#DIZONPAM
Je publie très souvent des articles que l’on pourrait qualifier de décevants ou tristes. Ceci jamais dans le souci de ne partager que de mauvaises nouvelles. Je ne fais en fait que répercuter ce qui intéresse les médias.
Aujourd’hui, en feuilletant la page culturelle du Nouvelliste, j’ai vu ce titre sur une photo de la version sur papier. Je suis donc retourné sur la version disponible en ligne pour tomber sur cette excellente nouvelle.
Haïti autosuffisant en maïs.
Je passe sur le fait qu’un journaliste courageux eut à pécher cette information à partir de publications américaines. J’ai envie de dire heureusement certes ! Mais pourquoi n’y a-t-il pas une étude haïtienne et une valorisation de ce fait : une autosuffisance dans une denrée alimentaire ; alors que les ONGs mettent tout le temps des articles pour annoncer une insécurité alimentaire ?
L’article détaille les modalités de consommation du maïs. Moi j’en mange régulièrement. J’en achète dans les supermarchés asiatiques. Le produit s’appelle bien « Maïs Haïti ». Mais « fabriqué » en Angleterre. Aux USA, j’ai eu à croiser la fameuse variété « mayi senmak ». Mais là encore Haïti n’a rien à voir dans son exploitation.
J’avais beaucoup critiqué une émission radiodiffusée qui parlait d’une entrepreneure à succès dont le travail, dont l’exploit a consisté à faire rentrer du « corn flakes » en gros puis à les détailler, pour rendre ce type de céréales accessibles à tout le monde. J’ai eu l’impression de marcher sur la tête. Et ma réflexion s’est conceptualisée dans le sens d’une interrogation sur pourquoi importer et « populariser » le corn flakes, dans un pays ou existe le maïs.
J’ai croisé aussi des Haïtiens qui vous disent qu’ils ne mangent pas de maïs moulu (en forme de semoule !)
Il y a beaucoup à faire sur cette filière. Il faudrait une politique de « valorisation » du produit et une prise en main pas le secteur de la transformation.
Comment en pas penser à cette bouteille d’AK100, vendu dans le petit bar desservant le Centre d’Etudes Secondaires ? Pour l’anecdote de l’ AK100 une fois en compagnie de mon grand ami Monsieur Herbert Joseph à New York , j’y reviendrai une autre fois ! Moi en attendant je ne rate pas pour me faire une belle assiette de may moulen ak fèy zepiina, maymoulen, ak djondjon, maymoulen ak kalalou ; maymoulen ak afliba … Je réfléchis au « tyaka »
Publié le 2020-04-24
Un rapport publié récemment par le Département d’Agriculture des États-Unis (USDA, en anglais) est entièrement consacré aux grains cultivés et consommés en Haïti et permet d’avoir une vue globale, via des statistiques et des prévisions actualisées sur la production, la commercialisation et la capacité de stockage de chacun de ces produits alimentaires. Aussi, ce rapport rendu public en date du 15 avril 2020 nous fait-il savoir que le maïs, contrairement à son cousin le riz, demeure à ce jour le grain le plus cultivé en Haïti, et par conséquent l'un des produits agricoles en lequels le pays est encore autosuffisant.
À ce titre, la production de maïs en Haïti, au cours de la campagne 2020/21, devrait atteindre 320 000 tonnes métriques (TM) contre des importations de l’ordre de 20 000 TM. Il s’agit-là d’une véritable prouesse compte tenu de l’incurie de l’État, des contraintes d’ordre structurel ainsi que de la carence de financements et d’investissements alloués à ce secteur de production durant ces dernières décennies.
Le maïs est cultivé non seulement dans tous les départements pendant trois saisons (au printemps, la principale saison de croissance, en automne et en l'hiver), mais également les reliefs, y compris les plaines humides et irriguées, les montagnes humides et les plateaux jusqu'à 2 500 pieds d'altitude.
Grâce à un retour à la production des zones touchées par la sécheresse au cours de la campagne 2018/19, la superficie récoltée pour l’actuelle campagne devrait augmenter de 1% pour atteindre 390 000 hectares (ha) contre 385 000 ha en 2018/19. Pour la campagne 2020/21, l’USDA prévoit une superficie récoltée stable de 390 000 ha.
« La production de maïs dépend fortement des précipitations, car les terres irriguées d'Haïti sont estimées à 80 000 hectares. De plus, d'autres cultures, dont le riz, le plantain et les légumes, concurrencent largement le maïs pour le système d'irrigation existant », rappelle le rapport qui établit à 320 000 TM, tout compte fait, la production de maïs pour l'actuelle campagne 2019/20.
Cette production représente une augmentation de 2% et est due au retour à des conditions climatiques normales, notamment la fin en août 2019 du phénomène «El Niño» ayant affecté les précipitations et provoqué la sécheresse dans plusieurs départements d'Haïti. L’USDA dit s'attendre à la poursuite des conditions climatiques normales durant la campagne 2020/21 et, par conséquent, à une production de maïs stable pour ladite campagne.
S’agissant du rendement pour la campagne 2019/20, il devrait rester stable autour de 0,82 TM par hectare. « Le rendement du maïs en Haïti est difficile à augmenter en raison de plusieurs paramètres, notamment la gestion de l'eau, le manque de variétés adaptées à la situation des agriculteurs et le manque d'outils et d'équipements adéquats [...] La dépendance de la production de maïs d'Haïti vis-à-vis des précipitations crée une incertitude quant à la disponibilité de l'eau pour le développement du maïs […] De plus, la fertilisation est fortement négligée dans la production de maïs en Haïti. Il est appliqué dans quelques zones irriguées, mais dans les autres zones, la fertilisation est presque inexistante […] En Haïti, le rendement dépend du potentiel du sol, des résidus des cultures précédentes (pour l'engrais) et des précipitations », révèle longuement le rapport.
Malgré une production quasi autosuffisante, les stocks de maïs en Haïti restent limités et le gouvernement, indique le rapport, ne fixe aucun niveau de stock. Cependant, quelques agriculteurs haïtiens parviennent à stocker une petite quantité de maïs pour servir de semences pour la prochaine campagne. « Les agriculteurs disposant d'installations de stockage peuvent stocker plus de 20% de la récolte sous forme de semences pour la prochaine campagne agricole. »
Pour la campagne 2019/20, les importations de maïs devraient atteindre 20 000 tonnes, contre 35 000 tonnes lors de la campagne 2018/19. Fait rare pour être souligné quand il s’agit d’agriculture en Haïti, cette baisse de 43% des importations est due, selon l’USDA, à l'augmentation de la production locale. Avec des conditions climatiques favorables à la production locale 2020/21, il est donc prévu une stabilisation des importations à 20 000 TM. « Haïti importe du maïs principalement des États-Unis et d'Argentine, mais il est signalé que de petites quantités de farine de maïs et de semoule traversent également la frontière dominicaine, de manière officieuse. »
Si l’USDA se garde de fournir des statistiques précises sur le niveau de consommation du maïs en Haïti, l’instance nous renseigne en revanche que cet aliment de base du régime haïtien est généralement consommé sous quatre formes : semoule de maïs (le moyen le plus populaire), maïs sucré (mayi boukannen), farine de maïs et akasan (une boisson haïtienne populaire). Si la semoule de maïs - en particulier de taille fine et moyenne - est consommée quotidiennement comme substitut du riz ou du blé de boulgour, le maïs sucré boukannen est vendu à presque tous les coins de rue.
Le maïs est également utilisé pour l'alimentation animale. « Tout d'abord, la tige du maïs est utilisée comme fourrage vert pour nourrir les animaux après la récolte. Deuxièmement, les grains de maïs sont utilisés pour nourrir la volaille. Cette catégorie comprend deux sous-catégories : les producteurs d'aliments pour animaux et les agriculteurs de basse-cour. Les producteurs d'aliments moulent le fruit entier (les grains et l'épi de maïs) pour produire des aliments pour animaux. Les fermiers nourrissent leurs volailles avec les grains. »
Source : https://lenouvelliste.com/article/215300/haiti-autosuffisant-en-mais Auteur : Patrick Saint-Prè