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jeudi 18 février 2010

Lutte d'influence entre la France, le Canada et les Etats-Unis pour reconstruire Haïti

Lutte d'influence entre la France, le Canada et les Etats-Unis pour reconstruire Haïti
LEMONDE.FR | 18.02.10 | 17h36 • Mis à jour le 18.02.10 | 22h51
Fort de France (Martinique), envoyé spécial
A chacun sa conférence pour aider la reconstruction d'Haïti. La course diplomatique se poursuit, notamment entre la France, les Etats-Unis et le Canada, pour préparer la réunion du 31 mars à New York qui doit aider à rebâtir l'île dévastée par un tremblement de terre le 12 janvier.
Appel de fonds record de 1,44 milliard de dollars
L'ONU a lancé jeudi un appel de fonds d'un montant record, 1,44 milliard de dollars (1,07 milliard d'euros), pour aider quelque trois millions de personnes touchées par le séisme. Cet appel de fonds, censé couvrir les besoins d'aide d'urgence pour l'année 2010, englobe un appel précédent de 577 millions de dollars lancé peu après la catastrophe Nicolas Sarkozy a indiqué, jeudi 18 février, qu'une des quatre réunions préparatoires se tiendrait dans les Antilles françaises. "Avant la fin du mois de mars, se tiendra, en Guadeloupe, une Conférence internationale des villes et des régions du monde pour Haïti, afin de préparer dans les meilleures condition la grande conférence de New York", a déclaré le chef de l'Etat à Fort de France en Martinique.
Trois autres conférences sont prévues, qui reflètent la lutte d'influence que se livrent les grandes puissances. L'une se tiendra avec la diaspora haïtienne, sous l'égide de l'Organisation des Etats américains et du Canada, sans doute à Washington; une deuxième réunion rassemblera les entreprises, sans doute aux Etats-Unis; une troisième devrait avoir lieu à Saint-Domingue, sous l'égide des Nations unies, avec les organisations non gouvernementales.
Ce processus, indique-t-on de source française, a été proposé par le diplomate Pierre Duquesne, chargé de représenter la France pour préparer la reconstruction d'Haïti, à son homologue, la directrice cabinet d'Hillary Clinton, Cheryl Mills.
LEADERSHIP DE L'ADMINISTRATION AMÉRICAINE
La conférence de New-York se tiendra sous l'égide des Etats-Unis et des Nations unies, mais c'est l'administration américaine qui a pris le leadership.
La France espérait que l'ONU serait plus dans le jeu grâce à Bill Clinton, chargé de la reconstruction d'Haïti par l'ONU, mais l'ancien président et époux de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, se remet actuellement d'un accident cardiaque.
Le Canada, qui abrite une forte communauté haïtienne, est aussi très actif. Le premier ministre Stephen Harper a doublé M. Sarkozy en se rendant sur l'île juste avant lui pour une visite de deux jours, lundi 15 et mardi 16 février, tandis que le président français n'est resté sur place qu'à peine quatre heures, mercredi 17 février.
Trois sujets sont à l'ordre du jour de la réunion de New-York. D'abord, la construction d'Haïti. "Les problèmes préexistaient. Dès le 13 janvier, on ne se contentait pas de dire qu'il y avait eu un tremblement de terre", explique-t-on au quai d'Orsay.
Deuxième tâche, évaluer les dommages. Les autorités haïtiennes ont avancé un chiffre de l'ordre de 50 % à 60% de leur produit intérieur brut (PIB), ce qui conduit à une addition comprise entre 3,5 et 5 milliards de dollars selon Paris. Le chiffre de 8 à 14 milliards de dollars avancé par la Banque interaméricaine du développement est jugé excessif. Enfin, il convient de mettre en place le projet national, la vision que les Haïtiens définiront pour reconstruire leur pays.
Arnaud Leparmentier
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/18/lutte-d-influence-entre-la-france-le-canada-et-les-etats-unis-pour-reconstruire-haiti_1308168_3222.html#ens_id=1290927

"Haïti, c'est pour les Haïtiens", "c'est à eux de définir un projet national" (N. Sarkozy)

"Haïti, c'est pour les Haïtiens", "c'est à eux de définir un projet national": le président français Nicolas Sarkozy a clairement revendiqué, mercredi à Port-au-Prince, le droit du plus pauvre pays du continent américain, dévasté par un séisme, de prendre son destin en main.
Le chef de l'Etat a effectué mercredi la première visite d'un président français dans cette ancienne colonie française, devenue indépendante en 1804, une visite qualifié d'"historique" par le président haïtien René Préval.
"J'avais prévu de venir en Haïti mais j'aurais voulu venir dans d'autres circonstances (...) la réalité est pire que ce que j'imaginais", a affirmé M. Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune avec M. Préval, tenue dans le jardin d'un palais présidentiel dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier.
Le président français venait d'effectuer, avec son homologue haïtien, un survol en hélicoptère des zones sinistrées par le tremblement de terre qui a fait au moins 217.000 morts et privé d'un toit plus d'un million de personnes.
Il a annoncé une enveloppe d'aide sur deux ans de 326 millions d'euros, dont l'annulation de la dette bilatérale (56 millions d'euros).
Alors que la saison des pluies approche, faisant dire à certains, tel le président de la Croix Rouge française Jean-François Mattei, qu'"un deuxième drame se prépare", la France va notamment offrir à quelque 200.000 sans-abri un millier de tentes et 16.000 bâches.
Les universités françaises des Antilles et de la Guyane vont également accueillir 700 étudiants haïtiens supplémentaires, mais avec engagement de clause de retour en Haïti au terme de la formation.
Car c'est une assertion plusieurs fois martelée par le président Sarkozy, au cours de sa courte visite à Port-au-Prince: les Haïtiens peuvent compter sur l'aide de la communauté internationale (la reconstruction de Haïti est évaluée à 14 milliards de dollars par la Banque interaméricaine de développement) et celle de la France en particulier mais c'est à eux de se prendre en main.
"C'est aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire (...) Haïti, c'est pour les Haïtiens", a-t-il soutenu, applaudi par les Haïtiens présents à la conférence de presse.
"La France ne veut pas de tutelle internationale sur Haïti", a-t-il insisté.
Il a également encouragé les Haïtiens à faire "un renouveau" de cette catastrophe. "Il faut que vous tourniez le dos aux erreurs du passé", a-t-il ajouté, en allusion à la place prépondérante de la capitale Port-au-Prince aux dépens du reste du pays, et aux énormes inégalités sociales.
"Ce pays n'est pas à reconstruire, il est à construire", lui a fait écho le président Préval.
Le président français n'a pas voulu éluder la période de la colonisation française, au cours de laquelle Haïti fut "surexploitée", selon l'Elysée.
"Ne nous voilons pas la face. Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs. Les blessures de la colonisation et, peut-être pire encore, les conditions de la séparation ont laissé des traces qui sont encore vives dans la mémoire des Haïtiens", a lancé le chef d'Etat.
Mais "depuis l'indépendance (1804) nous avons surmonté politiquement et psychologiquement cette période difficile de notre histoire qu'a été la colonisation", avait assuré un peu plus tôt M. Préval.
Le président français, accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, du secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet et de la ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard, s'est ensuite envolé pour la Martinique, où il doit notamment rendre visite à des petits Haïtiens hospitalisés à Fort-de-France.
AFP

Haiti : Hécatombe dans les universités

Les universités ont été fortement touchées lors du séisme du 12 janvier. A l'Université d'Etat d'Haïti (UEH), un premier bilan fait état de 20 morts parmi les professeurs, de 300 du côté des étudiants et de 2 dans les rangs du personnel administratif. Le doyen Pierre Vernet et Wesner Mérant professeur, vice-doyen de la Faculté linguistique appliquée font parti des vistimes.
Le professeur, Fritz Deshommes, a expliqué que sur les 11 bâtiments que compte l'UEH, seulement 3 sont utilisables, ces édifices sont ceux des facultés d'odontologie, d'ethnologie et de l'Institut haïtien d'études et de recherches africaines.
A l'université de Port-au-Prince, l'on a retiré plus de 700 corps des décombres dont 4 professeurs et 3 membres du personnel administratif
A la GOC université il y a eu 107 victimes dont 4 professeurs et 3 membres du personnel.
A l'INstitut Universitaire Quisqueya Amerique (INUQUA), il n'y a pas eu de victime mais le bâtiment a subit des dommages.
N/ Radio Métropole Haïti

Haiti : L'aide de la France... Pas seulement de l'argent

Lors de ca brève visite en Haïti, le président français, Nicolas Sarkozy a annoncé que la France versera une aide de 270 millions d'euros (366.57 millions de dollars) sur deux ans, dont 24 millions (32.58 millions de dollars) ont déjà été débloqués en urgence. La dette, d'un montant de 56 millions d'euros (76 millions de dollars), est également annulée.
La ville de Paris fournira 1.000 tentes et 16.000 bâches au haïtiens, elle fournira également 250 véhicules, dont des véhicules d'urgences, police, ambulances...
La France s'est engagé à reconstruire l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti à Port-au-Prince et s'impliquer dans la formation de fonctionnaires, elle accueillera une centaine de fonctionnaires haïtiens dans ses grandes écoles.
Autres mesures d'aide annoncées par la présidence française, la formation de 70 cadres et officiers de la police haïtienne et un appui technique pour retrouver les 300 évadés les plus dangereux 150 jeunes du service civil volontaire (programme qui remplace le service militaire en France) viendront en Haïti pour scolariser des enfants et mettre en place un enseignement professionnel dans le bâtiment.
Les universités française tant qu'à elles accueilleront 700 étudiants haïtiens supplémentaires.
N. Sarkozy a annoncé la mise à disposition d'un terrain d'un hectare (appartenant à la France) dans le centre de Port-au-Prince pour reloger une partie des services de l'administration.
N/Radio Métropole Haïti

Wyclef Jean, lauréat 2010 du Prix humanitaire de la NAACP

La star haïtienne établie aux Etats-Unis sera récompensée la semaine prochaine pour son dévouement envers son pays après le séisme
Le célèbre chanteur de hip-hop et producteur haïtien, Wyclef Jean, 37 ans, recevra la semaine prochaine aux Etats-Unis le Prix humanitaire de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (NAACP), une distinction qui récompensera ses efforts en faveur des victimes du terrible séisme ayant dévasté son pays, a annoncé mercredi l’organisation à Los Angeles.
Depuis la catastrophe, l’ex-leader des Fugees s’est engagé à fond dans diverses activités au profit d’Haïti. Aux côtés de la star de Hollywood George Clooney, il avait lancé le 22 janvier un téléthon à succès baptisé "Hope for Haïti" qui a bénéficié de la présence de nombreuses vedettes et permis de récolter 66 millions de dollars.
On a également retrouvé Wyclef Jean dans la nouvelle version de la chanson "We are the world" reprise spécialement, sous la direction de Lionel Richie et Quincy Jones, pour venir en aide aux sinistrés d’Haïti.
"Sa passion pour la justice sociale et sa volonté d’aider ceux qui sont dans le besoin doivent être encouragées", a affirmé le président de la NAACP, Benjamin Todd Jealous, dans un communiqué relayé par Reuters.
"C’est Wyclef qui se trouvait à bord d’un avion peu de temps après le tremblement de terre qui avait frappé son pays et c’est sa disponibilité pour la population d’Haïti qui a contribué à nous sensibiliser, à nous pousser à donner ce que nous pouvions et à garder le peuple d’Haïti dans nos cœurs et nos prières", a poursuivi le responsable de l’organisation de défense des droits civils.
La superstar, qui a fondé en 2005 Yélé Haïti, une organisation humanitaire, recevra le Prix qui lui est attribué le 26 février, lors de la cérémonie annuelle de la NAACP qui sera diffusée sur la chaîne américaine Fox.
Avant Wyclef Jean, la chanteuse Aretha Franklin et le réalisateur Steven Spielberg figuraient notamment parmi les lauréats du Prix. spp/Radio Kiskeya

L’UNESCO se prépare à créer un comité international pour Haïti

L’organisme onusien, qui a eu des discussions avec la ministre de la culture, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, veut voler au secours du patrimoine culturel haïtien en danger depuis le séisme
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a posé mercredi à Paris les jalons de la création d’un Comité international de coordination pour la culture haïtienne, lors d’une réunion consacrée à la préservation du patrimoine culturel et historique d’Haïti menacé après le séisme destructeur du 12 janvier, informe un communiqué de l’institution.
« Il s’agira de définir les modalités d’action qui permettront à l’UNESCO de contribuer à la préparation et la mise en place d’un programme d’ensemble en faveur de la culture haïtienne, en tirant parti des vastes capacités de la communauté culturelle de votre pays, qui a déjà mobilisé ses efforts, et en faisant également appel aux experts de renommée internationale », a indiqué la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, en s’adressant à la ministre haïtienne de la culture et de la communication, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue
Pareil à d’autres lancés à l’initiative de l’UNESCO, en faveur de pays tels le Cambodge, l’Afghanistan et l’Iraq, ce comité sera formellement créé une fois obtenue l’approbation finale du Conseil exécutif de l’Organisation prévu au cours de la première quinzaine d’avril.
Soulignant, selon ses propres chiffres, que la secousse sismique de 7,3 avait fait 230.000 morts et un demi-million de déplacés, Marie-Luarence Jocelyn Lassègue a fait savoir qu’haïti vient de perdre « plus de cent ans d’architecture ». L’objet de cette réunion, a-t-elle précisé, est de parvenir à « monter ce programme visant à l’inventaire, à la préservation et à la réhabilitation de toutes les valeurs et les traces liées au patrimoine haïtien ».
L’UNESCO entend fournir un appui institutionnel immédiat au ministère de la culture pour faciliter la réalisation urgente de l’inventaire des sites et collections à protéger en vue de les mettre à l’abri. Il sera aussi question de la création d’un fonds de soutien aux artistes haïtiens capable de garantir la poursuite de leur travail de création.
Présente depuis plusieurs jours à Paris, la délégation haïtienne a tenu à mentionner que la totalité des édifices emblématiques de Port-au-Prince avaient été endommagés, en particulier la cathédrale, le Palais national, le palais de justice, les casernes Dessalines, le lycée Alexandre Pétion, les églises de Sainte-Trinité, Sainte-Anne et Saint-Joseph, les ministères de la justice et de la culture ou encore l’école Saint-Louis de Gonzague.
Jacmel (sud-est) figure parmi les autres régions sévèrement touchées. Inscrite sur la « Liste indicative » soumise par Haïti en vue d’une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la ville subi des dommages considérables, particulièrement dans sa partie basse qui s’est développée au XIXe siècle.
A Léogâne (ouest), les dégâts sont également considérables même si les maisons coloniales en bois sont restées à peu près intactes. L’Institut de sauvegarde du Patrimoine national (ISPAN) que dirige l’architecte Daniel Elie n’est pas encore en mesure d’effectuer un inventaire détaillé des dommages subis par la cité Anacaona.
L’UNESCO indique qu’en outre de nombreux musées et galeries d’art, aussi bien publics que privés, des bibliothèques et archives ont été détruits et sont exposés aux risques de pillage. La directrice générale, Irina Bokova, avait écrit le 27 janvier au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour réclamer de lui des mesures de protection afin « d’assurer, autant que possible, la sécurité immédiate des sites où se trouvent ces œuvres d’art ».
Mme Bokova doit effectuer une visite à Port-au-Prince le 9 mars prochain dans le but d’examiner avec les autorités haïtiennes la mise en place de l’assistance de l’UNESCO, dans le domaine de la culture, mais aussi dans les secteurs éducatif et scientifique. spp/Radio Kiskeya

Edito du Monde: Le défi d'Haïti

LE MONDE | 18.02.10 | 12h34  •  Mis à jour le 18.02.10 | 12h34
Quatre heures pour solder deux siècles d'une histoire douloureuse : c'est bref, trop bref, diront les grincheux. Il reste que la visite de Nicolas Sarkozy en Haïti, le 17 février, était bienvenue. Jamais un chef d'Etat français n'avait fait le déplacement dans la perle noire des Antilles depuis 1804 et l'indépendance de l'île, arrachée dans le sang à la France. Il aura fallu le séisme qui a dévasté ce pays le 12 janvier pour que cette faute soit corrigée.
Pourtant peu porté sur la repentance, le président de la République a trouvé les mots, devant son homologue haïtien, René Préval, pour assumer sobrement ce passé, ce passif. "Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs", a-t-il déclaré. Bel euphémisme pour évoquer les méfaits, les crimes même de la colonisation, ici plus qu'ailleurs : ressources spoliées, exploitation sauvage des esclaves noirs par les colons, massacre des élites, exigences financières exorbitantes imposées par Charles X, en 1825, pour reconnaître l'indépendance de l'île. De tout cela, Nicolas Sarkozy s'est dit "quand même responsable, au nom de la France". Dont acte.
Cette responsabilité singulière impose une solidarité exemplaire. Le président de la République s'est employé à la démontrer. Même si l'on peut pinailler sur les chiffres, le plan d'aide proposé à Haïti est généreux : outre l'annulation formelle des 56 millions d'euros de dette du pays à la France, ce sont quelque 300 millions d'euros que Paris entend mettre à disposition de Port-au-Prince, sous une forme ou sous une autre, en 2010 et 2011.
C'est une manière de prendre rang et date, avant la conférence internationale sur la reconstruction d'Haïti, prévue à New York le 31 mars. Si elle reste feutrée, la concurrence est indéniable, en effet, notamment avec les Etats-Unis, massivement présents depuis le tremblement de terre du 12 janvier et manifestement décidés à accroître leur influence dans une île qu'ils ont déjà occupée et placée sous protectorat, entre 1915 et 1934.
A cet égard, M. Sarkozy a raison d'exhorter les Haïtiens à "tourner le dos aux erreurs du passé" et, si épuisés soient-ils, à rester "debout" ; raison également de dire qu'il faudra, à l'avenir, cesser de mettre sous perfusion humanitaire un pays qui doit se refonder, trouver des sources de croissance endogènes, reconstruire un Etat et un contrat social, bref prendre en main son destin. Le défi est immense. René Préval en a donné la mesure, de manière saisissante : "Le pays n'est pas à reconstruire. Il est à construire." Tout est dit.
Article paru dans l'édition du 19.02.10
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Visite historique de quatre heures de Sarkozy en Haïti


LEMONDE.FR | 17.02.10 | 19h47  •  Mis à jour le 18.02.10 | 06h50
Curieux déplacement de Nicolas Sarkozy en Haïti mercredi 17 février. C'était la première visite d'un président français dans cette ancienne colonie qui se libéra en 1804 de la tutelle française. M. Sarkozy y est resté moins de quatre heures. Pour effacer les plaies du passé et préparer l'avenir. Le chef de l'Etat a annoncé un plan d'aide de 270 millions d'euros sur deux ans (hors annulation de la dette haïtienne de 56 millions d'euros). L'objectif est de placer la France à l'approche de la conférence de New York du 31 mars, qui doit décider de la reconstruction d'Haïti, et d'éviter que le pays ne tombe sous la coupe des Etats-Unis.
Dans ce pays dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier, le faste républicain avait été à peine adapté. L'on a maintenu les apparences de l'Etat tant bien que mal. Pour ne pas encombrer l'aéroport de Port-au-Prince, la troupe présidentielle est partie sans avion de presse, les journalistes sélectionnés ayant été logés dans l'avion de rechange du président de la République. Les appareils de la République, de faible autonomie, ont dû faire escale aux Açores, car il aurait été incongru de se ravitailler à Port-au-Prince.
"NOTRE PRÉSENCE ICI N'A PAS LAISSÉ QUE DE BONS SOUVENIRS "
Sur le tarmac, le président René Préval se prépare à accueillir son hôte et ne veut pas entendre parler du passé colonial français. "L'Histoire, c'est l'Histoire, et les colonisations ont été un phénomène mondial. Depuis l'indépendance, nous avons, politiquement et psychologiquement surmonté cette période difficile, déclare-t-il. Laissez-nous recevoir le premier président français en Haïti." Restée francophone depuis deux siècles, Haïti n'a jamais totalement rompu avec la France, car elle aimait son héritage, celui de la révolution. "Nous avons conquis notre indépendance en prenant la France au mot, en mettant en action la Déclaration des droits de l'homme", dira plus tard M. Préval.
A 7 heures, M. Préval accueille donc chaleureusement M. Sarkozy, gravissant de manière peu protocolaire la passerelle de l'avion pour le saluer. La fanfare décimée par le séisme a été vite reconstituée. Et La Marseillaise retentit. M. Sarkozy et M. Préval s'engouffrent dans l'hélicoptère, acheminé par la marine française, qui permettra de survoler les zones sinistrées. Une caméra et un photographe témoignent de l'action sur le terrain du président français, qui visite l'hôpital de campagne installé dans le lycée français.
Comme à son habitude, M. Sarkozy tient ensuite une allocution à l'ambassade de France. Mais une réplique sismique menacerait l'édifice. Tout se passe donc dans les jardins, dont les murs se sont effondrés. On les a remplacés par des barbelés, et la petite foule triée sur le volet côtoie donc marchands de souvenirs, tentes de fortune, coqs en cage, étendages de linge.
Le chef de l'Etat, si peu adepte de la repentance, n'a pas masqué le passé sombre de la France dans l'ancienne "perle des Antilles". "Ne nous voilons pas la face. Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs", déclare-t-il. "Les blessures de la colonisation et, peut-être pire encore, les conditions de la séparation ont laissé des traces qui sont encore vives dans la mémoire des Haïtiens", a concédé le chef de l'Etat. Après avoir surexploité les richesses de l'île, la France a décimé ses élites lorsque Bonaparte a tenté, en vain, de la reconquérir. Enfin, elle l'a saignée financièrement lorsque Charles X a exigé, en 1825, 150 millions de francs-or pour reconnaître l'indépendance.
"LE PEUPLE HAÏTIEN EST MEURTRI"
"Même si je n'avais pas commencé mon mandat au moment de Charles X, j'en suis quand même responsable au nom de la France", a glissé M. Sarkozy en annonçant l'annulation de la dette d'Haïti, aux côtés de M. Préval dans les jardins de la présidence dévastée. Ce geste fait partie d'un vaste plan d'ensemble de la France destiné à aider à Haïti. Et mettre la France dans le jeu, alors qu'une conférence à New York doit préparer, le 31 mars, la reconstruction en Haïti. "A ceux qui tireraient argument du dénuement actuel des Haïtiens et de leur Etat, caresseraient l'idée d'une tutelle internationale sur Haïti, je dis ceci : le peuple haïtien est meurtri, le peuple haïtien est épuisé, mais le peuple haïtien est debout", déclare le président français.
Le chef de l'Etat ne veut pas que l'île tombe sous tutelle américaine, comme elle l'a été de 1915 à 1934. Mais il se garde bien du moindre reproche direct. "Les Américains ont fait un très bon travail", assure-t-il. Tout juste concède-t-il que, "dans l'urgence, on peut créer des petites tensions", alors que le ministre de la coopération, Alain Joyandet, avait peiné à atterrir sur l'île juste après le séisme.
Le souci, c'est de trouver un moyen de vraiment reconstruire le pays. "De cette catastrophe il faut que vous fassiez un renouveau. Au fond, cela veut dire tourner le dos aux erreurs du passé", a exhorté le chef de l'Etat français. Ainsi, M. Sarkozy a appelé à un développement endogène de l'île pour "libérer progressivement les Haïtiens d'une dépendance à l'égard de l'aide internationale". Il a plaidé pour un développement qui ne profite pas qu'à la capitale, "la République de Port-au-Prince" au détriment de ses campagnes, "le pays en dehors", dans le langage local.
Le chef de l'Etat a trouvé le temps pour visiter le Champ-de-Mars, jardin public du centre d'Haïti où se pressent les sans-abri. Atmosphère bon enfant, faite de promesses d'aides, d'assurance sur les adoptions d'enfants. "A la place du chaos et des pillages qu'on nous prédisait, on a vu des foules s'organiser et se recueillir dans la dignité", a commenté M. Sarkozy. Dans son élément parmi les réfugiés, Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères, s'interroge sur une reconstruction efficace. "La première mission de Médecins sans frontières, il y a quarante ans, c'était en Haïti. Ils y sont encore", déplore l'ancien "French Doctor". "Depuis quarante ans, on a vu défiler toutes les ONG. Cela a été utile, mais cela n'a pas changé le fond", explique M. Kouchner, qui donne un exemple d'interrogations : "Faut-il reconstruire les hôpitaux ou créer un système de sécurité sociale ?" René Préval ne dit pas autre chose : "Le pays n'est pas à reconstruire. Il est à construire."
Arnaud Leparmentier

"La France a oublié Haïti"


LEMONDE.FR | 17.02.10 | 20h35
A son arrivée à Port-au-Prince, le 17 février, Nicolas Sarkozy a été accueilli par le président haïtien, René Préval.
Nicolas Sarkozy a effectué une visite éclair, mercredi 17 février, en Haïti ; une première pour un président français depuis l'indépendance de l'ancienne colonie, en 1804. Christophe Wargny, historien et auteur de Haïti n'existe pas. 1804-2004 : deux cents ans de solitude, estime que la France "a ostracisé son ancienne colonie".
Nicolas Sarkozy est arrivé mercredi à Port-au-Prince pour une visite de quelques heures dans la capitale haïtienne. C'est la première fois depuis l'indépendance de l'ancienne colonie française qu'un président de la République se rend en Haïti. Comment expliquer une si longue absence ?
Je pense que Nicolas Sarkozy ne serait pas venu à Port-au-Prince s'il n'y avait pas eu le séisme du 12 janvier. Même si sa visite revêt une importance symbolique, elle ne peut pas effacer deux cents ans d'ignorance. Après l'indépendance d'Haïti en 1804, la France a ostracisé son ancienne colonie. Elle l'a isolé politiquement et économiquement, puis elle l'a oublié. Haïti et son peuple de gueux ont complètement disparu de la mémoire coloniale française. A tel point qu'en mars 2000, Jacques Chirac déclarait : "Haïti n'a pas été, à proprement parler, une colonie française." Erreur ou amnésie ? La remarque en dit long sur les rapports de Paris avec l'ancienne "perle des Antilles".
Que s'est-il passé en 1804 ?
Portée par Toussaint Louverture, la révolution haïtienne était un soulèvement de gueux et d'anciens esclaves. Ce sont des "nègres libérés" qui ont bouté l'armée de Napoléon hors de la colonie la plus riche du monde. Ils ont humilié la France civilisatrice. Mais, à l'époque, Saint-Domingue [l'ancien nom d'Haïti] fournissait 50 % du sucre produit à l'échelle mondiale. L'île exportait également de l'indigo et du tabac et elle ne pouvait commercer qu'avec la France. Pour assurer le travail dans les plantations, cinquante mille esclaves étaient "importés" chaque année. Avant la Révolution française, cela représentait 20 % du commerce triangulaire mondial. Les colons s'enrichissaient énormément puis rapatriaient leurs capitaux en métropole. C'était une économie du très court terme, mais elle était très profitable à la France. Après l'indépendance, de nombreux propriétaires blancs ont été contraints de fuir à Cuba ou vers le sud des Etats-Unis. Ceux qui sont restés ont été massacrés par les troupes du gouverneur Dessalines.
L'indépendance coïncide avec le début des difficultés économiques d'Haïti. La rupture avec la France a-t-elle pesé sur le développement de l'île ?
Bien sûr. D'abord, Haïti a dû indemniser les propriétaires d'esclaves qui avaient perdu leurs biens. En 1825, le président Boyer a accepté sans négocier de rembourser aux anciens colons 150 millions de francs-or. Cela représente à peu près 10 milliards d'euros d'aujourd'hui. Le paiement de cette somme considérable a complètement obéré le développement d'Haïti jusqu'au début du XXe siècle.
Mais le pays a également souffert de l'incapacité des gouvernements successifs à décider d'un modèle économique stable. Aujourd'hui, Haïti est un pays qui importe trois fois plus qu'il n'exporte. Son déficit commercial est béant. Il est à peine compensé par l'aide internationale et les fonds envoyés par la diaspora, qui représentent trois ou quatre fois le budget de l'Etat. S'ajoute également l'argent issu du trafic de drogue qui transite par Haïti en provenance de Colombie vers les Etats-Unis.
Quelles relations entretiennent Haïti et les Etats-Unis  ?
Après l'indépendance, les Haïtiens ont pu commercer avec d'autres pays que la France. Malgré la politique esclavagiste de nombreux Etats américains, des rapports commerciaux se sont établis avec l'ancienne colonie française. Les Etats-Unis vendaient aux Haïtiens leurs surplus de blé et achetaient en échange une partie du sucre et du café produits dans l'île. Ils leur ont même fourni des armes.
Washington a reconnu Haïti comme un Etat indépendant pendant la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, Port-au-Prince est secoué par une succession de coups d'Etat. Les Américains interviennent et colonisent le pays de 1915 à 1934. Encore aujourd'hui, il est clair qu'Haïti appartient à la zone d'influence des Etats-Unis. On estime qu'un peu plus de 800 000 Haïtiens sont installés à New York et Miami. En France métropolitaine et dans les DOM, ils ne sont que 120 000.
Cette immigration en France prouvent que les liens entre Paris et Port-au-Prince n'ont jamais complètement disparus...
C'est vrai, mais ces liens sont restés très ténus. Un grand nombre d'écrivains haïtiens ont vécu en France et avant la seconde guerre mondiale, il était normal que les élites haïtiennes poursuivent leurs études à Paris. Mais la France a été remplacée par le Canada et les Etats-Unis. La France a également fourni de nombreux prêtres à l'île. Bretons pour la plupart, ces religieux ont mené de grandes campagnes pour éradiquer le vaudou et converti massivement la population. Il a fallu du temps et l'arrivée au pouvoir de Duvallier, en 1957, pour que la hiérarchie catholique s'"haïtiannise". Mais aujourd'hui, le catholicisme hérité des anciens colons est concurrencé par les églises pentecôtistes américaines. Aujourd'hui, ces mêmes élites préfèrent partir à Montréal ou Miami.
Propos recueillis par Elise Barthet
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/17/la-france-a-oublie-haiti_1307419_3222.html#ens_id=1290927

"La France doit aider les Haïtiens à reprendre le contrôle de leur destin"

LEMONDE.FR | 17.02.10 | 15h18  •  Mis à jour le 17.02.10 | 16h41
La reconstruction doit "profiter à tous", a insisté le chef de l'Etat.
"Le peuple haïtien est meurtri, le peuple haïtien est épuisé mais le peuple haïtien est debout !", a lancé Nicolas Sarkozy, mercredi 17 février, en visite à Haïti, un peu plus d'un mois après le séisme qui a tué au moins 217 000 personnes dans le pays. "L'aide internationale doit être massive, mais c'est aux Haïtiens et à eux seuls de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire. Le rôle de la France est de les aider à reprendre le contrôle de leur destin", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une allocution à Port-au-Prince.
Nicolas Sarkozy a également annoncé que la France allait verser une enveloppe de 326 millions d'euros d'aide à Haïti, somme qui comprend l'annulation de la dette de 56 millions d'euros.
"Nous devons créer les conditions d'un développement durable, endogène, pour libérer progressivement les Haïtiens d'une dépendance à l'égard de l'aide internationale", a-t-il ajouté. "Je suis venu dire aux Haïtiens que la France restera solidement à leur côté pour les aider à se relever et à ouvrir une nouvelle page heureuse de leur histoire", a insisté M. Sarkozy.
Le président français a également rendu hommage aux équipes de secours françaises, ainsi qu'au "concours déterminant" de l'armée française. "Nous n'oublierons pas le travail harassant, opiniâtre, dévoué, de l'ensemble du personnel de santé français", a-t-il dit.
"PAS QUE DE BONS SOUVENIRS"
Le chef de l'Etat a par ailleurs souligné qu'il fallait que la reconstruction "profite à tous" et "pas seulement à une petite partie, pas seulement à Port-au-Prince". "Le 12 janvier, il n'y a pas que le sol qui a tremblé : les lignes de la société haïtienne ont bougé. Nous vivons un moment charnière, un moment de vérité pour Haïti", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy est le premier président français à se rendre en Haïti depuis l'indépendance de l'île en 1804. Il a d'ailleurs rappelé qu'il ne fallait pas "tourner le dos au passé, à une histoire commune riche mais aussi douloureuse". "Ne nous voilons pas la face, notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs", a déclaré le président français. "Un peuple comme celui-là ne peut pas mourir, soyez fiers, [vous les Français], de l'avoir secouru. Vive la France, vive la république et vive Haïti", a conclu le président français.
Le Monde.fr

Haïti, Sarkozy offre l'aide de la France


Par Charles Jaigu
17/02/2010 | Mise à jour : 20:29
Nicolas Sarkozy a survolé en hélicoptère les zones sinistrées de Port-au-Prince, mercredi, en compagnie du président haïtien, René Préval. Crédits photo : AP
À l'occasion de sa visite historique à Port-au-Prince, le chef de l'État a appelé les Haïtiens à prendre leur destin en main.
L'Airbus présidentiel a atterri sur la piste de l'aéroport Toussaint-Louverture, près des baraquements abritant une partie des 12.000 militaires américains encore installés dans l'île. Nicolas Sarkozy a descendu la passerelle pour rejoindre son homologue haïtien, René Préval. À la différence des cinq délégations étrangères venues depuis le 12 janvier, dont Hillary Clinton et le premier ministre canadien, Stephen Harper, il a été reçu avec La Marseillaise et les honneurs militaires. Car cette visite éclair est la première d'un président français depuis l'indépendance d'Haïti, en 1804. La portée symbolique de la visite présidentielle dépassait la simple démarche humanitaire, même si Nicolas Sarkozy n'était pas venu faire acte de repentance, plus de deux cents ans après que la France eut quitté cette ancienne colonie.
Avec Préval dans une casemate 
René Préval lui-même confiait en aparté avant l'arrivée du chef de l'État : «L'histoire, c'est l'histoire. La colonisation était un phénomène mondial. Depuis l'indépendance, nous avons psychologiquement et politiquement surmonté cette période difficile de notre histoire.» Pourtant, les diplomates français reconnaissent volontiers que la France a fait payer cher l'indépendance, notamment en imposant le paiement d'une «dette exorbitante», réglée par les Haïtiens entre 1827 en 1885. «Cette histoire partagée est douloureuse. La France, ici, n'a pas laissé que de bons souvenirs. Je dois le voir en face», a reconnu Nicolas Sarkozy. Mais le président français était avant tout en Haïti pour dévoiler la contribution française au plan d'aide à la reconstruction de ce pays dévasté, à la veille de la saison des pluies. Il a aussi voulu faire un sort aux rumeurs de désaccords avec les partenaires les plus impliqués dans la reconstruction. «Nous travaillons main dans la main avec les États-Unis», a-t-il martelé.
Plutôt qu'un cortège présidentiel, jugé impossible, René Préval a emmené son homologue français faire un tour des zones sinistrées en hélicoptère. Il a ensuite visité l'hôpital de campagne de la sécurité civile française.
Nicolas Sarkozy a ensuite rejoint l'ambassade de France, pour une première allocution, sous les yeux de Haïtiens qui squattent dans des baraquements de fortune devant les murs condamnés de l'ambassade. Il a parcouru quelques-unes des tentes de la Croix-Rouge qui couvrent les huit hectares de l'esplanade du Champ de Mars, où sont massés plus de 20.000 Haïtiens délogés. Avant de rejoindre le palais du président. Et c'est devant cette immense bâtisse coloniale affaissée sur elle-même que Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec René Préval, dans une petite casemate protégée par des voiles bleus. «Aujourd'hui, nous clôturons un mois de deuil», a expliqué René Préval. Outre la contribution financière, Nicolas Sarkozy a voulu délivrer aux Haïtiens un appel à refonder leur pacte social : «C'est d'abord aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire», a-t-il dit à plusieurs reprises. Entre les cris des paons qui circulaient en liberté dans le parc présidentiel et le vacarme des hélicoptères américains, il a assuré que la France excluait «toute tutelle internationale». Mais il a néanmoins rappelé que la France encourageait Haïti à un véritable effort de décentralisation. En quittant l'aéroport, le chef de l'État a pu voir cette inscription écrite un peu partout dans l'île : «Haïti tend ses bras et crie pitié». «La réalité est pire encore que ce que j'imaginais», a-t-il confié avant de quitter l'île, quatre heures exactement après son atterrissage.
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