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jeudi 18 février 2010

"Haïti, c'est pour les Haïtiens", "c'est à eux de définir un projet national" (N. Sarkozy)

"Haïti, c'est pour les Haïtiens", "c'est à eux de définir un projet national": le président français Nicolas Sarkozy a clairement revendiqué, mercredi à Port-au-Prince, le droit du plus pauvre pays du continent américain, dévasté par un séisme, de prendre son destin en main.
Le chef de l'Etat a effectué mercredi la première visite d'un président français dans cette ancienne colonie française, devenue indépendante en 1804, une visite qualifié d'"historique" par le président haïtien René Préval.
"J'avais prévu de venir en Haïti mais j'aurais voulu venir dans d'autres circonstances (...) la réalité est pire que ce que j'imaginais", a affirmé M. Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune avec M. Préval, tenue dans le jardin d'un palais présidentiel dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier.
Le président français venait d'effectuer, avec son homologue haïtien, un survol en hélicoptère des zones sinistrées par le tremblement de terre qui a fait au moins 217.000 morts et privé d'un toit plus d'un million de personnes.
Il a annoncé une enveloppe d'aide sur deux ans de 326 millions d'euros, dont l'annulation de la dette bilatérale (56 millions d'euros).
Alors que la saison des pluies approche, faisant dire à certains, tel le président de la Croix Rouge française Jean-François Mattei, qu'"un deuxième drame se prépare", la France va notamment offrir à quelque 200.000 sans-abri un millier de tentes et 16.000 bâches.
Les universités françaises des Antilles et de la Guyane vont également accueillir 700 étudiants haïtiens supplémentaires, mais avec engagement de clause de retour en Haïti au terme de la formation.
Car c'est une assertion plusieurs fois martelée par le président Sarkozy, au cours de sa courte visite à Port-au-Prince: les Haïtiens peuvent compter sur l'aide de la communauté internationale (la reconstruction de Haïti est évaluée à 14 milliards de dollars par la Banque interaméricaine de développement) et celle de la France en particulier mais c'est à eux de se prendre en main.
"C'est aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire (...) Haïti, c'est pour les Haïtiens", a-t-il soutenu, applaudi par les Haïtiens présents à la conférence de presse.
"La France ne veut pas de tutelle internationale sur Haïti", a-t-il insisté.
Il a également encouragé les Haïtiens à faire "un renouveau" de cette catastrophe. "Il faut que vous tourniez le dos aux erreurs du passé", a-t-il ajouté, en allusion à la place prépondérante de la capitale Port-au-Prince aux dépens du reste du pays, et aux énormes inégalités sociales.
"Ce pays n'est pas à reconstruire, il est à construire", lui a fait écho le président Préval.
Le président français n'a pas voulu éluder la période de la colonisation française, au cours de laquelle Haïti fut "surexploitée", selon l'Elysée.
"Ne nous voilons pas la face. Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs. Les blessures de la colonisation et, peut-être pire encore, les conditions de la séparation ont laissé des traces qui sont encore vives dans la mémoire des Haïtiens", a lancé le chef d'Etat.
Mais "depuis l'indépendance (1804) nous avons surmonté politiquement et psychologiquement cette période difficile de notre histoire qu'a été la colonisation", avait assuré un peu plus tôt M. Préval.
Le président français, accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, du secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet et de la ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard, s'est ensuite envolé pour la Martinique, où il doit notamment rendre visite à des petits Haïtiens hospitalisés à Fort-de-France.
AFP

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