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vendredi 5 octobre 2012

Haïti : La présidence pleure le décès du policier Frandieu Jean-Pierre

P-au-P, 04 oct. 2012 [AlterPresse] --- Le chef de l’État, Joseph Michel Martelly, semble, comme le plus commun des citoyens haïtiens, attendre l’élucidation des circonstances du décès, le lundi 1er octobre 2012, de l’agent de la garde présidentielle, Frandieu Jean-Pierre. « La présidence attend, avec impatience, les résultats de l’autopsie de la dépouille du policier pour savoir officiellement les circonstances exactes du décès », lit-on dans un communiqué émanant du bureau de communication de Martelly. Officiellement, Frandieu Jean-Pierre est décédé d’une « hémorragie massive » à l’hôpital de l’office d’assurance accidents du travail, maladies et maternité (Ofatma) à la suite d’un malaise ressenti lors de la marche-démonstration de popularité de 9 km de Martelly et de ses sympathisants le lundi 1er octobre 2012. « La mort de Frandieu Jean-Pierre m’attriste beaucoup. Il a perdu la vie, alors qu’il assurait ma sécurité », a indiqué Martelly, selon le communiqué. D’aucuns y voient un certain sentiment de culpabilité de l’ancien chanteur grivois, devenu président de la république. « A défaut de carnaval de disques jockeys et de réjouissances populaires de troubadour, Martelly s’est offert un troisième carnaval pour dire au peuple qu’il n’a pas faim, que la vie n’est pas chère », a déclaré l’ancien député Hugues Célestin, l’un des opposants du régime rose dans le Nord. Âgé de 39 ans, appartenant à l’unité Cat Team, Frandieu Jean-Pierre s’est vu qualifier de « très valeureux agent, qui remplissait sa fonction avec professionnalisme et dévouement », dans le communiqué de la présidence. Les pleurs du président de la république et ses promesses d’accompagnement de la famille du défunt n’arrivent pas encore à dissiper les doutes autour des circonstances exactes de la mort du policier national. [efd kft rc apr 04/10/2012 11:00] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13501

Haïti - Commerce : Les vêtements usagés dominicains interdits à Anse-à-Pitres, les marchandes veulent une alternative

correspondance Penia Bonicet Anse-à-Pitres, 05 oct. 2012. [AlterPresse]--- Depuis plus d’un mois, des marchandes et marchands d’Anse-a-Pitres sont désemparés à cause de l’interdiction des vêtements usagés venant de la zone franche de Pedernales (République Dominicaine) posée par la mairesse principale d’Anse-à-Pitres, Guilène Daphnis. La raison avancée est le mauvais état des vêtements. Depuis, la douane et la mairie d’Anse-à-Pitres refusent l’entrée des vêtements usagés sur le marché haïtien. « Je veux que les autorités dominicaines améliorent et régularisent la qualité des vêtements qu’elles vendent aux marchandes et marchands haïtiens », déclare la mairesse principale d’Anse-à-Pitres. « Celles et ceux, qui fournissent ces marchandises, doivent respecter les marchandes haïtiennes et cesser de nous vendre des vêtements qui sont en mauvais état », recommande la mairesse. Pour que les marchandes haïtiennes aient accès à ces linges usés, elles doivent verser au préalable un montant de 35 mille pesos pour un camion » (1 peso = 1.07 gourde ; US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui)), indique t-elle. « Parfois, ça peut prendre un mois et même plus pour que les requérantes reçoivent leurs soit-disant marchandises », déplore t-elle, ajoutant qu’elle entend luter contre ces actes arbitraires que subissent les Haïtiennes et Haïtiens quotidiennement dans la ville d’Anse-a-Pitres. Depuis l’interdiction de certains produits au marché binational, la plupart des marchandes haïtiennes vendent des vêtements usagés pour répondre aux besoins de leurs familles. « Je n’ai aucun problème avec la décision qu’a prise la mairesse Guilène Daphnis, mais je déplore la façon dont elle a choisi de fermer cette activité commerciale », soutient la coordonnatrice de l’association des marchandes d’Anse-a-Pitres (Ama), Christa Jeudy. « Cette décision devrait se faire avec l’Ama », ajoute la coordonnatrice. Plusieurs marchandes et marchands haïtiens ont déjà payé pour des marchandises que, visiblement, ils ne recevront plus, constate l’Ama, qui croit que le blocage des vêtements usagés à Anse-à-Pitres a des conséquences néfastes sur la rentrée scolaire. Depuis le lundi 1er octobre 2012, les portes de l’école la maison des petits à Anse-à Pitres sont largement ouvertes, la directrices et les professeures présentes. Mais, les élèves absents. C’est le cas pour toutes les autres écoles primaires d’Anse-à-Pitres, raconte Jeudy. « Moi, je vendais des vêtements usagés pour subvenir aux besoins de ma famille. J’ai versé 35 mille gourdes pour l’achat de marchandises », souligne, Rosenie Jean, mère de 4 enfants. Jusqu’à présent, ses enfants n’ont pas pu aller l’école. « Je ne sais pas quoi faire », se plaint-elle. L’association des marchandes d’Anse-a-Pitres réclame des mesures immédiates, de la part des responsables haïtiens, en vue de trouver une solution à ces problèmes. [pb kft rc apr 05/10/2012 0:45] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13500

«Le Maroc continuera d'appuyer le processus en cours à Haïti», Mohamed Loulichki

Reconstruction d'Haïti «Le Maroc appuie le processus en cours» «Le Maroc appuie le processus en cours à Haïti, frappée par un séisme dévastateur il a y plus de deux ans, et réitère sa disponibilité à approfondir sa coopération, fidèle aux principes d'une coopération Sud-Sud agissante», a affirmé mercredi à New York, l'ambassadeur du Maroc à l'Onu, Mohamed Loulichki.
Le Royaume «continuera d'appuyer le processus en cours à Haïti, comme il l'a fait par le passé en apportant sa modeste contribution au relèvement et au développement» de ce pays et réitère sa «disponibilité à approfondir sa coopération dans les différents domaines où le Maroc a développé une expertise reconnue, fidèle aux principes d'une coopération Sud-Sud solidaire et agissante», a indiqué l'ambassadeur devant le Conseil de sécurité de l'Onu. De même, il a souligné le soutien du Royaume à la mise en place d'un nouveau dispositif de coordination de l'aide en Haïti et salué les efforts déployés par les autorités haïtiennes pour le parachèvement des réformes institutionnelles nécessaires au renforcement de l'Etat de droit. «Plus de deux ans après la catastrophe qui a frappé la République d'Haïti, des progrès remarquables ont été réalisés et le processus de stabilisation se poursuit», mais nécessite cependant des «moyens financiers importants», a affirmé l'ambassadeur devant le Conseil réuni dans le cadre d'un débat sur Haïti. A cet égard, a-t-il poursuivi, «nous soutenons la mise en place d'un nouveau dispositif de coordination de l'aide, succédant à la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti», et soulignons son importance car (...), au-delà de la disponibilité de ressources financières, un des principaux obstacles à une aide efficiente et optimale est le manque de coordination des différents acteurs impliqués». L'ensemble des partenaires d'Haïti se doivent de favoriser la coordination de leur soutien, en veillant à une meilleure adéquation entre leurs actions et le plan d'action du gouvernement, facilitant ainsi le processus d'appropriation par les autorités locales, qui demeure un facteur primordial de succès, a-t-il préconisé. Et d'appeler la Communauté internationale à accompagner et soutenir les «efforts conjoints du gouvernement, des Nations unies et de la population» afin de permettre à Haïti de tourner la page, et de poursuivre son processus de développement socio-économique de manière pérenne. Il a salué, dans ce contexte, la signature, la semaine dernière à New York, du Protocole d'accord des activités d'aide étrangère à la République d'Haïti, «un pas encourageant dans ce sens». Publié le : 04.10.2012 - 09h48 - MAP http://www.lematin.ma/express/Reconstruction-d-Haiti_Le-Maroc-appuie-le-processus-en-cours-/172331.html

HAITI – Selon le rapport de l’ONU, 400.000 victimes du séisme vivraient encore dans les villages de toile

Agenzia Fides , le 4 octobre 2012 à 14:23 Port-au-Prince (Agence Fides) – Près de 400.000 victimes du séisme d’Haïti de janvier 2010 vivent encore sous la tente, dans des villages provisoires qui sont toujours plus détériorés à cause du manque de ressources. L’alarme a été lancée par un récent rapport des Nations unies présenté hier au Conseil de Sécurité. Selon le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, ces personnes vivent dans de mauvaises conditions de santé et sont vulnérables aux risques naturels, aux infections aigues diarrhéiques, et au choléra. Le rapport affirme que 30% des 10 millions de mètre cubes de débris dérivant du séisme de 2010 doivent encore être évacués. A propos de l’épidémie de choléra ayant éclaté en octobre 2010, le rapport indique qu’elle a fait 7.440 morts et a contaminé 581.000 personnes. Le rapport reconnaît en outre que, sur 5,5 milliards de dollars d’aides promises au cours de la conférence de mars 2010 ayant eu lieu aux Nations unies, seuls 2,57 milliards ont effectivement été perçus par le pays soit moins de la moitié. Par ailleurs, sur un total de 5,78 milliards de dollars provenant de donateurs bilatéraux et multilatéraux au cours de la période 2010-2012 en vue d’activités humanitaires, seuls 556 millions de dollars soit 10% de la somme ont été remis au gouvernement. Le rapport du Secrétaire général propose enfin le retrait d’une partie des militaires et de la police de la MINUSTAH (Mission de stabilisation des Nations unies à Haïti). (CE) (Agence Fides 04/10/2012) http://www.chretiente.info/201210042351/haiti-selon-le-rapport-de-lonu-400-000-victimes-du-seisme-vivraient-encore-dans-les-village-de-toile/

Haïti : un appel pour des bons alimentaires - Maël-Carhaix

mardi 02 octobre 2012 Trois questions à... Corinne Mao, à propos de l'association Ede Timoun Yo, qui aide un orphelinat à Haiti. Pouvez-vous nous faire un point de la situation sur place ? Oui, les containers partis en juin ont été vidés, et leur contenu a été réparti dans les différentes structures Ede Timoun Yo. Du matériel scolaire a été distribué aux écoles de Hinches, ainsi que des vêtements à la population de Hinches, grâce à la présence de religieuses sur place. Les containers partis de France sont en passe d'être réaménagé en logement. Le plus important, est le déménagement qui a eu lieu début août, en présence du vice-président et de la trésorière de Ede Timoun Yo. Le déménagement de l'orphelinat à Hinche, s'est bien passé. Les enfants sont dans un environnement sain, sans pollution et vont bien. La 1 re classe « action, justice et paix » a été ouverte, grâce à un don de l'association de Rostrenen que nous remercions encore pour son soutien permanent. Quels sont les besoins aujourd'hui ? Lors de leur séjour au mois d'août, les membres de Ede Timoun Yo ont constaté qu'il restait encore un problème de fourniture d'alimentation. Les crèches n'arrivent pas à subvenir à leur besoin. Un nouvel appel au secours a été lancé auprès des parents adoptants de nid d'amour, afin de faire parvenir des bons alimentaires. De notre côté, nous lançons aussi une action. Justement, il y a cette soirée humour du 20 octobre, à la salle des fêtes du canton ? Oui et l'objectif de la soirée du 20 octobre est de pouvoir continuer les travaux, d'apporter de l'eau au moulin pour commencer une 2 e phase de travaux, avec des locaux pour les enfants adoptables. Nous espérons que les adoptions reprendront d'ici la fin de l'année, puisqu'elles sont gelées depuis le séisme. Ce qui explique le manque d'argent des structures pour alimenter les enfants. Mais il faut quand même nourrir 25 enfants et payer les personnels, l'alimentation, les couches et tout le matériel divers. Pratique : Contact : la famille Mao, tél. 02 98 93 73 90. http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Haiti-un-appel-pour-des-bons-alimentaires-_22052-avd-20121002-63712221_actuLocale.Htm http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Haiti-un-appel-pour-des-bons-alimentaires-_22052-avd-20121002-63712221_actuLocale.Htm

Haïti, Sean Penn et le palais détruit

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 04.10.2012 à 17h38 • Mis à jour le 04.10.2012 à 17h40 Par Arnaud Robert (Port-au-Prince (Haïti), envoyé spécial) En Haïti, la mémoire est au mieux un mur fendillé. Elle peut aussi ressembler à un immense tas de gravats dans lequel s'avancent quatre pelleteuses. Depuis quelques semaines, dans la capitale Port-au-Prince, on a accroché sur les grilles du Palais national une sorte de rideau vert pour protéger les passants des poussières de la démolition. Il est translucide, pour permettre d'apercevoir le chantier. En permanence, des dizaines d'Haïtiens scrutent l'avancée de la casse. Ils commentent telle coupole qui s'effondre, évoquent la salle des banquets où gisent encore les souvenirs de présidences bousculées. Comme tout le monde, ils ont appris que c'est un acteur américain, Sean Penn, qui pilote cet abattage. Cela avance vite. En quelques jours, l'essentiel a été fait. Désormais, un gros déblayage est attendu, tout comme quelques menus travaux de démolition. De cette énorme bâtisse meringuée, à la blancheur phosphorescente, il ne reste qu'une poignée de reliques, quelques pièces, des blocs décoratifs. Selon Frédérick Mangonès, architecte des monuments auprès de l'Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), ces objets et morceaux significatifs du palais, restés intacts, vont être conservés et envoyés dans plusieurs institutions du pays. En souvenir... Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnés C'est un symbole, c'est-à-dire presque rien. L'écrivain Emmelie Prophète prétend qu'elle avait fini par aimer ce palais tant meurtri par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qu'il aurait suffi d'un vent mauvais pour qu'il disparaisse totalement : "Ce bâtiment à genoux rendait, quelque part, compte d'événements passés, mais aussi d'un présent rendu impossible parce qu'on n'a pas correctement fait le deuil. Le deuil des gens aimés. Le deuil d'une ville qui n'existe plus." Depuis deux ans et demi, chacun passait sur le Champ-de-Mars, cette place où tout se joue de la mémoire haïtienne, et jetait un oeil sur le palais en ruine, sorte de gisant planté sur un plateau de 40 000 m2, pour se rappeler la catastrophe ; mais aussi la lenteur effrayante de la reconstruction. Le 22 août, le président de la République, Michel Martelly, a donc accepté l'offre de J/P HRO de raser "gratis". Jusqu'ici, l'ONG dirigée par Sean Penn s'était surtout illustrée dans la gestion d'un camp de déplacés sur les hauteurs de la ville. Quatre engins ont donc été loués et la presse a été conviée pour assister à la démolition. Sur la pelouse de la présidence, un ingénieur canadien a expliqué la difficulté de l'ouvrage. Il s'agissait d'éviter qu'un pan du palais ne s'effondre sur l'immense tente climatisée qui sert de quartier général à la présidence. "Les murs étaient si instables que nous avons été contraints d'évacuer les bureaux à proximité", explique l'ingénieur. Il y a quelques mois encore, si l'on s'organisait, on pouvait visiter les vestiges de l'édifice. La galerie des Glaces aux parois éventrées. Les appartements présidentiels où gisaient un piano à queue, acquis pour un concert du Cubain Bebo Valdés, et quelques boîtes de médicaments dont l'étiquette portait le nom de l'ancien président René Préval. Des lettres étaient éparpillées sur le sol, adressées au chef de l'Etat. Elles demandaient toujours la même chose : un geste présidentiel pour se sortir d'une situation inextricable. "Il y a un paradoxe dans ce pays, affirme le cinéaste Arnold Antonin. Malgré la faiblesse absolue de l'Etat, la présidence reste le pilier absolu de la nation." Et le palais, depuis presque un siècle, était le berceau de cette permanence. "Il est vu comme la Maison blanche des Haïtiens, ajoute même le sociologue Laënnec Hurbon, chercheur au CNRS. Un Haïtien ordinaire s'y reconnaît, le palais soutient sa représentation de pays indépendant. " Au point que personne ou presque, dans ce pays dévasté, ne remet en cause son statut de "lieu du pouvoir suprême", ajoute Laënnec Hurbon. Il fascine et ouvre l'appétit de tous ceux qui rêvent un jour d'être président de la République ; beaucoup d'Haïtiens sont dans ce cas. Pourtant, le palais aurait dû être considéré comme un espace public et non comme la propriété du président en exercice. L'idée de propriété fait que rares sont les présidents qui veulent partir du palais, leur mandat terminé." Si on plonge dans l'Histoire, le site a souffert, comme s'il était le témoin et la victime des aléas du pays. Un premier palais est incendié en 1868 et détruit en 1869 lors d'une guerre civile. Un deuxième palais est rasé après l'explosion d'une poudrière, en 1912, qui tue le président Cincinnatus Leconte, et plusieurs centaines de militaires. Un concours international d'architecture est lancé. Georges Baussan, un Haïtien de 38 ans qui a étudié l'architecture à Paris, l'emporte et dessine le palais qui vient d'être détruit. Baussan a laissé sa marque à Port-au-Prince, auteur de l'Hôtel de ville, de l'hôtel Splendid, de l'église du Sacré-Coeur de Turgeau, des casernes Dessalines, autant de lieux gravement endommagés voire détruits par le séisme de 2010. Pour ces bâtiments, et surtout pour le Palais national, Georges Baussan reprend en substance les éléments de l'architecture néoclassique française, adoptée largement dans le Nouveau Monde. Mais, à l'heure de l'occupation américaine qui s'étend en Haïti de 1915 à 1934, l'esthétique imposante, voire grandiloquente, pleine de coupoles et de colonnades, a quelque chose d'impérial. De déplacé, même. Le journal Le Matin, édité à Port-au-Prince, décrit à l'époque une architecture qui n'a pas sa place ici : "Il y a même lieu de croire qu'il a été dressé par un étranger, maître de son métier mais ignorant de nos besoins. C'est un palais sans doute, mais un palais dans une ville étrangère froide." Etrangement, un siècle plus tard, lorsque la nouvelle a été diffusée que c'était une ONG américaine qui allait démolir cette Maison blanche, le même sentiment nationaliste a resurgi. Pas un jour où les radios locales s'abstenaient de commentaires sur Sean Penn, sur le fait que l'Etat haïtien n'était même pas capable d'assurer une simple démolition, sur l'écart phénoménal entre les moyens déployés sur l'île par l'international et ceux, infimes, dont le gouvernement actuel dispose. Tout est revenu. La mémoire des présidents passés par là. François Duvalier, dont le titre de "président à vie" était inscrit en lumignons sur les flancs du palais et qui sortait en limousine pour distribuer des billets à ses citoyens. Son fils, Jean-Claude, revenu l'année dernière au pays après un exil de vingt-cinq ans sans que cette présence ne fasse plus débat. Jean-Bertrand Aristide, lui aussi rapatrié de son ermitage sud-africain, qui reste terré dans sa grande propriété près de l'aéroport dans l'attente, peut-être, d'un éventuel retour sur la scène politique. Un palais présidentiel, entendait-on en substance, ce ne sont pas des murs. Mais une empreinte collective. L'architecte chargé de sauver le patrimoine Frédérick Mangonès supervise le chantier. Sous un casque jaune, il accompagne les techniciens de l'ONG de Sean Penn. "Franchement, je ne comprends pas cette polémique au sujet de la démolition du palais par des Américains. Depuis janvier 2010, l'Etat n'a rien fait pour réhabiliter le bâtiment qui menaçait de s'effondrer. Nous profitons d'un geste gracieux. Bien entendu, Sean Penn y trouve son intérêt, notamment sur le plan publicitaire, mais je suis un pragmatique. Il nous faut avancer." Frédérick Mangonès a retrouvé les plans originaux de l'architecte ; ce qui, dans un pays où les rares archives conservées ont été souvent endommagées ou détruites par le séisme, relève déjà de l'exploit. Il semble que le président de la République veuille reconstruire le palais à l'identique. Il l'a dit. "Il nous faut réfléchir à l'aménagement intérieur pour en faire le réceptacle d'une présidence moderne." En dehors du palais, la reconstruction du pays avance. La plupart des déplacés du séisme ont déserté les places publiques. Plusieurs ministères sont en chantier. Et le privé, sur les hauteurs de la commune de Pétion-Ville, là où les gens les plus aisés se retrouvent, investit massivement dans la pierre. Mais, tandis que 400 000 personnes vivent encore sous tente à Port-au-Prince, la question du patrimoine reste secondaire, voire dérisoire, dans l'esprit de la plupart des acteurs présents, locaux ou internationaux. "Le palais présidentiel sera reconstruit, c'est certain, affirme Frédérick Mangonès, mais que va-t-on faire de nos citadelles, de nos fortifications qui ont mené à l'indépendance haïtienne, des églises, des maisons boisées de type Gingerbread et de tout notre patrimoine colonial ? Il y a bien entendu d'autres urgences. Mais un peuple sans mémoire est un peuple sans culture. Le patrimoine architectural a une place centrale dans notre imaginaire." Laënnec Hurbon est sur la même ligne : "Si la mémoire est dans la pierre, il n'y a pas beaucoup d'Haïtiens à s'en apercevoir, car en règle générale les gouvernements négligent le patrimoine. On lutte pour qu'on reconnaisse ce qui est ou relève du patrimoine, et pour qu'il ne soit pas vandalisé. Un gouvernement vit dans le présent, mais, quand il le veut, il sait paradoxalement sauter au-dessus de deux siècles de notre histoire pour faire continuellement référence à 1804 [date de l'établissement en Haïti de la première république noire au monde]. Une éducation au sens du patrimoine donnerait aux Haïtiens, à tous les Haïtiens, le sentiment d'appartenance à une même nation." Mais, pour l'heure, ces considérations se perdent dans l'urgence. Et l'argent manque. Même si l'Unesco, via son envoyée spéciale Michaëlle Jean, s'active sur le terrain. A quelques kilomètres au nord de Port-au-Prince, il est un lieu où le ciment relève autant du désir d'implantation que du rêve d'appartenance. Depuis le séisme, des milliers d'Haïtiens ont émigré vers ces collines nues, mangées par l'érosion et le soleil, qu'ils ont baptisées Canaan. Ce n'est pas un camp, ni encore un quartier. Cependant des dizaines de milliers de citoyens vivent ici, dans ce bidonville où les tentes croisent les églises et les épiceries de briques. Un des coordinateurs de Canaan, site grouillant qui n'a pas encore d'identité juridique, Louis Evenson, 30 ans, passe sa vie dans les administrations au loin dans la plaine pour faire reconnaître la propriété légitime de ces terres que des Haïtiens ont conquises sur le désastre. "Nous voulons être considérés comme une commune pour avoir accès aux services de base, tels que l'eau et l'électricité. " Sur leur terrain à l'abandon, où même les mauvaises herbes ont soif, ils ont déjà dessiné au cordeau un emplacement pour la future mairie. Entre le Palais national, en bas à Port-au-Prince, et Canaan, sur les collines, quelque chose se joue du projet haïtien. Dans ce pays que l'on décrit le plus souvent comme chaotique, la proie des renversements politiques, des milices et de la débrouille, c'est surtout le formidable désir d'Etat qui frappe. http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/10/04/haiti-sean-penn-et-le-palais-detruit_1770416_3246.html