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dimanche 16 février 2020

LES DECHETS MEDICAUX

Seringues, compresses de gaze, pochettes et fils de perfusion, pansements, gants, médicaments périmés… le milieu médical produit quotidiennement des tonnes de déchets. Vecteurs d’infections, ces déchets devraient être gérés minutieusement. Et pourtant, ce n’est pas toujours le cas
Les déchets médicaux renvoient aux déchets issus des activités de soin prodiguées dans les structures médicalisées comme les hôpitaux, les laboratoires et les pharmacies.
Selon William Pape, responsable du Centre GHESKIO, « les déchets médicaux, puisqu’ils sont constitués de matériels ayant eu contact avec des sécrétions humaines — sang, crachat, sueur, urine et matières fécales — sont parfois très toxiques et aptes à transmettre des maladies d’une personne à une autre ».
William Pape confie que les déchets médicaux ne peuvent pas être traités comme les autres déchets. Le centre qu’il dirige utilise un incinérateur pour s’en débarrasser.
Comme cela se fait au Centre GHESKIO, William Pape pense qu’« il serait préférable que chaque hôpital d’importance ait son propre incinérateur ». Mais, ce n’est pas le cas vu le coût de l’appareil estimé à environ 150 000 dollars US.
En ce sens, la directrice de promotion de la santé et de protection de l’environnement, au ministère de la Santé publique (MSPP), Joceline Pierre Louis ne confirme l’existence que d’une quarantaine d’incinérateurs dans le système de santé en Haïti. On compte pourtant pas moins de 1048 établissements sanitaires dans le pays, selon un rapport du MSPP sorti en 2015.
Il s’agit cependant d’un problème majeur. Parfois, des instruments et objets épuisés ou rejetés par le monde médical ou pharmaceutique sont réintégrés sur le marché, ce qui pose un risque énorme pour la santé publique et l’environnement.
La réalité dans les hôpitaux
Face à cette réalité, certains hôpitaux utilisent des moyens traditionnels pour détruire leurs déchets qui présentent un risque infectieux. À Léogâne par exemple, Tony Bistiné qui dirige le centre hospitalier de Darbonne se charge lui-même de brûler à l’air libre les déchets médicaux. Sinon, ils finiraient dans la nature.
À l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand centre hospitalier du pays, la gestion des déchets médicaux laisse aussi à désirer. Autrefois, selon le chef du syndicat des employés de l’HUEH Joseph Lebien, l’hôpital avait son propre incinérateur. Mais, depuis les récents travaux de reconstruction, cet appareil a été déplacé, sans que personne ne sache par où il est passé.
Les responsables de ce centre hospitalier sont revenus sur la décision de brûler à l’air libre les déchets médicaux produits jour après jour. Ils ont résolu de les stocker, avec d’autres déchets provenant de l’hôpital, dans un espace sommairement aménagé dans un coin de l’ancien hôpital militaire, à la rue Saint-honoré. Selon Joseph, « à l’intérieur de l’espace, les déchets médicaux sont gardés dans une boîte afin d’éviter tout contact avec les autres déchets ».
Cependant, pour débarrasser l’espace de ces déchets médicaux et autres, les responsables de l’HUEH, ne disposant ni d’incinérateur, ni de camion-benne, comptent sur les employés de la mairie de Port-au-Prince, en charge de collecter les ordures à la rue St-Honoré. « L’hôpital verse mensuellement une somme à ces éboueurs pour nettoyer l’espace de stockage des déchets », dévoile Joseph Lebien.
Une fois embarqués, l’HUEH n’a aucun contrôle sur le devenir de ces déchets. L’hôpital ne peut se fier qu’à la bonne foi de ces employés municipaux pour les éliminer de la meilleure façon possible.
La DPM/MT néglige sa mission
À l’enceinte de l’ancien hôpital militaire, pas moins de cinq conteneurs remplis de médicaments périmés sont abandonnés sous une végétation sauvage. Aux dires de Joseph Lebien, les responsables de l’hôpital ne savent quoi en faire. Ils ne disposent pas de matériels capables de les détruire.
Ce mal s’étend aussi aux différentes agences de produits pharmaceutiques et pharmacies qui pullulent dans le pays.
Selon le « Manuel de procédures » du MSPP il est fait obligation aux agences et aux pharmacies de posséder un terrain privé, dans une zone reculée afin d’y détruire les produits périmés.
Selon ce même document, les responsables d’agences de produits pharmaceutiques ou de pharmacies ayant des médicaments expirés doivent informer la direction de la pharmacie, du médicament et de la médecine traditionnelle (DPM/MT) du MSPP de cette situation.
En réponse, les autorités de la DPM/MT se rendront sur les lieux, accompagnées d’un juge de paix qui doit effectuer le constat des médicaments périmés. Une fois le constat établi, le MSPP, le juge de paix et les responsables de l’agence ou de la pharmacie en question se transporteront sur le terrain de l’institution pour détruire ces médicaments.
Pourtant, loin de ces principes, Pierre Rony, (nom d’emprunt) explique avoir buté sur le mutisme de cette direction au MSPP. Ce responsable d’une agence de produits pharmaceutiques, œuvrant depuis 5 ans dans la capitale, explique avoir eu au mois de mars 2019, un stock de marchandises périmées dans son dépôt. Suivant les principes, il a mis la DPM/MT au courant de la situation. Cinq mois se sont écoulés et le MSPP n’a pas fait signe de vie, jusqu’à ce que ce particulier qui devait changer de local ait décidé de détruire tout seul ces produits devenus dangereux pour la vie.
Le commerçant dit avoir agi selon sa propre volonté, puisque, « d’autres avares, devant ce boulevard du MSPP, en auraient profité pour écouler ces produits expirés sur le marché informel ou les jeter quelque part sans se donner la peine de les détruire ».
La loi créant le SNGRS jetée dans la benne à ordures
Le 23 février 2017, l’Assemblée des sénateurs a voté en faveur d’une proposition de loi du député de Delmas Gary Bodeau, visant à transformer le Service métropolitain de Collecte de Résidus solides (SMCRS) en Service national de Gestion des Résidus solides (SNGRS).
Cette loi donne au SNGRS la mission de collecter, mais aussi de gérer les déchets solides, c’est-à-dire, transformer les déchets, les détruire s’il s’agit de déchets médicaux et de les « condamner » s’il s’agit de déchets de « haute toxicité ». Lire aussi: Sèvis nasyonal pou jesyon fatra chaje anplwaye men yo p ap regle anyen En son article 2.2, cet instrument légal fait injonction aux autorités haïtiennes de doter le SNGRS d’une unité spécialisée en gestion des déchets spéciaux, notamment les déchets médicaux et les déchets d’une haute toxicité.
Certes, cette loi est en vigueur, mais à part un changement de nom, rien n’est fait pour permettre à l’institution de répondre à sa mission : toujours les mêmes camions-poubelles, toujours les mêmes polos déchiquetés portés par des vieillards en âge de retraite, toujours les mêmes pelles et les mêmes râteaux pour nettoyer une ville qui croupit sous des tonnes de fatras.
Le SNGRS dans l’impossibilité
Pour gérer efficacement les déchets médicaux, le SNGRS devrait être équipé de matériels spéciaux et de professionnels aptes à les manier. Aujourd’hui, le directeur du service Eude Lajoie confie que le SNGRS n’est pas encore doté de ces matériels. Il confie que « depuis la création du SNGRS en 2017, le pays peine à se doter d’une loi de finances ». Ce manquement empêche le SNGRS d’avoir « un budget compatible à sa mission et le contraint à se contenter du montant qui était alloué au SMCRS ».
Eude Lajoie annonce que le SNGRS a déjà élaboré et déposé une proposition de budget à son ministère de tutelle. Tout en se gardant de révéler le montant de cette proposition, le directeur général estime qu’une fois adopté, ce nouveau budget permettra à l’institution de répondre pleinement à sa mission.
Il envisage aussi, selon les prescrits de la loi créant le SNGRS, de facturer les institutions sollicitant les services du SNGRS. Ce, « pour que le SNGRS puisse générer ses propres fonds ».
Source: https://ayibopost.com/le-scandale-des-dechets-medicaux-en-haiti/?fbclid=IwAR3n8ka55qPMgNHMVMOVyNi9s1xFYpIxDZUzW0-aZqauZkJ4PJ4BFLEyDKc

samedi 15 février 2020

L’art, gardien de l’identité culturelle de l’amour

Qu’est-ce que c’est l’art ? Qu’est-ce que c’est l’amour ? Doit-on se mettre à chercher l’art dans l’amour ou l’amour dans l’art ? Si l’on se réfère à l’écrivain britannique de culture française, William Somerset Maugham, qui disait : « Seuls l’amour et l’art rendent l’existence tolérable », il paraît évident de se demander s’ils sont les deux seules entrées pour envisager une existence tolérable. Publié le 2020-02-13 | Le Nouvelliste

Le quatorze février est la date de la célébration de l’amour. Les hypothèses sur l’origine de la fête des amoureux restent nombreuses. Cependant, sans plonger dans l’histoire dite païenne avant de devenir chrétienne de cette fête, d’après une version vraisemblable qui remonte à l’antiquité, la Saint-Valentin était d’abord une véritable célébration de la reconnaissance et de la fécondité.

De la fécondité à l’amour aujourd’hui comment appréhender cette spirale dans le contexte haïtien d’aujourd’hui ? Avec la recrudescence de l’insécurité qui gagne le pays, la faim chronique dont souffre une grande majorité de ce peuple, les problèmes sociaux, politiques et éducatifs, les gens qui s’entretuent, pourquoi parler de l’amour et de l’art ?

A cette simple question, une réponse simple. L’écrivain britannique de culture française, William Somerset Maugham, disait : « Seuls l’amour et l’art rendent l’existence tolérable ». La littérature, la peinture, la sculpture, des œuvres dramatiques et l’histoire de l’art nous aident à mieux appréhender nos émotions et des sensibilités artistiques évoquant l’amour.

Dans le prisme de cette idée, une peintre contemporaine haïtienne, une femme qui expose des œuvres picturales nous parlent du sentiment amoureux, clef pour interpréter les figures féminines de ses tableaux. L’amour et la couleur rose prédominante ravivent des souvenirs.

Retour sur une peintre atypique : Pascale Faublas
Pascale Faublas est une artiste haïtienne qui travaille et vit en Haïti. En avril 2019, elle nous a conduit dans le sillage de son travail où une quinzaine de tableaux de différents formats rendant hommage aux figures créatives et aux battantes de l’art ont été accrochés au mur de l’Institut Français en Haïti, en vue de souligner la richesse et la représentation féminine. « Fanm », le titre de l’exposition des figures féminines traduit une philosophie de l’éros dans l’art.

En effet, des œuvres éclairantes présentées à titre indicatif sur la vie de nos aïeules sont utilisées comme une allégorie représentant le désir et les pulsions sexuelles ou de la vie. L’exposition avait pour ambition de magnifier des figures féminines célèbres ou anonymes à travers le regard de l’art contemporain. Le travail de l’artiste, qui se situe généralement à mi-chemin entre l’artisanat et la création plastique contemporaine, fut la première partie d’une série consacrée à la féminité. Sa peinture vivante et en action attire le regard et plonge dans une démarche artistique où se mêlent l’imagination et la fidélité aux éléments fournis par la réalité extérieure. Un questionnement sur le statut de la créatrice depuis la simple maîtrise de la technique picturale jusqu’à la femme artiste.

Mise en scène de récits mémoriels de femmes religieuses, contestataires, parfois radicales, souvent courageuses

 L’esprit créateur de la peintre, qui avait déjà réalisé une première exposition individuelle en 1992, explore un sujet de plus en plus d’actualité dans les discussions. Une analyse de l’histoire féminine à travers le prisme de plusieurs archétypes de femmes. Pour celle qui a tourné dans le film Ayiti mon amour de Getty Félin en 2016, cette série de créations aborde des attributs féminins ancrés dans notre culture. « Parler de la problématique de Fanm me semble infinie » affirme Pascale Faublas, avant de souligner que cette exposition se nourrit dans des dictons et des proverbes haïtiens qui font mention de la femme. Il s’agit non seulement de donner la parole à ces femmes de l’ombre, mais aussi leur offrir un espace de liberté posthume. La création de Pascale Faublas communique l’émotion féminine, celle qui accompagne les femmes en général dans notre société et dans le monde. « Voilà pourquoi je parle, par exemple, d’Ève dans la culture judéo-chrétienne, et dans la nôtre de Fréda, de Fanm Pa Dra, de Fanm se Potomitan et de Fanm pa lavyèj. »

Dans sa démonstration qui consiste à voir les sujets féminins, l’attitude des femmes, l’usage qu’on en fait, l’artiste évoque les clichés que subissent le sexe féminin. « Par exemple, on dit qu’une femme doit être belle et mère. C’est pour cela que je parle de la maternité à travers Maman Zanfan. » Aussi la couleur rose qu’on attribue aux femmes qui fait controverse dans le débat féministe aujourd’hui est représentée dans ses tableaux, car pour Pascale Faublas, Fréda, une femme qui aime les femmes, est dans notre culture une loa, une énergie féminine, une belle femme qui s’habille avec le rose. Tout ceci pour montrer que l’image de la femme reste parfois prisonnière de stéréotypes tenaces.
Création humaine

Création de l’esprit pour l’un et manifestation des sentiments pour l’autre, les possibles liens entre l’art et l’amour se révèlent à nous et à notre sensibilité. L’œuvre d’art doit être en mesure de nous faire oublier le particulier pendant que nous sommes en train de l’examiner. Ainsi, Henri Bergson cité par Dominique Ottavi dans le texte intitulé « L’art », voit une perception étendue dans cette technique. L’artiste donne accès à la réalité même par des images dites vraies. Notre perception, notre sensibilité restent une sorte d’image moyenne de la réalité. Ce qui est représenté (l’image) effectivement est plus vaste que ce que le langage peut décrire et ce que la raison peut identifier de la réalité. Ainsi, notre conscience englobe la totalité du moment vécu avec sa série d’émotions et de sentiments. L’artiste, de prime abord, qui n’impose pas sa vision, joue donc un rôle de révélateur au sens de sources d’inspiration et d’éducateur en ce qui a trait à la provocation d’un regard attentif sur un objet ou un symbole. Finalement, l’art en tant que miroir social de notre époque, vient toujours nous interroger. C’est en tout cas ce qu’a essayé de faire Pascale Faublas en mettant à nu les évolutions féminines. Tout de même, faut-il se demander s’il faut archiver une date pour célébrer l’amour. L’amour est-il commercialisé de nos jours que ce soit sur le marché artistique des représentations ou sur le marché de consommation stricto sensu ? Et qu’en pensez-vous de cette pratique d’offrir du chocolat à son amoureux ? Pourquoi attribuer une couleur à l’amour ? Quelle philosophie de l’amour que l’art peut-il apporter pour les minorités sexuelles exclues, notamment la communauté LGBT ? Avec leur drapeau de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, une certitude peut se révéler à nous : l’art comme vecteur de communication et de langage peut être l’identité culturelle de l’amour. Ce dernier est peut-être un amalgame d’intéressantes et de curieuses couleurs.

Qu’en pensent les féministes de tout ça ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Source: https://lenouvelliste.com/article/212315/lart-gardien-de-lidentite-culturelle-de-lamour
Auteure: Eunice Eliazar

vendredi 7 février 2020

Comprendre le dossier de corruption qui implique le sénateur Onondieu Louis

Août 2019, Onondieu Louis, proche du pouvoir en place, est accablé dans une affaire de blanchiment et de détournement de fonds publics. Deux mois plus tard, il est bizarrement lavé de tous soupçons par le juge Jean Osner Petit-Papa. Ayibopost vous explique ce dossier
Le 4 octobre 2019, le juge instructeur Jean Osner Petit Papa a rendu son ordonnance. Le sénateur Onondieu Louis, en proie à des accusations de blanchiment et de détournement de fonds publics, a été blanchi par la justice haïtienne.
Après avoir hâtivement mené son enquête aux termes de l’article 115 du Code d’Instruction Criminelle, le juge assure n’avoir pas trouvé assez de matières pour poursuivre l’élu du Nord-ouest. Il n’est donc reconnu coupable d’aucune des accusations de corruption qui pesaient contre lui.
Selon Marie Yolène Gilles, l’ordonnance de ce juge est une œuvre d’une grossièreté rare qui ne peut que salir l’image de la justice haïtienne. « Le juge d’instruction n’a pas la volonté d’instruire le dossier contre le parlementaire. Personne n’a été auditionné », relate-t-elle.
Pierre Espérance est le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains [RNDDH]. Il explique que « d’après l’ordonnance du juge Petit-Papa, il ne renvoie pas Onondieu Louis par-devant le tribunal répressif parce que son nom ne figure pas dans le document du commissaire. C’est la preuve qu’il n’a pas fait son travail. Parce qu’il y a des procès-verbaux qui sont dressés par la police et le juge de paix. »
Le juge n’a posé aucun des actes d’instruction susceptibles d’éclairer sa religion sur les faits qui lui sont soumis, ajoute la gérante de la fondation « Ayiti Je Klere » (FJKL). « Le juge n’a pas cherché à vérifier l’existence réelle ou non de l’entreprise. Il n’a pas cherché [non plus] les patentes, les certificats de quitus de cette société », continue-t-elle.
Selon un rapport de la FJKL, le sénateur Onondieu Louis déclare au Sénat de la république avoir loué des véhicules pour les sénateurs Carl Murat Cantave, Hervé Lénine Fourcand et Jean Rigaud Bélizaire. Parallèlement, l’entreprise de location de véhicules «Révélation’ Rent A Car» a réalisé un revenu de vingt-neuf millions sept cent quatre-vingt-quatre mille sept cent cinquante gourdes [29 7 84 750].
« Pourquoi le juge n’a-t-il pas auditionné ces sénateurs ? Pourquoi aucun acte d’instruction n’a été posé par le juge allant dans le sens de la recherche de la vérité ?» s’interroge Marie Yolène Gilles qui mentionne que le peuple a droit à la vérité.
C’est ce même juge qui a blanchi les huit mercenaires
Le citoyen Jean Osner Petit Papa fait partie de la vague des 41 juges nommés le 5 mai 2018, par le président Jovenel Moïse. C’était sur une liste de 103 personnes transmise par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Il était nommé juge d’instruction au tribunal de première instance de Port-au-Prince.
Ce juge instructeur avait la charge du dossier des sept ressortissants étrangers et un Haïtien arrêtés dans la soirée du 17 février 2019, à proximité de la banque centrale. Ils étaient lourdement armés.
Trois jours plus tard, soit le 20 février 2019, sept des huit individus arrêtés laissent le territoire national librement alors qu’ils étaient pris en flagrant délit. L’Haïtien Michaël Estera, le dernier des mercenaires, reçoit sa liberté le 25 février 2019.
Encore aujourd’hui, on ignore les raisons expliquant la présence de ces hommes armés en Haïti. L’ancien ministre Jean Fritz Jean Louis et Magalie Habitant sont des figures de ce scandale. L’une des plaques retrouvées en possession des mercenaires mène à des proches du pouvoir : Steeve Kawly et Gesner Champagne. Aucune poursuite contre eux.
Pas de résultats, résume Pierre Espérance. «Les mercenaires rentrent chez eux. Les personnes épinglées jusqu’au cou fonctionnent librement. On oublie tout. Le dossier des mercenaires est très lent, contrairement à celui du sénateur. C’est véritablement le juge qui cherche la possibilité de laver les linges sales du pouvoir.»
Ayibopost a en vain tenté d’entrer en contact avec le juge Jean Osner Petit Papa.
Aux origines de l’affaire de blanchiment et de détournement de fonds publics
Cassandra Jean est contrainte par Jimmy Fervil, d’ouvrir un compte en banque conjoint avec une autre personne, en l’occurrence sa cousine, Magda Bernier. Jean a été initialement mise en contact avec ce monsieur à travers son amie Ulysse Berline copine de Jimmy Fervil, lui-même responsable du service des matériels au Grand Corps.
Le compte est ouvert le 26 juillet 2019 avec un montant de 10 000 gourdes octroyées par Fervil. Et, le livret est gardé par Fervil.
Comme récompense, les deux femmes ont reçu chacune un montant de 25 000 mille gourdes comme subvention scolaire.
Au début du mois août 2019, Cassandra Jean constate stupéfaite que son compte est renfloué avec une forte somme d’argent. Elle est instruite de faire des retraits et de les remettre à Jimmy Fervil.
Très paniquée, elle avertit la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui en informe le Bureau des Affaires financières et économiques (BAFE) pour le traitement du dossier.
Le 6 août 2019, la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) procède à l’arrestation de quatre individus accusés d’escroquerie à la sortie d’une succursale de la Unibank à Pétion-Ville. Les personnes interpellées sont : Jimmy Fervil, Anel Nelson et André Augustin, en compagnie de la plaignante Cassandra Jean.
Un sénateur épinglé dans le rapport du BAFE
Le BAFE, relevant de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) est une institution qui lutte contre le fléau de la corruption à l’instar de l’Unité de Lutte contre la Corruption [ULCC], de l’Unité centrale de Renseignements financiers (UCREF) et de l’Inspection générale des Finances (IGF).
La FJKL rend public le rapport du BAFE dans un rapport et demande que la vérité soit faite sur ce dossier. Le document de cette organisation de vigie citoyenne, à but non lucratif, fait savoir que l’enquête du bureau révèle que : « Jimmy Fervil, passant aux aveux, a agi pour et au nom de Onondieu Louis et de la secrétaire adjointe du Sénat de la République, Myrlande Georges Casseus. »
Qui sont les autres personnes appréhendées dans ce dossier ?
Anel Nelson, chauffeur du Sénat de la République attaché au service de Myrlande Georges Casseus, la secrétaire adjointe du Sénat de la République est arrêtée parmi les suspects. Selon le document de la FJKL, c’est Myrlande Georges Casseus qui a passé les instructions à Anel Nelson pour accompagner les gens à la banque. Le véhicule qu’il conduit appartient à l’Administration générale des Douanes (AGD).
André Auguste est un policier de la 17e promotion immatriculé au numéro ID 05-17-05 – 07973. Il est affecté à l’UDMO du Nord’Ouest en détachement avec le questeur du Sénat de la République, Onondieu Louis. C’est le sénateur qui l’avait instruit d’aller purement et simplement sécuriser les transactions.
Hans Saint Louis, mari de la dame Myrlande Georges Casseus n’est pas appréhendé devant la banque, mais sur les lieux de la perquisition effectuée en sa résidence. Au cours de cette perquisition, des documents intéressant l’enquête ont été saisis par le juge de paix de Pétion — Ville, Clément Noël.
Deux fiches de dépôts pour une entreprise fictive
Il y a deux autres fiches de dépôts qui ont été saisies en possession de Jimmy Fervil parmi les documents. Ces comptes en banque domiciliés à la UNIBANK sont aux numéros respectifs suivants : 650-1821- 0151-7830 et 0650-1822-01517853.
Les deux comptes sont ouverts au nom de l’entreprise « Révélation’ Rent A Car », entreprise qui serait située à Saint-Louis du Nord, Vertus 1.
Marie Yolène Gilles est une figure connue dans la lutte pour les droits humains. Elle fait savoir que l’adresse de l’entreprise « Révélation’ Rent A Car » est celle d’un dépôt de boissons gazeuses. « Cette entreprise a toutes les caractéristiques d’une société fictive. Dans cette zone, il n’existe pas une entreprise de ce genre », explique-t-elle.
Analyse de ces deux comptes
Le compte numéroté 650-1821- 01517830 est en gourdes. Il est ouvert dans les livres comptables de la UNIBANK de Port-de-Paix le 30 novembre 2017 par un dépôt initial de cinq mille gourdes. Le signataire de ce compte est Ysmik Choute identifié fiscalement au numéro 004-019-400-3. Il est enseignant.
Selon le rapport de la FJKL, ce compte présente toutes les caractéristiques fictives souvent utilisées dans les opérations de blanchiment et d’enrichissement illicite.
Le relevé bancaire de ce compte du 30 novembre 2017 au 6 août 2019 provoque réellement des doutes. Le rapport de la fondation explique que du 30 novembre 2017 au 7 mai 2018, aucune transaction n’a été effectuée sur le compte. Mais à partir du 8 mai 2018, le compte est alimenté uniquement par de gros dépôts liquides. Au 6 août 2019, le solde du compte s’élève à vingt-neuf millions sept cent quatre-vingt-quatre mille sept cent cinquante gourdes [29, 784, 750. 00 Gdes]. Pourtant, les retraits effectués au cours de la même période s’élèvent à cinq millions sept cent quatre-vingt-dix-huit mille soixante-dix gourdes [5,798,070.00 Gdes].
Du 3 janvier au 26 juin 2019, cette même entreprise a opéré des retraits totalisant vingt-deux millions neuf cent cinq mille sept cent quatre-vingt-dix gourdes [22,905,790.00 Gdes].
Le deuxième compte en dollars au nom de « Révélation’ Rent A Car » numéroté 0650 18 220 151 est aussi domicilié à la UNIBANK. Mais les transactions de l’entreprise sur ce compte n’ont pas été partagées.
Deux dates importantes dans ce dossier
Gulmail Nicolas est le substitut commissaire du gouvernement près le Parquet du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince. Le 1er octobre 2019, il requit le juge d’instruction de renvoyer les inculpés hors des liens de l’inculpation, dans le dispositif de son réquisitoire définitif. Ce dispositif sert à faire connaître à la juridiction d’instruction ou de jugement la décision ou la mesure que le commissaire du gouvernement leur demande de prendre.
«PAR CES CAUSES ET MOTIFS, le commissaire du Gouvernement requiert qu’il plaise au Magistrat Instructeur de dire et déclarer qu’il n’y a pas lieu à suivre contre les nommés Jimmy Fervil, André Nelson, André Auguste, Myrlande GEORGES CASSEUS et Ysmick Choute relativement aux faits de détournement de fonds publics, de blanchiment des avoirs, d’enrichissement illicite et d’association de malfaiteurs mis à leur charge », peut-on lire dans la pièce de procédure écrite.
Dans ce cas, selon la directrice exécutive de la « Fondation Je Klere », le nom du sénateur Onondieu Louis ne fait pas partie du document du commissaire du Gouvernement. «C’est comme s’il ne faisait pas partie du dossier et que l’instruction n’a été menée ni pour lui ni contre lui, c’est-à-dire qu’il n’a pas fait l’objet d’instruction ni à charge ni à décharge », dit-elle.
Durant le mois d’octobre, le pays est paralysé par une succession de manifestations violentes et de grèves qui s’intensifient. Le vendredi 4 octobre 2019, soit trois jours après la réquisition de commissaire, tous les tribunaux sont fermés.
Malgré tout, l’affaire va vite. Le juge Jean Osner Petit-Papa, encore proche du pouvoir en place, rend son ordonnance de clôture. Il adopte le réquisitoire définitif du Commissaire du Gouvernement émis en date du mardi 1er octobre 2019. Dans cette ordonnance, il est stipulé que les noms du sénateur Onondieu Louis, de Ysmick Choute, chef de son cabinet, et Myrlande Georges, cités dans le rapport de la police ne sont mentionnés nulle part dans le réquisitoire d’informer du parquet.

Auteur: Snayder Pierre-Louis
Source: https://ayibopost.com/comprendre-le-dossier-de-corruption-qui-implique-le-senateur-onondieu-louis/

mercredi 5 février 2020

Ignorés en Haïti, ces «artistes des déchets» sont célébrés ailleurs

Les déchets servent de matières premières au travail de l’atelier « Atis rezistans ». Ce regroupement d’artistes internationalement reconnu n’attire pourtant pas la grande foule en Haïti. 

Atis Rezistans réunit plusieurs dizaines d’artistes, essentiellement des sculpteurs, et constitue un des principaux centres de production artistique en plein cœur du centre-ville, à Port-au-Prince.
Ces artistes travaillent avec ce qu’ils peuvent trouver dans leur environnement immédiat : morceaux de tôle, pièces de voiture, capsules de canettes, fil de fer, grillages, caoutchouc, déchets de cuir, vis, écrous, morceaux de jouets, carton…
Ils accouchent des œuvres sculpturales réussies et admirées, principalement en dehors d’Haïti. Ces productions touchent à des thématiques inspirées du vaudou et de la situation socioéconomique du pays.
Certains membres d’Atis Rezistans exposent leurs travaux dans le monde entier. L’accueil et la reconnaissance se révèlent froids à l’intérieur du pays.

Peu d’Haïtiens achètent les œuvres produites
Gilel Aristilde est l’un des artistes du mouvement Atis Rezistans. Âgé d’une trentaine d’années, il a été initié à l’art de récupération par le sculpteur André Eugène, son mentor. Il fait savoir que « peu d’Haïtiens dans le pays achètent les œuvres produites. En deux mois, on ne comptera pas plus de cinq visiteurs haïtiens dans la galerie Atis Rezistans. [Pour eux, ce sont des œuvres mystiques]. »
Les œuvres de Gilel Aristilde, comme d’autres jeunes de l’atelier, participent pourtant à des expositions prestigieuses internationales comme en Suède à Stockholm.
En Haïti, l’art est vraiment négligé et tout le monde suit la politique, prolonge André Eugène. La galerie d’art de l’atelier porte le nom de ce sculpteur haïtien. Il a commencé par la traditionnelle sculpture en bois qui se pratiquait depuis des lustres dans la communauté de la Grand-rue.
Eugène explique qu’il y a une vingtaine d’artistes haïtiens qui exposent leurs œuvres dans la galerie. « Et, des citoyens haïtiens me demandent souvent : à quoi sert l’art puisqu’il est une fin en soi ? Je leur réponds à chaque fois qu’il n’y a que les choses inutiles qui donnent du prix à la vie. Vivre est bien, mais jouir de la vie, en être conscient, comprendre, sentir est mieux ».

Campagne anti-superstitieuse
Depuis quelques années, la sculpture est devenue dans l’art contemporain un art majeur. Cependant, depuis la période coloniale, toutes les pratiques liées peu ou prou au vaudou ou à la culture populaire quand elles ne sont pas condamnées sont qualifiées d’activités magiques y compris les remèdes naturels. C’est le cas de l’art de récupération.
« Toute forme de statue étant considérée comme objet de superstition, il y a des gens qui se tiennent devant l’entrée de l’atelier pour nous prêcher. Parfois, certains prédicateurs montrent une attitude violente envers nos œuvres », révèle Gilel Aristilde.
Michel Philippe Lerebours, docteur en histoire de l’art et archéologie, est l’auteur de Haïti et ses peintres de 1804 à 1980, Souffrance et espoirs d’un peuple. Dans cet ouvrage, il soutient que la plus grave conséquence de l’action de l’Église catholique contre le vaudou est la perte de l’origine et du développement de l’art populaire.
Toute la difficulté de réception de la sculpture en Haïti, confirme Sterlin Ulysse, vice-doyen de l’IERAH/ISERSS, trouve son explication dans la répression contre le vaudou.
Dans le cas d’Haïti, Sterlin Ulysse explique que si le constat prouve que, du point de vue religieux, « la campagne de rejeter » a échoué, « du point de vue artistique, les répressions contre le vaudou ont alimenté une certaine crainte de la sculpture. »

Sans les touristes, Atis Rezistans est à l’agonie

Finalement, ce sont les touristes étrangers qui principalement achètent les œuvres produits par Atis Rezistans. Cependant, la crise politique des derniers mois rend la situation compliquée. « Nous avons passé une année de dur labeur. Il n’y a pas de touristes. Personne ne vient nous visiter dans cette zone de non-droit », explique Eugène.
Pour survivre, l’actuel leader du mouvement fait savoir qu’ils comptent sur les opportunités offertes à l’extérieur du pays. « Nous exposons nos œuvres beaucoup plus à l’étranger, dans les grandes expositions internationales. Sinon, les artistes n’auraient pas les moyens de [survivre] », dit Eugène.

L’État n’offre aucun accompagnement
Les autorités étatiques figurent dans la liste des absents. « Le ministère de l’Environnement devrait nous accompagner, mais ce n’est pas le cas », précise Eugène. Or, continue-t-il, « avec la dégradation de l’environnement, nous nous occupons d’une partie des débris et les intégrons dans l’artisanat haïtien. Nous présentons des œuvres très riches. Et surtout, la création de l’atelier est issue d’une volonté de protéger l’environnement. » Par ailleurs, le secteur culturel, toutes catégories confondues, n’a hérité que de 1,38 milliard de gourdes dans le dernier budget estimé à 144 milliards de gourdes voté par le Parlement.

Auteur: Snayder Pierre-Louis
Source: https://ayibopost.com/ignores-en-haiti-ces-artistes-des-dechets-sont-celebres-ailleurs/

Bien que populaire, le « Ti Pwason » reste une pratique dangereuse

Pour ce dimanche après-midi, déjà dix couples 
se sont jetés à l’eau pour des séances de Ti Pwason,
 sans préservatifs. Photo: Samuel Céliné / Ayibopost
Les relations sexuelles sans protection en milieu marin sont devenues monnaies courantes en Haïti. Selon les tenants de cette tendance, l’eau de mer empêche la propagation des maladies. Appelée « Ti pwason », cette pratique, comme bien d’autres, n’a aucun fondement scientifique
Dans la mer placide qui titille les plages de Le lambi à Mariani, une dizaine de jeunes femmes en bikini s’agrippent à des hommes souvent plus âgés qu’elles.
Ici, c’est une demoiselle lancée dans une danse lascive, ses bras enroulés autour du cou d’un homme. Là-bas, l’homme se tient derrière la jeune femme qui se penche en avant. L’eau est peu profonde et depuis la plage, on peut assister au spectacle gratuit des tours de reins et entendre les gémissements partagés.
Pour ce dimanche après-midi, déjà dix couples se sont jetés à l’eau pour des séances de Ti Pwason, sans préservatifs. Autour d’eux, une trentaine d’hommes en attente scrutent les faits et gestes de chaque femme. C’est une nouvelle forme de prostitution qui prend chair dans la zone. Avec 75 gourdes, les clients peuvent s’offrir une séance sexuelle en pleine mer.
Le « Ti Pwason » nage dans une croyance répandue en Haïti qui veut que les relations sexuelles non protégées soient sans risque si elles tiennent lieu dans la mer. Il s’agit d’une croyance « fausse et folklorique », répond le docteur Tony Bistiné, spécialiste en médecine générale intégrale (MGI).
Le médecin souligne que le VIH se propage grâce à la continuité sanguine très fréquente lors des rapports sexuels. « Quel que soit le milieu où a eu lieu un rapport sexuel sans préservatif, il peut toujours avoir une continuité sanguine et à chaque fois qu’il y a continuité sanguine, il y a possibilité de contracter un VIH », rappelle Tony Bistiné.
Le docteur William Pape du centre GHESKIO va plus loin. Il explique que « le sel marin empêche les sécrétions destinées à fluidifier les organes génitaux lors des rapports sexuels. Ainsi, sans cette sécrétion, le risque d’avoir des lésions augmente et favorise du coup, la continuité sanguine. »
Une croyance têtue
Malgré sa dangerosité, le « Ti pwason » compte de fervents adeptes, comme Pierrot. « L’eau de mer est si salée qu’elle détruit les spermatozoïdes et empêche les femmes de tomber enceintes », pense le jeune homme. « Si elle peut détruire les germes d’un enfant, elle peut aussi détruire les germes du SIDA ».
De son côté Marceus, un monsieur dans la cinquantaine, fait confiance aux prostituées. « Si elles acceptent d’avoir des rapports sexuels sans préservatif, c’est que l’eau de mer empêche vraiment de contracter le SIDA. Ces gens-là sont très soucieux de leur santé ».
« Black », l’une des prostituées pratiquant le Ti Pwason à Le lambi ne tient pourtant pas une position aussi tranchée. « On peut se faire infecter en ayant des rapports sexuels dans la mer avec une personne déjà infectée, mais moi, j’ai ma propre habitude de ne pas laisser les hommes éjaculer dans mon vagin, car c’est le sperme qui véhicule le SIDA ».

Moi, j’ai ma propre habitude de ne pas laisser 
les hommes éjaculer dans mon vagin, 
car c’est le sperme qui véhicule le sida ». 
Photo: Samuel Céliné / Ayibopost
 « Voye monte »
Quoi qu’il en soit, les opinions qui précèdent n’ont aucune base scientifique. L’urologue Watson Exantus parle d’un problème de « voye monte ».
Selon Exantus, il y a effectivement une étude qui démontre qu’en dehors du milieu humain, le virus du SIDA est moins efficace. « Si vous mettez le virus dans de l’eau, son spectre infectant sera réduit à 1000/100, mais pas à zéro ». Donc, la possibilité de se faire infecter en ayant des rapports sexuels dans la mer existe.
Il ne s’agit pas de la première rumeur infondée qui circule sur les maladies sexuellement transmissibles en Haïti souligne William Pape. Le responsable du centre GHESKIO se rappelle les affirmations faisant passer le VIH pour une sorte de « mauvais sort envoyé par un ennemi » ou les « potions à base de feuilles » déjà proposées comme traitement au SIDA ou pour empêcher d’attraper le virus.
Selon le médecin plusieurs fois primé en dehors d’Haïti pour son travail auprès de la population, ces rumeurs ne sont pas correctes, mais « offrent des avantages à des opportunistes qui profitent de la situation des moins éduqués ».
Il établit ainsi un parallèle entre le niveau de l’éducation d’un peuple et la santé des citoyens. « Moins on est éduqué et informé, plus on est vulnérable face à ces genres de rumeurs sans fondement », avance le docteur. Malgré la persistance de ces difficultés, le responsable du centre GHESKIO confie que le pays avance positivement dans la lutte contre le VIH. « Pendant à peu près 20 ans, le SIDA a été la première cause de décès en Haïti. Aujourd’hui, il occupe la 7e place et ne représente que 5.7% des décès ». Et sur les 150 000 à 175 000 citoyens infectés sur le territoire, près de 100 000 reçoivent des médicaments dévoile le responsable du centre GHESKIO.
Auteur: Samuel Celine
Source: https://ayibopost.com/bien-que-populaire-le-ti-pwason-reste-une-pratique-dangereuse/