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vendredi 13 août 2010

Le ras-le bol des sans-abri

Des sans-abri persécutés dans les camps d'hébergement ont tenu un sit-in aux abords du Palais national. Au cours de ce rassemblement clairsemé les manifestants ont fait entendre leur voix.
La représentante de l'organisation
Femmes victimes pour les victimes,
Joseph Delourdes
Haïti: Une centaine de sans-abri, encadrés par les organisations de droits humains et d'associations de femmes, ont réalisé un sit-in près du Palais national le jeudi 12 août pour exprimer leur ras-le-bol contre le gouvernement en place. « Nous n'allons pas accepter cela. A Cité Soleil, des bandits armés ont forcé environ 200 familles à quitter la place Immaculée. Ils nous ont dit que ce site est une zone stratégique. Nous avons dû nous réfugier contre notre gré, à Michico sur un terrain boueux infesté de bêtes nuisibles qui peuvent nous rendre malades », fulmine le coordonnateur général du Camp Place Immaculée Déplacée, Joseph Rosemond. Avant le 12 janvier, il habitait à Boston, un quartier de ce vaste bidonville.
« L'État est sans pitié pour nous. Notre site, regorge d'estropiés, plusieurs handicapés, cette situation ne préoccupe personne. Sur la place Immaculée, ma fille a été violée, mes deux jeunes fils battus. On vit sous pression à Cité Soleil », peste Jean Vernio, tout en brandissant sa pancarte sur laquelle est inscrite sa principale revendication qui est le droit à un logement décent.
Des sans-abri brandissant
 leurs pancartes
Les lèvres collées au micro d'un mégaphone, la représentante de l'organisation Femmes victimes pour les victimes, Joseph Delourdes, mobilise le rassemblement clairsemé des sans-abri qui s'agitent dans les parages du Palais national, un symbole que le séisme du 12 janvier a mis à genoux.
« Nous sommes fatigués. Nous avons organisé ce sit-in devant le Palais pour dire au gouvernement que sa façon de procéder n'est pas correcte. Ce n'est pas juste d'envoyer les gens déchirer nos tentes en pleine nuit. Ce n'est pas normal d'emporter nos tentes et de les briser. Nous voulons prendre au mot le président René Préval. Il avait dit qu'il n'allait pas nous déplacer ainsi », signale-t-elle au milieu du vacarme que produit un disc-jockey monté sur un char.
« L'Etat reconnaît le droit de tout citoyen
à un logement décent », dit Me
Mario Joseph
en se référant à la Loi-mère
Maison détruite, sans toit, sans emploi, Joseph Delourdes, une mère de famille parmi le petit groupe de manifestants, est furieuse : « Nous n'irons pas aux élections dans des conditions pareilles. Nous vivons sous des tentes, on nous viole. Pour qui nous prend-on ? Nous autres, femmes, n'avons-nous pas droit au logement ? »

Un logement décent pour tout citoyen
« L'État reconnaît le droit de tout citoyen à un logement décent, à l'éducation, à l'alimentation et à la sécurité sociale. C'est l'article 22 de la Constitution qui le dit », déclare, le visage ruisselant de sueur, Me Mario Joseph devant un barrage en fer forgé où sont postées les forces de l'ordre.
Organisation de femmes victimes
manifestant devant le Palais national
Me Joseph ne mâche pas ses mots. Il fustige les représentants de l'État chargés de servir la République. Il ne va pas de main morte non plus avec la Police nationale d'Haïti (PNH) et les juges de paix qui, selon lui, sont à la solde des « propriétaires terriens » sur qui pèsent des doutes relatifs à leur droit de propriété. « Au temps des Duvalier, beaucoup de gens avaient accaparé de vastes terrains. Pour le moment, ils essayent par tous les moyens de déguerpir les sans-abri. Aussi arrosent-ils la police et les juges de paix. Il faut une vérification des titres de propriété », dit l'homme de loi.
Des manifestants gagnent les rues
pour manifester leur ras-le-bol
Questionné sur les preuves que des représentants de l'État ont menacé de déguerpir les sans-abri, l'avocat répond : « La PNH et les juges de paix véreux se sont présentés sur les lieux et ont fait signer des sinistrés, tout en leur demandant de déguerpir. Ces actions se sont passées surtout à Delmas. Les agents de la PNH sont venus avec des armes lourdes. » Qui a passé ses ordres ? Il persiste et signe : « Inévitablement une autorité supérieure. Il y a eu pression. J'ai des preuves. Les 16 et 24 juillet, la BIM s'est rendue sur le site de Barbancourt II sur la route de l'aéroport. Les policiers étaient au nombre de vingt-quatre. Toutefois la population a résisté. Mais, Cité Soleil, ils n'ont pas eu de résistance, les sinistrés ont vidé les lieux. La police ne doit pas être à la solde des bourgeois pour menacer la population. Elle est là pour protéger et servir. »
Pour conclure, Me Joseph fait savoir que le Bureau international des avocats, organisation qu'il représente, a déjà mobilisé 400 avocats internationaux pour se pencher sur le dossier des sans-abri persécutés dans les camps d'hébergement.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82391&PubDate=2010-08-12

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