Google

mardi 1 juin 2010

Haïti: faut-il brûler Monsanto?

Le producteur de semences et d’insecticides Monsanto, connu pour ses recherches sur le OGM et leur commercialisation, a décidé de faire un don de semences de 476 tonnes aux agriculteurs d’Haïti. Elles seront distribuées sur les 12 mois à venir.
La firme justifie son cadeau:
«Après le tremblement de terre, Monsanto a donné de l'argent pour le redressement d'Haïti mais il était évident que le don de nos produits -des graines de maïs et de légumes de qualité- pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens.Nous pensons que l'agriculture est la clé pour la récupération d'Haïti sur le long terme.»
Ce cadeau a été attaqué par des haïtiens, d’abord pour le risque de recevoir des OGM et d’entrer dans la spirale de l’achat des produits herbicides toxiques de Monsanto.
Cela ne semble finalement pas être le cas. Par contre, accepter ce don rend les agriculteurs dépendant à l’égard de la firme.
«Le don de Monsanto risque de nuire aux projets haïtiens de « souveraineté alimentaire » : une forte production agricole locale pour une consommation locale.
En effet, les graines de maïs de Monsanto ne pouvant être resemées, les agriculteurs devront en racheter à Monsanto les années suivantes.
Une logique de marché inadéquate avec la culture paysanne d'Haïti, comme nous l'explique Ricot Jean Pierre, économiste à la PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif) :
« Les paysans haïtiens ont traditionnellement la capacité de produire et de reproduire leur propre semence, organique et créole, à destination de leur famille et du marché local.
Monsanto veut intégrer les agriculteurs sur un marché qu'ils ne contrôlent pas en matière de qualité de semence et de prix.
Les paysans devront racheter les graines à replanter, les pesticides et les engrais de Monsanto [nécessaires à la productivité de ces graines, ndlr], alors qu'ils n'ont pas de ressources. Monsanto veut faire du paysan haïtien un assisté plutôt qu'un producteur. »
Les agriculteurs n'ont d'ailleurs pas manqué de réagir à l'annonce du don. Le leader du Mouvement paysan papaye (MPP), Chavannes Jean-Baptiste, a qualifié le don de Monsanto de « nouveau tremblement de terre », enjoignant les agriculteurs à brûler toutes les graines de maïs provenant du ministère de l'Agriculture. Une marche de protestation est prévue pour le 4 juin.»
Je ne suis pas contre le fait que des firmes développent ou améliorent certaines productions. Cela a toujours été le cas. Mais ma philosophie de l’individu et de la société est largement imprégnée de la notion d’autonomie. Il me paraît important d’être aussi autonomes que possible. Dans l’alimentation c’est même vital.
Or le système Monsanto ne permet pas cette autonomie. Au contraire, il met son emprise sur l’alimentation et rend les populations dépendantes de sa production. Une telle emprise sur l’alimentation est pour moi contraire à la philosophie d’autonomie. Il y a même une volonté d’hégémonie sur l’alimentation planétaire. C’est un système fermé préjudiciable à la liberté des peuples.
Alors, faut-il brûler Monsanto - les paysans haïtiens proposent en effet de brûler physiquement les graines - pour faire modifier sa politique d’hégémonie alimentaire? La pratique de cette firme est en tous les cas propice à redéfinir des principes et valeurs, comme justement la question de l’autonomie.
PS: L’otage suisse en Libye, Max Göldi, retenu depuis 22 mois, attend aussi de retrouver son autonomie.
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/05/29/haiti-faut-il-bruler-monsanto.html

Aucun commentaire: