En suivant le regard des gens qui parlent de la rivière de Cavaillon, plusieurs approches se croisent et s'opposent sur la manière de voir une même chose.
La quatrième édition du festival de la rivière de Cavaillon a servi de prétexte pour mettre en valeur le cours d'eau naturel qui arrose la petite ville de Cavaillon, dans le département du Sud d'Haïti. Pendant les trois jours de folle ambiance au bord de l'eau, les 8, 9 et 10 août, on a remarqué que les gens n'étaient pas trop enthousiastes à plonger dans la rivière.
La quatrième édition du festival de la rivière de Cavaillon a servi de prétexte pour mettre en valeur le cours d'eau naturel qui arrose la petite ville de Cavaillon, dans le département du Sud d'Haïti. Pendant les trois jours de folle ambiance au bord de l'eau, les 8, 9 et 10 août, on a remarqué que les gens n'étaient pas trop enthousiastes à plonger dans la rivière.
Une certaine appréhension se lisait sur le visage des Cavaillonnais et de nombreux visiteurs. La rivière de Cavaillon ne montre pas cet aspect attrayant qu'offre sa carte de visite. A la porte de la ville, le marché de Cavaillon, élevé sur la rive, présente un tableau discordant à l'image écologique que les organisateurs du festival veulent vendre au public.Il faut signaler que cette rivière, qui prend sa source dans les chaînes de montagnes de Macaya, est aussi une aubaine pour les laveurs de voitures. « Se la nou fè ti kòb nou, se malere nou ye », déclare Dieufène, un laveur de voitures qui considère ce cours d'eau comme une station de lavage.Des enfants, des femmes et des hommes nagent tranquillement dans l'eau, sans se soucier des souillures et des microbes.
« Nous n'avons pas à avoir peur de nous baigner dans une eau courante. Dlo k ap kouri pa kenbe mikròb », déclare Marc, un paysan dont le jardin proche de la rivière dépérit au soleil.« L'eau de la rivière est bonne. On la boit sans problème », affirme Anna, une marchande qui profite du festival pour se donner du bon temps.
Autres regards
Autres regards
Accoudée au pont étroit en fer jeté sur la rivière, l'air pensif, Sheila, 24 ans, une native de Cavaillon, pose un regard qui contraste avec ceux des baigneurs qui s'amusent.
Songeuse, Sheila se rappelle ses moments de détente au bord de l'eau. « Quand j'étais enfant, je naviguais sur la rivière sur un tronc de bananier. En ce temps-là, la rivière était profonde. Du haut de ce pont, je sautais dans l'eau. Si on le fait aujourd'hui, on se rompra le cou », regrette-t-elle.
Sheila a fait son deuil de la rivière de Cavaillon. « A chaque fois que je me baigne dans cette rivière, j'attrape une infection », confie-t-elle. Comme des milliers de Cavaillonnais, Sheila a pris part au festival de la rivière pendant les trois jours. Elle a dansé et a apprécié les prestations des artistes du Sud et ceux qui sont venus de Port-au-Prince. Elle a béni les trois jours de rêve qui ont réveillé le potentiel culturel et touristique de sa ville natale. La jeune fille a incité beaucoup de gens à visiter l'habitation du général Borgela, les zones humides, comme Tête source, le lac de Flamand, la savane Bondieu et même les ruines de la Fabrique de Conserve de Légumes et de Fruits (FACOLEF) où plane depuis 1984, année où la fabrique a pris feu, un parfum de nostalgie qui hante la mémoire des anciens ouvriers et d'une jeunesse encroûtée dans le chômage.
Le coordonnateur général de l'Association des Etudiants et Universitaires de Cavaillon (AUECAH), Jean Yxon André, pense que cette tendance ''antiécologique'' va changer bientôt. Cette association qui travaille dans le domaine de développement communautaire à Cavaillon depuis 2004 « a créé un espace de sensibilisation et de promotion pour la protection des milieux naturels et des espèces aquatiques ».
Songeuse, Sheila se rappelle ses moments de détente au bord de l'eau. « Quand j'étais enfant, je naviguais sur la rivière sur un tronc de bananier. En ce temps-là, la rivière était profonde. Du haut de ce pont, je sautais dans l'eau. Si on le fait aujourd'hui, on se rompra le cou », regrette-t-elle.
Sheila a fait son deuil de la rivière de Cavaillon. « A chaque fois que je me baigne dans cette rivière, j'attrape une infection », confie-t-elle. Comme des milliers de Cavaillonnais, Sheila a pris part au festival de la rivière pendant les trois jours. Elle a dansé et a apprécié les prestations des artistes du Sud et ceux qui sont venus de Port-au-Prince. Elle a béni les trois jours de rêve qui ont réveillé le potentiel culturel et touristique de sa ville natale. La jeune fille a incité beaucoup de gens à visiter l'habitation du général Borgela, les zones humides, comme Tête source, le lac de Flamand, la savane Bondieu et même les ruines de la Fabrique de Conserve de Légumes et de Fruits (FACOLEF) où plane depuis 1984, année où la fabrique a pris feu, un parfum de nostalgie qui hante la mémoire des anciens ouvriers et d'une jeunesse encroûtée dans le chômage.
Le coordonnateur général de l'Association des Etudiants et Universitaires de Cavaillon (AUECAH), Jean Yxon André, pense que cette tendance ''antiécologique'' va changer bientôt. Cette association qui travaille dans le domaine de développement communautaire à Cavaillon depuis 2004 « a créé un espace de sensibilisation et de promotion pour la protection des milieux naturels et des espèces aquatiques ».
La rivière de Cavaillon, pour l'AUECAH, est un patrimoine à sauvegarder et à exploiter, car ce cours d'eau naturel est un atout majeur pour la promotion de l'écotourisme et de la valorisation des potentiels culturel et historique de Cavaillon.
Au lieu de maudire la situation dans laquelle se débat la rivière de Cavaillon, André fait l'inverse et rêve à haute voix : « Restons positifs. Voyez-vous, sur les rives, on a planté des bambous. Ces plantes prolifiques vont donner généreusement leur ombrage à ce site. Dans les années à venir, je vois un paysage transformé avec des espaces attractifs, des dancings; le marché sera placé ailleurs et même le site où se déroule le festival de la rivière sera merveilleux. »
Claude Bernard Sérant
Claude Bernard Sérant