Dimanche 19.06.2011, 05:17 - PAR ÉLISE PINSSON Véronique Parmentier fait partie de l'organisation Archivistes sans frontières.
LE VISAGE DU DIMANCHE
Profession : « Archiviste en urgence ». Ça laisse hilare, ou médusé, au choix. C'est pourtant le métier passionnant de la Madeleinoise Véronique Parmentier. Au quotidien, elle vole au secours des archives des mairies du Nord (1). Et sur son temps libre, elle se consacre aux autres. Aux autres archives, et aux Autres. Missionnée en Haïti par Archivistes sans frontières pour aider à classer les archives en péril après le séisme de janvier 2010, elle a pu rencontrer Phanes, l'un de ses « filleuls » depuis sept ans.
Tresse avisée et chemisier blanc, Véronique Parmentier s'active, le sourire aux lèvres. Mercredi, elle préparait la table-ronde qui devait avoir lieu le soir même au centre des archives départementales à Lille. Son thème : « La vulnérabilité des archives face aux diverses menaces » (séisme, tsunami, éruption volcanique). Prise de tête ? Certainement pas. Le soir-même, une cinquantaine de personnes sont venues, et pour cause...
« Un pays sans archives, c'est un pays sans mémoire et sans identité, et donc sans avenir », disent d'une même voix Véronique et Danièle Neirinck, la présidente pour la France d'Archivistes sans frontières (ASF), une ONG dont fait partie la Madeleinoise. « Les archives servent tous les jours aux citoyens ! Comment prouver que vous êtes propriétaire si vous n'avez pas les papiers ? » Suite au séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, le ministère de la Culture français prend contact avec Danièle Neirinck qui, à son tour, recherche des archivistes bénévoles pour partir en Haïti « aider à sauver les archives », même si sur place des équipes dirigées par Jean-Euphèle Milcé, responsable des archives du ministère des Affaires Étrangères (MAE) en Haïti, s'organisent. « On avait eu une expérience proche en 2009, témoigne Danièle Neirinck. Quand les archives de Cologne s'étaient effondrées... » Véronique de son côté, cherchait à se rendre « utile » en Haïti, par « l'attachement particulier » qu'elle a pour cette île. « Je parraine Phanes depuis sept ans, explique la pétillante jeune femme. Après le séisme, je suis restée sans savoir s'il était vivant ou mort jusqu'à la mi-juillet. C'était très difficile. » Une ouverture à candidature d'ASF fait le reste. Véronique part avec Christophe Vigneron, un autre archiviste, au mois de février cette année. Des mois après la date arrêtée par ASF faute d'infrastructures en Haiti : « Le pays était dévasté. » Dix ministères sur quatorze sont à terre sur cette île des Caraïbes. « Heureusement il n'a pas plu pendant un mois et demi après le séisme, on a eu le temps de mettre les archives à l'abri dans des cartons », dit Jean-Euphèle. Priorité est donnée au MAE. Deux siècles d'archives s'y trouvaient conservés. Les Français arrivent « pour mettre en place un plan de classement ». Ils ont quinze jours. Véronique reste critique sur le travail effectué : « C'est un peu brouillon, mais on a été au maximum de ce que l'on pouvait faire. Le côté bonheur, c'est qu'on a été utile. » L'autre « côté bonheur » de ce voyage pour la jeune femme de 38 ans, c'est d'avoir pu rencontrer Phanes. Ila 17 ans aujourd'hui, il en avait 10 à peine lorsque Véronique a débuté dans son parrainage. « J'ai trois filleuls aujourd'hui, Phanes est le deuxième que je rencontre.
Je savais un peu à quoi m'attendre, mais ça n'empêche que c'était très, très, très fort. Ce n'est plus une image, c'est un homme ! Il est devant vous, il bouge. C'est un moment quasi unique parce qu'on sait qu'on ne se reverra peut-être jamais. C'est fort aussi parce que c'est sur place que l'on se rend compte à quel point notre petit don (25 euros par mois) est important pour ces enfants, qui peuvent se vêtir, se soigner, étudier. Et à quel point, du coup, on fait partie de la famille après toutes ces années. » •
(1) Véronique Parmentier travaille pour le Centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Marcq_en_Baroeul/actualite/Secteur_Marcq_en_Baroeul/2011/06/19/article_archives-en-peril-en-france-et-en-haiti.shtml
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)